Espoirs Crépusculaires
Par : Droran
Genre : Polar , Horreur
Status : C'est compliqué
Note :
Chapitre 26
Publié le 14/12/15 à 05:38:42 par Droran
—Et d'autres vont commencer ? Osa questionner le chef de gang.
—Surprise ! S'écria Eddie Valmeiser en laissant claquer le plat de sa main sur un coin de table, faisant ainsi sursauter le jeune captif. Ici, c'est nous qui posons les questions. Tu chanteras quand on te le demandera.
Daniel Holden prit ses aises sur la chaise libre. Son collègue prit, lui, appui sur la surface qu'il avait frappée de sa main.
—J'ai quelques interrogations dont j'aimerais vous faire part, en espérant pouvoir compter sur votre entière coopération, expliqua l'enquêteur. Cette entrevue risque de durer un certain moment, alors faites en sorte qu'elle se déroule bien. Après tout, vous avez déjà commis un meurtre et purgerez une lourde peine pour cela, alors n'aggravez pas votre cas.
—Arrêtez vos conneries, j’ai tué personne ! S'insurgea le prisonnier.
—En seriez-vous dérangé ? Poursuivit Holden. Dans le sens où ce qui vient d'être prononcé vous importunerait, je veux dire. Quoique... Pour être à la tête d'un gang, il faut bien l'être un peu, vous me l'accorderez. Vos yeux ont une teinte froide, comme le métal, semblable à du bronze. Deux iris qui transpirent le crime et l'aliénation. (Il s'attarda un instant sur le piercing logé dans sa narine.) C'est peut-être de famille ? Votre mère, qui vous laisse si peu indifférent, avait-elle les mêmes yeux ? Mais ne répondez pas tout de suite, mettez-vous à l’aise. La chaise n'est pas trop inconfortable ? Si elle ne l'est pas assez, tout peut se faire, elle peut être changée.
Le jeune homme resta silencieux, interloqué, l’air de ne pas comprendre ce qu’on lui disait. Il déporta son regard surpris et ses iris mordorées sur chacun de ses geôliers, pour finir par articuler à l’adresse de l’enquêteur se moquant de lui :
—Vous êtes complètement cinglé...
—Puisque que tout semble bien aller, commencez par me dire ce que vous faisiez ce soir, dans cette ruelle.
—Je n'ai rien à vous dire. Et je le répète, j'ai tué personne !
Eddie releva son bras droit et retroussa sa manche. Le regard du délinquant s'arrêta sur lui.
—Si tu t'avances sur cette voie, petit, tu risques de t'en prendre une.
Sa chance de se voir interroger de manière polie s'en trouvait bêtement gâchée. Se sachant en tort, le détenu s'offensa de lui-même :
—Où tu habites, enfoiré ? Questionna-t-il l'agent installé à ses côtés, oubliant d'alléguer son propos précédent. Touche-moi et je débarquerai chez toi ! Tu peux être sûr que je retrouverai !
Valmeiser chercha l'approbation de Daniel pour abattre sa main sur l'interrogé, mais ce dernier répondit d'un discret mouvement négatif en lâchant un rire moqueur. Résigné, l'officier de police fut aussi partagé d'amusement.
—Et quoi, crétin ? Tu espères venir me piquer mon lecteur DVD pour pouvoir mater tes dessins animés préférés ? Toi et ta bande de déficients ne faîtes pas le poids. Mais si jamais tu trouves l'adresse dans l'annuaire, j'ai aussi quelques bouquins intéressants qui te rendraient plus malin !
—La ruelle, Tony, la ruelle ! Le rappela à l'ordre Holden en posant ses coudes sur la table. (Décidé à être moins respectueux, il se pencha en avant, appuya son menton sur ses deux mains jointes.) Tu as tué un môme. C'est un fait. Quand on est arrivé il baignait dans son sang, à l'endroit même d'où tu as décampé. Qu'est-ce que vous faisiez à La Roselière, toi et tes petits copains ?
—Mais n'importe quoi, j'ai tué personne, je vous dis ! C'est pas moi ! Désavoua le chef de gang en secouant la chaîne rejoignant ses entraves.
—Tu as tenté de le kidnapper mais il ne s'est pas laissé faire ? Continua l'enquêteur sans prêter attention aux protestations du jeune homme.
—Kidna... Quoi ?! Le kidnapper ?! Mais de quoi que...
—Ta gueule ! Le coupa brutalement Valmeiser en abattant un poing sur la table, qui se cabossa sous le choc. Si tu n'as pas tué le gosse, tu nous dis qui, et si toi et ta bande de branleurs ne comptiez pas l'enlever, tu nous dis pourquoi vous l'avez tué !
Tony Ledgevy écarquilla légèrement les yeux, l'air halluciné, se réfugia dans un mutisme passager. Il recula autant que possible sur sa chaise pour s'y adosser correctement.
—Ok... Reste calme, mon vieux. Je vais cracher ce que vous voulez entendre, finit-il par articuler en tentant de prendre un air digne. La Roselière, on s'y regroupe chaque semaine pour s'amuser. Généralement, on fait une petite descente sur notre territoire pour embarquer au moins un membre de gang qui y traîne, histoire de lui refaire le portrait. Mais juste pour se faire respecter, rien de plus !
» Sauf que là, cette fois, on avait un nouveau qui voulait faire ses preuves. D'après lui, il fallait viser haut pour sa première fois. Du coup, le plan consistait à faire d'une pierre deux coups : lui devait nous prouver sa valeur en nous ramenant Rehan Alves, le chef des Sévères Renégats, puis en le démolissant. Et j'ai dit le démolir, pas le tuer ! Il a disjoncté ! Je n'ai rien à voir dans tout ça, alors ne me mettez pas de meurtre sur le dos ! C'est mon frangin qui voulait qu'on agrandisse notre territoire. C'est aussi lui qui a décidé de qui devrait se charger de Rehan.
Écoute-toi davantage. À t'entendre, le fameuse nouvelle recrue ne semble pas y être pour moins que ton frangin. Je ne serais pas étonné si tu nous cachais qu'elle ait soufflée l'idée.
—Maintenant, les gars, arrêtez de faire semblant... Prononça lentement le délinquant en se penchant en avant. J'ai bien compris que c'est un coup monté ! S'écria-t-il, s'éveillant subitement. Toddy vous a acheté, pas vrai ? C'est ça ou cet enfoiré m'a balancé !
Visiblement, tu n’as pas assez bien compris. Et tu dévies du sujet. Pourquoi honnir ton frère plutôt que le nouveau venu ? Paranoïa, comédie, ou conflit d’intérêt ?
—Qu'est-ce qui te fait croire que ton frère t'a dénoncé ? Le questionna Daniel, impassible.
—Toddy veut m'écarter. Tout ce qui l'intéresse, c'est le pouvoir. Il lui en faut toujours plus. Ça fait un moment qu'il ne veut plus s'arrêter, à mesure que le gang se renforce il prend la grosse tête.
Là, on touche un point intéressant.
—J'imagine que depuis des mois il te met peu à peu de côté, s'accaparant le gang, prêt à t'éjecter... S'exprima Holden en se redressant.
—Mais oui ! Ce sale fils de pute, c'est sa connasse de copine qui lui monte la tête ! Il l'écoute trop. Toujours plus de fric, toujours plus de territoire, toujours plus de monde pour lui lécher le cul. Et moi, à quoi j'ai droit ? Je tente de sauver les apparences : voyez comme je m' habille classe. (Il gigota sur place, remua ses épaules, comme pour tenter de mettre en valeur sa veste de costume.) Mais en vrai je ne suis plus bon qu'à la fermer, à profiter de mon argent, des filles, et à faire des sorties avec les gars sans rien pouvoir gérer. C'est moi qui prends les risques, d'ailleurs, à faire tout le sale boulot. Lui se cache dans son trou comme une saloperie de rat !
Paranoïa. Idiote, qui plus est.
—Comme je te comprends... Lui susurra Eddie, à ses côtés. C'est là ton lot, de te faire de vieux os. Que sont loin ces saisons, celles où toi et tes copains sonniez probablement chez les voisins pour vous amuser, voliez dans le portefeuille de vos parents, où vous harceliez les gens – et les jeunes filles jolies –, fumiez et buviez en cachette. Le racket, les bastons, les soirées jeu vidéo... Ô joie ! Ce devait être le bon temps.
Le détenu se para d'un regard mauvais, qui ne fut pas pour plaire à Holden ; ce dernier ayant senti venir quelque chose avant que Valmeiser n'intervienne. Doutant de pouvoir rebondir sur les bons sentiments de l'interrogé, il se retourna un instant, décrocha le gilet gris du dossier de sa chaise en glissant une main sous sa veste, et le déposa sur la table.
—Ce qu'essaie de dire mon collègue d'une bien piètre manière, c'est que tu ne nous intéresses absolument pas, Tony. J'aurais même plutôt tendance à être de ton côté. Tout ce qu'on veut, c'est le tueur : monsieur gilet gris, que tu reconnais ici. Peut-être y a-t-il moyen de s'entendre si tu nous donnes des infos sur lui.
—Vous voulez dire... Vous me relâcheriez ?
Holden réprima un rire, afficha un sourire ironique.
—Ne rêve pas. Te voilà impliqué dans une affaire de meurtre par sa faute, Tony. Qu'est-ce que tu ferais d'intelligent une fois dehors ? Tu le retrouverais avant nous, tu le tuerais. Non... Ce que tu peux espérer, c'est réellement trouver une TV, une console, et le lecteur DVD de mon collègue dans ta chambrée.
Le jeune adulte saisit la plaisanterie, resta de marbre malgré sa désillusion.
—Les soirées jeu vidéo et les dessins animés préférés, j'ai pigé... Articula-t-il machinalement à voix basse. (Un rire bref, faux, très forcé, s'arracha à sa gorge.) Pour des flics, vous êtes très drôles. Mais vous savez quoi ? C'est pas grave. Si vous l'alpaguez, je pourrai le dessouder en prison. De toute façon c'est un type dérangé, lui, un vrai. Moi je ne suis pas comme ça. Et c'est pour ça que mon connard de frangin s'entend bien avec lui. Qui se ressemble, s'assemble, à ce qu'on dit. Je veux bien vous le balancer.
»Le problème, c'est que ce gars, je ne le connais pas. On le compte parmi nous depuis seulement deux semaines. Hoel, qu'il s'appelle. C'est un nerveux qui n'a pas froid aux yeux, un casse-cou doué comme pas deux. Aucune idée d'où il crèche. Ou plutôt je ne n'en suis pas sûr : peut-être dans le centre du secteur douze, d'après ce qu'il dit. Mais si vous voulez mon avis, là-bas les loyers ne sont pas donnés, et il vit seul à dix-sept ans... À tous les coups c'est juste de la frime. Je l'ai déjà vu traîner plus à l'ouest, dans le secteur huit, et plus récemment dans le secteur sept, si ça peut vous aiguiller. À chaque fois il descendait du bus, donc impossible d'être sûr. Dîtes-vous au moins qu'il connaît du monde dans les parages, puisqu'en l'abordant il m'a dit rendre visite à une amie.
—Hoel ?! S'exclama Valmeiser, déconcerté. Tu te foutrais pas un peu de nous ? Tu veux qu'on te cache dans un coin et qu'on te castagne ? C'est pas un prénom, ça ! On parle du gosse qui portait le gilet gris, alors fais gaffe à ne pas te tromper de gars. C'est quoi son vrai blaze ? Julien, Samuel, Kevin, Tristan... Adam ? Donne son nom de famille, tant que t'y es, ça nous facilitera la tâche !
—Non, c'est bien Hoel, je vous dis ! Bien sûr que c'est un prénom ! Je connais un mec qui s'appelle Hellel, alors Hoel... Et merde, allez vous faire foutre si ça ne vous convient pas ! Et ce mec est orphelin, même pas né ici : d'où est-ce qu'il sortirait un nom de famille ? Crevez la bouche ouverte si vous mettez ma parole en doute !
Daniel souffla. Ces nouvelles, surprenants, ne le satisfirent pas. Il partagea avec Eddie un regard lui demandant de se tenir à carreau. Le jeune adulte provoquait, mais ne devait pas être brusqué.
—Et d'après toi, maintenant que votre gang s'est dispersé : qu'est-ce qu'il va faire ? Où on pourrait le trouver ?
Le détenu prit un air amusé, jeta inconsciemment un œil autour de lui.
—Ce qu'il va faire ? Sérieusement ? Vous jouez les futés, mais il faut réfléchir un peu : il n'y a rien que puisse faire ce type ! Le seul qui va faire quelque chose, c'est Toddy ! Maintenant que je me suis fait avoir, il doit s'en frotter les mains. C'est la porte ouverte à toutes les pires magouilles possibles.
Au train où il déblatère, dans quelques minutes son frère insignifiant sera devenu un terroriste téméraire, un criminel au potentiel destructeur dont il faudra avoir peur. Amusant, ou plutôt à pleurer ? Je suis partagé entre l’idée qu’il soit très con ou très intelligent, tant il est à côté de la plaque mais semble tenter de me retourner contre son congénère. Dans un tel cas, pauvre de moi… Je dois faire peine à voir pour qu’on en vienne à penser pouvoir m’utiliser.
—Je vois. Dans ce cas, d'après toi, maintenant que l'on a donné un coup de pied dans le fourmilière, que va faire la reine ?
—Dur à prévoir. Plein de choses sont possibles dans son esprit malade.
—Alors vois la chose sous un autre angle : si tu étais un connard assoiffé de pouvoir, toi, que ferais-tu à sa place ?
Tony Ledgevy figea son regard sur ses mains, en silence ; semblant ainsi se plonger dans d'intenses réflexions. Une ombre se dessina sur son visage, mais comme toute autre expression, s'en effaça bien vite. L'une de ses pensées devait s'être montrée contrariante.
—À sa place, si mes gars se faisaient pincer, j'en profiterais pour me procurer des flingues. D'ordinaire ce n'est pas facile à négocier, mais dans un cas pareil ce serait une belle excuse. Et comme pas hasard Toddy a un joli pactole bien au chaud rien que pour ça... Au cas où, qu'il disait.
Semblant jusqu'alors lassé, Holden s'éveilla quelque peu ; ces paroles étant parvenues à l'intéresser.
—Continue, l'incita-t-il, tout ouïe. Où est-ce que tu en trouverais ? Et ce que tu en ferais ?
—Une guérilla, sans doute, laissa penser Valmeiser. Ces idiots s'attaqueraient au commissariat pour libérer leurs potes enfermés ; et ils n'auraient aucune chance, bien entendu.
—Ce serait l'idée, avoua le chef de gang. Mais de toute façon ça n'arrivera pas. Ce que ferait Toddy, lui, c'est rencontrer un fournisseur : mais pas pour dépenser le moindre centime, et encore moins pour lancer un assaut. Les armes, il les négocierait contre son petit cul, vendrait les services du gang dans l'idée de monter un cran au-dessus dans le milieu criminel. Pour ce qui est de moi ou des autres qui se sont fait coffrer, qu'il dise ou non le contraire, il n'en aurait rien à foutre... Après tout, dès ce soir il va pouvoir récupérer les sous-fifres de Rehan, maintenant que ce con est mort.
—Tu t'égares, Tony. Encore une fois, ce qui m'intéresse, c'est le tueur.
—Putain, vous faites semblant de m'écouter ? Je vous parle de trafic d'armes, de machination. D'un type qui n'a aucune pitié pour nourrir ses propres intérêts, qui avait probablement prévu tout ce qui se passe maintenant, et prévoit sans doute déjà de se retrouver propulsé au plus au grade de la mafia ! Et vous me parlez de Hoel ? Vous délirez complètement ! Hoel... Toujours Hoel. Espèces de robots... Pour vous, c'est bon, il y a eu un meurtre alors vous ne vous focalisez que sur le tueur. En mode oeillères, quoi ! Alors qu'en choppant Toddy, vous tomberez sur lui à tous les coups puisqu'il doit être collé à ses basques comme un petit chien.
»Et vous savez quoi ? C'est pas crédible pour un sou... Je parle, je parle, et vous vous foutez bien de ma gueule. Ça crève les yeux que vous êtes du côté de ce fils de pute !
Plus c'est gros...
—Prends garde, tu radotes. Où est-ce qu'on peut trouver Toddy cette nuit, dans ce cas ? Où se trouve votre cachette, Tony ?
—Je vous baise ! S'emporta le détenu, subitement devenu sourd à toute question. Vous me demandez ça maintenant pour voir si je vais cafter, ensuite vous me liquiderez ! Je suis sûr que les caméras sont coupées, pas une seule fois vous ne les avez regardées alors qu'il paraît que d'habitude les flics font toujours ça !
Voyant Tony s'emporter, Valmeiser perdit soudainement patience. Renonçant à sa posture assise, sans même penser à récriminer la moindre de ses ridicules accusations, l'agent se dressa d'un bond. Ses mains se tendirent, saisirent de leurs doigts le col de la veste du captif, qui fut pris de protestations plaintives. À vivacité égale à la montée de ses ardeurs, il souleva le geignard, éloigna sa chaise d'un puissant coup de pied. Celle-ci se renversa, cogna le sol en un fracas tapageur. Secoué, repoussé, le malmené se retrouva étiré vers l'avant par la chaîne rejoignant ses poignets. L'adulte en profita, accola ses deux poings, sollicita un appui arrêté. Porté par un cri, la jeune victime décolla du sol, soulevée par des muscles tiraillés par l'effort, et s'écrasa violemment sur le dessus de la table de discussion ; qui manqua de céder sous l'impact.
La chaîne, en partie comprimée entre sa colonne vertébrale et la surface métallique, arracha au délinquant de virulents cris de douleurs. Les yeux rougis, il fusilla Eddie d'un regard meurtrier.
—Je vous retrouverai ! Toi, ton pote, je vous buterai et irai pisser sur vos tombes ! Aboya-t-il, rouge de colère. Et je veux un avocat ! Je ne dirai plus rien tant qu'il ne sera pas là !
Ces dernières paroles suffirent à calmer Valmeiser, qui relâcha le délinquant. Son visage se tourna vers Daniel, qui n'avait pas bougé d'un pouce durant la vive altercation.
—Je rêve ou il vient de dire quelque chose d'intelligent ? Demanda l'agent, en partageant un sourire avec l'enquêteur.
—C'est ce que j'ai cru comprendre. S'il demande un avocat, pas le choix, il va falloir s'excuser et lui en trouver un.
—Loi à la con...
Valmeiser recula. Calmement, il se saisit de la chaise renversée, la remit à sa place autour de la table. Forçant Tony à se redresser, il chercha à défroisser l'avant de sa veste, le fit s'asseoir de nouveau comme si rien ne s'était passé.
—En revanche, je ne vois pas qui travaillerait encore à cette heure-ci... Laissa entendre Daniel, en faisant mine de réfléchir. Peut-être Maître Sven ?
—Il s’y attellerait avec joie.
—Alors foncez dans l'office voir s'il n'est pas rentré chez lui. Il me semble qu'il veille tard en raison de paperasses à remplir.
—Surprise ! S'écria Eddie Valmeiser en laissant claquer le plat de sa main sur un coin de table, faisant ainsi sursauter le jeune captif. Ici, c'est nous qui posons les questions. Tu chanteras quand on te le demandera.
Daniel Holden prit ses aises sur la chaise libre. Son collègue prit, lui, appui sur la surface qu'il avait frappée de sa main.
—J'ai quelques interrogations dont j'aimerais vous faire part, en espérant pouvoir compter sur votre entière coopération, expliqua l'enquêteur. Cette entrevue risque de durer un certain moment, alors faites en sorte qu'elle se déroule bien. Après tout, vous avez déjà commis un meurtre et purgerez une lourde peine pour cela, alors n'aggravez pas votre cas.
—Arrêtez vos conneries, j’ai tué personne ! S'insurgea le prisonnier.
—En seriez-vous dérangé ? Poursuivit Holden. Dans le sens où ce qui vient d'être prononcé vous importunerait, je veux dire. Quoique... Pour être à la tête d'un gang, il faut bien l'être un peu, vous me l'accorderez. Vos yeux ont une teinte froide, comme le métal, semblable à du bronze. Deux iris qui transpirent le crime et l'aliénation. (Il s'attarda un instant sur le piercing logé dans sa narine.) C'est peut-être de famille ? Votre mère, qui vous laisse si peu indifférent, avait-elle les mêmes yeux ? Mais ne répondez pas tout de suite, mettez-vous à l’aise. La chaise n'est pas trop inconfortable ? Si elle ne l'est pas assez, tout peut se faire, elle peut être changée.
Le jeune homme resta silencieux, interloqué, l’air de ne pas comprendre ce qu’on lui disait. Il déporta son regard surpris et ses iris mordorées sur chacun de ses geôliers, pour finir par articuler à l’adresse de l’enquêteur se moquant de lui :
—Vous êtes complètement cinglé...
—Puisque que tout semble bien aller, commencez par me dire ce que vous faisiez ce soir, dans cette ruelle.
—Je n'ai rien à vous dire. Et je le répète, j'ai tué personne !
Eddie releva son bras droit et retroussa sa manche. Le regard du délinquant s'arrêta sur lui.
—Si tu t'avances sur cette voie, petit, tu risques de t'en prendre une.
Sa chance de se voir interroger de manière polie s'en trouvait bêtement gâchée. Se sachant en tort, le détenu s'offensa de lui-même :
—Où tu habites, enfoiré ? Questionna-t-il l'agent installé à ses côtés, oubliant d'alléguer son propos précédent. Touche-moi et je débarquerai chez toi ! Tu peux être sûr que je retrouverai !
Valmeiser chercha l'approbation de Daniel pour abattre sa main sur l'interrogé, mais ce dernier répondit d'un discret mouvement négatif en lâchant un rire moqueur. Résigné, l'officier de police fut aussi partagé d'amusement.
—Et quoi, crétin ? Tu espères venir me piquer mon lecteur DVD pour pouvoir mater tes dessins animés préférés ? Toi et ta bande de déficients ne faîtes pas le poids. Mais si jamais tu trouves l'adresse dans l'annuaire, j'ai aussi quelques bouquins intéressants qui te rendraient plus malin !
—La ruelle, Tony, la ruelle ! Le rappela à l'ordre Holden en posant ses coudes sur la table. (Décidé à être moins respectueux, il se pencha en avant, appuya son menton sur ses deux mains jointes.) Tu as tué un môme. C'est un fait. Quand on est arrivé il baignait dans son sang, à l'endroit même d'où tu as décampé. Qu'est-ce que vous faisiez à La Roselière, toi et tes petits copains ?
—Mais n'importe quoi, j'ai tué personne, je vous dis ! C'est pas moi ! Désavoua le chef de gang en secouant la chaîne rejoignant ses entraves.
—Tu as tenté de le kidnapper mais il ne s'est pas laissé faire ? Continua l'enquêteur sans prêter attention aux protestations du jeune homme.
—Kidna... Quoi ?! Le kidnapper ?! Mais de quoi que...
—Ta gueule ! Le coupa brutalement Valmeiser en abattant un poing sur la table, qui se cabossa sous le choc. Si tu n'as pas tué le gosse, tu nous dis qui, et si toi et ta bande de branleurs ne comptiez pas l'enlever, tu nous dis pourquoi vous l'avez tué !
Tony Ledgevy écarquilla légèrement les yeux, l'air halluciné, se réfugia dans un mutisme passager. Il recula autant que possible sur sa chaise pour s'y adosser correctement.
—Ok... Reste calme, mon vieux. Je vais cracher ce que vous voulez entendre, finit-il par articuler en tentant de prendre un air digne. La Roselière, on s'y regroupe chaque semaine pour s'amuser. Généralement, on fait une petite descente sur notre territoire pour embarquer au moins un membre de gang qui y traîne, histoire de lui refaire le portrait. Mais juste pour se faire respecter, rien de plus !
» Sauf que là, cette fois, on avait un nouveau qui voulait faire ses preuves. D'après lui, il fallait viser haut pour sa première fois. Du coup, le plan consistait à faire d'une pierre deux coups : lui devait nous prouver sa valeur en nous ramenant Rehan Alves, le chef des Sévères Renégats, puis en le démolissant. Et j'ai dit le démolir, pas le tuer ! Il a disjoncté ! Je n'ai rien à voir dans tout ça, alors ne me mettez pas de meurtre sur le dos ! C'est mon frangin qui voulait qu'on agrandisse notre territoire. C'est aussi lui qui a décidé de qui devrait se charger de Rehan.
Écoute-toi davantage. À t'entendre, le fameuse nouvelle recrue ne semble pas y être pour moins que ton frangin. Je ne serais pas étonné si tu nous cachais qu'elle ait soufflée l'idée.
—Maintenant, les gars, arrêtez de faire semblant... Prononça lentement le délinquant en se penchant en avant. J'ai bien compris que c'est un coup monté ! S'écria-t-il, s'éveillant subitement. Toddy vous a acheté, pas vrai ? C'est ça ou cet enfoiré m'a balancé !
Visiblement, tu n’as pas assez bien compris. Et tu dévies du sujet. Pourquoi honnir ton frère plutôt que le nouveau venu ? Paranoïa, comédie, ou conflit d’intérêt ?
—Qu'est-ce qui te fait croire que ton frère t'a dénoncé ? Le questionna Daniel, impassible.
—Toddy veut m'écarter. Tout ce qui l'intéresse, c'est le pouvoir. Il lui en faut toujours plus. Ça fait un moment qu'il ne veut plus s'arrêter, à mesure que le gang se renforce il prend la grosse tête.
Là, on touche un point intéressant.
—J'imagine que depuis des mois il te met peu à peu de côté, s'accaparant le gang, prêt à t'éjecter... S'exprima Holden en se redressant.
—Mais oui ! Ce sale fils de pute, c'est sa connasse de copine qui lui monte la tête ! Il l'écoute trop. Toujours plus de fric, toujours plus de territoire, toujours plus de monde pour lui lécher le cul. Et moi, à quoi j'ai droit ? Je tente de sauver les apparences : voyez comme je m' habille classe. (Il gigota sur place, remua ses épaules, comme pour tenter de mettre en valeur sa veste de costume.) Mais en vrai je ne suis plus bon qu'à la fermer, à profiter de mon argent, des filles, et à faire des sorties avec les gars sans rien pouvoir gérer. C'est moi qui prends les risques, d'ailleurs, à faire tout le sale boulot. Lui se cache dans son trou comme une saloperie de rat !
Paranoïa. Idiote, qui plus est.
—Comme je te comprends... Lui susurra Eddie, à ses côtés. C'est là ton lot, de te faire de vieux os. Que sont loin ces saisons, celles où toi et tes copains sonniez probablement chez les voisins pour vous amuser, voliez dans le portefeuille de vos parents, où vous harceliez les gens – et les jeunes filles jolies –, fumiez et buviez en cachette. Le racket, les bastons, les soirées jeu vidéo... Ô joie ! Ce devait être le bon temps.
Le détenu se para d'un regard mauvais, qui ne fut pas pour plaire à Holden ; ce dernier ayant senti venir quelque chose avant que Valmeiser n'intervienne. Doutant de pouvoir rebondir sur les bons sentiments de l'interrogé, il se retourna un instant, décrocha le gilet gris du dossier de sa chaise en glissant une main sous sa veste, et le déposa sur la table.
—Ce qu'essaie de dire mon collègue d'une bien piètre manière, c'est que tu ne nous intéresses absolument pas, Tony. J'aurais même plutôt tendance à être de ton côté. Tout ce qu'on veut, c'est le tueur : monsieur gilet gris, que tu reconnais ici. Peut-être y a-t-il moyen de s'entendre si tu nous donnes des infos sur lui.
—Vous voulez dire... Vous me relâcheriez ?
Holden réprima un rire, afficha un sourire ironique.
—Ne rêve pas. Te voilà impliqué dans une affaire de meurtre par sa faute, Tony. Qu'est-ce que tu ferais d'intelligent une fois dehors ? Tu le retrouverais avant nous, tu le tuerais. Non... Ce que tu peux espérer, c'est réellement trouver une TV, une console, et le lecteur DVD de mon collègue dans ta chambrée.
Le jeune adulte saisit la plaisanterie, resta de marbre malgré sa désillusion.
—Les soirées jeu vidéo et les dessins animés préférés, j'ai pigé... Articula-t-il machinalement à voix basse. (Un rire bref, faux, très forcé, s'arracha à sa gorge.) Pour des flics, vous êtes très drôles. Mais vous savez quoi ? C'est pas grave. Si vous l'alpaguez, je pourrai le dessouder en prison. De toute façon c'est un type dérangé, lui, un vrai. Moi je ne suis pas comme ça. Et c'est pour ça que mon connard de frangin s'entend bien avec lui. Qui se ressemble, s'assemble, à ce qu'on dit. Je veux bien vous le balancer.
»Le problème, c'est que ce gars, je ne le connais pas. On le compte parmi nous depuis seulement deux semaines. Hoel, qu'il s'appelle. C'est un nerveux qui n'a pas froid aux yeux, un casse-cou doué comme pas deux. Aucune idée d'où il crèche. Ou plutôt je ne n'en suis pas sûr : peut-être dans le centre du secteur douze, d'après ce qu'il dit. Mais si vous voulez mon avis, là-bas les loyers ne sont pas donnés, et il vit seul à dix-sept ans... À tous les coups c'est juste de la frime. Je l'ai déjà vu traîner plus à l'ouest, dans le secteur huit, et plus récemment dans le secteur sept, si ça peut vous aiguiller. À chaque fois il descendait du bus, donc impossible d'être sûr. Dîtes-vous au moins qu'il connaît du monde dans les parages, puisqu'en l'abordant il m'a dit rendre visite à une amie.
—Hoel ?! S'exclama Valmeiser, déconcerté. Tu te foutrais pas un peu de nous ? Tu veux qu'on te cache dans un coin et qu'on te castagne ? C'est pas un prénom, ça ! On parle du gosse qui portait le gilet gris, alors fais gaffe à ne pas te tromper de gars. C'est quoi son vrai blaze ? Julien, Samuel, Kevin, Tristan... Adam ? Donne son nom de famille, tant que t'y es, ça nous facilitera la tâche !
—Non, c'est bien Hoel, je vous dis ! Bien sûr que c'est un prénom ! Je connais un mec qui s'appelle Hellel, alors Hoel... Et merde, allez vous faire foutre si ça ne vous convient pas ! Et ce mec est orphelin, même pas né ici : d'où est-ce qu'il sortirait un nom de famille ? Crevez la bouche ouverte si vous mettez ma parole en doute !
Daniel souffla. Ces nouvelles, surprenants, ne le satisfirent pas. Il partagea avec Eddie un regard lui demandant de se tenir à carreau. Le jeune adulte provoquait, mais ne devait pas être brusqué.
—Et d'après toi, maintenant que votre gang s'est dispersé : qu'est-ce qu'il va faire ? Où on pourrait le trouver ?
Le détenu prit un air amusé, jeta inconsciemment un œil autour de lui.
—Ce qu'il va faire ? Sérieusement ? Vous jouez les futés, mais il faut réfléchir un peu : il n'y a rien que puisse faire ce type ! Le seul qui va faire quelque chose, c'est Toddy ! Maintenant que je me suis fait avoir, il doit s'en frotter les mains. C'est la porte ouverte à toutes les pires magouilles possibles.
Au train où il déblatère, dans quelques minutes son frère insignifiant sera devenu un terroriste téméraire, un criminel au potentiel destructeur dont il faudra avoir peur. Amusant, ou plutôt à pleurer ? Je suis partagé entre l’idée qu’il soit très con ou très intelligent, tant il est à côté de la plaque mais semble tenter de me retourner contre son congénère. Dans un tel cas, pauvre de moi… Je dois faire peine à voir pour qu’on en vienne à penser pouvoir m’utiliser.
—Je vois. Dans ce cas, d'après toi, maintenant que l'on a donné un coup de pied dans le fourmilière, que va faire la reine ?
—Dur à prévoir. Plein de choses sont possibles dans son esprit malade.
—Alors vois la chose sous un autre angle : si tu étais un connard assoiffé de pouvoir, toi, que ferais-tu à sa place ?
Tony Ledgevy figea son regard sur ses mains, en silence ; semblant ainsi se plonger dans d'intenses réflexions. Une ombre se dessina sur son visage, mais comme toute autre expression, s'en effaça bien vite. L'une de ses pensées devait s'être montrée contrariante.
—À sa place, si mes gars se faisaient pincer, j'en profiterais pour me procurer des flingues. D'ordinaire ce n'est pas facile à négocier, mais dans un cas pareil ce serait une belle excuse. Et comme pas hasard Toddy a un joli pactole bien au chaud rien que pour ça... Au cas où, qu'il disait.
Semblant jusqu'alors lassé, Holden s'éveilla quelque peu ; ces paroles étant parvenues à l'intéresser.
—Continue, l'incita-t-il, tout ouïe. Où est-ce que tu en trouverais ? Et ce que tu en ferais ?
—Une guérilla, sans doute, laissa penser Valmeiser. Ces idiots s'attaqueraient au commissariat pour libérer leurs potes enfermés ; et ils n'auraient aucune chance, bien entendu.
—Ce serait l'idée, avoua le chef de gang. Mais de toute façon ça n'arrivera pas. Ce que ferait Toddy, lui, c'est rencontrer un fournisseur : mais pas pour dépenser le moindre centime, et encore moins pour lancer un assaut. Les armes, il les négocierait contre son petit cul, vendrait les services du gang dans l'idée de monter un cran au-dessus dans le milieu criminel. Pour ce qui est de moi ou des autres qui se sont fait coffrer, qu'il dise ou non le contraire, il n'en aurait rien à foutre... Après tout, dès ce soir il va pouvoir récupérer les sous-fifres de Rehan, maintenant que ce con est mort.
—Tu t'égares, Tony. Encore une fois, ce qui m'intéresse, c'est le tueur.
—Putain, vous faites semblant de m'écouter ? Je vous parle de trafic d'armes, de machination. D'un type qui n'a aucune pitié pour nourrir ses propres intérêts, qui avait probablement prévu tout ce qui se passe maintenant, et prévoit sans doute déjà de se retrouver propulsé au plus au grade de la mafia ! Et vous me parlez de Hoel ? Vous délirez complètement ! Hoel... Toujours Hoel. Espèces de robots... Pour vous, c'est bon, il y a eu un meurtre alors vous ne vous focalisez que sur le tueur. En mode oeillères, quoi ! Alors qu'en choppant Toddy, vous tomberez sur lui à tous les coups puisqu'il doit être collé à ses basques comme un petit chien.
»Et vous savez quoi ? C'est pas crédible pour un sou... Je parle, je parle, et vous vous foutez bien de ma gueule. Ça crève les yeux que vous êtes du côté de ce fils de pute !
Plus c'est gros...
—Prends garde, tu radotes. Où est-ce qu'on peut trouver Toddy cette nuit, dans ce cas ? Où se trouve votre cachette, Tony ?
—Je vous baise ! S'emporta le détenu, subitement devenu sourd à toute question. Vous me demandez ça maintenant pour voir si je vais cafter, ensuite vous me liquiderez ! Je suis sûr que les caméras sont coupées, pas une seule fois vous ne les avez regardées alors qu'il paraît que d'habitude les flics font toujours ça !
Voyant Tony s'emporter, Valmeiser perdit soudainement patience. Renonçant à sa posture assise, sans même penser à récriminer la moindre de ses ridicules accusations, l'agent se dressa d'un bond. Ses mains se tendirent, saisirent de leurs doigts le col de la veste du captif, qui fut pris de protestations plaintives. À vivacité égale à la montée de ses ardeurs, il souleva le geignard, éloigna sa chaise d'un puissant coup de pied. Celle-ci se renversa, cogna le sol en un fracas tapageur. Secoué, repoussé, le malmené se retrouva étiré vers l'avant par la chaîne rejoignant ses poignets. L'adulte en profita, accola ses deux poings, sollicita un appui arrêté. Porté par un cri, la jeune victime décolla du sol, soulevée par des muscles tiraillés par l'effort, et s'écrasa violemment sur le dessus de la table de discussion ; qui manqua de céder sous l'impact.
La chaîne, en partie comprimée entre sa colonne vertébrale et la surface métallique, arracha au délinquant de virulents cris de douleurs. Les yeux rougis, il fusilla Eddie d'un regard meurtrier.
—Je vous retrouverai ! Toi, ton pote, je vous buterai et irai pisser sur vos tombes ! Aboya-t-il, rouge de colère. Et je veux un avocat ! Je ne dirai plus rien tant qu'il ne sera pas là !
Ces dernières paroles suffirent à calmer Valmeiser, qui relâcha le délinquant. Son visage se tourna vers Daniel, qui n'avait pas bougé d'un pouce durant la vive altercation.
—Je rêve ou il vient de dire quelque chose d'intelligent ? Demanda l'agent, en partageant un sourire avec l'enquêteur.
—C'est ce que j'ai cru comprendre. S'il demande un avocat, pas le choix, il va falloir s'excuser et lui en trouver un.
—Loi à la con...
Valmeiser recula. Calmement, il se saisit de la chaise renversée, la remit à sa place autour de la table. Forçant Tony à se redresser, il chercha à défroisser l'avant de sa veste, le fit s'asseoir de nouveau comme si rien ne s'était passé.
—En revanche, je ne vois pas qui travaillerait encore à cette heure-ci... Laissa entendre Daniel, en faisant mine de réfléchir. Peut-être Maître Sven ?
—Il s’y attellerait avec joie.
—Alors foncez dans l'office voir s'il n'est pas rentré chez lui. Il me semble qu'il veille tard en raison de paperasses à remplir.
16/12/15 à 03:12:25
Punaise, je me demande ce qu'il va se passer, y'a pas eu les flics chez rufus dans la 1ere partie. Ils doivent arriver après j'imagine. Y'a l'autre flic infiltré qui se fait descendre en plus, j'imagine qu'ils vont mentionner son nom...
Suite !!!
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