Espoirs Crépusculaires
Par : Droran
Genre : Polar , Horreur
Status : C'est compliqué
Note :
Chapitre 11
Publié le 24/10/15 à 03:20:54 par Droran
Sans réfléchir davantage, il recula son crâne le long du canon pressé contre sa peau sans que la femme ne puisse appuyer sur la détente, et se jeta en arrière en saisissant l’épaule de la malheureuse, qui bascula par-dessus lui, le suivit dans sa chute alors que son étreinte se relâcha dès qu’il plongea sur le plancher, qu’il percuta de son épaule en soulevant un fin nuage de poussière à l’instant même où l’arme de son assaillant cracha son projectile.
Des filets de sang se déployèrent dans les airs. Hoel releva un instant ses yeux grand ouverts par la peur sans avoir le temps de pivoter totalement sur son dos, vit l’inconnue chuter en lâchant un cri de douleur. Il serra les dents alors qu’elle s’écrasa sur lui, toujours consciente, puis la repoussa subitement, la força à rouler sur le côté tandis que Tod engagea une nouvelle balle dans le canon de son engin de mort.
A demi couchée sur le parquet, prise de rage, l’inconnue releva son bras droit ; le gauche étant ensanglanté. L’ennemi en fit de même. En réponse elle écrasa la détente de son revolver, et la balle fusa jusqu’à percer le tissu du pantalon de Tod, vint déchirer le muscle de sa cuisse et se figer dans sa chair ; le faisant ainsi trébucher et manquer son tir, qui toucha le bas d’un mur. Hoel se saisit de l’occasion. L’adrénaline pulsant dans ses veines, il se redressa immédiatement. Ses genoux raclèrent le sol, ses doigts saisirent le bras de la jeune femme, qu’il releva tandis que lui-même reprit appui sur ses deux jambes.
Ruffus releva son calibre, hurla à son sbire restant de l’abattre, et Hoel se précipita vers l’escalier en entraînant La Belle avec lui. La hâte lui fit manquer le bord de la première marche. Il faillit glisser, mais reprit son équilibre en entamant la descente. Les tirs rugirent en une même détonation, réduisirent en débris le bois s’étalant sous leurs pas, ainsi que la rambarde de l’escalier où tous deux se hâtaient.
La jeune femme poussa un nouveau cri, s’effondra en avant. Son revolver roula sur les marches et s’arrêta aux pieds du jeune homme. Hoel ne chercha pas à savoir si elle avait glissé ou s’était prise une balle : il s’abaissa, la laisser s’étaler sur son dos, et tînt l’un de ses bras ainsi que sa cuisse libérée par sa robe fendue.
Un liquide chaud s’échappait du corps de la blessée, coulait maintenant sur lui et imbibait ses vêtements. L’escalier en faisait des cibles faciles. L’adolescent savait qu’il ne pourrait pas descendre plus bas, qu’il devait opter pour un déclinement plus radical.
S’excusant en un mot, il donna un coup de pied dans l’arme, qui passa sous la balustrade et s’écrasa quelques mètres plus bas sur le sol parqueté ; puis se pencha en avant, oscilla sur ses deux jambes, souleva l’inconnue par-dessus l’appui de bois, la poussa dans le vide en sachant que l’acte pourrait la tuer si ce n’était déjà fait. Elle tomba lourdement, telle une fleur de soixante kilos aspirée par la gravité, et cogna contre le sol, où elle resta figée en y perdant quantité de son sang.
Hoel la suivit de près, sous le déluge de projectile, posa un pied sur le premier barreau de la balustrade et s’éjecta par-dessus elle. La sensation de chute lui souleva le cœur, mais dura moins de trois secondes. Tentant une réception sur ses deux jambes, il vacilla, son genou gauche heurta le sol. Il s’étala de tout son long sur le parquet ; une vive douleur s’immisçant dans son articulation.
L’affliction ne dura qu’une seconde. Il se mit à quatre pattes, prit appui sur sa jambe bien portante, se releva avec effort. A l’étage, ses poursuivants s’affairaient déjà en direction de l’escalier.
La blessée gémissait, baignée dans une flaque de sang s’élargissant peu à peu. Hoel enjamba le corps, se laissa tomber sur l’arme à feu ayant atterri non loin d’eux. Ses doigts s’en saisirent, la calèrent dans la ceinture de son pantalon. Il s’en retourna vers La Belle manquant de se noyer, attrapa l’un de ses bras, la traîna avec peine derrière l’un des grands bureaux disposés dans la pièce, sous l’une des fenêtres ; tandis que les ennemis se postaient sur les marches criblées de balles.
Trahie par un long parcours de sang, leur cachette fut rapidement arrosée. Dès lors, un ballet mortel se joua autour d’eux. Le bois de leur abris se disloqua dangereusement, les feuilles de papier volèrent au rythme des pétarades cacophoniques issues des instruments de mort de leurs hôtes, improvisés chefs d’orchestre.
Hoel resta figé au sol, son poids écrasant celui de la souffrante, dont les fines lèvres violacées laissaient encore échapper un frêle souffle de vie. Il se pencha sur son visage baigné de larmes afin que ses yeux émeraude se passionnent de sa présence, et écarta une mèche de cheveux désordonnée collée à sa peau par les pleurs.
—Où partent les gosses ? Lui demanda-t-il d’une voix grave et froide couverte par les détonations.
Elle comprit, chercha la force d’articuler quelques mots.
—Au sud, souffla-t-elle faiblement.
La réponse ne convînt pas au jeune homme, qui avait déjà été berné par cette maigre information.
—Mais où ça ? La questionna-t-il à nouveau, avec insistance.
Elle garda ses douces lèvres closes, ne sembla pas chercher d’autres mots. Hoel, excédé, déplaça sa main droite sur le haut de son buste, où une blessure déversait quantité de son sang. Il fit tomber la bretelle de sa robe, dénuda son épaule, et appliqua un doigt sur la plaie, le fit lentement entrer dans la chair saignante.
Le corps de la jeune femme convulsa, puis se raidit. Il appuya fort, et son crâne se souleva, sa bouche s’ouvrit pour lâcher une plainte aiguë étouffée par la douleur.
—Où au sud, salope ? Demanda-t-il une troisième fois, toujours de cette même voix grave mais plus énervée.
Elle hoqueta, le sang remplissant peu à peu sa bouche, mais tenta d’articuler quelques paroles. Hoel extirpa son doigt de sa carne sanguinolente, de peur qu’elle perde connaissance.
—Le palais, cracha-t-elle, en laissant couler un peu de liquide de vie jusqu’à la pointe de son menton.
Hoel caressa de son index le contour enflammé de la blessure imprégnée de liquide de vie.
—Un nom ! Donne-moi un nom.
—Dwayne Phyron, lâcha-t-elle, en pleurs.
—C’est peu, mais merci, la gratifia-t-il en rhabillant son épaule de sa main entièrement rouge de sang.
Une fenêtre explosa en hauteur. Le verre tomba sur leurs corps, vînt s’éparpiller sur le sol autour d’eux tandis que les tirs se calmèrent un instant. Les opposants tendirent l’oreille, guettant le signe indiquant que les fuyards étaient en vie.
Hoel soulagea l’inconnue qu’il écrasait, glissa lentement sur le verre brisé, s’appuya contre le meuble de bois qui tenait encore debout malgré les rafales qu’il avait essuyé.
—Hey ! S’écria-t-il pour accaparer l’attention des hommes en présence dans la pièce. Qui est Dwayne Phyron ?
Il retira l’arme prise dans sa ceinture, l’empoigna, puis releva un instant la tête pour voir par-dessus le bureau.
—Moi-même, s’exclama l’inconnu aux cheveux plaqués vers l’arrière de son crâne, posté au plus haut des escaliers.
La déclaration le prit au dépourvu. Il ne s’attendait pas à une quelconque réponse sérieuse, ni à ce que la personne en question soit présente ici-même.
—Vraiment ? Osa demander Hoel, pas si sûr de cette vérité.
—Mon nom n’est un secret pour personne, continua l’homme.
—Pourtant je l’ignorais. Mais c’est toujours bon à savoir, ajouta l’adolescent d’un air faussement distrait.
On se reverra, fils de pute, se promit-il en relevant un bras pour pointer son revolver vers les hommes armés, qui furent surpris lorsqu’il en écrasa la détente. Le plomb jaillit sans prévenir, rebondit sur la balustrade et les poussa à s’abaisser un court instant. Le jeune homme tira une seconde fois, et en profita pour se relever. Il grimpa sur le bureau défoncé, s’élança à travers la vitre brisée sous le feu de riposte de l’ennemi. Leurs balles percèrent le meuble de bois, ricochèrent contre le cadre de la fenêtre, mais l’adolescent passa indemne à travers la soudaine sortie de secours s’ouvrant vers l’extérieur.
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