La fourgonnette s'arrêta enfin. Il me semblait que le trajet avait duré une heure ou deux. Pas plus. Nous étions toujours privés de la vue. Je tendis l'oreille. Des portes qui claquent, un chien qui aboie, plusieurs voix qui se font entendre à proximité du véhicule...

Où avions-nous atterris ? J'étais partagé entre un sentiment d'angoisse et de curiosité. On nous fit sortir du véhicule, puis on nous retira enfin ces cagoules. Pas de problème pour s'acclimater à la lumière. L'aurore se levait à peine.

Une immense villa se présenta à mes yeux. Je regardai Sandra. Elle semblait aussi impressionnée que moi. La bâtisse était imposante. Je n'eus pas le temps de prêter attention aux détails. On me poussa dans le dos, m'encourageant à entrer dans cette demeure.

Cinq hommes nous escortaient. Tous était habillés en costume cravate. Tous avaient ce tatouage dans le cou. Ils semblaient aussi dans une excellente condition physique. Bref, c'était pas des rigolos. A moins de s'appeler Rambo, pas beaucoup de chances de fuir...


Ils nous fîmes pénétrer dans le salon. La pièce était immense. Une grande table en marbre trônait en son centre, des meubles qui devaient coûter une petite fortune remplissaient l'espace, et un grand feu crépitait dans la cheminée...en plein mois d'août. Le propriétaire des lieux avait un goût certain pour le luxe et les belles choses. Je n'en attendais pas moi. La mafia, c'était quand même quelque chose. On avait pas affaire avec le petit bandit du coin.

Nous traversâmes un étroit couloir, pour déboucher dans une nouvelle pièce. Cela ressemblait à une salle d'attente. Plusieurs chaises étaient disposées contre un des murs. On nous invita à nous y installer. Une imposante porte, dans un bois brillant, m'intrigua. Certainement le bureau du chef.

En face de nous, il y avait une petite table en bois, où deux hommes, eux aussi en smoking, jouaient aux cartes, leurs cigarettes à la main. Ils nous regardèrent brièvement, puis retournèrent à leur jeu. Visiblement, ils avaient l'habitude de recevoir de la visite.

Nous avions toujours les mains attachées dans le dos. Je jetai un regard confiant à Sandra. Elle me fit un petit signe de la tête avec une grimace. Elle était moins sereine que tout à l'heure. Je lui signifiais de me laisser parler. La porte s'ouvrit soudain très lentement. Un colosse en sortit. Chauve, boucle d'oreille, regard de tueur. Il semblait à l'étroit dans son smoking. Son regard se posa sur nous, et d'un signe de tête, nous invita à entrer dans le bureau...