Note de la fic : :noel: :noel: :noel:

Red Light Story


Par : King_Yugo
Genre : Sayks, Polar
Statut : Terminée



Chapitre 11 : Les fourreurs à chinatown


Publié le 16/06/2011 à 12:47:02 par King_Yugo

Plus tard on slalome dans une rue commerçante bondée de touristes. C'est tellement périlleux de circuler avec l'esprit embrumé qu'on devrait passer un permis de déambuler. J'imagine un truc plausible à raconter à la prostituée psychopathe, mais rien ne me vient. Pas assez attentif, je manque de me ramasser un groupe d'Italien qui s'exclament avec leur grandiloquence habituelle. Mikael agite la tête de gauche à droite pour souligner mon incompétence en matière de civisme hollandais. J'imagine plusieurs plans :

« Ecoute Pute : Tu veux avoir des problèmes avec les albanais ? Tu sais qu'il faut être gentil avec les clients des albanais ? Suce moi la bite, maintenant. Gratos. »

Non. Celle-là est beaucoup trop fantasque, et puis, j'ai vraiment rien d'un albanais.

« Bonjour Madame Ruxanda, excusez-moi de vous déranger encore une fois mais hier j'ai malencontreusement oublié ma carte d'identité. C'est avec respect et humilité que je vous propose mon aide en échange de cette dernière. C'est vrai, vous n'êtes pas une décharge à foutre, vous êtes une femme, un être humain. Votre leçon d'hier m'a mit du plomb dans la tête, vous savez. »

Non. Pas assez spontané. Pas assez naturel. N'importe quoi. Je ne sais ni quoi dire, ni comment amorcer le truc. Elle sera probablement surprise de me voir ici. Elle se dira que son numéro à la Harley Queen n'a pas fonctionné. Avec un peu de chance, elle ne me reconnaîtra même pas. Moustache-farine aurait dû m'écrire les dialogues. Je suis dans une impasse physique et mentale, puisqu'on se retrouve dans un restaurant de Wok à emporter avec un serveur bridé à fleur de peau qui passe du Usher et du Bobby Valentino. Mon acolyte commande un menu nouille et poulet à 6,90 euros et bouffe tout ça avec l'appétit d'un loup affamé, il s'en fout partout. Toutes les cinq minutes, je vérifie si l'enveloppe en kraft ne s'est pas échappée dans la poche de ma Harrington, mais je décide finalement de les foutre dans le sac à dos de Mikael, pour plus de sécurité, quoiqu'il ne soit pas à l'abri des pickpockets. Comme il voit que je dévisage son repas avec des yeux envieux, il me lâche la fin. Je rajoute de la sauce piquante et m'empiffre, non sans me délecter. Puis on roule un joint, posés en terrasse : Personne ne vient nous emmerder.

- Le quartier chinois, c'est le bon plan.
- Pourquoi ?
- Parce qu'ils y a beaucoup de chinois. Je pense pas que les chinois et les albanais s'entendent.
- Comment tu peux le savoir ? Au contraire, ils sont peut-être de mèche. Qui fournit les nouilles à ton avis ? Regarde ce chinois, il est pas bizarre ?

Je lui montre du doigt ce mec qui doit être Laotien ou Vietnamien, qui coupe et accroche des cadavres de canard à sa vitrine, laquelle est recouverte d'une couche huileuse. L'état d'hygiène arriérée de ce restaurant me fait penser aux Kebabs turque qui ont fleuri un peu partout dans la ville.

- C'est un commerçant.
- Bon c'est vrai, t'as raison. Je me ferais bien un massage. Tu peux m'avancer ?

Il rechigne puis accepte, comme s'il accordait son dernier repas à un condamné à mort. Il me tend un billet de cinquante euros. Après réflexion, il décide de s'en faire un aussi et je me faufile dans le Gong Dung, une minuscule boutique, mais pas plus petite que les autres. Une femme jaune d'une trentaine d'année vient m'ouvrir, elle fait une drôle de tête. Immédiatement me vient l'idée de vérifier l'état d'ouverture de la boutique, affichée sur un petit écran digital mis en valeur par une guirlande de noël. Ok, le salon est « open ». Si c'est la masseuse, ça passe encore. Elle porte une robe rouge, sa touffe ambrée est liée en un chignon. Mais maintenant, j'ai plus confiance. La paranoïa fait son come-back, j'hésite presque pour le coming-out. La décoration, les couleurs, l'encens, les motifs de dragons : Tout cette merde m'effraie. Le dragon est menaçant, il crache ce feu vers mon corps fatigué. Elle m'invite à m'approcher. Ecoeuré par l'odeur, je fais marche arrière et attend mon acolyte pendant une demi-heure. Il ressort tout sourire, puant le gingembre.

- Putain je suis super détendu. Et toi, c'était bien ?
- Nan, pas la tête à ça.
- Tu peux donc me rendre mes cinquante euros.
- Ah oui, j'allais oublier.
- Tu m'étonnes. Tu savais qu'on avait un point G au fond du cul ?
- Nan. Et je connaîtrais peut-être jamais cette sensation. Soit plus cool, mec.
- Tu dramatises. N'oublie que ce n'est qu'une pute. Elle doit être assez impressionnable. Son mac lui a mit une bonne raclée hier soir.
- T'as vu sa carrure ? C'était ce genre de frigidaire, il pouvait se le permettre.

Mikael sait à quel point la situation est difficile à gérer et ne semble pas vraiment compatir. Dire qu'hier il a égorgé un type de sang froid, je parviens à vivre avec mais c'est chaud quand même, je flippe pour ma vie.


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