Alors que la nuit tombe, le navire vire en douceur, silencieusement, ralentissant jusqu’à l’arrêt complet. La cité en contrebas illumine les alentours.
L’échelle de corde est déroulée. Loï descend du navire, suivi par Joan puis l’Archer.
« Vous y voilà, amis. Mes gens vont ont préparé des sacs de voyage. Vous aurez besoin de couvertures chaudes et de provisions une fois le Canal passé. La toundra est sans pitié. »
L’archer sourit, puis s’avance et serre Loï dans ses bras.
« Tu as tant fait pour nous, après toutes ces années sans se voir.. Merci Loï. »
« Je n’oublie pas un camarade de Temrika, Persson. Jamais. »
Les deux hommes s’écartent l’un de l’autre, s’inclinent. Alors que les deux voyageurs s’apprêtent à repartir, Loï s’exclame :
« Joan ! J’ai failli oublier ! »
Le garçon se retourne.
« L’épée brisée dans ton sac. J’ai pris la liberté de la faire réparer. Nous connaissons bien les courants aériens et les steppes, mais nous savons aussi forger. Le cœur du vaisseau abrite un fourneau qui tourne presque sans interruption. J’ai confié la réparation de ton arme à Gofannon, le maître-forgeron. C’était une épée de belle facture, et maintenant qu’il y a apposé sa marque, c’est un chef-d’œuvre. »
Loï sort l’épée enroulée dans un large drap gris, et la tend à Joan.
Le fourreau est d’un gris torturé, parcouru de volutes mystérieuses. Lentement, savourant le contact de sa paume sur le cuir tanné de la poignée, Joan tire l’épée. La garde est convexe, arrondie aux extrémités et parcourue d’un fil d’un rouge vif. Le même rouge orne la lame. Deux fils écarlates parcourent le métal de haut en bas, symétriquement, formant boucles et motifs inconnus à Joan. Lentement, il passe l’index sur la lame. L’acier est froid, mais doux au toucher et les fils rouges semblent presque tièdes. Il apprécie l’équilibre de la lame en effectuant une passe simple, faisant tourner la poignée dans sa main et amenant la lame d’au-dessus de sa tête jusqu’à l’herbe. Un sourire s’épanouit sur son visage.
« C’était la lame de mon père. Merci infiniment Loï. Cette arme vengera ma famille. »
L’intéressé sourit, puis fait demi-tour, et se hisse sur son vaisseau.
Alors que Joan range l’épée dans son fourreau et passe celui-ci à se ceinture, l’Archer le prend par l’épaule et ils se mettent à marcher vers le bourg du Canal.