Je suis enfin Moi
Par : ItsMorphinTime
Genre : Nawak
Status : C'est compliqué
Note :
Chapitre 8
Le Test du DeathNote
Publié le 11/09/11 à 23:57:48 par ItsMorphinTime
Jeudi 13 octobre 2011.
Depuis près de deux mois, Llore observe attentivement notre lycée, notre classe, nos camarades, nos professeurs, et tout ce qui touche à notre scolarité.
Je ne sais pas exactement ce qu'elle prépare, mais ce qui est sûr, c'est qu'après les vacances de la Toussaint, les cours vont radicalement changer.
De mon côté, j'observe aussi, et je me tiens prête à l'épauler en toute circonstance.
Mais elle est tellement sûre d'elle que parfois, je me demande si elle a vraiment besoin de moi pour réussir.
Enfin.
En ce moment, ce qui m'inquiète le plus, c'est que dans 4 jours, un de nos camarades de classe va mourir.
Le problème, c'est qu'on ne sait ni qui, ni comment, ni où.
Mais à force d'observer notre classe et notre lycée, je ne crois pas que l'un de nos camarades soit suicidaire ou atteint d'une grave maladie, pas plus que je ne crois qu'un accident dans un escalier pourrait entrainer la mort d'un élève de l'établissement.
La cause la plus probable d'un décès dans notre classe serait donc le meurtre.
Je crois que je deviens parano.
Pendant la pause du midi, je discute de mes conclusions avec Llore, et je finis par lui poser la question :
"Quelle est la probabilité pour que notre classe abrite un tueur potentiel ?"
Llore avale sa bouchée et me répond :
"Sachant que notre classe compte 31 élèves à part nous deux, je dirais qu'il y a 31 tueurs potentiels. La probabilité est donc de 100%.
- Nan mais sérieusement ?
- Je suis sérieuse. Chaque être humain est un tueur potentiel. Les humains agissent par intérêt. Si la mort d'autrui va dans leur intérêt, ils réfléchiront à un moyen de tuer cette personne. Le problème, c'est qu'ils doivent tuer sans se faire prendre, car la prison va contre leur intérêt. C'est pourquoi, la plupart du temps, ils ne passent jamais à l'acte. Mais si par malheur ils trouvent un stratagème pour tuer sans être pris, ils n'hésiteront pas à le faire.
- Tu ne crois pas que tu vas un peu loin ?"
Llore pose ses couverts dans son assiette et reprend :
"Tu connais Death Note ?
- Oui, c'est le manga qui parle du Cahier de la Mort. Quand on écrit le nom d'une personne dans le Death Note, cette personne meurt. C'est pas nouveau. Où tu veux en venir ?
- Dans ce manga, le héros réalise qu'il peut tuer sans être pris. A partir de là, il va se mettre à tuer sans la moindre retenue.
- Ouais mais c'est de la fiction. Dans la réalité, les gens ont un minimum de conscience qui les freine dans leurs pulsions meurtrières."
Llore regarde sa montre :
"On a encore une heure devant nous. Ça te dit qu'on fasse un test ?
- Quel test ?
- Le test du DeathNote ! On donne un faux DeathNote à quelqu'un, et on regarde si ce quelqu'un se met à "tuer" des gens.
- Ça a l'air marrant comme test, mais ça manque de fiabilité. La personne qui reçoit le faux DeathNote n'imaginera jamais que le cahier puisse marcher réellement.
- Pour ça, il suffit de faire un peu de mise en scène."
Une fois de plus, elle a l'air sûre d'elle.
Je m'empresse de lui demander :
"Et on va le faire sur qui, le test ?
- Le premier élève venu fera l'affaire."
Je consulte mentalement la liste des élèves de notre classe :
"Alors... dans l'ordre alphabétique des prénoms, on a d'abord Adrien, mais il est à sa J.A.P.D., et après on a donc Alexandre.
- Alexandre Legin. L'un des meilleurs élèves de la classe, il aime étudier, il n'a que 16 ans mais il a déjà fait un plan de carrière, et il pratique le judo à un niveau régional. Ce sera parfait."
Ne voyant pas Alexandre au self, Llore et moi nous dirigeons vers ses amis habituels, Arnaud, Thibaut et Olivier.
Llore abuse de son irrésistible sourire :
"Salut les garçons, il est pas avec vous Alexandre ?
- Nan, il nous fait la gueule parce qu'on s'est foutu de lui après son 6/20 en Philo !
- Et vous savez pas où on pourrait le trouver ?
- Bah quand il fait la gueule, généralement il va lire un bouquin sur un banc dans la deuxième cour, derrière le lycée."
Llore ouvre son sac et en sort un DeathNote, probablement une réplique achetée 20 euros dans une librairie :
"On voudrait lui faire une petite blague, ça vous dirait de venir avec nous ?"
En voyant le cahier, les 3 garçons sont enthousiastes :
- Trop classe le faux DeathNote !
- Vas-y tu l'as eu où ??
- On devra faire quoi pour la blague ??
Llore range son cahier et commence les explications :
"Je vais me poster dans un couloir du deuxième étage du lycée, à une fenêtre d'où je pourrai voir ce qu'Alexandre va écrire.
Depuis cette fenêtre, je lancerai le DeathNote, ce qui donnera l'impression qu'il tombe du ciel, comme dans le manga.
Alexandre va le ramasser, et c'est à ce moment là que vous quatre (Arnaud, Thibaut, Olivier et Nell), vous arriverez vers lui pour le taquiner au sujet de sa note de philo.
Quand il sera bien énervé, Alexandre va certainement écrire l'un de vos noms dans le cahier pour soulager ses nerfs.
Moi, depuis ma fenêtre du deuxième étage, je verrai quel nom il aura écrit, et j'enverrai un SMS à celui dont le nom aura été écrit (mettez tout de suite vos portables en mode vibreur).
La personne qui sentira son portable vibrer dans sa poche devra attendre environs 40 secondes, puis simulera une crise cardiaque.
En voyant sa victime tomber, Alexandre croira que le DeathNote est un vrai."
Je suis en totale admiration devant cette idée, et nos trois complices ont l'air emballés aussi.
Décidément, Llore est une fille géniale.
Son plan est un peu compliqué voire tiré par les cheveux, mais elle l'a diablement bien expliqué, et nous donne envie de le mettre en pratique.
Accompagnée des trois garçons, je me rends à l'angle du bâtiment qui borde la deuxième cour.
Alexandre est assis sur un banc, en train de lire un livre, et nous attendons que Llore lance l'opération.
L'une des fenêtres du deuxième étage s'ouvre silencieusement, puis un livre s'envole de cette fenêtre pour atterrir à deux mètres devant Alexandre.
Celui-ci ramasse aussitôt le cahier, et se rend compte qu'il s'agit d'un DeathNote.
Il regarde autour de lui, en se demandant d'où le cahier peut bien provenir, puis il lève les yeux vers le ciel d'un air perplexe.
Il se rassoit sur son banc et analyse le DeathNote en commençant par lire les règles inscrites à l'intérieur.
Nous entrons en scène, mes trois acolytes et moi, et nous nous dirigeons vers Alexandre en le taquinant bruyamment :
"Ah regardez il est là le nul ! Hahaha !
- Bah alors Alex ? 6 en Philo, qu'est-ce qui t'est arrivé ??
- Moi je crois que pour une fois, il a oublié de sucer le prof !
- Pourquoi tu boudes tout seul dans ton coin ? Tu sais, 6/20 c'est pas la fin du monde ! Enfin c'est la honte quand-même mais bon...
- J'avoue, ils vont jamais t'accepter en prépa si t'as que 6 en Philo !"
Discrètement, Alexandre sort un stylo de sa trousse pour écrire un nom dans le DeathNote.
Je n'en reviens pas de le voir s'y mettre aussi rapidement.
Puis je me dis que ça ne prouve rien finalement, vu que de toute façon, il ne croit pas vraiment que le DeathNote soit un vrai.
De sa fenêtre, Llore a certainement vu quel nom est écrit, et la "victime" doit avoir reçu son SMS.
Nous enchainons encore quelques vannes, et je remarque qu'Alexandre guette sa montre. A croire qu'il compte les 40 secondes.
Soudain, Thibaut se crispe et pousse un cri de douleur avant de s'effondrer au sol.
Olivier et Arnaud se penchent sur son "cadavre" :
"Thibaut ?? Eh, qu'est-ce que t'as ?? Oh putain il a fait un malaise !!"
Je fais aussi semblant de m'inquiéter pour lui, mais du coin de l'oeil, je guette la réaction d'Alexandre, qui tient toujours le DeathNote à la main.
Je peux voir dans ses yeux qu'il est désormais persuadé que le DeathNote fonctionne.
Après quelques secondes de flottement, Alexandre ramasse son sac et se met à courir puis entre dans le bâtiment.
Thibaut se relève puis se lance à sa poursuite :
"Nan mais reviens Alex ! C'était une blague !!"
Llore descend pour nous rejoindre :
"Vous avez été supers ! Mais où est Thibaut ?
- Il court après Alex, d'ailleurs Alex il a gardé ton DeathNote...
- C'était le but, après tout. Enfin, j'aimerais bien le récupérer, car je pense qu'au moment où Alex s'est aperçu que le DeathNote était vrai (du moins c'est ce qu'il croyait), il s'est mis à écrire plein de noms dedans."
Après quelques minutes, Thibaut revient avec le DeathNote.
Llore le remercie, puis ouvre le DeathNote pour retrouver la page où Alexandre a écrit le nom.
Thibaut secoue la tête :
"Ça sert à rien, j'ai déjà regardé, la page a été déchirée. Alex s'était enfermé dans les toilettes, j'imagine qu'il a déchiré la page avant de la jeter et de tirer la chasse."
Llore tourne les pages et s'arrête à l'endroit où une page a été déchirée.
Olivier soupire :
"Rooh, c'est dommage, on ne saura jamais qui il voulait tuer."
Llore sourit :
"Moi je crois qu'on va tout savoir."
Elle sort un crayon à papier et se met à hachurer la page qui suit celle qui a été déchirée.
Rapidement, des dizaines de noms apparaissent.
"Abracadabra !" s'exclame Llore en brandissant fièrement le cahier avec tous les noms révélés.
- Wooh matez ça ! Il a mis les noms de tous les élèves de la classe !
- Ya même les noms des profs !!
- OMG Olivier ya le nom de ta mère !!
- Nan déconne pas !?
Pendant que nos trois complices délirent sur le fruit de notre "blague", je converse par télépathie avec Llore :
"Je m'incline, tu avais raison. Chaque être humain peut devenir un tueur, pour peu qu'on lui donne le pouvoir de tuer."
Elle me prend par la main et me répond, toujours par transmission de pensée :
"Oui, mais heureusement, le pouvoir de tuer ne s'achète pas en librairie. Donc on peut vivre tranquillement. Enfin, jusqu'à lundi prochain..."
* * *
Lundi 17 Octobre.
Aujourd'hui, l'un de nos camarades de classe va mourir.
Toute la matinée, j'observe les élèves qui m'entourent.
Personne n'est absent.
Personne ne tousse bizarrement.
Personne n'a l'air triste.
Personne n'est différent par rapport à d'habitude.
Le midi, nous commençons la pause déjeuner à 11h30, donc nous mangeons les premiers.
Nous prenons une table entière sur toute la longueur pour manger tous ensemble.
Ce midi, c'est nourriture chinoise.
L'idée d'une intoxication alimentaire me traverse l'esprit, mais en réfléchissant, je me dis que si c'était le cas, il y aurait très probablement plusieurs victimes parmi les centaines d'élèves qui mangent au self, donc ça ne colle pas.
Llore perçoit mon inquiétude quasi-permanente, et me conseille de me détendre.
Je reste vigilante, il est toujours possible que quelqu'un s'étouffe lors du repas.
Surtout que quand nous sommes tous réunis, nous rions beaucoup.
Enfin moi, aujourd'hui, je n'ai pas très envie de rire.
Je casse mon biscuit Chinois.
Le message qu'il contient est : "L'optimiste rit pour oublier, le pessimiste oublie de rire."
Je réalise alors qu'au lieu de profiter des derniers moments que nous passons avec la future victime, je me préoccupe trop de savoir comment il va mourir.
Alors je décide de me laisser aller à rire avec les autres.
Chacun casse son biscuit, et les plus courageux lisent leur message à voix haute.
J'ai été prise d'un fou rire quand Samy a fait semblant de lire le sien :
- Moi ya écrit "Vous allez avoir le bac" !! Yes !!
Les élèves commencent à quitter la table.
Certains vont au CDI pour réviser, d'autres vont fumer des cigarettes à l'extérieur...
Finalement, je me retrouve seule avec Llore, tandis que des élèves d'autres classes commencent à s'asseoir autour de nous.
Nous poursuivons notre conversation par télépathie :
"Llore tu es vraiment sûre qu'un des élèves de notre classe va mourir aujourd'hui ? C'est pas un "fake temporel" ?
- Quand je m'envoie un message, j'évite de me mentir. Mais qui sait, peut-être que nous avons trop modifié le cours du temps rien qu'en sachant que quelqu'un allait mourir... Bref, il est l'heure d'aller en cours."
Nous arrivons devant la salle de classe du cours d'Histoire-Géo, en même temps que notre professeur monsieur Ruttel.
Celui-ci tente d'ouvrir la porte, mais elle est verrouillée :
"Tiens, c'est étrange, normalement j'ai demandé à ma collègue de laisser ouvert..."
Lucas essaye d'entrer par la porte du fond de la classe, mais elle est verrouillée elle aussi.
Un frisson me parcourt le corps.
Je m'empresse de compter les élèves de notre classe.
Nous ne sommes que 32.
Je me tourne vers Llore.
Elle ne sourit pas.
Monsieur Ruttel finit par ouvrir la porte avec sa clé.
Il entre le premier, et aussitôt, je barre l'accès avec mon bras pour empêcher les autres élèves d'entrer.
Au milieu de la salle, François est étendu sur sa table, les yeux fermés.
"François..."
Depuis près de deux mois, Llore observe attentivement notre lycée, notre classe, nos camarades, nos professeurs, et tout ce qui touche à notre scolarité.
Je ne sais pas exactement ce qu'elle prépare, mais ce qui est sûr, c'est qu'après les vacances de la Toussaint, les cours vont radicalement changer.
De mon côté, j'observe aussi, et je me tiens prête à l'épauler en toute circonstance.
Mais elle est tellement sûre d'elle que parfois, je me demande si elle a vraiment besoin de moi pour réussir.
Enfin.
En ce moment, ce qui m'inquiète le plus, c'est que dans 4 jours, un de nos camarades de classe va mourir.
Le problème, c'est qu'on ne sait ni qui, ni comment, ni où.
Mais à force d'observer notre classe et notre lycée, je ne crois pas que l'un de nos camarades soit suicidaire ou atteint d'une grave maladie, pas plus que je ne crois qu'un accident dans un escalier pourrait entrainer la mort d'un élève de l'établissement.
La cause la plus probable d'un décès dans notre classe serait donc le meurtre.
Je crois que je deviens parano.
Pendant la pause du midi, je discute de mes conclusions avec Llore, et je finis par lui poser la question :
"Quelle est la probabilité pour que notre classe abrite un tueur potentiel ?"
Llore avale sa bouchée et me répond :
"Sachant que notre classe compte 31 élèves à part nous deux, je dirais qu'il y a 31 tueurs potentiels. La probabilité est donc de 100%.
- Nan mais sérieusement ?
- Je suis sérieuse. Chaque être humain est un tueur potentiel. Les humains agissent par intérêt. Si la mort d'autrui va dans leur intérêt, ils réfléchiront à un moyen de tuer cette personne. Le problème, c'est qu'ils doivent tuer sans se faire prendre, car la prison va contre leur intérêt. C'est pourquoi, la plupart du temps, ils ne passent jamais à l'acte. Mais si par malheur ils trouvent un stratagème pour tuer sans être pris, ils n'hésiteront pas à le faire.
- Tu ne crois pas que tu vas un peu loin ?"
Llore pose ses couverts dans son assiette et reprend :
"Tu connais Death Note ?
- Oui, c'est le manga qui parle du Cahier de la Mort. Quand on écrit le nom d'une personne dans le Death Note, cette personne meurt. C'est pas nouveau. Où tu veux en venir ?
- Dans ce manga, le héros réalise qu'il peut tuer sans être pris. A partir de là, il va se mettre à tuer sans la moindre retenue.
- Ouais mais c'est de la fiction. Dans la réalité, les gens ont un minimum de conscience qui les freine dans leurs pulsions meurtrières."
Llore regarde sa montre :
"On a encore une heure devant nous. Ça te dit qu'on fasse un test ?
- Quel test ?
- Le test du DeathNote ! On donne un faux DeathNote à quelqu'un, et on regarde si ce quelqu'un se met à "tuer" des gens.
- Ça a l'air marrant comme test, mais ça manque de fiabilité. La personne qui reçoit le faux DeathNote n'imaginera jamais que le cahier puisse marcher réellement.
- Pour ça, il suffit de faire un peu de mise en scène."
Une fois de plus, elle a l'air sûre d'elle.
Je m'empresse de lui demander :
"Et on va le faire sur qui, le test ?
- Le premier élève venu fera l'affaire."
Je consulte mentalement la liste des élèves de notre classe :
"Alors... dans l'ordre alphabétique des prénoms, on a d'abord Adrien, mais il est à sa J.A.P.D., et après on a donc Alexandre.
- Alexandre Legin. L'un des meilleurs élèves de la classe, il aime étudier, il n'a que 16 ans mais il a déjà fait un plan de carrière, et il pratique le judo à un niveau régional. Ce sera parfait."
Ne voyant pas Alexandre au self, Llore et moi nous dirigeons vers ses amis habituels, Arnaud, Thibaut et Olivier.
Llore abuse de son irrésistible sourire :
"Salut les garçons, il est pas avec vous Alexandre ?
- Nan, il nous fait la gueule parce qu'on s'est foutu de lui après son 6/20 en Philo !
- Et vous savez pas où on pourrait le trouver ?
- Bah quand il fait la gueule, généralement il va lire un bouquin sur un banc dans la deuxième cour, derrière le lycée."
Llore ouvre son sac et en sort un DeathNote, probablement une réplique achetée 20 euros dans une librairie :
"On voudrait lui faire une petite blague, ça vous dirait de venir avec nous ?"
En voyant le cahier, les 3 garçons sont enthousiastes :
- Trop classe le faux DeathNote !
- Vas-y tu l'as eu où ??
- On devra faire quoi pour la blague ??
Llore range son cahier et commence les explications :
"Je vais me poster dans un couloir du deuxième étage du lycée, à une fenêtre d'où je pourrai voir ce qu'Alexandre va écrire.
Depuis cette fenêtre, je lancerai le DeathNote, ce qui donnera l'impression qu'il tombe du ciel, comme dans le manga.
Alexandre va le ramasser, et c'est à ce moment là que vous quatre (Arnaud, Thibaut, Olivier et Nell), vous arriverez vers lui pour le taquiner au sujet de sa note de philo.
Quand il sera bien énervé, Alexandre va certainement écrire l'un de vos noms dans le cahier pour soulager ses nerfs.
Moi, depuis ma fenêtre du deuxième étage, je verrai quel nom il aura écrit, et j'enverrai un SMS à celui dont le nom aura été écrit (mettez tout de suite vos portables en mode vibreur).
La personne qui sentira son portable vibrer dans sa poche devra attendre environs 40 secondes, puis simulera une crise cardiaque.
En voyant sa victime tomber, Alexandre croira que le DeathNote est un vrai."
Je suis en totale admiration devant cette idée, et nos trois complices ont l'air emballés aussi.
Décidément, Llore est une fille géniale.
Son plan est un peu compliqué voire tiré par les cheveux, mais elle l'a diablement bien expliqué, et nous donne envie de le mettre en pratique.
Accompagnée des trois garçons, je me rends à l'angle du bâtiment qui borde la deuxième cour.
Alexandre est assis sur un banc, en train de lire un livre, et nous attendons que Llore lance l'opération.
L'une des fenêtres du deuxième étage s'ouvre silencieusement, puis un livre s'envole de cette fenêtre pour atterrir à deux mètres devant Alexandre.
Celui-ci ramasse aussitôt le cahier, et se rend compte qu'il s'agit d'un DeathNote.
Il regarde autour de lui, en se demandant d'où le cahier peut bien provenir, puis il lève les yeux vers le ciel d'un air perplexe.
Il se rassoit sur son banc et analyse le DeathNote en commençant par lire les règles inscrites à l'intérieur.
Nous entrons en scène, mes trois acolytes et moi, et nous nous dirigeons vers Alexandre en le taquinant bruyamment :
"Ah regardez il est là le nul ! Hahaha !
- Bah alors Alex ? 6 en Philo, qu'est-ce qui t'est arrivé ??
- Moi je crois que pour une fois, il a oublié de sucer le prof !
- Pourquoi tu boudes tout seul dans ton coin ? Tu sais, 6/20 c'est pas la fin du monde ! Enfin c'est la honte quand-même mais bon...
- J'avoue, ils vont jamais t'accepter en prépa si t'as que 6 en Philo !"
Discrètement, Alexandre sort un stylo de sa trousse pour écrire un nom dans le DeathNote.
Je n'en reviens pas de le voir s'y mettre aussi rapidement.
Puis je me dis que ça ne prouve rien finalement, vu que de toute façon, il ne croit pas vraiment que le DeathNote soit un vrai.
De sa fenêtre, Llore a certainement vu quel nom est écrit, et la "victime" doit avoir reçu son SMS.
Nous enchainons encore quelques vannes, et je remarque qu'Alexandre guette sa montre. A croire qu'il compte les 40 secondes.
Soudain, Thibaut se crispe et pousse un cri de douleur avant de s'effondrer au sol.
Olivier et Arnaud se penchent sur son "cadavre" :
"Thibaut ?? Eh, qu'est-ce que t'as ?? Oh putain il a fait un malaise !!"
Je fais aussi semblant de m'inquiéter pour lui, mais du coin de l'oeil, je guette la réaction d'Alexandre, qui tient toujours le DeathNote à la main.
Je peux voir dans ses yeux qu'il est désormais persuadé que le DeathNote fonctionne.
Après quelques secondes de flottement, Alexandre ramasse son sac et se met à courir puis entre dans le bâtiment.
Thibaut se relève puis se lance à sa poursuite :
"Nan mais reviens Alex ! C'était une blague !!"
Llore descend pour nous rejoindre :
"Vous avez été supers ! Mais où est Thibaut ?
- Il court après Alex, d'ailleurs Alex il a gardé ton DeathNote...
- C'était le but, après tout. Enfin, j'aimerais bien le récupérer, car je pense qu'au moment où Alex s'est aperçu que le DeathNote était vrai (du moins c'est ce qu'il croyait), il s'est mis à écrire plein de noms dedans."
Après quelques minutes, Thibaut revient avec le DeathNote.
Llore le remercie, puis ouvre le DeathNote pour retrouver la page où Alexandre a écrit le nom.
Thibaut secoue la tête :
"Ça sert à rien, j'ai déjà regardé, la page a été déchirée. Alex s'était enfermé dans les toilettes, j'imagine qu'il a déchiré la page avant de la jeter et de tirer la chasse."
Llore tourne les pages et s'arrête à l'endroit où une page a été déchirée.
Olivier soupire :
"Rooh, c'est dommage, on ne saura jamais qui il voulait tuer."
Llore sourit :
"Moi je crois qu'on va tout savoir."
Elle sort un crayon à papier et se met à hachurer la page qui suit celle qui a été déchirée.
Rapidement, des dizaines de noms apparaissent.
"Abracadabra !" s'exclame Llore en brandissant fièrement le cahier avec tous les noms révélés.
- Wooh matez ça ! Il a mis les noms de tous les élèves de la classe !
- Ya même les noms des profs !!
- OMG Olivier ya le nom de ta mère !!
- Nan déconne pas !?
Pendant que nos trois complices délirent sur le fruit de notre "blague", je converse par télépathie avec Llore :
"Je m'incline, tu avais raison. Chaque être humain peut devenir un tueur, pour peu qu'on lui donne le pouvoir de tuer."
Elle me prend par la main et me répond, toujours par transmission de pensée :
"Oui, mais heureusement, le pouvoir de tuer ne s'achète pas en librairie. Donc on peut vivre tranquillement. Enfin, jusqu'à lundi prochain..."
* * *
Lundi 17 Octobre.
Aujourd'hui, l'un de nos camarades de classe va mourir.
Toute la matinée, j'observe les élèves qui m'entourent.
Personne n'est absent.
Personne ne tousse bizarrement.
Personne n'a l'air triste.
Personne n'est différent par rapport à d'habitude.
Le midi, nous commençons la pause déjeuner à 11h30, donc nous mangeons les premiers.
Nous prenons une table entière sur toute la longueur pour manger tous ensemble.
Ce midi, c'est nourriture chinoise.
L'idée d'une intoxication alimentaire me traverse l'esprit, mais en réfléchissant, je me dis que si c'était le cas, il y aurait très probablement plusieurs victimes parmi les centaines d'élèves qui mangent au self, donc ça ne colle pas.
Llore perçoit mon inquiétude quasi-permanente, et me conseille de me détendre.
Je reste vigilante, il est toujours possible que quelqu'un s'étouffe lors du repas.
Surtout que quand nous sommes tous réunis, nous rions beaucoup.
Enfin moi, aujourd'hui, je n'ai pas très envie de rire.
Je casse mon biscuit Chinois.
Le message qu'il contient est : "L'optimiste rit pour oublier, le pessimiste oublie de rire."
Je réalise alors qu'au lieu de profiter des derniers moments que nous passons avec la future victime, je me préoccupe trop de savoir comment il va mourir.
Alors je décide de me laisser aller à rire avec les autres.
Chacun casse son biscuit, et les plus courageux lisent leur message à voix haute.
J'ai été prise d'un fou rire quand Samy a fait semblant de lire le sien :
- Moi ya écrit "Vous allez avoir le bac" !! Yes !!
Les élèves commencent à quitter la table.
Certains vont au CDI pour réviser, d'autres vont fumer des cigarettes à l'extérieur...
Finalement, je me retrouve seule avec Llore, tandis que des élèves d'autres classes commencent à s'asseoir autour de nous.
Nous poursuivons notre conversation par télépathie :
"Llore tu es vraiment sûre qu'un des élèves de notre classe va mourir aujourd'hui ? C'est pas un "fake temporel" ?
- Quand je m'envoie un message, j'évite de me mentir. Mais qui sait, peut-être que nous avons trop modifié le cours du temps rien qu'en sachant que quelqu'un allait mourir... Bref, il est l'heure d'aller en cours."
Nous arrivons devant la salle de classe du cours d'Histoire-Géo, en même temps que notre professeur monsieur Ruttel.
Celui-ci tente d'ouvrir la porte, mais elle est verrouillée :
"Tiens, c'est étrange, normalement j'ai demandé à ma collègue de laisser ouvert..."
Lucas essaye d'entrer par la porte du fond de la classe, mais elle est verrouillée elle aussi.
Un frisson me parcourt le corps.
Je m'empresse de compter les élèves de notre classe.
Nous ne sommes que 32.
Je me tourne vers Llore.
Elle ne sourit pas.
Monsieur Ruttel finit par ouvrir la porte avec sa clé.
Il entre le premier, et aussitôt, je barre l'accès avec mon bras pour empêcher les autres élèves d'entrer.
Au milieu de la salle, François est étendu sur sa table, les yeux fermés.
"François..."
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