Note de la fic : :noel: :noel: :noel:

Red Light Story


Par : King_Yugo
Genre : Sayks, Polar
Statut : Terminée



Chapitre 15 : L'acolyte pète les plombs


Publié le 03/07/2011 à 19:28:22 par King_Yugo

Cette journée est de plus en plus épuisante alors on regagne l'hôtel, des enclumes dans les chaussures. Là, la catastrophe suivante donne la preuve par quatre de ma maladresse chronique : Ma hanche cogne le lavabo - idéalement situé à deux centimètres de la porte d'entrée- et du coup je fais tomber la bouteille de déodorant posée sur le lavabo. Elle rebondit sur la poubelle et l'emporte dans sa chute, déversant un flot d'emballage, de plastique et de reste de cendrier. Je veux me baisser pour tous ramasser mais mon dos douloureux refuse d'obtempérer. J'ai trop marché et j'ai oublié mes semelles orthopédiques chez moi. Blasé par cette triste destinée qu'est la mienne, je projette intérieurement d'acheter de la salvia tandis que Mikael branche le rasoir électrique et attaque son crâne avec une détermination insensée. Entièrement. Les touffes de cheveux s'éparpillent sur une moquette déjà sale. Sans s'occuper de moi, il travaille son froncement de sourcil devant la glace et me fait un peu penser à Edward Norton dans American History X, le style en moins.

- Qu'est-ce que tu fous ?
- Je me rase la tête. Maintenant, on est des gangstas.
- Ouais... C'est vrai.

Je ne sais pas trop quoi répondre. Il semble se réveiller soudainement et dépose à la hâte le rasoir électrique sur son chargeur, comme s'il se surprenait lui-même. Maintenant, il est chauve et son crâne luit autant que celui de Krilin. Il se laisse glisser contre le mur et s'assoit par terre, dans les ordures.

- Tout à l'heure, pendant que t'étais chez la pute, je me suis frité avec un pigeon. Je fumais un pétard et il tournait autour de moi, il croyait que je le voyais pas mais je l'avais grillé dès le début. Il me matait du coin de l'œil cet enfoiré, il me poussait à bout. Au bout d'un moment, ça m'a saoulé, tu vois quoi. Alors je me suis tourné vers lui et il s'est envolé directement. Comme s'il savait qui j'étais. Il me connaissait, le fils de pute.

Finalement, il décide de s'allonger un peu et j'arrive à le comprendre. Il n'est pas vraiment dans son état normal et dit un sacré paquet de conneries depuis pas mal de temps déjà. Il s'endort, commence à ronfler tandis que je m'entraîne pour demain soir, imagine divers plan. J'ai peur. J'ai bien envie de me branler mais je résiste, je sais que l'excitation pourrait me pousser à rejoindre le quartier rouge. D'ailleurs, j'y suis, là, à même pas cinq minutes. Je m'endors avec de la musique techno dans les oreilles. Mes pulsions sexuelles s'évanouissent et des pyramides luminescentes se dessinent dans mes yeux, tournoient lentement et explosent dans un océan multicolore. Puis lentement, les confettis se rassemblent, attirés par un courant céleste et forment un visage, chaud et rassurant, presque bandant, celui de Dream.

Le soleil traverse les rideaux mal fermés, je me réveille et mon acolyte est là, torse nu, assit par terre sur son oreiller, lisant son bouquin sur les franc-maçons en tirant sur un énorme joint. J'ai le cerveau embrumé et on s'est encore levé trop tard pour le petit déjeuner. Faut dire, ça les arrange de ne servir qu'entre 8h30 et 9h30. L'odeur de l'herbe escalade lentement la pièce, s'immisce entre les poils de mon nez et m'apaise immédiatement. En fond sonore, Amnésia de Nessbeal.

"La salade, la salade..."

Je comprends que la défonce commence à endommager son cerveau d'une façon sévère. Sa concentration est trop faible pour qu'il puisse comprendre les caractères minuscules de son bouquin, il essaye de faire plusieurs choses en même temps pour n'en réussir aucune des deux au final, ça craint. Il potasse la même page pendant un long moment avant d'abdiquer totalement.

- Ça fait trois jours qu'on s'est pas lavé, mec.

Cette remarque fait l'effet d'une bombe. Il renifle ses aisselles et prend conscience de son corps en tant que catastrophe écologique : Il y a plus de goudron dans ses poumons que sur une voie rapide. On décide d'aller prendre une douche -chacun son tour- puis on se prépare. Je ne suis pas vraiment beau à voir. J'ai encore les yeux explosés, des traces rouge en dessous des yeux. J'ai la flemme de me raser, surtout que la lame du rasoir est encore pleine des cheveux de mon acolyte. Je viens de me rappeler qu'hier soir, il est devenu complétement taré.

Déboussolé, on lévite à plusieurs kilomètre de la terre ferme et passe la journée à errer de coffee-shop en coffee-shop pour finalement dans le Softland, un coffee-shop couplé à un cybercafé.

- C'est un cyber-coffee.

Je prie le ciel pour que ma vanne passe inaperçu, mais ça ne marche pas : Mikael émet un râle de désaprobation et crache dans le cendrier pour signifier tout le dégoût qu'il éprouve envers moi et mes blagues foireuses. Par la suite on rencontre Patrick, ingénieur informaticien de vingt-trois ans bien sous tous rapports, résidant depuis environs dix ans dans la banlieue d'Amsterdam. Il aime beaucoup cette ville. Quand il débarque dans le bar, il vient s'asseoir à côté de nous pour nous demander vingt-cinq centimes. Il voudrait s'acheter un pétard et il a l'air vraiment en galère alors mon ami chauve le prend en pitié. Il a peut-être tous les défauts du monde mais on ne peut pas dire qu'il soit radin. Ravi, l'ingénieur commande un joint pré-roulé de Hash à 3,50 euros et vient se poser sur notre banquette. Mikael prépare une poudre de New-York City Diesel à 11 euros le gramme avec son grinder en acier tandis Patrick nous présente son Iphone 4. Cela interpelle immédiatement les récepteurs geeks de mon acolyte qui dégaine le sien, customisé à mort : Système sonore trafiqué, recherche de réseau améliorée, coque personnalisée arborant les couleurs du drapeau rasta. Patrick est dégoûté, il nécessite probablement une corde pour se pendre. Il n'a pas fumé depuis un mois et il est venu en vélo. Il habite quand même à une demi-heure d'ici. Physiquement, c'est un peu la version néerlandaises et rajeunie de Charlie Sheen. Malheureusement, notre discussion tourne court.

- Damn ! I'm too stone... Sorry guy, I get out of here.

Il se lève d'une impulsion et s'enfuit sans nous saluer, tel un conquérant psychédélique dans un champ de cannabis hostile. Pendant ce quart d'heure interminable, mon acolyte entreprend la toute dernière page de son livre. Bizarre, tout à l'heure il en était à la page 32. Une fois ceci fait, il pose le livre sur notre table, l'air rassasié, et contemple deux clientes du coffee-shop comme un empereur face à son nouveau territoire, remporté après une guerre victorieuse. L'une des deux clientes est blonde et des Wayfarer sont calées sur son crâne chevelu. Un short en jean très vintage met à jour ses mollets épais et sa peau fragile. L'autre porte un bonnet rasta, une robe de printemps couleur crème et des bottines beiges. Mini-short rie bruyamment, elle perd complétement le contrôle d'elle-même. Le dealer s'est installé en terrasse, sirote un jus d'ananas en regardant défiler le cortège des vélos et des touristes en perditions.

La suite de la journée se déroule comme un tapis de sol et on marche sans s'arrêter, à la recherche d'un endroit plus sain, moins maléfique. Les mauvaise ondes cosmique du Red Light District se dissipent au fur et à mesure qu'on s'éloigne du centre et approche des quartiers un peu plus propre. On se pose sur un banc à deux pas de l'eau, avec à notre droite un couple de touriste allemands d'une bonne cinquantaine d'années. Il fait beau, alors les bateaux sont de sorties. Un jeune mec physiquement très lisse est installé aux commandes de sa propre bécane, probablement payé par son père à moins qu'il soit moins fainéant que nous. Quand j'y repense, je me dis qu'il pouvait très bien être le Dawson néerlandais. Ici, pas de vitrines. Les habitants, les vrais. Ils passent, on a l'impression d'être de vrais fantômes tellement personne ne semble nous voir. Le jeune mec lisse gare son bateau avec difficulté, il n'est pas un conducteur confirmé. Un gars un costume arrive derrière nous et le salue.


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