Espoirs Crépusculaires
Par : Droran
Genre : Polar , Horreur
Status : C'est compliqué
Note :
Chapitre 4
Publié le 01/10/15 à 03:03:24 par Droran
Ses jambes le portèrent durant d’interminables minutes. Sa panique prit fin quelques rues plus loin, dans un quartier reculé. Fuyard à vie, depuis tout petit. Perdu dans le noir, il s’adossa à un mur et observa les environs pour s’assurer qu’on ne l’ait pas suivi : rue vide de monde éclairée par quelques lampadaires, cernée d’immeubles défoncés. Il se situait, reconnaissait l’endroit. Et personne ne semblait l’avoir remarqué : certain de ne pas avoir été pris en filature, il se permit une longue pause pour reprendre son souffle.
La planque dont avait parlé son chef avant que le groupe ne se sépare se situait à quelques minutes de là. Un court repos et il s’y rendrait. Hoel releva son regard vers la lune qui brillait de mille feux, et les murs des immeubles se muèrent peu à peu en cloisons d’un tout autre genre.
Il arpentait un corridor, d’un pas assuré, vêtu d’un jean usé et d’une veste portée au-dessus d’une chemise dont le noir jurait avec les murs vétustes de l’appartement. Une vieille moquette s’étendait sous ses pas, lâchait sous son poids de fins nuages de poussière lui étant invisibles. Droit devant apparaissait l’entrée d’un salon où le tissu poussiéreux laissait place à un carrelage couleur ocre.
Des cris émanaient d’un téléviseur que regardait une jeune femme négligemment affalée sur un sofa ; le dos de sa tête reposant sur un coussin, et ses jambes couvertes de collants noirs rayés de blanc étant soutenues plus en hauteur par le dossier du meuble. Hoel se stoppa à l’entrée de la pièce, mains dans les poches, posa son regard sur l’adolescente qui bascula son attention sur lui sans prendre la peine de se mouvoir. Elle portait une robe bleutée dont les lacets défaits à la poitrine laissaient entrevoir sa lingerie. Immobile, il s’accorda un instant à jeter un œil au dessin animé qui se jouait sur l’écran du téléviseur. Une série pour mâle prépubère. Un peu trop d’action à son goût.
— Je ne dérange pas, j’espère ? articula-t-il tout en dévisageant la demoiselle. Je viens donner de mes nouvelles à ton frangin, et accessoirement me changer.
Ses mots réussirent à la surprendre. Elle prit un air dégoûté.
— Tu me fais quoi, là ?
— Juste un mot à faire passer. Cinq minutes, pas plus, ajouta-t-il.
— Eusoph, pauvre taré...
— J’ai encore deux bras, se défendit-il tout en sortant les mains de ses poches. C’est Hoel, s’il te plaît.
La jeune femme se redressa vivement.
— Non mais c’est quoi ton problème ?!
Il ne prit pas la peine de répondre, passa devant elle, bras tendu face à son visage et majeur levé, avant de disparaître à l’angle d’un mur. Le petit salon donnait sur un couloir parfaitement semblable à celui de l’entrée, sans aucun mobilier, mais donnant sur trois pièces espacées. Hoel l’arpenta jusqu’à se stopper en son fond, derrière une porte faite de bois sur laquelle était inscrite une interdiction d’entrée. Il frappa du dos de sa main contre la cloison sans prononcer quoi que ce soit, et attendit. Aucune réponse ne lui parvint lors des dix secondes subséquentes.
Toujours sans un mot, il plongea une de ses mains dans la poche intérieure droite de sa veste. Ses doigts en sortirent une clef, qu’il glissa dans le creux d’une serrure, sous une poignée métallique sur laquelle sa patte vint peser. La porte s’ouvrit sur un espace ordonné disposé dans une pièce d’une quinzaine de mètres carrés aux murs liliaux, de laquelle s’échappèrent des effluves de fleurs exotiques qui flottèrent jusqu’à lui.
Le lit positionné contre l’un des quatre murs n’était pas défait. Les portes du placard s’élevant à ses côtés étaient fermées, et le bureau placé à quelques mètres de là, au-dessus duquel une fenêtre laissait entrevoir la rue, n’était – à l’image du reste – pas en pagaille. Pourtant, une personne occupait bien la pièce. Adossé au mur, un adolescent laissait son regard se perdre à travers la vitre.
— Qui va là ? demanda-t-il en se tournant vers l’arrivant, dès que ce dernier apparut sur le seuil de l’entrée.
Hoel resta stupéfait quelques secondes, laissa son regard se perdre au niveau du sol, sur une moquette bleue à demi cachée par un long et ancien tapis inscrit de symboles étranges ; puis releva les yeux vers son hôte.
— Ce n’est que moi, répondit-il en foulant du pied l’intérieur de la pièce. Tu m’excuseras, j’ai cru qu’il n’y avait personne.
— Pourtant, tu savais que la porte était fermée à clef.
— Tu marques un point, continua Hoel en se dirigeant vers le placard dont il écarta les battants.
Plusieurs cases de bois pleines de piles de vêtements entouraient une penderie où s’alignaient chemises et vestes, en dessous desquelles reposaient pêle-mêle différents sacs de toutes tailles ainsi que quelques objets électroniques emmêlés dans leurs câbles.
— Alors comme ça, c’est le grand soir ? demanda l’individu, tandis que son invité laissait tomber sa veste et la jetait sur le lit.
Tirant sur le col de son t-shirt, Hoel se contorsionna pour le retirer, et le roula en une boule qu’il posa également sur le lit.
— Tout juste. Et je te mentirais en disant que je n’ai pas peur, confia-t-il en examinant ce qu’il mettrait pour la soirée.
— Dans ce cas, n’y va pas. Ce sera plus simple pour tout le monde.
Ignorant un instant son interlocuteur, Hoel se saisit d’un fin pull gris soigneusement plié dans une case située à gauche de la penderie. Le vêtement conviendrait parfaitement pour ce qu’il prévoyait. Allongeant ses bras, il l’enfila et se remit à la recherche de l’habit adéquat. Une capuche ne serait pas de trop, songea-t-il en décrochant de son cintre un doux gilet de couleur grise qu’il affectionnait.
— Souhaite-moi bonne chance plutôt que dire n’importe quoi, finit-il par répondre, dos à la pièce, en enfilant le vêtement. Bayer à la simplicité revient à s’exposer à sa propre perte.
— Et s’exposer au canon d’un flingue revient souvent à y rester.
Hoel se retourna dans sa direction.
— Tu marques encore un point. Mais ce n’est pas une raison suffisante pour reculer.
L’hôte lâcha un rire forcé, et sourit à l’adresse de son invité.
— Ce n’est plus du courage, mais de l’inconscience. Sans vouloir t’ouvrir les yeux, murmurer des mots doux à la chance devient à ce stade inutile. Ce qu’il te faut, c’est la faire succomber pour qu’elle s’accroche à toi sans jamais plus te lâcher.
— Tu sais bien, je ne crois pas à ces conneries. Si ma gueule ne lui revient pas, je ferai sans elle. Sache que je suis en passe de devenir un putain de héros.
— Il va falloir que tu apprennes à te comporter comme tel, alors. Mais j’imagine qu’il est trop tard pour reculer, que c’est maintenant ou jamais…
Les lèvres de Hoel s’étirèrent en un sourire ironique.
— Si c’est pour finalement t’en rendre compte, tu aurais pu m’épargner ton discours moralisateur.
— On éprouve tous du bien à entendre un peu de raison. Puisque tu es décidé, tout ce que je peux te souhaiter en fin de compte, c’est bonne chance.
— Et je t’en remercie, le cœur serré d’une inimitié douce-amère.
Il ressortit aussitôt, et referma la porte derrière lui en laissant la clef sur la serrure. Ses pas le portèrent jusque dans la salle précédemment visitée, où l’adolescente, toujours allongée, n’avait pas bougé d’un cil. Dès l’irruption du jeune homme dans son espace vital, elle laissa retomber ses jambes, se redressa, s’assit en tailleur sur le sofa.
— Où est-ce que tu vas encore ? s’empressa-t-elle de le questionner.
— Ton frère a l’adresse, Cheryl. Tu la lui demanderas.
— C’est à toi que je le demande. Je suis inquiète...
Le garçon s’avança, s’accroupit face au meuble, la regarda dans les yeux.
— Regardez-la, du haut de ses treize ans elle joue les adultes. Aurais-tu minouché ma mère pour te croire le droit de t’inquiéter pour moi ?
La jeune femme lui cracha en plein visage, l’obligea à détourner le regard. Le geste avait été consciemment cherché. Il ne s’énerva pas, essuya l’affront à l’aide d’une de ses manches, et la dévisagea à nouveau.
— Oui, je vais avoir des problèmes, si c’est ce que tu te dis.
— Alors, reste.
Il se releva promptement.
— Non. Mais je sais ce que je fais, la rassura-t-il en commençant à se diriger vers la sortie de la pièce.
— Tu as intérêt à être revenu avant demain matin, Eusoph.
— Sans faute ! répondit-il en s’arrêtant sur le palier de la porte. Mais j’espère que d’ici là tu auras arrangé ta robe. On voit tes seins. Elle est belle, c’est un gâchis d’avoir l’air d’une pute en la portant.
Il se remit en route. La jeune femme attrapa la télécommande qui traînait à ses côtés et la lança vers lui. L’objet fusa dans les airs et rebondit sur son dos, sans pour autant l’empêcher de se rendre dans le vestibule de l’appartement, où il disparut derrière la grande porte d’entrée.
Des souvenirs, dans lesquels il se perdit quelques instants. Toujours dans cette même rue, adossé à un mur, sous la froideur de la nuit ; et il s’était assez reposé. Enfouissant ses mains dans les poches de son jean pour les préserver du froid, il tourna à l’angle de la route et reprit sa marche en direction du nord durant de longues minutes, jusqu’à atteindre un quartier désaffecté où se trouvait le repaire de la bande.
Silencieux, il se glissa telle une ombre au milieu d’habitations fantômes, au cœur de ce qu’il connaissait comme étant une portion du secteur quatre ; que l’on situait au nord-est de la ville, proche de collines abandonnées. Une désagréable sensation lui collait à la peau. Les vitres éclatées des immeubles surplombant la rue semblaient n’avoir d’yeux que pour lui, laissaient couler le long de sa peau une peur poisseuse, qu’il associait à de la transpiration. Pour autant, Hoel continuait sa marche au milieu des rues sales délogées de toute présence, vers un ancien hôtel miteux dont une partie de la façade s’était décrochée et en bouchait maintenant l’entrée ; si bien qu’il fallait escalader les briques et s’engouffrer dans un interstice pour espérer se glisser à l’intérieur.
Rien de très impressionnant ou dangereux pour autant. Il se stoppa au pied du monceau de gravats, hésita, observa les environs sans rien distinguer d’inhabituel, puis franchit le pas. Sa main se referma sur une prise, son pied se posa sur le monticule. Il se hissa sur les décombres, se mit debout, chercha son équilibre, les gravit précautionneusement en prenant garde à ce qu’aucune de ses jambes ne se coince entre deux débris, et atteignit aisément le sommet ; où il s’accroupit pour se laisser tomber dans un interstice et atterrir en soulevant un nuage de poussière, en contrebas, dans un vestibule aux murs de briques, dominé par une lourde porte métallique aussi usée par le poids des années que l’était le quartier.
Son poing frappa trois fois l’acier rouillé de l’entrée, et il attendit. Aucune réponse. Il la martela avec force, plus longtemps, en tendant l’oreille lorsqu’il abaissa son bras. Un cliquetis résonna, le fit se raidir alors que s’ouvrit une lucarne au milieu de la porte. Il s’en approcha et fixa la paire d’yeux qui venait d’apparaitre au travers.
— Plutôt lent, le nouveau, fit remarquer l’homme caché à l’intérieur.
— Tu parles, j’ai failli me faire choper, répondit Hoel en forçant un léger rire.
— Et on ne t’a pas suivi ?
— Que dalle.
Face à si peu d’argumentation, le veilleur resta de marbre.
— Je suis intraçable, ajouta le plaideur, d’une voix froide.
— Déstresse, je déconnais, le rassura le gardien. Rentre.
Hoel ne dit rien, se figea tandis que l’entrée s’ouvrit en un grincement strident. Il se retrouvait face à un adolescent vêtu d’un survêtement noir, au visage émacié dont ses cheveux courts ne pouvaient en cacher aucun trait. Levant une main pour saluer son camarade, il s’avança et l’aida à rabattre la porte. Elle claqua, et le cerbère squelettique ramassa une revue pornographique traînant sur le sol, avant d’aller se rasseoir sur une inconfortable chaise de bois.
— Bonne lecture, lui souhaita Hoel en reprenant son avancée.
Il se mit à marcher le long d’un couloir aux murs colorés d’un papier peint beige jauni par le temps, enlaidi par de vieilles ampoules murales dégueulasses qui brillaient toutes d’une même lueur fortement altérée. L’intérieur de l’immeuble n’était pas moins daté que son aspect extérieur. Cela se sentait aussi à l’air vicié, chargé de poussière ; forçant Hoel à ne consommer l’oxygène qu’en de courtes inspirations mesurées. Ses pas le menèrent jusqu’à une grande salle assez semblable, au travers de laquelle il s’avança calmement entre des étagères chargées d’appareils électroniques volés, espacées de deux mètres les unes des autres et disposées autour d’adolescents agglutinés au centre de la pièce. Certains assis sur de vieux sièges rouillés, d’autres restant debout ; tous portant leur attention sur un jeune homme accoudé à une large table disposée au milieu d’yeux, sous un lustre conique se balançant au-dessus de la pièce, balayant de son rayon terni les crânes de tous ses occupants.
L’arrivant se glissa discrètement parmi le groupe, alors que chacun buvait les paroles de la personne leur faisant face : homme à l’allure calme et sereine, n’en gardant pas moins des traits sévères, sapé d’un costume noir sur une chemise blanche. Se voyait sur son visage qu’il était le plus âgé parmi l’assemblée. 19 ans, tout au plus. Pas assez pour que je te prenne au sérieux, songea Hoel en se frayant un passage jusqu’au bord de la table, où il s’installa sur une chaise inoccupée.
Des regards, dont celui du leader, se posèrent brièvement sur lui. Il s’en rendit compte et en fut mal à l’aise, mais fit mine de ne rien avoir remarqué. Plutôt, il se pencha en avant et s’accouda à la table, comme pour feinter d’être intéressé par le discours toujours débité.
— Aux dernières nouvelles, ces connards de flics ont choppé cinq des nôtres, dont Tony ! continuait le chef de bande en essayant de paraitre calme et distingué. Vu leur organisation, et surtout le fait qu’ils ne traînent habituellement pas dans le secteur cinq, il est évident qu’un sale fils de pute nous a dénoncés. Quelqu’un parmi vous sait peut-être de qui il s’agit ?
Quelques réponses négatives s’élevèrent dans la salle sans que Hoel esquisse un seul geste. Le jeune homme reprit.
— Non ? Je m’en doutais. Mais on s’occupera de la balance plus tard. Pour l’instant, mon frangin va sûrement aller en taule, et on ne peut pas laisser faire ça. Quelqu’un a une idée à proposer pour nous sortir de cette merde noire ?
Aucune réponse positive ne fut proférée. Les membres du gang étaient pour la plupart des mineurs, pour qui se frotter à la police aurait été suicidaire. Néanmoins, Hoel attendit de voir si quelqu’un se déciderait à partager une idée lumineuse ; ce qui n’arriva pas, comme il s’y attendait. Avec appréhension et en réfléchissant d’avance à ses mots, il leva timidement la main.
— Moi, j’ai peut-être une idée… Osa-t-il prononcer.
Les regards se posèrent à nouveau sur lui, et cette fois durèrent.
— Tiens donc, le nouveau a une inspiration, commenta le jeune adulte. De quelle idée souhaites-tu nous faire part, Hoel ?
Il mima la timidité, et selon le rôle qu’il décidait de jouer, hésita à parler.
— Déjà, je suis désolé pour Tony, finit-il par dire. Je m’en suis moi-même sorti de justesse ce soir. Mais contre les flics, et les autres seront d’accord, on ne peut pas faire grand-chose sans armes. La seule option possible, d’après moi, c’est demander de l’aide à quelqu’un de plus puissant. Quelqu’un qui pourrait nous fournir du matos, et surtout, qui n’aurait pas peur de la police.
— Quelqu’un d’impossible à approcher, dont moi seul aurais le numéro ? questionna le meneur. Quelqu’un comme Ruffus ?
— Par exemple, répondit Hoel en haussant les épaules.
C’était ridicule. Le jeune adulte garda le silence un instant, fixa intensément son interlocuteur assis à l’autre bout de la table.
— Alors c’est là que tu veux en venir… C’est malin. Très malin, même. Et contre toute attente, je suis assez d’accord. C’est d’ailleurs pour cette raison que j’ai déjà passé un coup de file tout à l’heure. On nous attend pour traiter une entente.
On se fichait ouvertement de lui, et Hoel s’en rendit compte. Pourtant, il fit mine de ne pas comprendre.
— Alors pourquoi tout ce speech ?
— Tu sais, ici, on aime bien tester les nouveaux. Je voulais voir si on t’entendrait. Tu n’as rien à te reprocher, n’est-ce pas ?
Fous-toi de ma gueule, connard…
— Pas le moins du monde. Je suis avec vous, les mecs. Mais maintenant, Tod, c’est quoi le plan ?
Le jeune adulte se releva.
— Je vais décider de qui m’accompagnera à la rencontre. Les autres iront se poster près du commissariat en attendant qu’on ait des armes.
Sans que Hoel le veuille réellement, son regard s’assombrit dangereusement.
— Je sais grimper, pas tirer… Si tu n’y vois pas d’inconvénient, je ferais mieux de t’accompagner.
Le leader en costume acquiesça. Il reprit aussitôt la parole, distribua les affectations de ses subordonnés : qui ne le contredirent pas.
Tous se mirent en mouvement. Hoel posa l’une de ses mains sur le dossier de sa chaise, et se releva calmement. Il contourna la table, emboîta les pas de Tod en même temps que trois autres personnes. Ensemble, ils se dirigèrent vers le fond de la salle, passèrent à travers une porte donnant sur un nouveau couloir aux murs dégradés. Un peu plus loin, le leader s’immisça dans une cage d’escalier, et ils descendirent dans une cave, elle-même donnant accès à un garage. Deux voitures et quelques motos – certainement volées – y étaient à l’abri au milieu de divers outils. Le chef de groupe sortit de l’intérieur de sa poche un jeu de clefs qu’il tendit en direction de l’un des véhicules à quatre roues : voiture sportive chic, à la peinture noire brillante. Une pression d’un de ses doigts sur un bouton électronique en désactiva la sécurité, et il s’avança vers elle, laissa l’un de ses hommes ouvrir la portière avant gauche pour qu’il se glisse derrière le volant ; tandis que le reste de la troupe relevait une porte déroulante qui donnait sur l’extérieur.
— Montez, on n’a pas toute la nuit ! leur intima le jeune adulte à travers la vitre du véhicule.
Trois portières claquèrent. Hoel prit place sur la banquette arrière, contre la portière droite. L’ensemble des personnes présentes attachèrent leur ceinture, et la voiture démarra, dépassa la porte du garage, s’évanouit dans la nuit.
La planque dont avait parlé son chef avant que le groupe ne se sépare se situait à quelques minutes de là. Un court repos et il s’y rendrait. Hoel releva son regard vers la lune qui brillait de mille feux, et les murs des immeubles se muèrent peu à peu en cloisons d’un tout autre genre.
Il arpentait un corridor, d’un pas assuré, vêtu d’un jean usé et d’une veste portée au-dessus d’une chemise dont le noir jurait avec les murs vétustes de l’appartement. Une vieille moquette s’étendait sous ses pas, lâchait sous son poids de fins nuages de poussière lui étant invisibles. Droit devant apparaissait l’entrée d’un salon où le tissu poussiéreux laissait place à un carrelage couleur ocre.
Des cris émanaient d’un téléviseur que regardait une jeune femme négligemment affalée sur un sofa ; le dos de sa tête reposant sur un coussin, et ses jambes couvertes de collants noirs rayés de blanc étant soutenues plus en hauteur par le dossier du meuble. Hoel se stoppa à l’entrée de la pièce, mains dans les poches, posa son regard sur l’adolescente qui bascula son attention sur lui sans prendre la peine de se mouvoir. Elle portait une robe bleutée dont les lacets défaits à la poitrine laissaient entrevoir sa lingerie. Immobile, il s’accorda un instant à jeter un œil au dessin animé qui se jouait sur l’écran du téléviseur. Une série pour mâle prépubère. Un peu trop d’action à son goût.
— Je ne dérange pas, j’espère ? articula-t-il tout en dévisageant la demoiselle. Je viens donner de mes nouvelles à ton frangin, et accessoirement me changer.
Ses mots réussirent à la surprendre. Elle prit un air dégoûté.
— Tu me fais quoi, là ?
— Juste un mot à faire passer. Cinq minutes, pas plus, ajouta-t-il.
— Eusoph, pauvre taré...
— J’ai encore deux bras, se défendit-il tout en sortant les mains de ses poches. C’est Hoel, s’il te plaît.
La jeune femme se redressa vivement.
— Non mais c’est quoi ton problème ?!
Il ne prit pas la peine de répondre, passa devant elle, bras tendu face à son visage et majeur levé, avant de disparaître à l’angle d’un mur. Le petit salon donnait sur un couloir parfaitement semblable à celui de l’entrée, sans aucun mobilier, mais donnant sur trois pièces espacées. Hoel l’arpenta jusqu’à se stopper en son fond, derrière une porte faite de bois sur laquelle était inscrite une interdiction d’entrée. Il frappa du dos de sa main contre la cloison sans prononcer quoi que ce soit, et attendit. Aucune réponse ne lui parvint lors des dix secondes subséquentes.
Toujours sans un mot, il plongea une de ses mains dans la poche intérieure droite de sa veste. Ses doigts en sortirent une clef, qu’il glissa dans le creux d’une serrure, sous une poignée métallique sur laquelle sa patte vint peser. La porte s’ouvrit sur un espace ordonné disposé dans une pièce d’une quinzaine de mètres carrés aux murs liliaux, de laquelle s’échappèrent des effluves de fleurs exotiques qui flottèrent jusqu’à lui.
Le lit positionné contre l’un des quatre murs n’était pas défait. Les portes du placard s’élevant à ses côtés étaient fermées, et le bureau placé à quelques mètres de là, au-dessus duquel une fenêtre laissait entrevoir la rue, n’était – à l’image du reste – pas en pagaille. Pourtant, une personne occupait bien la pièce. Adossé au mur, un adolescent laissait son regard se perdre à travers la vitre.
— Qui va là ? demanda-t-il en se tournant vers l’arrivant, dès que ce dernier apparut sur le seuil de l’entrée.
Hoel resta stupéfait quelques secondes, laissa son regard se perdre au niveau du sol, sur une moquette bleue à demi cachée par un long et ancien tapis inscrit de symboles étranges ; puis releva les yeux vers son hôte.
— Ce n’est que moi, répondit-il en foulant du pied l’intérieur de la pièce. Tu m’excuseras, j’ai cru qu’il n’y avait personne.
— Pourtant, tu savais que la porte était fermée à clef.
— Tu marques un point, continua Hoel en se dirigeant vers le placard dont il écarta les battants.
Plusieurs cases de bois pleines de piles de vêtements entouraient une penderie où s’alignaient chemises et vestes, en dessous desquelles reposaient pêle-mêle différents sacs de toutes tailles ainsi que quelques objets électroniques emmêlés dans leurs câbles.
— Alors comme ça, c’est le grand soir ? demanda l’individu, tandis que son invité laissait tomber sa veste et la jetait sur le lit.
Tirant sur le col de son t-shirt, Hoel se contorsionna pour le retirer, et le roula en une boule qu’il posa également sur le lit.
— Tout juste. Et je te mentirais en disant que je n’ai pas peur, confia-t-il en examinant ce qu’il mettrait pour la soirée.
— Dans ce cas, n’y va pas. Ce sera plus simple pour tout le monde.
Ignorant un instant son interlocuteur, Hoel se saisit d’un fin pull gris soigneusement plié dans une case située à gauche de la penderie. Le vêtement conviendrait parfaitement pour ce qu’il prévoyait. Allongeant ses bras, il l’enfila et se remit à la recherche de l’habit adéquat. Une capuche ne serait pas de trop, songea-t-il en décrochant de son cintre un doux gilet de couleur grise qu’il affectionnait.
— Souhaite-moi bonne chance plutôt que dire n’importe quoi, finit-il par répondre, dos à la pièce, en enfilant le vêtement. Bayer à la simplicité revient à s’exposer à sa propre perte.
— Et s’exposer au canon d’un flingue revient souvent à y rester.
Hoel se retourna dans sa direction.
— Tu marques encore un point. Mais ce n’est pas une raison suffisante pour reculer.
L’hôte lâcha un rire forcé, et sourit à l’adresse de son invité.
— Ce n’est plus du courage, mais de l’inconscience. Sans vouloir t’ouvrir les yeux, murmurer des mots doux à la chance devient à ce stade inutile. Ce qu’il te faut, c’est la faire succomber pour qu’elle s’accroche à toi sans jamais plus te lâcher.
— Tu sais bien, je ne crois pas à ces conneries. Si ma gueule ne lui revient pas, je ferai sans elle. Sache que je suis en passe de devenir un putain de héros.
— Il va falloir que tu apprennes à te comporter comme tel, alors. Mais j’imagine qu’il est trop tard pour reculer, que c’est maintenant ou jamais…
Les lèvres de Hoel s’étirèrent en un sourire ironique.
— Si c’est pour finalement t’en rendre compte, tu aurais pu m’épargner ton discours moralisateur.
— On éprouve tous du bien à entendre un peu de raison. Puisque tu es décidé, tout ce que je peux te souhaiter en fin de compte, c’est bonne chance.
— Et je t’en remercie, le cœur serré d’une inimitié douce-amère.
Il ressortit aussitôt, et referma la porte derrière lui en laissant la clef sur la serrure. Ses pas le portèrent jusque dans la salle précédemment visitée, où l’adolescente, toujours allongée, n’avait pas bougé d’un cil. Dès l’irruption du jeune homme dans son espace vital, elle laissa retomber ses jambes, se redressa, s’assit en tailleur sur le sofa.
— Où est-ce que tu vas encore ? s’empressa-t-elle de le questionner.
— Ton frère a l’adresse, Cheryl. Tu la lui demanderas.
— C’est à toi que je le demande. Je suis inquiète...
Le garçon s’avança, s’accroupit face au meuble, la regarda dans les yeux.
— Regardez-la, du haut de ses treize ans elle joue les adultes. Aurais-tu minouché ma mère pour te croire le droit de t’inquiéter pour moi ?
La jeune femme lui cracha en plein visage, l’obligea à détourner le regard. Le geste avait été consciemment cherché. Il ne s’énerva pas, essuya l’affront à l’aide d’une de ses manches, et la dévisagea à nouveau.
— Oui, je vais avoir des problèmes, si c’est ce que tu te dis.
— Alors, reste.
Il se releva promptement.
— Non. Mais je sais ce que je fais, la rassura-t-il en commençant à se diriger vers la sortie de la pièce.
— Tu as intérêt à être revenu avant demain matin, Eusoph.
— Sans faute ! répondit-il en s’arrêtant sur le palier de la porte. Mais j’espère que d’ici là tu auras arrangé ta robe. On voit tes seins. Elle est belle, c’est un gâchis d’avoir l’air d’une pute en la portant.
Il se remit en route. La jeune femme attrapa la télécommande qui traînait à ses côtés et la lança vers lui. L’objet fusa dans les airs et rebondit sur son dos, sans pour autant l’empêcher de se rendre dans le vestibule de l’appartement, où il disparut derrière la grande porte d’entrée.
Des souvenirs, dans lesquels il se perdit quelques instants. Toujours dans cette même rue, adossé à un mur, sous la froideur de la nuit ; et il s’était assez reposé. Enfouissant ses mains dans les poches de son jean pour les préserver du froid, il tourna à l’angle de la route et reprit sa marche en direction du nord durant de longues minutes, jusqu’à atteindre un quartier désaffecté où se trouvait le repaire de la bande.
Silencieux, il se glissa telle une ombre au milieu d’habitations fantômes, au cœur de ce qu’il connaissait comme étant une portion du secteur quatre ; que l’on situait au nord-est de la ville, proche de collines abandonnées. Une désagréable sensation lui collait à la peau. Les vitres éclatées des immeubles surplombant la rue semblaient n’avoir d’yeux que pour lui, laissaient couler le long de sa peau une peur poisseuse, qu’il associait à de la transpiration. Pour autant, Hoel continuait sa marche au milieu des rues sales délogées de toute présence, vers un ancien hôtel miteux dont une partie de la façade s’était décrochée et en bouchait maintenant l’entrée ; si bien qu’il fallait escalader les briques et s’engouffrer dans un interstice pour espérer se glisser à l’intérieur.
Rien de très impressionnant ou dangereux pour autant. Il se stoppa au pied du monceau de gravats, hésita, observa les environs sans rien distinguer d’inhabituel, puis franchit le pas. Sa main se referma sur une prise, son pied se posa sur le monticule. Il se hissa sur les décombres, se mit debout, chercha son équilibre, les gravit précautionneusement en prenant garde à ce qu’aucune de ses jambes ne se coince entre deux débris, et atteignit aisément le sommet ; où il s’accroupit pour se laisser tomber dans un interstice et atterrir en soulevant un nuage de poussière, en contrebas, dans un vestibule aux murs de briques, dominé par une lourde porte métallique aussi usée par le poids des années que l’était le quartier.
Son poing frappa trois fois l’acier rouillé de l’entrée, et il attendit. Aucune réponse. Il la martela avec force, plus longtemps, en tendant l’oreille lorsqu’il abaissa son bras. Un cliquetis résonna, le fit se raidir alors que s’ouvrit une lucarne au milieu de la porte. Il s’en approcha et fixa la paire d’yeux qui venait d’apparaitre au travers.
— Plutôt lent, le nouveau, fit remarquer l’homme caché à l’intérieur.
— Tu parles, j’ai failli me faire choper, répondit Hoel en forçant un léger rire.
— Et on ne t’a pas suivi ?
— Que dalle.
Face à si peu d’argumentation, le veilleur resta de marbre.
— Je suis intraçable, ajouta le plaideur, d’une voix froide.
— Déstresse, je déconnais, le rassura le gardien. Rentre.
Hoel ne dit rien, se figea tandis que l’entrée s’ouvrit en un grincement strident. Il se retrouvait face à un adolescent vêtu d’un survêtement noir, au visage émacié dont ses cheveux courts ne pouvaient en cacher aucun trait. Levant une main pour saluer son camarade, il s’avança et l’aida à rabattre la porte. Elle claqua, et le cerbère squelettique ramassa une revue pornographique traînant sur le sol, avant d’aller se rasseoir sur une inconfortable chaise de bois.
— Bonne lecture, lui souhaita Hoel en reprenant son avancée.
Il se mit à marcher le long d’un couloir aux murs colorés d’un papier peint beige jauni par le temps, enlaidi par de vieilles ampoules murales dégueulasses qui brillaient toutes d’une même lueur fortement altérée. L’intérieur de l’immeuble n’était pas moins daté que son aspect extérieur. Cela se sentait aussi à l’air vicié, chargé de poussière ; forçant Hoel à ne consommer l’oxygène qu’en de courtes inspirations mesurées. Ses pas le menèrent jusqu’à une grande salle assez semblable, au travers de laquelle il s’avança calmement entre des étagères chargées d’appareils électroniques volés, espacées de deux mètres les unes des autres et disposées autour d’adolescents agglutinés au centre de la pièce. Certains assis sur de vieux sièges rouillés, d’autres restant debout ; tous portant leur attention sur un jeune homme accoudé à une large table disposée au milieu d’yeux, sous un lustre conique se balançant au-dessus de la pièce, balayant de son rayon terni les crânes de tous ses occupants.
L’arrivant se glissa discrètement parmi le groupe, alors que chacun buvait les paroles de la personne leur faisant face : homme à l’allure calme et sereine, n’en gardant pas moins des traits sévères, sapé d’un costume noir sur une chemise blanche. Se voyait sur son visage qu’il était le plus âgé parmi l’assemblée. 19 ans, tout au plus. Pas assez pour que je te prenne au sérieux, songea Hoel en se frayant un passage jusqu’au bord de la table, où il s’installa sur une chaise inoccupée.
Des regards, dont celui du leader, se posèrent brièvement sur lui. Il s’en rendit compte et en fut mal à l’aise, mais fit mine de ne rien avoir remarqué. Plutôt, il se pencha en avant et s’accouda à la table, comme pour feinter d’être intéressé par le discours toujours débité.
— Aux dernières nouvelles, ces connards de flics ont choppé cinq des nôtres, dont Tony ! continuait le chef de bande en essayant de paraitre calme et distingué. Vu leur organisation, et surtout le fait qu’ils ne traînent habituellement pas dans le secteur cinq, il est évident qu’un sale fils de pute nous a dénoncés. Quelqu’un parmi vous sait peut-être de qui il s’agit ?
Quelques réponses négatives s’élevèrent dans la salle sans que Hoel esquisse un seul geste. Le jeune homme reprit.
— Non ? Je m’en doutais. Mais on s’occupera de la balance plus tard. Pour l’instant, mon frangin va sûrement aller en taule, et on ne peut pas laisser faire ça. Quelqu’un a une idée à proposer pour nous sortir de cette merde noire ?
Aucune réponse positive ne fut proférée. Les membres du gang étaient pour la plupart des mineurs, pour qui se frotter à la police aurait été suicidaire. Néanmoins, Hoel attendit de voir si quelqu’un se déciderait à partager une idée lumineuse ; ce qui n’arriva pas, comme il s’y attendait. Avec appréhension et en réfléchissant d’avance à ses mots, il leva timidement la main.
— Moi, j’ai peut-être une idée… Osa-t-il prononcer.
Les regards se posèrent à nouveau sur lui, et cette fois durèrent.
— Tiens donc, le nouveau a une inspiration, commenta le jeune adulte. De quelle idée souhaites-tu nous faire part, Hoel ?
Il mima la timidité, et selon le rôle qu’il décidait de jouer, hésita à parler.
— Déjà, je suis désolé pour Tony, finit-il par dire. Je m’en suis moi-même sorti de justesse ce soir. Mais contre les flics, et les autres seront d’accord, on ne peut pas faire grand-chose sans armes. La seule option possible, d’après moi, c’est demander de l’aide à quelqu’un de plus puissant. Quelqu’un qui pourrait nous fournir du matos, et surtout, qui n’aurait pas peur de la police.
— Quelqu’un d’impossible à approcher, dont moi seul aurais le numéro ? questionna le meneur. Quelqu’un comme Ruffus ?
— Par exemple, répondit Hoel en haussant les épaules.
C’était ridicule. Le jeune adulte garda le silence un instant, fixa intensément son interlocuteur assis à l’autre bout de la table.
— Alors c’est là que tu veux en venir… C’est malin. Très malin, même. Et contre toute attente, je suis assez d’accord. C’est d’ailleurs pour cette raison que j’ai déjà passé un coup de file tout à l’heure. On nous attend pour traiter une entente.
On se fichait ouvertement de lui, et Hoel s’en rendit compte. Pourtant, il fit mine de ne pas comprendre.
— Alors pourquoi tout ce speech ?
— Tu sais, ici, on aime bien tester les nouveaux. Je voulais voir si on t’entendrait. Tu n’as rien à te reprocher, n’est-ce pas ?
Fous-toi de ma gueule, connard…
— Pas le moins du monde. Je suis avec vous, les mecs. Mais maintenant, Tod, c’est quoi le plan ?
Le jeune adulte se releva.
— Je vais décider de qui m’accompagnera à la rencontre. Les autres iront se poster près du commissariat en attendant qu’on ait des armes.
Sans que Hoel le veuille réellement, son regard s’assombrit dangereusement.
— Je sais grimper, pas tirer… Si tu n’y vois pas d’inconvénient, je ferais mieux de t’accompagner.
Le leader en costume acquiesça. Il reprit aussitôt la parole, distribua les affectations de ses subordonnés : qui ne le contredirent pas.
Tous se mirent en mouvement. Hoel posa l’une de ses mains sur le dossier de sa chaise, et se releva calmement. Il contourna la table, emboîta les pas de Tod en même temps que trois autres personnes. Ensemble, ils se dirigèrent vers le fond de la salle, passèrent à travers une porte donnant sur un nouveau couloir aux murs dégradés. Un peu plus loin, le leader s’immisça dans une cage d’escalier, et ils descendirent dans une cave, elle-même donnant accès à un garage. Deux voitures et quelques motos – certainement volées – y étaient à l’abri au milieu de divers outils. Le chef de groupe sortit de l’intérieur de sa poche un jeu de clefs qu’il tendit en direction de l’un des véhicules à quatre roues : voiture sportive chic, à la peinture noire brillante. Une pression d’un de ses doigts sur un bouton électronique en désactiva la sécurité, et il s’avança vers elle, laissa l’un de ses hommes ouvrir la portière avant gauche pour qu’il se glisse derrière le volant ; tandis que le reste de la troupe relevait une porte déroulante qui donnait sur l’extérieur.
— Montez, on n’a pas toute la nuit ! leur intima le jeune adulte à travers la vitre du véhicule.
Trois portières claquèrent. Hoel prit place sur la banquette arrière, contre la portière droite. L’ensemble des personnes présentes attachèrent leur ceinture, et la voiture démarra, dépassa la porte du garage, s’évanouit dans la nuit.
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