Espoirs Crépusculaires
Par : Droran
Genre : Polar , Horreur
Status : C'est compliqué
Note :
Chapitre 17
Se rejoue la nuit...
Publié le 18/11/15 à 02:04:47 par Droran
« L’air hagard, il se retrouvait perdu au milieu d’un océan d’étoiles. La lune n’était plus, laissait place à une myriade de planètes en mouvement constant, qui telles des comètes suivaient une trajectoire les menant droit sur lui.
Le temps ralentit lors de l’avancée d’un globe proche, enveloppé d’un halo bleu. Une robe délinéant les contours de l’incognoscible objet rapetissant mystérieusement à mesure qu’il s’approchait.
Surpris, Eusoph ne sut se mouvoir. Immobile, il leva une main vers l’orbe flottant alors à ses côtés. Ses doigts passèrent à travers l’enveloppe bleutée, en détachèrent une infime partie qui se dispersa en une centaine de particules étincelantes. Mues par une même volonté, ces dernières se répandirent autour de son corps, jouèrent avec lui, virevoltèrent en cercle sans plus s’arrêter.
L’astre continuait sa course au loin. L’homme, ne sachant comment réagir, tourna sur lui-même, chercha à traduire la nature de ce dont il était victime. Cependant, la nuée ne l’entendit pas ainsi. Les particules lumineuses abandonnèrent son contact, s’éloignèrent d’un même vol, s’amassèrent à deux mètres de lui.
L’essaim phosphorescent se changea peu à peu en une silhouette humaine aux formes floues, dont le visage s’affina pour afficher des traits féminins. Transparente, spectrale, l’apparition colorée anima ses muscles faciaux difficilement discernables.
“Eusoph, entendez ma voix.”
Alors il comprit. La voix gardait le même timbre, doux, apaisant. Les paroles se répétaient. Certainement se trouvait-il en présence d'un être divin.
“Je sais ce qui vous afflige. Je peux vous aider.”
Sa même réponse lui échappa. “Comment ?” Questionna-t-il la providentielle présente. Alors, comme pour l’inviter à approcher, la mystérieuse déploya ses bras,.
“Il vous faut me voir, et seulement me toucher.”
Eusoph ne comprit pas. Il était certain de la voir, et puisqu’il en était ainsi, également la toucher. Se gonflant de courage, il décrivit plusieurs pas à travers le vide spatial dans lequel on l’avait plongé, et s’approcha de la divinité.
“Ouvrez les yeux. Tendez votre bras.”
Il obéit, approcha sa main du visage diaphane, au travers duquel passèrent ses doigts. Son geste arracha une partie de la silhouette, qui, mutilée, finit par exploser. Elle se déjoignit en centaines de particules bleutées qui s'écartèrent de l'homme, s’assemblèrent à nouveau deux mètres au-devant.
“Ouvrez les yeux, vous ne voyez rien.”
L’apparition s’adressait à nouveau à lui. Eusoph ne comprit rien. Souhaitant qu’on l’aide, il reposa sa question. “Comment ?”
Encore, la mystérieuse déploya ses bras, comme pour l’inviter à approcher.
“Ouvrez les yeux. Transcendez votre vision. La chair n’est pas chair, mais uniquement illusion.”
Ces mots, pourtant énigmatiques, le firent réfléchir. D’un pas incertain, il s’avança au travers du vide cosmique. »
Eusoph l’illuminé, extrait des Légendes de L’Ordre Céleste
II. Le Palais des rêves éveillés (Une traque, un souvenir ; mais le destin balaie toutes les volontés)
L'automne mourrait officiellement, en cette première soirée d'hiver. Un vent nocturne étendait ses bras le long de la façade de l'appartement, envoyait son souffle glacé se plaquer en une buée sur la vitre de la seule fenêtre agencée au mur de la petite chambre.
Le verre vibrait légèrement, diffusait un son dérangeant dans le creux d'une oreille droite plaquée contre la cloison transparente. Les mains collées au carreau, doigts écartés, Daniel frissonnait. De part sa posture se traduisait une tentative de captation des sons extérieurs. Un besoin plus qu'une envie de ressentir le bruissement des arbres, les pas de noctambules esseulés. Mais ne parvenait à son ouïe nul son autre que l'exhalaison venteuse s'écrasant contre la paroi de béton.
Quelque chose...
Dans son oreille gauche venaient se loger les sonorités d'une musique électronique au tempo hypnotique, lancée avant tout pour abrutir ses pensées. Immobile dans la pénombre, à demi-nu, agenouillé sur un lit non défait, l'impression procurée par la prise de nouveaux comprimés était quelque peu étrange. Près d'une demi-heure s'était écoulée sans qu'il ne daigne esquisser le moindre geste. Ses sens se démultipliaient. Sur sa peau, ses poils se hérissaient, et la sueur perlant sur son dos paraissait aussi tangible que des doigts au toucher sensuel.
Jamais, par le passé, il ne s'était senti tant éveillé.
Des faisceaux luminescents projetés par un radio-réveil posé à côté du lit se reflétaient sur les murs. Bleues, vertes, rouges : les lumières, comme le son déployé dans la pièce, l'hypnotisaient. Les yeux grand ouverts, la bouche demeurant close. Ses membres figés trahissaient l'état dans lequel il s'était plongé. Cet homme n'était plus, il ressentait. Un état d'hyper-conscience risquant de ne pas le quitter avant de nombreuses heures.
L’atmosphère se montrait étouffante. Autour de lui, les murs étroitement rapprochés semblaient prêts à le broyer. Leur surface, ayant par endroits pris l'humidité, se retrouvait parsemée de croûtes blanches comme l'était la peinture qui les recouvrait. Peu soucieux de son lieu de vie, il s'était pris en urgence ce petit appartement dans lequel il logeait depuis maintenant près d'un mois.
Non, quelqu'un...
Le froid commençait à lui mordre les doigts. La faim, à lui ronger l’estomac.
—Mais qu'est-ce que je fais... Souffla l'amorphe, en décollant lentement ses mains gelées de la surface vitrée.
Le semblant de mélodie craché par l'appareil posé sur la table de nuit écorcha son moral, lui rappela une période de son existence bien différente de ce qu'il vivait dorénavant. Sa poitrine sembla se contracter sur son cœur, le forçant à s'avachir sur le lit. Il porta l'une de ses mains sur son pectoral gauche, caressa de ses doigts pâles trois cicatrices circulaires ressortant nettement sur sa peau.
Ses paupières papillonnèrent, changèrent les faisceaux en flashs agressifs. Faible, sale et sous-alimenté, il peinait encore à le reconnaître clairement. Les questions importantes lui échappaient. En combien de temps s'était-il plongé dans cet état ? Depuis combien de temps ? Et cela durerait-il encore longtemps ? Les réponses lui viendraient facilement s'il décidait de jeter ne serait-ce qu'un regard sur son manque d'agissement. L'éveil de ses sens n'empêchait en rien un état apathique dont il ne cherchait plus à se défaire, et ce depuis trop longtemps.
L'esprit embrumé, il ne sut retenir un fin filet de salive, qui s'échappa d'entre ses lèvres. La sécrétion se déposa sur son avant-bras gauche, qu'il releva en même temps que son regard vers un interrupteur nettement visible à travers la pénombre, à portée de main, apposé sur un mur.
Un individu grimpe l'escalier ?
Son doigt poussa le bouton vers le haut. Une ampoule reliée à deux fils s'illumina au dessus de sa tête, projeta une sombre lueur jaune sur les meubles et les murs de l'espace confiné. Étrangement, un pressentiment le poussa à croire que, pour la première fois depuis plus de deux semaines, un visiteur se montrerait.
Les bras tremblant sous sa masse, il s'appuya sur son matelas pour se déplacer lentement jusqu'au bord du lit, faisant ainsi grincer le sommier métallique fort peu solide.
Un rapide coup d'oeil au radio-réveil lui fit prendre conscience du temps avalé par sa journée vide de sens : 21 heures 50 s'affichaient sur le cadre numérique, soit près de onze heures écoulées depuis son dernier repas. Le temps lui filait entre les doigts, mais malgré tous ses efforts, reprendre un rythme de vie normal se montrait encore loin d'être réalisable. Pourtant, l'inutilité de son inactivité lui parut soudainement discernable. En proie à la confusion, Daniel se courba en avant, appuya le haut de son crâne entre ses mains, feinta la tentative d'enrayer une douleur neurologique illusoire n'existant que sous le poids de sa propre honte.
Ne le laissant pas se perdre dans ces maux irréels, l'en extirpant aussitôt, une faible sonnerie retentit au dessus de sa tête, se fit entendre depuis la pièce voisine. Son intuition visait juste. Malgré la nuit tombée, quelqu'un osait sonner à sa porte.
Il étendit un bras vers le radio-réveil, l'éteignit d'une simple pression sur un bouton visible en son sommet. La musique se stoppa en même temps que les projections colorées.
Je le sens mal, mieux vaut ne pas bouger, tenta-t-il de se convaincre en se figeant soudainement. Seulement, une seconde sonnerie retentit, et Daniel déposa ses pieds bien à plat sur le sol parqueté, anima ses orteils nus pour les éveiller. S'abaissant un peu, il se saisit de chaussettes traînant non loin du lit, dont il se chaussa sans hâte. Cette visite nocturne ne lui dit rien de bon. Jouant de ses cuisses pour se redresser, il se mut d'un pas lent vers une chaise disposée contre un mur, à quelques centimètres d'une porte de bois à la peinture écaillée. L'objet supportait sur son dos un jeans d'un bleu profond que ses doigts agrippèrent. Enfilant une jambe, le paresseux s'assit un instant pour s'habiller sans effort ; après quoi, il ouvrit grand la porte, en franchit le seuil. Sa main gauche se plaqua contre un mur extérieur tapissé de reliefs floraux, enclencha l'interrupteur lumineux y étant installé.
Deux ampoules s'illuminèrent au-dessus d'une cuisine de taille restreinte, pauvrement meublée mais bien équipée. Des carreaux muraux ocre fissurés courraient sur toute la partie d'un mur, au-dessus d'un long plan de travail supportant un peu de vaisselle, des couverts, ustensiles, et appareils ménagers. Non loin, à son extrémité, demeurait accolé un imposant frigo, tourné en direction d'une table ronde entourée de quatre chaises ; méticuleusement placée au centre de la pièce, remplissant à elle seule une bonne partie des vingt mètres carrés d'espace vieillissant.
La sonnerie retentit une troisième fois.
—Cessez... J'arrive ! Protesta Daniel, en progressant jusqu'à la porte de l'appartement.
Ses doigts firent tomber un verrou, et sa main se referma sur une poignée qu'il abaissa avec appréhension. Derrière la porte se tenait un homme en uniforme, agent de police, sur le visage duquel s'inscrivit une grimace de surprise lorsque son hôte apparut devant lui, torse nu et pâle comme un macchabée.
—Daniel Holden ? Demanda l'homme, feintant de ne pas reconnaître la personne lui ayant ouvert.
—Ne te moque pas de moi, Joris... Se contenta de répondre son hôte, sans l'inviter à entrer.
—Jamais de la vie. Tu détesterais, et je le sais.
Holden jeta sur lui un regard froid à travers l'entrebâillement de la porte.
—Bonsoir à toi, l'ami.
Le temps ralentit lors de l’avancée d’un globe proche, enveloppé d’un halo bleu. Une robe délinéant les contours de l’incognoscible objet rapetissant mystérieusement à mesure qu’il s’approchait.
Surpris, Eusoph ne sut se mouvoir. Immobile, il leva une main vers l’orbe flottant alors à ses côtés. Ses doigts passèrent à travers l’enveloppe bleutée, en détachèrent une infime partie qui se dispersa en une centaine de particules étincelantes. Mues par une même volonté, ces dernières se répandirent autour de son corps, jouèrent avec lui, virevoltèrent en cercle sans plus s’arrêter.
L’astre continuait sa course au loin. L’homme, ne sachant comment réagir, tourna sur lui-même, chercha à traduire la nature de ce dont il était victime. Cependant, la nuée ne l’entendit pas ainsi. Les particules lumineuses abandonnèrent son contact, s’éloignèrent d’un même vol, s’amassèrent à deux mètres de lui.
L’essaim phosphorescent se changea peu à peu en une silhouette humaine aux formes floues, dont le visage s’affina pour afficher des traits féminins. Transparente, spectrale, l’apparition colorée anima ses muscles faciaux difficilement discernables.
“Eusoph, entendez ma voix.”
Alors il comprit. La voix gardait le même timbre, doux, apaisant. Les paroles se répétaient. Certainement se trouvait-il en présence d'un être divin.
“Je sais ce qui vous afflige. Je peux vous aider.”
Sa même réponse lui échappa. “Comment ?” Questionna-t-il la providentielle présente. Alors, comme pour l’inviter à approcher, la mystérieuse déploya ses bras,.
“Il vous faut me voir, et seulement me toucher.”
Eusoph ne comprit pas. Il était certain de la voir, et puisqu’il en était ainsi, également la toucher. Se gonflant de courage, il décrivit plusieurs pas à travers le vide spatial dans lequel on l’avait plongé, et s’approcha de la divinité.
“Ouvrez les yeux. Tendez votre bras.”
Il obéit, approcha sa main du visage diaphane, au travers duquel passèrent ses doigts. Son geste arracha une partie de la silhouette, qui, mutilée, finit par exploser. Elle se déjoignit en centaines de particules bleutées qui s'écartèrent de l'homme, s’assemblèrent à nouveau deux mètres au-devant.
“Ouvrez les yeux, vous ne voyez rien.”
L’apparition s’adressait à nouveau à lui. Eusoph ne comprit rien. Souhaitant qu’on l’aide, il reposa sa question. “Comment ?”
Encore, la mystérieuse déploya ses bras, comme pour l’inviter à approcher.
“Ouvrez les yeux. Transcendez votre vision. La chair n’est pas chair, mais uniquement illusion.”
Ces mots, pourtant énigmatiques, le firent réfléchir. D’un pas incertain, il s’avança au travers du vide cosmique. »
Eusoph l’illuminé, extrait des Légendes de L’Ordre Céleste
II. Le Palais des rêves éveillés (Une traque, un souvenir ; mais le destin balaie toutes les volontés)
L'automne mourrait officiellement, en cette première soirée d'hiver. Un vent nocturne étendait ses bras le long de la façade de l'appartement, envoyait son souffle glacé se plaquer en une buée sur la vitre de la seule fenêtre agencée au mur de la petite chambre.
Le verre vibrait légèrement, diffusait un son dérangeant dans le creux d'une oreille droite plaquée contre la cloison transparente. Les mains collées au carreau, doigts écartés, Daniel frissonnait. De part sa posture se traduisait une tentative de captation des sons extérieurs. Un besoin plus qu'une envie de ressentir le bruissement des arbres, les pas de noctambules esseulés. Mais ne parvenait à son ouïe nul son autre que l'exhalaison venteuse s'écrasant contre la paroi de béton.
Quelque chose...
Dans son oreille gauche venaient se loger les sonorités d'une musique électronique au tempo hypnotique, lancée avant tout pour abrutir ses pensées. Immobile dans la pénombre, à demi-nu, agenouillé sur un lit non défait, l'impression procurée par la prise de nouveaux comprimés était quelque peu étrange. Près d'une demi-heure s'était écoulée sans qu'il ne daigne esquisser le moindre geste. Ses sens se démultipliaient. Sur sa peau, ses poils se hérissaient, et la sueur perlant sur son dos paraissait aussi tangible que des doigts au toucher sensuel.
Jamais, par le passé, il ne s'était senti tant éveillé.
Des faisceaux luminescents projetés par un radio-réveil posé à côté du lit se reflétaient sur les murs. Bleues, vertes, rouges : les lumières, comme le son déployé dans la pièce, l'hypnotisaient. Les yeux grand ouverts, la bouche demeurant close. Ses membres figés trahissaient l'état dans lequel il s'était plongé. Cet homme n'était plus, il ressentait. Un état d'hyper-conscience risquant de ne pas le quitter avant de nombreuses heures.
L’atmosphère se montrait étouffante. Autour de lui, les murs étroitement rapprochés semblaient prêts à le broyer. Leur surface, ayant par endroits pris l'humidité, se retrouvait parsemée de croûtes blanches comme l'était la peinture qui les recouvrait. Peu soucieux de son lieu de vie, il s'était pris en urgence ce petit appartement dans lequel il logeait depuis maintenant près d'un mois.
Non, quelqu'un...
Le froid commençait à lui mordre les doigts. La faim, à lui ronger l’estomac.
—Mais qu'est-ce que je fais... Souffla l'amorphe, en décollant lentement ses mains gelées de la surface vitrée.
Le semblant de mélodie craché par l'appareil posé sur la table de nuit écorcha son moral, lui rappela une période de son existence bien différente de ce qu'il vivait dorénavant. Sa poitrine sembla se contracter sur son cœur, le forçant à s'avachir sur le lit. Il porta l'une de ses mains sur son pectoral gauche, caressa de ses doigts pâles trois cicatrices circulaires ressortant nettement sur sa peau.
Ses paupières papillonnèrent, changèrent les faisceaux en flashs agressifs. Faible, sale et sous-alimenté, il peinait encore à le reconnaître clairement. Les questions importantes lui échappaient. En combien de temps s'était-il plongé dans cet état ? Depuis combien de temps ? Et cela durerait-il encore longtemps ? Les réponses lui viendraient facilement s'il décidait de jeter ne serait-ce qu'un regard sur son manque d'agissement. L'éveil de ses sens n'empêchait en rien un état apathique dont il ne cherchait plus à se défaire, et ce depuis trop longtemps.
L'esprit embrumé, il ne sut retenir un fin filet de salive, qui s'échappa d'entre ses lèvres. La sécrétion se déposa sur son avant-bras gauche, qu'il releva en même temps que son regard vers un interrupteur nettement visible à travers la pénombre, à portée de main, apposé sur un mur.
Un individu grimpe l'escalier ?
Son doigt poussa le bouton vers le haut. Une ampoule reliée à deux fils s'illumina au dessus de sa tête, projeta une sombre lueur jaune sur les meubles et les murs de l'espace confiné. Étrangement, un pressentiment le poussa à croire que, pour la première fois depuis plus de deux semaines, un visiteur se montrerait.
Les bras tremblant sous sa masse, il s'appuya sur son matelas pour se déplacer lentement jusqu'au bord du lit, faisant ainsi grincer le sommier métallique fort peu solide.
Un rapide coup d'oeil au radio-réveil lui fit prendre conscience du temps avalé par sa journée vide de sens : 21 heures 50 s'affichaient sur le cadre numérique, soit près de onze heures écoulées depuis son dernier repas. Le temps lui filait entre les doigts, mais malgré tous ses efforts, reprendre un rythme de vie normal se montrait encore loin d'être réalisable. Pourtant, l'inutilité de son inactivité lui parut soudainement discernable. En proie à la confusion, Daniel se courba en avant, appuya le haut de son crâne entre ses mains, feinta la tentative d'enrayer une douleur neurologique illusoire n'existant que sous le poids de sa propre honte.
Ne le laissant pas se perdre dans ces maux irréels, l'en extirpant aussitôt, une faible sonnerie retentit au dessus de sa tête, se fit entendre depuis la pièce voisine. Son intuition visait juste. Malgré la nuit tombée, quelqu'un osait sonner à sa porte.
Il étendit un bras vers le radio-réveil, l'éteignit d'une simple pression sur un bouton visible en son sommet. La musique se stoppa en même temps que les projections colorées.
Je le sens mal, mieux vaut ne pas bouger, tenta-t-il de se convaincre en se figeant soudainement. Seulement, une seconde sonnerie retentit, et Daniel déposa ses pieds bien à plat sur le sol parqueté, anima ses orteils nus pour les éveiller. S'abaissant un peu, il se saisit de chaussettes traînant non loin du lit, dont il se chaussa sans hâte. Cette visite nocturne ne lui dit rien de bon. Jouant de ses cuisses pour se redresser, il se mut d'un pas lent vers une chaise disposée contre un mur, à quelques centimètres d'une porte de bois à la peinture écaillée. L'objet supportait sur son dos un jeans d'un bleu profond que ses doigts agrippèrent. Enfilant une jambe, le paresseux s'assit un instant pour s'habiller sans effort ; après quoi, il ouvrit grand la porte, en franchit le seuil. Sa main gauche se plaqua contre un mur extérieur tapissé de reliefs floraux, enclencha l'interrupteur lumineux y étant installé.
Deux ampoules s'illuminèrent au-dessus d'une cuisine de taille restreinte, pauvrement meublée mais bien équipée. Des carreaux muraux ocre fissurés courraient sur toute la partie d'un mur, au-dessus d'un long plan de travail supportant un peu de vaisselle, des couverts, ustensiles, et appareils ménagers. Non loin, à son extrémité, demeurait accolé un imposant frigo, tourné en direction d'une table ronde entourée de quatre chaises ; méticuleusement placée au centre de la pièce, remplissant à elle seule une bonne partie des vingt mètres carrés d'espace vieillissant.
La sonnerie retentit une troisième fois.
—Cessez... J'arrive ! Protesta Daniel, en progressant jusqu'à la porte de l'appartement.
Ses doigts firent tomber un verrou, et sa main se referma sur une poignée qu'il abaissa avec appréhension. Derrière la porte se tenait un homme en uniforme, agent de police, sur le visage duquel s'inscrivit une grimace de surprise lorsque son hôte apparut devant lui, torse nu et pâle comme un macchabée.
—Daniel Holden ? Demanda l'homme, feintant de ne pas reconnaître la personne lui ayant ouvert.
—Ne te moque pas de moi, Joris... Se contenta de répondre son hôte, sans l'inviter à entrer.
—Jamais de la vie. Tu détesterais, et je le sais.
Holden jeta sur lui un regard froid à travers l'entrebâillement de la porte.
—Bonsoir à toi, l'ami.
30/11/15 à 02:29:45
Le gars tellement pas sortit de chez lui depuis es mois qu'il dot bouger les meubles pour récupérer son portefeuille !
J'adore, hate de lire le prochain !
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