Espoirs Crépusculaires
Par : Droran
Genre : Polar , Horreur
Status : C'est compliqué
Note :
Chapitre 20
Publié le 01/12/15 à 22:34:47 par Droran
—Sans doute dans quelques minutes. J'ai mis mon talkie-walkie dans la boîte à gant, pour ne pas être dérangé en montant te voir. Peux-tu l'en sortir ?
Holden abaissa la poignée d'ouverture du petit renfoncement situé sous le tableau de bord, côté passager. Sa porte retomba légèrement, découvrant plusieurs cartes de la ville, le talkie-walkie, et une boîte de beignets. Son poing se referma sur l'appareil, qu'il tendit à son collègue.
Joris l'alluma, écrasa son bouton de communication et porta un haut-parleur devant ses lèvres.
—Voiture une, ici Taulth. Vous me recevez ?
Il relâcha son appui, se figea sans lâcher des yeux la ruelle lointaine. Un grésillement s'échappa de l'objet.
—Affirmatif, Taulth. Prêt pour les festivités ? Demanda une voix s'échappant de l'objet.
—Bien sûr. J'ai même ramené un invité de marque, ajouta-t-il en échangeant un regard avec Daniel. Quand est-ce qu'on pourra démarrer ?
—Encore quelques minutes. Deux voitures sont en route, on vous préviendra dès leur arrivée.
—Compris. Taulth, terminé.
Il éloigna le talkie-walkie, le posa devant lui, par-delà le volant. Un calme tranquille emplit une nouvelle fois l'habitacle. Joris posa son coude gauche sur l'accoudoir de sa portière, se pencha de côté, et appuya sa main contre son menton couvert de la barbe que caressèrent ses doigts écornés. À ses côtés, Daniel se perdit à fixer d'un regard vague les beignets fourrés reposant au fond de la boîte à gant. Des merveilles lui rappelant une faim criée par son estomac.
—Je me sers, rompit-il le silence en tendant un bras vers les pâtisseries.
Se faisant, l'affamé porta l'une des gourmandises à ses lèvres, et ferma les yeux. La framboise l'emplissant soulagea sa bouche sèche lors de l'acte de mâcher, lui permit de ne pas trop peiner à avaler. Sous une fugace pointe d'acidité, le teint du gourmet rosit quelque peu. Le sucre fit pourtant bien vite place au goût du fruit, baignant son esprit de douceurs naissantes des breuils et futaies de pays éloignés. Puis il avala. Son estomac l’en remercia, et tout en reprenant un second mets, il déporta son attention sur le conducteur.
—Simple curiosité : l'opération de ce soir a pour simple intérêt de vous amuser, où est-elle plus importante que tu ne le laisses entendre ? S’enquit l'enquêteur tout en plantant ses dents dans son beignet.
—On est là pour s'amuser, surtout. Presque tous – et moi le premier – s'entendent à dire que les cibles ne sont que des prépubères qui se foutent sur la gueule. Mais je ne nie pas que certains pensent que la chose est louche. Qu'ils cachent quelque chose de plus gros, sans pour autant savoir quoi. Le coup de ce soir émane d'Eddie Valmeiser, qui tient secret l'identité de sa source car elle n'a pas l'âge légal pour le renseigner officiellement. Il est la principale personne à vouloir chopper le chef du troupeau pour l'interroger.
—Valmeiser ? Jamais entendu parler, déclara Daniel en léchant l'un de ses doigts taché de confiture.
—C'est un vieux de la vieille. Un collègue affecté en journée au centre de la ville, sur le secteur cinq. L'arrestation de Gregorio Le Marionnettiste, ça te parle ?
—Vaguement, avoua l'enquêteur. Si tu me donnais un vrai nom plutôt qu'un sobriquet idiot, là, ma mémoire aurait une chance de fonctionner.
—Je ne suis plus sûr de savoir comment il s’appelait, mais tu dois savoir. Ce psy taré, dépressif, qui poussait ses patientes au suicide en les persuadant que la mort réglerait tous leurs soucis.
—Ah... Gregory Belhasta, réalisa Holden. Pas Gregorio le Marionnettiste. Un criminel ayant de gros problèmes avec la gente féminine. Mais d'où vient cette propension à donner des surnoms débiles aux détraqués ?
—C'est amusant, se défendit Joris. De toute façon, quand cela ne vient pas de nous, ils s'en trouvent un eux-même. Crois-le ou non, suite à l'appel d'un témoin j'ai une fois arrêté un homme se faisant appeler La Mite. Un détraqué qui, la nuit, s'invitait chez les gens pour déchirer leurs vêtements !
Daniel soupira, secoua la tête en signe de dépit.
—Et quel est le rapport entre Belhasta et ce Valmeiser ?
—L'une de ses marionnettes, Claire de son prénom, s'est rendu compte de l'état psychologique et des malversations de Gregorio. Elle a stoppé ses séances et comptait le dénoncer. En réponse, ce dernier n'a rien trouvé de plus compliqué à faire que de retourner le cerveau d'une autre de ses patientes, dans le but de l'envoyer faire un carton dans le restaurant où la déserteuse travaillait ; avant qu'elle ne se suicide, cela va de soi.
» Dans tout ça, Eddie a réussi à arrêter la folle avant qu'elle ne réussisse son coup, et ce même sans avoir à tirer le moindre coup de feu. De là les enquêteurs ont pu l’interroger, elle et Claire, et remonter jusqu'au psy ; qui après un bon coup de pression a avoué être lié à un paquet de faits divers survenus dans le coin.
—C'est fort, reconnut Daniel. Ce doit être le genre de flic qui n'a peur de rien. Et c'est donc une jeune et mystérieuse source qui lui a fait savoir qu'un gang se réunissait ici ce soir... Pour une raison non moins mystérieuse que tu ignores.
—Voilà, tu sais tout.
Daniel tendit un bras vers un troisième beignet, mais se ravisa. Sa gorge sèche n'aidait pas tellement à avaler, et une bouchée de plus aurait très bien pu finir par l'étouffer.
—Et le plan, quel est-il ? Questionna-t-il le conducteur.
—Il est plutôt simple, les coffrer sera un jeu d'enfant. Après que les snipers aient mis K.O les guetteurs, toutes les unités vont lentement rouler vers les bouches de la ruelle, devant lesquelles elles se stopperont. On fera bien sûr partie du lot. Occupés, plongés dans le noir, les gosses ne vont rien voir venir. Une fois tout le monde en position on fera briller les pleins phares de tous les véhicules pour les aveugler. Qu'ils voient la lumière du droit chemin avant que la justice ne leur tombe sur l'arrête du nez.
—Ils vont paniquer, se mettre à courir. Ce sera le chaos.
—Sûrement, et cela s'apparentera à une chasse au gibier. Mais ce ne sont que des gosses ! On en attrapera un maximum sans trop de difficulté.
—Sans doute... laissa échapper Daniel, pensif. Mais ce n'est pas dit que je veuille me mettre à cavaler.
—Je te l'ai dit, répondit l'homme en uniforme en posant une main sur l'épaule du renfrogné, qu'il secoua amicalement. Si tu ne veux que regarder il n'y a pas de problèmes.
—Ce sera suivant l'évolution de la situation, conclut l'enquêteur, sans rien ajouter.
Joris relâcha l'épaule du passager, ne sut quoi ajouter. Il s'accouda une nouvelle fois à la portière, effleura de ses doigts la barbe cerclant sa mâchoire, s'échappa bien loin, en de nombreuses et lucides rêveries nichées au cœur de ses pensées. Une posture inspirant Daniel, qui bloqua son coude à hauteur d'épaule, contre la base de la vitre de sa portière. Le silence retomba une nouvelle fois sur l'espace intérieur.
L'index apposé sur ses lèvres, l'enquêteur releva un œil spectateur sur l'extérieur cerné de bâtiments aux murs effrités. Calme, où pas un chat ne pointait une moustache. Une portion de route en partie plongée dans l'obscur, où brillait par endroits de faibles éclairages fixés au dessus des entrées. Certains lampadaires brisés voyaient les débris de leurs ampoules s'étaler sur le goudron en un tapis de fragments acérés.
Le délinquant, installé sur sa marche salissante, n'avait pas bougé d'un centimètre. Intéressé, il fixait à en loucher l'écran du téléphone tenu dans le creux de sa main, sur lequel ses pouces s'activaient. Certainement clavardait-il sur un forum, voir un réseau social. Une autre possibilité, comme l'avait prédit son collègue, était qu'il soit en train de jouer. Demeurait cependant qu'il se perdait toujours dans autre chose que ce en quoi sa tâche consistait ; et ce pas moins que le second individu dont la présence avait filtrée de la bouche de Joris. De par son extrême attention, Daniel parvint à voir sa silhouette cachée dans l'ombre, plaquée contre l'entrée d'un lointain immeuble. Lui aussi se trouvait être plongé dans la contemplation de loisirs numériques.
Coupant court à leurs absences, un grésillement émana du boîtier noir posé derrière le volant.
—À tous les snipers, ici voiture une, cracha une voix masculine à travers le haut-parleur de l'objet. L'équipe est au complet. Vous pouvez y aller !
Holden abaissa la poignée d'ouverture du petit renfoncement situé sous le tableau de bord, côté passager. Sa porte retomba légèrement, découvrant plusieurs cartes de la ville, le talkie-walkie, et une boîte de beignets. Son poing se referma sur l'appareil, qu'il tendit à son collègue.
Joris l'alluma, écrasa son bouton de communication et porta un haut-parleur devant ses lèvres.
—Voiture une, ici Taulth. Vous me recevez ?
Il relâcha son appui, se figea sans lâcher des yeux la ruelle lointaine. Un grésillement s'échappa de l'objet.
—Affirmatif, Taulth. Prêt pour les festivités ? Demanda une voix s'échappant de l'objet.
—Bien sûr. J'ai même ramené un invité de marque, ajouta-t-il en échangeant un regard avec Daniel. Quand est-ce qu'on pourra démarrer ?
—Encore quelques minutes. Deux voitures sont en route, on vous préviendra dès leur arrivée.
—Compris. Taulth, terminé.
Il éloigna le talkie-walkie, le posa devant lui, par-delà le volant. Un calme tranquille emplit une nouvelle fois l'habitacle. Joris posa son coude gauche sur l'accoudoir de sa portière, se pencha de côté, et appuya sa main contre son menton couvert de la barbe que caressèrent ses doigts écornés. À ses côtés, Daniel se perdit à fixer d'un regard vague les beignets fourrés reposant au fond de la boîte à gant. Des merveilles lui rappelant une faim criée par son estomac.
—Je me sers, rompit-il le silence en tendant un bras vers les pâtisseries.
Se faisant, l'affamé porta l'une des gourmandises à ses lèvres, et ferma les yeux. La framboise l'emplissant soulagea sa bouche sèche lors de l'acte de mâcher, lui permit de ne pas trop peiner à avaler. Sous une fugace pointe d'acidité, le teint du gourmet rosit quelque peu. Le sucre fit pourtant bien vite place au goût du fruit, baignant son esprit de douceurs naissantes des breuils et futaies de pays éloignés. Puis il avala. Son estomac l’en remercia, et tout en reprenant un second mets, il déporta son attention sur le conducteur.
—Simple curiosité : l'opération de ce soir a pour simple intérêt de vous amuser, où est-elle plus importante que tu ne le laisses entendre ? S’enquit l'enquêteur tout en plantant ses dents dans son beignet.
—On est là pour s'amuser, surtout. Presque tous – et moi le premier – s'entendent à dire que les cibles ne sont que des prépubères qui se foutent sur la gueule. Mais je ne nie pas que certains pensent que la chose est louche. Qu'ils cachent quelque chose de plus gros, sans pour autant savoir quoi. Le coup de ce soir émane d'Eddie Valmeiser, qui tient secret l'identité de sa source car elle n'a pas l'âge légal pour le renseigner officiellement. Il est la principale personne à vouloir chopper le chef du troupeau pour l'interroger.
—Valmeiser ? Jamais entendu parler, déclara Daniel en léchant l'un de ses doigts taché de confiture.
—C'est un vieux de la vieille. Un collègue affecté en journée au centre de la ville, sur le secteur cinq. L'arrestation de Gregorio Le Marionnettiste, ça te parle ?
—Vaguement, avoua l'enquêteur. Si tu me donnais un vrai nom plutôt qu'un sobriquet idiot, là, ma mémoire aurait une chance de fonctionner.
—Je ne suis plus sûr de savoir comment il s’appelait, mais tu dois savoir. Ce psy taré, dépressif, qui poussait ses patientes au suicide en les persuadant que la mort réglerait tous leurs soucis.
—Ah... Gregory Belhasta, réalisa Holden. Pas Gregorio le Marionnettiste. Un criminel ayant de gros problèmes avec la gente féminine. Mais d'où vient cette propension à donner des surnoms débiles aux détraqués ?
—C'est amusant, se défendit Joris. De toute façon, quand cela ne vient pas de nous, ils s'en trouvent un eux-même. Crois-le ou non, suite à l'appel d'un témoin j'ai une fois arrêté un homme se faisant appeler La Mite. Un détraqué qui, la nuit, s'invitait chez les gens pour déchirer leurs vêtements !
Daniel soupira, secoua la tête en signe de dépit.
—Et quel est le rapport entre Belhasta et ce Valmeiser ?
—L'une de ses marionnettes, Claire de son prénom, s'est rendu compte de l'état psychologique et des malversations de Gregorio. Elle a stoppé ses séances et comptait le dénoncer. En réponse, ce dernier n'a rien trouvé de plus compliqué à faire que de retourner le cerveau d'une autre de ses patientes, dans le but de l'envoyer faire un carton dans le restaurant où la déserteuse travaillait ; avant qu'elle ne se suicide, cela va de soi.
» Dans tout ça, Eddie a réussi à arrêter la folle avant qu'elle ne réussisse son coup, et ce même sans avoir à tirer le moindre coup de feu. De là les enquêteurs ont pu l’interroger, elle et Claire, et remonter jusqu'au psy ; qui après un bon coup de pression a avoué être lié à un paquet de faits divers survenus dans le coin.
—C'est fort, reconnut Daniel. Ce doit être le genre de flic qui n'a peur de rien. Et c'est donc une jeune et mystérieuse source qui lui a fait savoir qu'un gang se réunissait ici ce soir... Pour une raison non moins mystérieuse que tu ignores.
—Voilà, tu sais tout.
Daniel tendit un bras vers un troisième beignet, mais se ravisa. Sa gorge sèche n'aidait pas tellement à avaler, et une bouchée de plus aurait très bien pu finir par l'étouffer.
—Et le plan, quel est-il ? Questionna-t-il le conducteur.
—Il est plutôt simple, les coffrer sera un jeu d'enfant. Après que les snipers aient mis K.O les guetteurs, toutes les unités vont lentement rouler vers les bouches de la ruelle, devant lesquelles elles se stopperont. On fera bien sûr partie du lot. Occupés, plongés dans le noir, les gosses ne vont rien voir venir. Une fois tout le monde en position on fera briller les pleins phares de tous les véhicules pour les aveugler. Qu'ils voient la lumière du droit chemin avant que la justice ne leur tombe sur l'arrête du nez.
—Ils vont paniquer, se mettre à courir. Ce sera le chaos.
—Sûrement, et cela s'apparentera à une chasse au gibier. Mais ce ne sont que des gosses ! On en attrapera un maximum sans trop de difficulté.
—Sans doute... laissa échapper Daniel, pensif. Mais ce n'est pas dit que je veuille me mettre à cavaler.
—Je te l'ai dit, répondit l'homme en uniforme en posant une main sur l'épaule du renfrogné, qu'il secoua amicalement. Si tu ne veux que regarder il n'y a pas de problèmes.
—Ce sera suivant l'évolution de la situation, conclut l'enquêteur, sans rien ajouter.
Joris relâcha l'épaule du passager, ne sut quoi ajouter. Il s'accouda une nouvelle fois à la portière, effleura de ses doigts la barbe cerclant sa mâchoire, s'échappa bien loin, en de nombreuses et lucides rêveries nichées au cœur de ses pensées. Une posture inspirant Daniel, qui bloqua son coude à hauteur d'épaule, contre la base de la vitre de sa portière. Le silence retomba une nouvelle fois sur l'espace intérieur.
L'index apposé sur ses lèvres, l'enquêteur releva un œil spectateur sur l'extérieur cerné de bâtiments aux murs effrités. Calme, où pas un chat ne pointait une moustache. Une portion de route en partie plongée dans l'obscur, où brillait par endroits de faibles éclairages fixés au dessus des entrées. Certains lampadaires brisés voyaient les débris de leurs ampoules s'étaler sur le goudron en un tapis de fragments acérés.
Le délinquant, installé sur sa marche salissante, n'avait pas bougé d'un centimètre. Intéressé, il fixait à en loucher l'écran du téléphone tenu dans le creux de sa main, sur lequel ses pouces s'activaient. Certainement clavardait-il sur un forum, voir un réseau social. Une autre possibilité, comme l'avait prédit son collègue, était qu'il soit en train de jouer. Demeurait cependant qu'il se perdait toujours dans autre chose que ce en quoi sa tâche consistait ; et ce pas moins que le second individu dont la présence avait filtrée de la bouche de Joris. De par son extrême attention, Daniel parvint à voir sa silhouette cachée dans l'ombre, plaquée contre l'entrée d'un lointain immeuble. Lui aussi se trouvait être plongé dans la contemplation de loisirs numériques.
Coupant court à leurs absences, un grésillement émana du boîtier noir posé derrière le volant.
—À tous les snipers, ici voiture une, cracha une voix masculine à travers le haut-parleur de l'objet. L'équipe est au complet. Vous pouvez y aller !
02/12/15 à 03:27:14
Putain, ça c'est de la traque. J'aime particulèrement l'image du coup de poing dans l'abdomen et du gosse qui se plie en deux.
C'est dommage qu'on ait pas vu Hoel grimper, ou alors j'ai pas tilté que c'était lui. Par contre il y a la référence au coup de feu !
A part ça j'ai juste un peu de mal avec tous les noms, c'est plus simple s'ils ont tous un signe distinctifs, mais là ils sont tous flics. Enfin on s'y fait ça demande juste un peu de concentration :D
Bref j'ai adoré. Le coup du sniper qui s'amuse aussi c'était fabuleux !
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