<h1>Noelfic</h1>

Espoirs Crépusculaires


Par : Droran

Genre : Polar , Horreur

Status : C'est compliqué

Note :


Chapitre 15

Publié le 29/10/15 à 01:22:32 par Droran

Déambulant sur le macadam au milieu des immensités de béton, il ne retourna pas sur la place de la gare, proche des quartiers du secteur huit s’appauvrissant à mesure que défilaient les années, mais se dirigea vers l'ouest, finit après plusieurs détours par suivre longuement une grande artère s'enfonçant dans le secteur treize, qu'aucun bus ne desservait en l'heure tardive qui sonnait encore.
Sans transport, le trajet allait lui paraître long, mais il gardait confiance. La grande route voyait défiler un grand nombre de passants silencieux, marchant et serpentant autour de téléphones publiques et de lampadaires, le long des trottoirs ou traînaient quelques détritus abandonnés. Il se fondit au milieu d'eux, tête baissée, en gardant ses mains profondément enfouies dans les poches de sa veste. Même s'il boitait, tenter de passer inaperçu parmi d'autres visages était moins risqué que se balader seul dans les ruelles ; la police ayant pour fâcheuse habitude de patrouiller, non sans contrôler les promeneurs isolés.
Les lueurs des phares émises par les véhicules circulant sur les voies goudronnées éclairaient ses pas, par intermittence, glissaient sur ses chaussures et montaient bien plus haut que son jeans déchiré, en venaient à l'aveugler, puis se réfléchissaient sur les vitres des habitations éteintes avant de s'évanouir derrière lui. La chose le dérangeait, mais perdu dans ses pensées, il finit par tracer sa route sans plus y porter attention.
Le temps défila, et ne s'arrêta pas. Peut-être Hoel fuyait-il depuis deux heures, que le soleil se leva lentement, éveillant faim et soif avec lui. Ses rayons frappèrent le haut des immenses immeubles, puis se réfléchirent sur chaque fenêtre, étage après étage, jusqu'à toucher la rue, ses promeneurs fatigués, ainsi que ses véhicules toujours plus nombreux à mesure que l'heure avançait. Hoel sortit de ses pensées, constata que la circulation s'était intensifiée : les transports publiques s'étaient remis à rouler depuis un moment, mais l'adolescent jugea bon de continuer à pied, que personne ne puisse le dévisager durant tout un trajet. Son périple n'en serait que plus long, mais il pensait avoir encore suffisamment de temps devant lui.
Ses pas le menèrent dans un nouveau centre-ville moins tape à l'oeil et enclin à la vie nocturne que celui du secteur huit. Il quitta le trottoir du grand axe, s’immisça entre les immeubles, se perdit au cœur de quartiers résidentiels étant pour la plupart désertés en l'heure matinale qu'il était.
Seul résonna le son de sa marche claudicante lorsqu'il s'aventura dans le dédale de rues d'un quartier aux habitations anciennes, dont les façades s’effritaient et perdaient de leur couleur sans qu’elles paraissent pour autant délabrées. Une partie de la ville n'ayant pas été refaite depuis quelques années, mais dont les intérieurs des immeubles et des appartements demeuraient aussi modernes et conformes aux normes sanitaires qu'il était possible de l'être.
Se sachant proche du lieu où il se rendait, Hoel se détendit un peu, ralentit un instant. Sa jambe le faisait souffrir atrocement, et un point de côté frappait son abdomen. Il n'avait pas cessé de marcher depuis un moment.
Jetant un regard autour de lui, il vit le long d'un mur un conteneur n'ayant pas été vidé par les éboueurs passés durant la nuit. Il s'en approcha lentement, traversa d'une démarche traînante la route déserte pour rejoindre le trottoir d'en face. Face à la benne, l'adolescent souleva le couvercle la refermant et le rabattit en arrière. L'une de ses mains vint attraper la fermeture éclair de sa veste, qu'elle fit descendre lentement afin de l'ouvrir entièrement. D'un mouvement d'épaule, Hoel se débarrassa d'une des manches du vêtement, qu'il finit par enlever complètement. Jusque-là, la veste avait bien servie à passer inaperçu, mais dans cette zone elle ne lui serait plus d'aucune utilité. Sans craindre le regret, il y sortit les billets, bonda la poche droite de son jeans ; puis d’une main, souleva un sac poubelle remplissant une grande partie du conteneur métallique, à l’intérieur duquel il cacha bien en boule l'habit aussi profondément que possible, sous le sac qu'il remit en place. Ceci fait il contourna l'objet, se saisit à nouveau du couvercle, le rabattit sur son dessus en se disant que personne n'y toucherait avant un long moment.
Soufflant un instant de plus, il jeta un regard autour de lui. Une voiture passa lentement dans la rue, circula devant lui sans ralentir, et alla se garer quelques mètres plus loin. Le conducteur avait fait mine de ne pas voir le jeune homme, son regard n'avait que subjectivement glissé sur sa silhouette sanglante. C’est ça, fais comme si tu n’avais rien vu, s'en amusa Hoel en reprenant une marche douloureuse, main gauche plaquée sur le point de côté qui lui martelait l'abdomen.
Son chemin continua sur plusieurs mètres, le fit tourner à l'angle d'une rue et passer par un second croisement. Il ne se heurta qu’à peu de passants, aucun qu'il ne vit pas arriver de loin, et changea de trottoirs à chaque fois, se cacha autant que possible derrière les voitures sans pour autant cesser d'avancer.
Le souffle court, Hoel se stoppa en bas d'un imposant immeuble, devant une grande porte métallique aux vitres laissant apercevoir un long hall n'étant pas très large. Sa main gauche sonda sa poche, de laquelle il sortit un jeu de clefs. Ses doigts tachés de sang saisirent péniblement l'une d'elle, qu'il glissa dans la serrure avant de pousser le battant. Son entrée dans le bâtiment lui donna une impression de sécurité, mais malgré l'odeur de produits d’entretien qui flottait dans l'air, il savait que ce n'était pas le cas.
De nombreuses boîtes aux lettres métalliques s'alignaient sur le grand mur de gauche entièrement peint de blanc. Hoel s'en approcha, inséra une autre clef dans la seule boîte ne portant aucun numéro d'appartement, sur laquelle apparaissait le nom d'Ellioth Sielht. L'intérieur renfermait quelques courriers, que des publicités ; et l'adolescent se saisit d'une des enveloppes, dont il déchira le dessus et en sortir le papier qu'il contenait. Bon de réduction pour un massage en ville, elle s’abonne à n’importe quoi, constata-t-il en le roulant en une boule qu'il lança par-dessus son épaule. Sa main droite alla chercher les billets remplissant un côté de son jeans, et les fit rentrer petit à petit dans l'ouverture de l'enveloppe, la bondant en trois fois.
Esquissant un léger sourire, Hoel la plia en deux et la rangea dans l'une des poches arrière de son pantalon. Il referma la boîte aux lettres et récupéra ses clefs en effaçant cet instant de contentement. Lui revenait que le bâtiment ne comportait pas d'ascenseur. Expirant l'air contenu dans ses poumons, il se remit à boiter en direction d'un grand escalier de marbres menant aux étages supérieurs.
La montée de ces marches à travers la cage d'escalier que n’atteignaient pas les rayons du soleil, ainsi que son entrée dans l'appartement, le ramenèrent jusqu'au miroir, source dans laquelle il se noyait parmi ses souvenirs. Émergeant avec peine, Hoel s'en extirpa lentement. Ses paupières papillonnèrent un instant, et il remonta sa main gauche le long du dos de la demoiselle en éraflant le doux tissu de sa robe, la posa délicatement sur son épaule sans quitter leurs reflets du regard.
—Fini les rêvasseries, petite. Maintenant va faire ton sac, ordonna-t-il en resserrant progressivement ses doigts sur l'ossature de l'adolescente.

Commentaires

Sheyne

29/11/15 à 14:59:29

Oh ce batard. M'enfin, c'est pour sa quête, il le faut. On voit très bien les deux points de vu et les emotions sont magnifiques.

Ce chapitre relève du génie.

Vous devez être connecté pour poster un commentaire