Note de la fic : :noel: :noel: :noel:

Red Light Story


Par : King_Yugo
Genre : Sayks, Polar
Statut : Terminée



Chapitre 13 : le Fourré joue son role


Publié le 18/06/2011 à 23:50:14 par King_Yugo

Et il est déjà 21 heure.

A en croire la gueule explicite des touristes, le quartier des putes est une sorte de paradis. Les gens bavent et s'esclaffent sans vraiment savoir ce qu'il se passe dans l'envers des vitrines d'Amsterdam. Il y a moins de vingt-quatre heures, j'étais comme eux. N'empêche, ça ferait un bon reportage pour toutes ces putains d'émissions d'immersions. Je me demande pourquoi on voit pas ce genre d'images dans nos télévisions plutôt que les sempiternels magazine sur le binch-drinking en meurthe-et-moselle ou sur le springbreak au Mexique. Mikael pense que c'est pour pas enfoncer le couteau dans la plaie et je suis assez d'accord avec lui : Comment réagir quand une ville entière est sous l'emprise d'organisation mafieuse ? Quels sont les moyens employés pour contourner des lois déjà très permissive ? C'est ce que nous verrons ce soir, dans la peau de deux jeunes adultes en quête de sensations fortes. Nous les suivrons à l'intérieur des coffee-shop, ces endroits mal famé ou la vente de drogue douce et tolérée, puis nous plongerons en immersion dans les coulisses de la traite des femmes. Comment devient-on prostituée ? Quels sont les moyens pour y parvenir ?

Réveille-toi mec, réveille toi.

Mon acolyte me secoue par les épaules. J'ouvre les yeux. Je dors, la tête d'une table du Lion of Judah en guise de polochon.

Tu fais un bad mec, réveille toi.
Nan, je fais pas de bad.
Si si, tu fais un bad. T'es blanc comme un cul.
Tu as peut-être raison.

Je lève la tête, mon cou est engourdi, j'ai l'impression qu'il va céder sous la pression de mon cerveau gonflé d'informations néfastes. Le moment fatidique approche à grand pas, écrasant toutes mes autres préoccupations sous ses grosses rangers.

Bon. On y va maintenant.
Maintenant ? Alors que tu viens à peine de te réveiller ?
Je dormais pas. Je réfléchissais.

****
Vous l'aurez comprit, j'étais trop défoncé pour dire ou entendre la vérité mais le flingue me donnait confiance. Une pute de son standing n'a pas de glock planqué dans ses dentelles. D'ailleurs, elle ne portait même pas de dentelles. On vagabondé un peu dans les ruelles les plus chaude, encore grouillante de touristes, puis on essayait de trouver l'emplacement de ma pute d'hier soir. Et c'était pas tout près. J'en revenais pas d'avoir été capable de marcher autant, dans le même endroit. C'était une ville à tiroir, sans chemin de traverse. Peu à peu, le tortueux réseau concentrique se refermait sur moi. Il m'entraînait tout droit dans le pire des pièges. Les talents de boussole de mon acolyte n'existaient plus : Ses yeux étaient pulvérisés. Cette faiblesse l'énervait au plus au point et l'alcool accentuait son sentiment de frustration. Sa stonante était telle qu'il n'articulait plus qu'une insulte sur deux, ce qui ne rendait pas le tout plus accessible au jeune public. Le fait que j'avais manqué de me faire planter dans l'une de ses vitrines n'était pas bizarre en soit : Qui pisse dans le sens contraire du vent se fait éclabousser. Par contre, le fait qu'on ne parvenait pas à retrouver cette foutue vitrine lui, l'était. La densité de la foule diminuait peu à peu et la ville adoptait sa robe de nuit, dans les tons rouge sang. Le canon du flingue calé entre mes cuisses irritait mes testicules, je me sentais mal à l'aise. La pute. Son couteau. Le rendez-vous au Het Oerwoud juste après. Tout ça était trop lourd à supporter pour mes petites épaules. J'envoyais un texto à ma mère genre « tout vas bien je t'aime » et le joint de Northern Light à 17,5 euros les deux grammes m'éclatait le crâne. Mon cerveau freezait comme une vieille playstation et les images restaient imprimés sur ma rétine plus longtemps qu'elle ne le devait. Divers plans se superposaient devant mes yeux, je perdais mes repères spatio-temporel.

- T'es tout pâle.
- Je suis démonté. Je flippe sévère.
- Il suffit que t'assures.

Une demi-heure plus tard, l'endroit restait introuvable mais j'avais un peu reprit mes esprits, ce qui était déjà une bonne chose. Entre temps, on était passé trois fois dans le coupe-gorge aux vitrines, si peu large qu'on se devait de circuler de profil. De nombreux dealer de coke nous interpellaient en se frottant les narines d'un air interrogatif. Nous faisions non de la tête et une jolie bomba latina jouait des ongles sur sa vitre en me regardant d'un air brûlant. Plein de rage, je murmurais :

- Tu m'auras pas, pute.

Je savais à quel point il était stupide de généraliser un cas et lorsque j'évoquais ce défaut de ma personnalité, Mikael hochait la tête. Il était totalement d'accord. Évidemment, toutes les putes n'étaient pas de dangereuses psychopathe sous-nourries mais cette vision d'horreur m'avait coupé toute envie. En plus, je n'avais plus assez de fric pour manger alors pas question de prendre du bon temps derrière ses vitrines. Les néons et lampes embellissaient les putes, les rendaient désirable. Mais une fois passé le voile vitré, cicatrices, maquillage étalé par paquet, cellulite et vergetures apparaissaient au grand jour. Ces filles n'étaient pas des actrices, ni même des nymphomanes. C'est ce que Ruxanda avait voulu me faire comprendre. Mes jambes flageolaient violemment alors qu'on passait sur un pont pour rejoindre l'autre rive, là ou était située ma vitrine. L'eau dégoulinait silencieusement sous le pont, imperturbable.

- C'est là.
- T'es sur ?
Évidemment.

Mon acolyte sortit sa boîte de tic-tac et m'en versa quelques uns dans la main, comme s'il s'agissait de pilules porte-bonheur. J'aurais préféré un aspégic. Ruxanda avait tiré, elle travaillait. Je me demandais si elle essayait d'arnaquer tous ses clients ou si, simplement, elle se contentait de faire son boulot comme une brave pute. Je me doutais que la correction administré par le chauve au pull vert avait bien dû la calmer. Et personne ne me disait non plus si Moustache-Farine et son accent glacial cherchait à me chambouler la tête en mettant sa gagneuse au parfum. Peut-être qu'il souhaitait me kidnapper et me plonger dans un coma artificiel afin d'extraire l'un des mes organe dans un laboratoire clandestin planqué au fin fond d'un sous-sol crasseux en Lituanie.

- Bon. J'y vais.

****

Je voudrais remplir mes poumons d'oxygène, mais c'est peine perdue : L'air est trop lourd dans cette merde. Mains moite, je m'élance dans la rue, tête baissée, évite un vélo, me fait insulter en hollandais. Au loin, Mikael rit, plié en deux, nerveux. Ou juste complice. Le client de ma blonde abîmée ne tarde pas à sortir. C'est un homme âgé d'une bonne soixantaine d'année, qui marche avec une canne et un gros sac à dos Quechua. Il semble flotter à mille lieux de mes préoccupations actuelle. Pourquoi moi, et pas ce vieux type ? Remarque, il doit pas serrer grand chose dans la vie de tout les jours. Son salaire a dû y passer. Certains hommes vont voir les gagneuses pour se soulager et d'autres pour se faire braquer, c'est la réalité et je dois m'y plier. Ruxanda doit brasser des dizaines de mecs bizarre chaque jour. Des handicapés, des cancéreux, des asociaux, des anciens violeurs, des timides et j'en passe. Je rentre pas dans ces catégories. Cœur à cent à l'heure, je m'approche de la cabine et la pute vaporise un aérosol de déodorant dans sa chambre pour chasser l'odeur de foutre moisi. Une glaire de dégout se forme dans ma gorge. Je suis arraché et j'ai envie de vomir.

- Hello.
- Hi ! How are you ? Fifty ?
- Yes.

Elle répète exactement le même manège que la dernière fois, ne semble pas se souvenir de moi et c'est tant mieux. Je vois ses racines noires, c'est une fausse blonde et ça ne m'étonne pas. J'imagine qu'après une dure journée de labeur, sa chatte doit ressembler à un vieux dindon. Elle me demande si je suis français, ne cesse de rire, pose une serviette que j'espère propre sur son matelas.

- Bon, je vais mettre un peu de musique.

Elle passe le même morceau énervant que la dernière fois, mon cerveau fait du breakdance dans mon crâne, tourne sur lui même suivant ce beat démoniaque. Ça doit être de la techno ukrainienne, ou un truc dans le genre, c'est insupportable. Il faut que j'agisse au plus vite sous peine de perdre le contrôle de la situation. Son numéro de jeune fille coquine n'est décidément pas crédible : Elle glousse et répète des formules par cœur. Une mèche fragile de sa rare dissimule son arcade et sa joue gonflés par la haine du souteneur albanais. Elle me demande de me déshabiller, je n'obéis pas et reste planté droit comme un i, la main sur le crosse du flingue. Elle se retourne et ne me trouve pas à poil : Elle est surprise. Nos regards se croisent. Interrogation dans le sien, éclat aveuglant dans le mien.

- Met toi à genou.

Elle voit le canon flingue sortir d'entre mes jambes, long et large comme elle doit rarement en voir. Elle envisage vaguement son cran d'arrêt, toujours là en cas d'imprévu, mais s'agenouille, vaincue. La puissance que me donne ce calibre est satisfaisante. Avec un canon sur la tempe, les choses sont toujours plus limpide et Ruxanda perd de sa splendeur. Son botox s'écroule.

- Je viens te proposer mon aide.

Elle me regarde, droit dans les yeux. Elle écarquille les siens, genre petite biche en perdition mais je n'y crois pas. Je la vois en double et à force d'y penser, les corps se superposent et de nouveaux corps viennent se superposer, aboutissant sur une mosaïque de corps superposés assez énervante en y repensant. Elle doit commencer à comprendre que je suis un micheton. Elle projette déjà de se servir de moi. L'impro fonctionne à merveille, ça me donne des idées pour plus tard, quand je serais capable de prendre des responsabilités. Le volume de la radio est trop élevé et ça devient juste insupportable.

- Éteins moi cette putain de musique.

Sitôt dit, sitôt fait. Elle se lève, marche jusqu'au poste et débranche la prise. Attentif, je surveille ses moindres gestes, sans baisser le flingue. En fait, je sais même pas si l'arme est chargée. J'y connais rien et si celui de Bruce Willis est toujours prêt à cracher du plomb, c'est pareil pour le mien, y'a pas de raison. J'avale ma salive et me racle la gorge, prêt à me lancer dans un rôle de composition imaginé par Moustache-Farine, le Shakespeare du trafic d'humain.

- J'ai vu que tu avais des problèmes avec ce type au pull vert hier. Je l'ai vu te frapper, j'ai comprit qu'il te voulait du mal. C'est trop dangereux pour toi et les autres gagneuses.
- Toi avoir argent ?

Sans baisser la garde, j'attrape l'enveloppe dans la poche de ma veste et lui balance à la gueule. Elle pousse un cri et ouvre l'enveloppe. Une immense joie apparaît dans ses yeux. Elle doit se dire que son mac va être content ou qu'elle va tout garder pour elle. J'hésite à lui parler de mes affaires, ce n'est peut-être pas une bonne idée : Elle ne se souvient pas de moi et lui rafraîchir la mémoire me couterait ma crédibilité. Elle comprendrait que je viens pour récupérer mes affaires avant tout. Et puis, si Pull Vert a embarqué tout mon fric, il est inutile d'évoquer ce sujet, elle ne pourra pas m'aider. Je joue les justiciers à visage découvert, j'ai pas pensé au masque.

- Ce n'est qu'une petite avance. Je te donnerais de l'argent chaque jour pour que tu puisses manger à ta faim. Je reviendrais prochainement pour te tenir au jus. A bientôt.


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