Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

Je suis enfin Moi


Par : ItsMorphinTime
Genre : Nawak
Statut : C'est compliqué



Chapitre 1 : Réveil douloureux


Publié le 07/08/2011 à 07:58:01 par ItsMorphinTime

15h.
J'ouvre les yeux.
L'après-midi va encore m'échapper.
Tant pis. De toute façon, il n'y a rien à faire.
Je referme les yeux.

Je m'appelle Hervé. Quel nom de merde. Je ne l'ai pas choisi.
J'ai 17 ans. Ça fait donc 17 ans qu'il ne se passe rien.
En Septembre prochain, je rentre en terminale S. Je ne sais pas à quoi ça va me servir.
Pour le moment, c'est les vacances. Alors je dors.
Parfois, je me lève et je me pose devant mon PC. Je joue. Je mange. Je regarde un film. Puis je me rendors.

Je passe mes journées à dormir.
Je ne sais pas ce que j'ai, mais depuis plusieurs mois, je suis exténué en permanence, alors je dors.
Enfin, je ne dors pas tout le temps. Disons que je passe aussi beaucoup de temps à réfléchir.
Et à force de réfléchir, j'en suis arrivé à la conclusion suivante :
Je ne suis pas moi-même.
Je vis une existence qui n'est pas la mienne.
Ce corps n'est pas le mien.
Cette identité, ce n'est pas moi.
Plus je réfléchis, plus ça me parait évident.

Alors j'essaye de me retrouver.
Je fais abstraction de la réalité pour tenter paradoxalement de récupérer mon identité réelle.
Je redécouvre qui je suis vraiment.

Je m'appelle Nell. Je ne sais pas d'où vient ce nom, mais en tout cas, c'est le mien.
J'ai 17 ans. Ça, au moins, ça ne change pas.
Je ne peux pas me regarder dans un miroir, je suis obligée de ressentir mon corps pour savoir comment je suis.
Je sursaute presque en m'apercevant que je suis une fille. Puis je me dis que ça explique pas mal de choses.
Une autre caractéristique m'apparait rapidement : je suis incroyablement grande. Il faut dire qu'Hervé ne mesure qu'1 mètre 70, la différence est donc flagrante.

Les jours passent, et je continue d'explorer mentalement mon corps originel.
A force, j'arrive à ressentir chaque fibre de mon enveloppe charnelle dans les moindres détails.
J'arrive même à percevoir le pigment de mes rétines, alors que je suis persuadée que c'est impossible.
Pourtant, je sais désormais que mes yeux sont gris.
"C'est une très belle couleur", murmurai-je en m'apercevant que j'entends ma voix pour la première fois.

Je ne me lasse pas d'explorer ma personnalité. Le temps n'a plus d'importance.
Seulement, quand je me réveille, je suis toujours coincée dans "Hervé", et ça devient de plus en plus insupportable.
Pire, à force d'être Nell, j'ai du mal à récupérer les repères spatiaux d'Hervé.
Par exemple, quand je veux attraper un objet posé sur la table, je ne tends pas suffisamment le bras et je dois donc m'y reprendre à deux fois.

Le 15 Juillet, mes "parents" partent en vacances avec ma petite soeur (Anne).
Comme mon grand frère (Olivier) anime une colonie sur tout le mois de Juillet, je me retrouve seule à la maison.
Plus aucune contrainte, plus aucune corvée. Je peux dormir autant que je veux. Je ne me lève que pour manger, boire ou aller aux toilettes.

Le 17 Juillet, je suis prise d'une très grosse fièvre, sûrement due à la chaleur de l'été.
Je ne parviens plus à me lever du lit. Heureusement, j'ai une bouteille d'eau à portée de main.

Le 18 Juillet, je me réveille brièvement et je m'aperçois que ma peau "colle" aux draps.
Je commence à m'arracher quelques peaux mortes, mais je me rendors aussitôt.

Le 19 Juillet, j'ai du mal à ouvrir les yeux car la peau de mes paupières est épaisse.
Je me frotte les yeux et une multitude de morceaux de peau morte se détache de mes yeux et de mes doigts.
Je commence à m'inquiéter, quand tout à coup, quelqu'un sonne à la porte.
Depuis combien de jours ne suis-je pas sortie de chez moi ?
J'enfile mon peignoir et je descends ouvrir la porte.

La lumière du soleil m'aveugle.
Je ne parviens pas à voir le visage de la personne qui se tient devant moi.

"Nell ?" me demande-t-elle.

Mes yeux s'habituent peu à peu à la lumière, et je découvre enfin mon interlocutrice.
Il s'agit d'une jeune fille, blonde, à peine plus grande que moi, et qui me semble particulièrement magnifique.
Elle est en tenue légère, conformément à la saison des beaux jours, et porte un sac à dos sur son épaule.

Je finis par lui répondre :
"Oui... On se connait ?"

Elle me sourit, et je réalise soudain qu'elle m'a appelée par mon prénom...
Mais c'est impossible ! Comment pouvait-elle le savoir ? Ça n'a pas de sens !
Je me concentre pour essayer de déterminer si je suis en train de rêver en dormant, mais non, c'est bien la réalité.

Sans dire un mot, elle profite de ma confusion et m'attrape par le bras pour rentrer avec moi dans ma maison avant de refermer la porte.
Elle me demande ensuite où est la salle de bains. Je lui indique, et elle m'entraine à l'intérieur.

"Déshabille-toi", m'ordonne-t-elle.

Je secoue la tête pour reprendre mes esprits :
"Non mais t'es qui ? Je te connais pas moi ! Je sais même pas comment tu t'appelles !
-Je m'appelle Llore. Maintenant déshabille-toi, Nell."

Elle m'a à nouveau appelée Nell.
Un peu perdue, j'enlève mon peignoir et me retrouve en caleçon.
Comment en suis-je arrivée là ?

"Complètement !" poursuit-elle.

J'hallucine. De quel droit elle se permet de me demander de...

"Allez ! Dépêche-toi !" s'exclame-t-elle en sortant un couteau de sa poche avant de coller le tranchant contre mon ventre.

Je m'apprête à protester, mais je sens soudain la lame s'enfoncer légèrement dans mon abdomen.
Je retire donc mon caleçon, et elle me force à m'allonger dans la baignoire.
Si c'est un rêve, il est méchamment bizarre.

Je la vois soudain régler la température de l'eau au maximum avant d'ouvrir le robinet.
Elle me caresse la joue : "Reste tranquille pendant deux minutes, quoi qu'il arrive ne panique pas."

Je sens l'eau bouillante couler le long de mon dos, quand soudain la jeune fille me plante son couteau profondément dans l'épaule.
Je pousse un cri de douleur, mais curieusement, ça fait nettement moins mal que ce que j'aurais pu imaginer.

"C'est parti !" s'exclame-t-elle en plantant successivement sa lame en divers points de mon corps.
Je me crispe, je tente de ne pas m'agiter, de ne pas résister comme elle me l'a demandé.
Je la vois alors m'arracher des lambeaux de chair et de peau, faisant couler le sang partout dans la baignoire.

La douleur, l'horreur et les vapeurs d'eau brûlante mêlée de sang me montent à la tête.
Je prie pour qu'elle en finisse au plus vite, pour qu'elle me porte enfin un coup mortel au lieu de s'amuser à me torturer comme elle le fait.
Mais elle continue. Elle passe l'intégralité de la surface de mon corps au couteau.
Bientôt, la baignoire se remplit d'une eau chaude, rouge, et épaisse. Étonnamment, je m'y sens de plus en plus à l'étroit.

"Accroche-toi, c'est presque fini", m'annonce-t-elle avant de m'attraper par les cheveux pour plonger ma tête sous la surface de l'eau.
Je ne vois rien. Je ne peux pas respirer. Et je sens sa lame qui s'attaque à mon visage. Je vais mourir.

Mais tout à coup, elle ressort ma tête de l'eau et coupe le robinet.

Je ne ressens plus aucune douleur.

Elle me donne la main pour m'aider à sortir de la baignoire, puis elle saisit une serviette pour me sécher et me débarrasser des morceaux de peau et de chair collés sur ma peau.
Collés sur ma peau !? Je ne comprends plus rien...

Je m'essuie les yeux et, en croisant le regard de la jeune fille, je m'aperçois que je fais presque une tête de plus qu'elle.
Je réalise alors que je me sens extrêmement bien dans ma peau, aussi bien que quand je dors.

"Avoue que c'est encore mieux que ce que tu pensais", me dit-elle en m'invitant à me regarder dans le miroir mural.

Je découvre enfin mon corps et mon apparence en visuel.
Je n'en reviens pas.
Je suis enfin Moi.

Llore me sourit : "Alors, comment tu te trouves ?"

Je lui souris à mon tour : "Ma vie peut enfin commencer."

Elle sort des vêtements de son sac à dos : "Et pour bien commencer justement, je te suggère d'enfiler ça !"


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