<h1>Noelfic</h1>

Espoirs Crépusculaires


Par : Droran

Genre : Polar , Horreur

Status : C'est compliqué

Note :


Chapitre 5

Publié le 03/10/15 à 17:37:00 par Droran

Trois portières claquèrent. Hoel prit place sur la banquette arrière, contre la portière droite. L’ensemble des personnes présentes attachèrent leur ceinture, et la voiture démarra, dépassa la porte du garage, s’évanouit dans la nuit.
Ils filèrent à travers les quelques routes s’entendant parmi les rues malfamées qui constituaient leur quartier, s’engagèrent sur l’un des grands axes de la ville, et continuèrent en direction de l’est, vers le secteur huit (jouxtant le sud du secteur cinq), au cœur duquel ils ne tardèrent pas à circuler. En tant que bon conducteur, Tod' gardait une allure modérée. Les néons des enseignes illuminant les façades bordant leur chemin se reflétaient sur les vitres de l’automobile, cachaient aux yeux des passants nocturnes les visages que l’engin motorisé abritait en son sein.
À l’intérieur, le groupe restait silencieux. Hoel, accoudé à la vitre arrière droite, laissait sa main reposer sur le dessus de son crâne, admirait le paysage urbain et ses couleurs flashy. Profitant du calme qui régnait autour de lui, sans même fermer les yeux, il commença à réfléchir à la suite des évènements. À ses côtés, ses camarades s’échangeaient quelques regards de temps à autre, mais n’ouvraient pas la bouche. Seul un mot de leur chef aurait pu détendre l’ambiance, mais il se garda d’émettre le moindre commentaire. La rencontre qu’ils s’apprêtaient à vivre stressait la plupart d’entre eux, à très forte raison : elle n’impliquait pas une bande rivale, mais un groupe œuvrant dans de plus hautes sphères que le leur.
Tod décéléra lentement, finit par garer son véhicule le long d’un trottoir, dans une artère encore fréquentée malgré l’heure tardive. Coupant le contact, il se retourna vers ses hommes.
— On y est, c’est ce bar juste là, leur expliqua-t-il en pointant du doigt un établissement dont l’entrée se trouvait quelques mètres plus loin. Ne dites rien sans qu’on vous demande quoi que ce soit. Je parlerai. Restez quand même sur vos gardes, on ne sait jamais. La seule raison qui nous permette d’être là, c’est ma majorité ; donc ne vous attendez pas à ce qu’on soit pris au sérieux.
— Et si les choses tournent mal ? se risqua à demander l’une des personnes assises à l’arrière, au côté de Hoel.
— Aucune chance que cela arrive, ajouta ce dernier en abaissant son coude pour se remettre droit sur son siège. Même s’ils s’avéraient être des kidnappeurs et des coupeurs de têtes, ce sont avant tout des hommes d’affaires, non ?
— Ferme ta putain de gueule, le nouveau ! lui demanda Tod' en balayant ses propos. Cessez de dire des conneries et sortez de la bagnole. Maintenant !
Hoel ne répondit rien, ne fit qu’imiter ses camarades qui détachèrent leurs ceintures et ouvrirent leurs portières. Tous sortirent pour se regrouper sur le trottoir en attendant que leur chef verrouille les serrures de la voiture.
— On y va, ordonna le jeune adulte en leur faisant signe d’avancer.
Ils le suivirent, cernèrent ses côtés et amorcèrent une marche tranquille en direction de la sobre porte du lieu de rendez-vous, bien visible au-dessus de quelques marches. La Liquidation, s’amusa à lire Hoel sur l’enseigne faite de néons rouges clignotants, exposée au-dessus de l’entrée, alors qu’il marchait en retrait, à moins d’un mètre du reste de la bande. Devant lui, l’un de ses camarades poussa la porte de l’établissement. Tod', suivi des autres, s’immisça à l’intérieur. Hoel emboîta leurs pas et laissa la porte se refermer derrière son dos.
Une typique ambiance de bistrot de quartier se dégageait du lieu. À droite de l’entrée s’étendait jusqu’au fond de la salle un bar de marbre blanc, derrière lequel le barman, alors en train de remplir un verre old fashioned, posa un regard intrigué sur les nouveaux arrivants.
Hoel, dont l'attention demeurait à l’affût, remarqua une porte visible bien loin du rassemblement de tables où s’enivraient insoucieusement des clients de toutes sortes. Un accès quelque peu caché au fond de la salle, entre deux piliers, gardé par deux molosses sapés de classieux costumes noirs. Il ne réprima pas un sourire, plus pour la forme que pour souligner un quelconque contentement ; et son attention fut aussitôt captée par un regard se posant sur lui. Assise au bar, une étrange créature parée d’une longue robe rouge ne le quittait pas des yeux. Bien que caressant de ses lèvres pulpeuses les bords d’un verre à dry sans se garder de recoiffer ses longs cheveux châtains par moments, elle avait observé l’attitude du jeune homme, vu son sourire et son regard se glisser vers le fond de la salle. Il le comprit immédiatement, et pour la seconde fois de la nuit, sut que les ennuis l’embusqueraient plus loin. Pourtant, et ce alors qu’un homme de main s’avançait lentement vers le groupe, il serra les dents et ravala ses angoisses. Si je veux agir en putain de héros, je dois faire ce qui doit être fait, se répéta-t-il pour balayer ses doutes.
Remotivé, il devança ses camarades et se posta au côté de Tod, qui fit quelques pas pour s’approcher de l’armoire à glace chauve venant à leur rencontre.
— Toddy Ledgevy ? questionna froidement leur hôte en arborant une grimace le faisant ressembler à un bouledogue.
— Lui-même, répondit Tod sur un ton détaché.
— Enchanté. Je vais vous demander de me suivre à l’étage. En revanche, il serait approprié que vos hommes restent dans cette salle, ajouta-t-il en allongeant un bras en direction d’une table inoccupée.
Le sang de Hoel ne fit qu’un tour.
— Pas moyen qu’il se balade seul ! s’emporta-t-il, par peur de se voir refuser le droit de suivre son leader.
Le vigile croisa les bras, prêt à répondre ; mais Tod', non confiant, fut plus rapide :
— En effet, c’est hors de question. Il doit venir avec moi, ajouta-t-il en désignant Hoel comme garde personnelle.
Ne souhaitant pas faire traîner les choses, le chien de garde se résigna et tourna les talons. Tod prit sa suite en compagnie de son protégé, droit vers le fond de la pièce ; alors qu’au bar la jeune femme suspicieuse lâcha son verre, se leva à son tour, et emboîta leurs pas en laissant claquer ses talons sur le parquet de la salle. Hoel fit mine de ne rien voir, mais observa chacun de ses mouvements, espérant qu’elle ne les suivrait pas plus loin que l’entrée des toilettes se trouvant derrière le bar ; mais ils se stoppèrent devant la porte recelant les secrets de l’établissement, et elle se figea derrière eux. Les interrogations quant à son identité harcelèrent le jeune homme quelques instants, mais il les fit bien vite taire. À ses côtés, Tod semblait garder son calme. Un des molosses leur ouvrit la voie, passa la porte, puis leur demanda de dépasser le seuil de la partie cachée du clapier. Cernés de toutes parts, ils progressèrent sans dire un mot.

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