Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

Cherub Rock


Par : Khamsou
Genre : Sentimental
Statut : Terminée



Chapitre 22 : The Road


Publié le 29/06/2010 à 20:57:46 par Khamsou

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Starla nous hurlait dessus sans arrêt, hurlements auxquels s'ajoutaient cette fois-ci des larmes pour une raison irraisonnée : Le départ de Dave.

Même si j'étais soulagé qu'il se soit cassé, je dois avouer que ça nous embêtait tous. On avait répété avec lui et j'avais du mal à imaginer le concert sans lui. En plus Starla s'était bourrée la gueule apparemment... Le temps nous pressait.
La porte du local s'ouvrit et la tête du bassiste du groupe de metal qui nous précédait passa par l'ouverture :

"Hey, c'est à vous les gars ! Bonne chance, le public est chaud, il y a au moins 1000 personnes !"

Il eut apparemment du mal à comprendre pourquoi Starla s'effondra en pleurs à ses paroles mais partit. Tank avait disparu. Initiée par quelques-uns de nos fidèles, la foule scandait notre nom.

Un festival de rock peut être un tremplin incroyable pour un groupe. Mais si ce même groupe y livre une performance désastreuse, alors c'est tout le contraire et il peut être jeté aux oubliettes. On ne pouvait laisser passer cette occasion. C'était trop beau, tentant et dangereux. Après avoir réconforté Starla une dernière fois, je partis sur scène.

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Des têtes jusqu'à perte de vue... Je ne saurais quantifier mais lorsque j'apparus sur scène, les cris doublèrent et la foule se mit en mouvement. Je pris ma guitare qui était posé sur un socle et m'approcha du micro.

Euh salut...

Les acclamations reprirent de plus belles. J'avais la boule au ventre mais qu'importe.

On a eu quelques problèmes en coulisse... Alors le spectacle risque d'être spécial... Vous jugerez par vous-même...

Voilà, et maintenant je faisais quoi ? J'étais seul avec ma guitare face à une masse de centaines de gens agglutinés, comme un monstre visqueux hurlant. Au lieu de ressentir une joie immense, je me sentais comme montré aux gens. Prisonnier de leurs yeux et leurs envies.
Je titubai sous la force de la tâche que j'avais à accomplir. La scène était très grande, la plus grande sur laquelle j'eus jamais joué alors. Et je me sentais limité en mouvement.
Le public commençait à s'impatienter, commençant à siffler. Mes doigts se posèrent sur les cordes de la guitare. De toute façon, je n'avais rien à perdre...

Je commençais à courir tout le long de la scène. Le public retint son souffle mais toujours rien et il recommença à protester. Puis guidé par je ne sais quelle main divine, je commençais à jouer. Quelque chose d'assez brouillon. Il me fallait quelque chose qui suffirait à une simple guitare. Puis mes doigts formèrent l'accord du Ré mineur. Je le grattais nonchalamment et enchaîna rapidement sur le La mineur. Voyant que la sauce prenait et que les sifflements s'arrêtaient, je continuais. Mi mineur, La mineur... Et je repartais du début. En totale improvisation je m'approchais du micro et commença à chuchoter quelques paroles...

Down on the burning road, I am the empty body...
Dead trees are looking at me and the driver does the same...


Puis une colère surgit en moi et j'avais besoin de l'extirper. Sous les applaudissements du public, je dormais un accord brutal qui contrastait avec l'esthétique de l'improvisation. Un Sol dans lequel je lançais tout ce que j'avais moi, en hurlant. La foule applaudit et je repris la mélodie lente et macabre...
Je répétais le même schéma et quelques gouttes de pluie se mirent à tomber. Loin de me déplaire, j'avais toujours rêvé de jouer sous la pluie et le matériel électronique était à l'abri...
Après avoir rejoué ma partie brutale, je laissais durer la note jusqu'à ce qu'elle s'éteigne. Il y eut alors un silence incroyable. On entendait juste la pluie qui tombait sur la foule. Puis je me lançais à nouveau et refit les mêmes accords mais avec plus d'entrain et d'énergie, et ma voix s'envola

I can see thousands of lights ! I can see the stars !
You know I don't want to die ! It's time now I'm starting the flight !


Et je refis mon passage au Sol mais crescendo et avec encore plus de force et de rage. Et sun fit battre mon coeur avec plus de force. Un son près à renverser des peuples et des nations. Un son de tambour percuté avec force. Tank avait repris sa place de batteur et me fit un clin d'oeil !
Je me retournai face au public, laissa sonner les cordes tandis que je soulevais la main tenant mon médiator. Quand elle fut dressée de toute la longueur de mon bras vers le ciel je hurlai...

YEAAAAAAAAAAAH !

Je repris mon Sol, bien plus rapide que je fis suivre à l'arrache d'un La puis d'un Mi. Tank se mit bien vite à mon niveau et la chanson prit une allure bien plus violente. Des gens commençaient à pogotter et je me remis à improviser des paroles.

Acrooooooss the stars !
Through the infinite space !
Higher and higher, on the Rainbow Road...
You know I'm not dead


Puis dans un délire schizophrénique que mon esprit se créait je lançais ce qui deviendra plus tard le fameux :

I AM GOD !

Le public s'enflamma. Je voyais des gens sortir leur portable pour appeler des personnes, tandis que la foule augmentait grâce aux gens qui sortaient des bois alentours !
Avec Tank nous continuâmes à faire monter la musique dans une intensité rare et puis tout à coup il lança un roulement de tambour sur lequel je m'alignais pour lancer un solo, que je faisais contraster au maximum entre les aigüs criards et les graves provocateurs. Puis je vis une silhouette en coulisse. Elle tenait sa basse par le manche et avançait doucement. Je ralentis le tempo et lança une mélodie qu'elle reconnut.

Sol, Mi, Do, Ré...

Elle sourit et après avoir enfilé la sangle de sa basse courut sur scène, me fit un bisou sur la joue au passage et se cala sur cette mélodie qui avait fait coulé bien des larmes.

I'm looking for Starla... The one I love...
I'm looking for Starla... The fairy of the night...


La foule se mouvais lentement sur les côtés, certaines personnes s'embrassaient, peut-être ne se connaissaient-elles même pas... Il est tellement difficile de convaincre quelqu'un, mais au contraire, des centaines de personne... C'est tellement facile.

Nous finîmes la chanson et nous obtînmes des tonnes d'applaudissements...

Merci, merci beaucoup, merci d'être venus et d'être aussi chaleureux ! Ca sonne bateau, mais ça compte beaucoup pour nous, nous n'étions pas sûr de faire quelque chose ce soir ! C'est même de l'impro depuis tout à l'heure ! Je me prénomme Vincent K Corgan, et voici derrière les fûts, Tank, et à la basse, la délicieuse Starla !

Lorsqu'il entendit son nom, Tank fit rouler ses baguettes sur ses fûts sous les applaudissements sonores tandis que Starla se fit acclamer.

Nous avions d'autres compos à vous faire partager mais suite à un incident au sein du groupe, on ne pourra pas vous les montrer... Mais le spectacle n'est pas fini !

Sur ces mots, j'activais ma pédale de distortion et lançait le riff d'introduction de l'effrayante Silverfuck par les Smashing Pumpkins...

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Nous étions trempés par la pluie. J'avais la voix à moitié démontée, Starla sautait de partout et Tank fut le premier à s'affaler sur un fauteuil. Starla sortit trois bières d'un mini-frigo et nous les envoya. Même si je n'aimais pas cette boisson d'habitude je ne pus refuser et la bus avec un sourire.

"Alors comme ça vous êtes en couple ?
- Ouais... désolé de ne pas te l'avoir dit, ça aurait pu entraîner des problèmes au sein du groupe.
- C'est pas grave va. Mais au fait, où est Dave ?
- Je suis ici bande de lavettes."

Il se tenait fier dans l'entrée. Du sang coulait d'une plaie en plein milieu de son cuir chevelu, ses cheveux étaient trempés tout aussi bien par la pluie et le sang, mais aussi envahis de feuilles.

"Je vous ai vu faire votre concert... C'était pathétique, vous ne valez RIEN sans moi ! Vincent, tu es vraiment un piètre compositeur !"

Choqué par son attitude, je ne baissais pas mon regard, puis il pointa son doigt sur Starla.

"Et toi petite salope ! Tu croyais faire quoi là ?
-Hé ho, du calme, qu'est-ce qu'il se passe ?", répliquai-je.
"C'te pute a essayé de me tuer !"

Je fronçai les sourcils et Tank regarda Starla d'un air méfiant qui se remit à pleurer. Elle prit alors la parole.

"C'est toi ! C'est toi qui m'a dit des horreurs ! Tu voulais virer Vincent ! Tu disais qu'il ne m'aimait pas ! Et tu m'as embrassé !
-Et je le répète," dit-il en se tournant vers moi."Tu es vraiment un minable qui ne mérite pas une conne aussi jolie."

Que se passait-il ? Qui était cette personne pour me crier dessus ? Pourquoi la jolie jeune fille pleurait ?
Je devenais spectateur de la chose, je ne comprenais plus rien. Comme si mon esprit s'était retiré pour se protéger. Je vis un autre garçon venir repousser le roux alors qu'il venait de donner une claque à la fille.
Inconscience. Douleur. Haine. Je me mis à trembler devant mon incapacité à gérer la situation. Je fis un pas dans la direction du gars aux longs cheveux roux. Ma main trouva un objet auquel elle put s'agripper. Il se retourna vers moi et me regarda dans les yeux. Je les vis s'ouvrir au fur et à mesure que ma haine et ma colère s'abattait sur lui. Je vis ce pauvre insecte se tordre de douleur à mes pieds. Ce salopard. Il avait le nez cassé et avec une main il s'accrocha à mon pied, fort. Mais je continuais à lui donner ce qu'il méritait. Jusqu'à ce qu'il lâche prise et que dans un dernier soupir je lui coupe la vie.

Tank s'affola. Il me regarda avec peur tandis que Starla était recroquevillée en boule dans un coin. Il ne savait pas trop comment réagir. Il dut attendre que je reprennes mes esprits et constate le désastre. J'avais tué quelqu'un, avec sa propre guitare. Je vomis et tomba en arrière. Mon ami me jugea d'un regard sévère. Il me fit comprendre que j'avais merdé, mais il me comprenait. Il fallait le faire disparaître. Nous sortîmes en maintenant son corps. Il commençait à faire nuit, mais de toute manière, la pluie torrentielle et les arbres rapprochés de la forêt nous protégeaient des regards indiscrets. Nous enterrâmes son corps avec sa guitare près d'un rocher en forme de tombe et nous retournâmes à la loge. Dire que peut-être une famille viendrait pique-niquer joyeusement un dimanche midi ici...
Rentrés, nous nettoyâmes tout le sang et le vomi, alors que Starla ne disait plus un mot.

Une vie humaine tenait à très peu de choses. En quelques heures, son destin avait basculé. Dave se voyait très sûrement déjà en tant que grand guitariste à succès, avec des groupies qu'il pourrait sauter à loisir. Probablement qu'il aurait eu une voiture de sport et une piscine où il aurait passé des après-midi avec une femme qu'il aurait rencontré.
Mais en quelques instants, il s'était fait enterré dans un endroit en dehors de tout. Loin de la richesse, l'opulence et les femmes. Son destin était-il mérité ? Nul ne peut en juger, mais nul ne peut non plus décider de ce qu'il doit advenir de la vie d'autrui.


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