Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

L'achèvement d'une ère.


Par : Spyko
Genre : Action, Science-Fiction
Statut : Terminée



Chapitre 15 : Sur la corde raide.


Publié le 01/03/2012 à 21:02:50 par Spyko

« Délicat? J'veux bien te croire vieux, y a de l'agitation en bas. »
« Et pas qu'en bas... »
« Je vois de quoi tu veux parler. Parce qu'à moins que l'immeuble où t'es vienne de muter et de se faire pousser un bras, on dirait que ton titan veut pas te lâcher. »
« En fait, je parlais de vous... »
« Ah, c'est donc ça tout ce boucan? Merci de l'info. On se retrouve dès que possible... »

Je m'éloignai de la fenêtre, afin de trouver un moyen de quitter le bâtiment. Le seul que je connaissais était la porte par laquelle j'étais entré, mais il devait bien y en avoir une autre...
Je fis demi-tour et sortit de la pièce où je me trouvai, afin de regagner l'escalier. Hélas, les coups répétés du monstrueux colosse avaient endommagés les murs, qui s'étaient affaissés en travers de celui-ci, m'interdisant de redescendre. Il ne me restait donc plus qu'une solution, et pas la plus enviable.
Ainsi, je gravis les escaliers prudemment, conscient que la créature continuait à secouer l'immeuble comme un prunier, et faisant monter lentement en moi une peur de voir son bras fendre les murs à proximité. Un nouveau choc ébranla le bâtiment, et j'entendis des marches céder au-dessus de moi. De larges fissures courraient désormais sur celles que je grimpai, réduisant considérablement la stabilité de l'endroit. Plusieurs morceaux s'écroulèrent sous mes pieds, alors que j'atteignais le cinquième étage, et, vraisemblablement, celui où le petit éboulement avait eu lieu. Je m'arrêtai à mi-chemin pour considérer les alentours, et tenter de déterminer par où je passerais.
Quelques marches derrière moi, une fenêtre donnait sur la rue, et peut-être sur un escalier de secours. Ceux-ci étaient surement le dernier moyen de quitter l'immeuble, les portes du rez-de-chaussé étant inaccessibles.
Le mur en haut des marches explosa en blocs et en poussière, ouvert par une main griffue. Je fus projeté sur le palier intermédiaire par cette brusque poussée. Le bras fendit le béton comme du beurre, puis se retira. Par l'ouverture, je vis le trou béant laissé par son intervention. Ce même trou fut bientôt bouché par une gueule surmontée de deux lueurs rouges. Le colosse ouvrit les mâchoires, qui se frayèrent un chemin dans la façade par la même occasion. La monstrueuse gueule se rapprocha alors dangereusement, et je sentis que le bâtiment tout entier tanguai sous la brusque poussée qu'il avait reçu lorsque le nécromorph se jeta dessus.
Les dents aiguisées restèrent bloquées en haut des marches, et se retirèrent. Avant de revenir à nouveau, avec une avance de trois bons mètres, autrement dit, plus très loin de ma petite personne. Je délaissai les escaliers pour m'acharner sur la vitre, qui s'ouvrit tellement brusquement que je manquai d'aller faire une tâche sur le trottoir en contre-bas. Je me penchai autant que possible, afin de voir où je pourrai aller. Mon objectif, les escaliers de secours, étaient placés à deux fenêtres sur ma droite, hors de portée.
Tout le pan de mur qui se trouvait au-dessus de moi se détacha et tomba sous mes yeux.

« Alex, qu'est-ce que tu fout! »

Je distinguai presque les silhouettes affolées de mes deux camarades dans l'immeuble où ils se trouvaient lorsque je levai la tête pour voir que le mur n'avait pas simplement décidé d'aller explorer la rue, mais qu'il avait été heurté de plein fouet par le titan, dont les mâchoires claquaient vainement au-dessus de ma tête. Ces deux mandibules se baissèrent un peu, me plaquant contre le sol, puis se retirèrent, gênées par les escaliers.
Comme il était sûr qu'elles étaient parties pour revenir de manière encore plus brutale, et cette fois, sans obstacle entre elles et le morceau de viande sur patte que j'étais, j'enjambais ce qui restait de la fenêtre, tout en restant bien accroché au mur. A peine fus-je suspendu de cette manière que mon regard plongea vers le sol, plusieurs étages en-dessous. Je relevai la tête brusquement, puis la dirigeait vers la fenêtre à ma droite, située à quatre interminables mètres. Un rebord longeait le bâtiment à chaque étages, ouvrant une voie vers cette destination, mais il semblait si incroyablement étroit que la simple pensée de le longer paraissait stupide.
Néanmoins, je n'avais pas réellement le choix. Toujours plaqué contre le mur instable, je fis glisser prudemment mes pieds dans la direction voulue. J'attrapai d'une main tremblante une gouttière qui se trouvait à mi-chemin, et me hissai presque contre elle. Après quoi, d'un pas incertain, j'entrepris de la contourner.
Mon charmant ennemi choisis le moment où j'avais réussit à passer cet obstacle pour frapper à nouveau. Le bâtiment s'inclina légèrement, mais le danger ne venait pas de là. Le choc me projeta en avant, et, si ma main n'était pas resté étroitement serrée sur le tube, j'étais bon pour un baptême de l'air. Je m'écrasai donc contre la façade, une main toujours ancrée à ce soutien provisoire. J'eus le souffle coupé en heurtant le mur, et mes doigts glissèrent légèrement, avant que je ne parvienne à retrouver une prise.
Je saisis la gouttière avec ma deuxième main, et mis toutes mes forces pour me hisser à nouveau sur l'étroit rebord. L'extrémité de la gueule du titan dépassait d'un mètre de l'intérieur de l'immeuble, et je fis glisser mes pieds un peu plus vite, jusqu'à atteindre la fenêtre visée. Toujours vacillant sur mes jambes tremblantes, je levai le genou droit, avant d'abattre mon talon sur la vitre. Je la sentis craquer, mais cet unique coup faillit me déséquilibrer, tant je tremblais sur mon autre jambe.
La monstrueuse bouche disparut à nouveau de l'endroit d'où j'étais parti, et une bouffée d'angoisse monta en moi, s'insinuant dans tout mon corps comme un serpent glacial. Je n'avais aucun soutien, cette fois. Tentant de lutter contre la panique, je donnais un nouveau coup, suivi d'un second. La vitre finit par se briser en son centre, et je sentis des morceaux de verres m'entailler le mollet quand je retirai ma jambe du trou créé. En me baissant autant que je l'osai, je parvins à glisser mon bras, afin de saisir la poignée, au prix de nouvelles coupures. Lorsque la fenêtre s'ouvrit, je m'engouffrai dedans précipitamment, et je me jetai à terre.

« Putain Alex, nous refait jamais un coup pareil s'exclama la voix grésillante de Max. Encore un peu et je te faisais une crise cardiaque. »
« Je te rassure, je suis pas pressé de recommencer, répondis-je, respirant bruyemment. »
« Tant mieux. On est en train de bouger, m'informa t-il, l'autre saloperie continue de cogner sur le bâtiment voisin »
« Vous allez loin? »
« Non, on est en train de redescendre, vaut mieux être proche d'une sortie si ça décide de s'écrouler. »
« Je vais essayer de faire vite, mais je crois que j'ai pas été très discret. Les brutes se sont arrêtées. »
« Ah bon? fit-il mine de s'étonner d'un ton sarcastique, perceptible même malgré la faible qualité de la liaison. Mince, pourtant t'étais pas du tout voyant à gesticuler dans le vide, je comprend pas comment elles t'ont vues. »
« C'est le grand mystère de la journée. Je peux rejoindre l'autre fenêtre de là où je suis, et ensuite, plus qu'à sauter sur les escaliers. »
« Ok, essaie de pas te rater, ce serait con que tu crèves parce que tu t'es mangé la rambarde au lieu d'atterrir normalement »
« C'est gentil de t'inquiéter pour moi. »

La seconde fenêtre qui me séparait des escaliers lorsque j'étais encore à mon point de départ était sous mon nez. La salle était suffisamment vaste pour les contenir toutes les deux, et ainsi m'épargner une nouvelle séquence d'acrobate. Entretemps, le colosse avait frappé une seconde fois, et tout l'immeuble s'était penché de manière impressionnante. Un monstrueux bruit d'éboulement me parvins, très proche, et je devinai que tout une partie de l'édifice avait cédé. J'ouvris la vitre, et me hissai à nouveau sur le rebord.
Les escaliers étaient situés à moins de deux mètres, mais il me faudrait malgré tout réussir à viser convenablement si, comme l'avait aimablement fait remarquer Max, je ne voulais pas me prendre l'une des rambardes. L'assemblage s'était légèrement détaché du mur, et deux d'entre eux avaient fait une chute sur le trottoir, mais la descente resterait simple. Je posai une main sur le mur, plaçai mes pieds en équilibre sur le rebord, et poussai autant que possible dessus.
Je décollai sur le champ, et repliai les jambes. Elles effleurèrent l'acier de la barrière, mais ne touchèrent rien, et je m'écrasai lourdement de l'autre côté. Le titan frappa une nouvelle fois, et pas faiblement. Tout son corps traversa le bâtiment, qui grinça sous son poids, tandis que la route était arrosée de morceaux de béton et d'acier. Les brutes se dispersèrent sous cette pluie mortelle, et l'endroit où je me trouvai glissa à la verticale sur plusieurs décimètres.
Je me remis sur mes pieds afin d'entamer la descente, sentant que les escaliers s'affaissaient lentement mais surement. En face, le deuxième colosse cessa un instant son activité pour contempler son collègue, qui tournait la tête en tout sens pour me trouver. Ce dernier s'attarda un instant sur les débris qui jonchaient la rue, puis se redressa, disparaissant de mon champ de vision.
Le deuxième colosse ressortit à nouveau la tête de l'intérieur de l'immeuble où se trouvaient mes coéquipiers, et regarda les alentours. Il poussa un grognement sonore, puis fit demi-tour, utilisant le tunnel creusé par son grand camarade pour quitter les lieux

« Wow, Alex, t'as vu ça? »
« Ouais j'ai vu, ces trucs sont vraiment... »
« Non, je te parlais du dragon... »
« Eh ben, qu'est-ce qu'il a le drag... »

Je m'arrêtai net, les yeux fixés sur la colline où s'était trouvé le canon. Et il n'y avait que ça, une colline. Rien n'était perché dessus, scrutant la ville de ses yeux rougeâtres. L'endroit me paru étrangement vide, les brutes et les titans ayant désertés la zone. La rue était seulement illuminée par la lumière intense du soleil.
Puis, petit à petit, une ombre affreusement familière recouvra toute la route.


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