Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

L'achèvement d'une ère.


Par : Spyko
Genre : Action, Science-Fiction
Statut : Terminée



Chapitre 11 : Derniers


Publié le 28/02/2012 à 19:21:19 par Spyko

« Bon sang... »

Et ce fut tout. Il n'y avait rien de plus à dire de toute manière. Ces hommes et femmes étaient morts, et ce qu'ils étaient avait disparu avec eux. Il y avait ici plus d'une centaine de cadavres, certains en combinaison de combat, d'autres en tenues civiles. Une centaine, mais uniquement dans l'intersection des souterrains. D'autres corps parsemaient le couloir qui se dirigeait vers l'extérieur de la ville, et j'étais persuadé qu'en me retournant pour regarder les quatre autre couloirs, si on exceptait celui d'où l'on venait, ils seraient remplis d'ombres affalées sur le sol.
Un véritable carnage.
Il n'y avait que peu d'espoir pour trouver d'autres rescapés, et, si quelques uns d'entre eux avaient échappés au massacre, il ne fallait pas compter sur eux pour revenir ici. Néanmoins, je m'inquiétais davantage pour nous, désormais. Ces centaines de personnes n'avaient pas été tuées par un seul nécromorph en manque d'affection qui les avait suivis.
Benjamin s'était agenouillé à côté du cadavre du maire, presque méconnaissable à cause du fait que la partie supérieure de son crâne avait été brisée et arrachée. Des restes de cervelles gisaient sur le sol.

« C'est bizarre, j'avais jamais vu ce genre de blessures avant. D'habitude, c'est tranché, écrasé, transpercé, mais là... On dirait que le nécromorph lui a broyé le crâne, vous savez, comme les pieuvres... »
« Attends, t'es en train de nous dire qu'on a une autre variété de bestioles qui se ballade dans le coin? s'inquiéta Max. »
« Ouais. Peut-être pas beaucoup, la majeure partie des autres a été tuées selon des manières un peu plus... classiques. Mais surement quelques uns. »

Je le rejoignis pour regarder la blessure moi aussi, et il m'indiqua des marques de tentacules sur le cou et les autres membres. Puis il dirigea son regard vers le plafond, sur lequel des traces bien nettes étaient visibles.

« Ce truc l'a... soulevé, puis lui a bouffé le crâne... C'est quoi encore que ces conneries... »
« Je sais pas..., répondis-je en haussant les épaules, en partie piour cacher un frisson qui m'était monté le long du dos. Bon écoutes, on ferait mieux de pas trainer dans le coin. Ils sont peut-être pas très loin... »
« T'as raison. Mais n'empêche que j'aime pas ça. »

Nous nous redressâmes, et cherchâmes les autres du regard, qui s'étaient éparpillés dans le couloir, passant d'un cadavre à l'autre. Si certains étaient impossibles à identifier, d'autres ne l'étaient pas, et cela ne m'aurait pas étonné de reconnaître un visage familier, chose qui aurait probablement anéanti une partie de moi. Et c'est pourquoi je décidai de ne pas m'attarder sur les corps, préférant ne pas laisser de nom sur leurs visages.
Notre chef de groupe les rappela, et nous nous mîmes en route, prenant garde à ne pas trébucher sur quelqu'un. Au milieu de ce carnage, quelques nécromorphs sans vies gisaient de temps à autres, mais en nombre infiniment moins élevé que les civils et soldats. Il y eut un vide dans le couloir, uniquement parsemé de trainées de sang, puis un tas de cadavres portant les numéros 24 apparurent contre un mur. Trois de la race de nécromorphs qui n'avaient pas de jambes, mais une double queue tranchante gisaient devant eux, l'une d'entre elle morte alors qu'elle avait planté ses canines impressionnantes dans la poitrine de l'un des hommes.
Petit à petit, les victimes de l'attaque disparurent, tâches sanglantes et empreintes de pas comprises. Une grille d'aération encore accrochée par l'un de ses côtés pendait au plafond. Nous parcourûmes encore une bonne centaine de mètres avant de croiser un unique cadavre, qui portait encore un 3 maculé de sang. L'état de son crâne n'avait absolument rien à envier à celui du maire.
Brutalement, une dizaine de lumières sautèrent, laissant une portion d'une trentaine de mètres dans le noir, nous compris.

« Ah non, ils vont pas remettre ça! »
« La ferme... Écoutes ça... »

Nous tendîmes l'oreille pour déceler ce dont Matt parlait, et un imperceptible grattement nous parvint. Il devint de plus en plus fort, mais encore lointain. Petit à petit, il augmenta d'intensité, et, pire encore, en nombre. Je risquai un regard derrière, mais il n'y avait rien dans la portion allumée. Quand à la notre, il était difficile de repérer quoi que ce soit. Le bruit se rapprochait de plus en plus, et je me mis à scruter le plafond.
Au moment où il ne devait être qu'à une dizaine de mètres, plusieurs rugissements assourdissants retentirent, inondant le tunnel de leur écho. Il continuèrent pendant plusieurs secondes, puis s'arrêtèrent. Quand aux grattements, ils avaient cessés. Quelque chose tomba sur mes épaules, glissa sur mes bras, et commença à m'enlacer le cou.
Je ne parvins à pousser qu'un grognement étouffé par la peur lorsque je me rendis compte de la viscosité de ce qui m'avait atterrit dessus. Mes coéquipiers se tournèrent vers moi, mais ne réagirent pas, si ce n'est que l'un d'entre eux poussa un hurlement étranglé. J'entendis de brusques bruits de pas, puis celui qui tentait de courir s'écroula sur le sol.
Les tentacules qui m'avaient enveloppés se resserrèrent brutalement, et je sentis leurs pressions sur ma poitrine, sur mes bras, et, encore pire, sur ma gorge. Ils me soulevèrent du sol, et j'avais la nette impression que je serais mort étouffé avant que la créature qui m'avait attrapé ne m'achève. Puis les lumières revinrent tout aussi brusquement qu'elles étaient parties. Ce que je vis dans l'éclat lumineux m'arracha un cri silencieux, que je n'arrivais pas à articuler.
Une dizaine d'appendices me soulevaient vers une sorte de bec osseux qui s'ouvrait et se fermait dans un claquement, et je compris que c'était ça qui avait tué le maire et l'homme du Troisième. Je me mis à bouger frénétiquement les jambes, tentant vainement de stopper mon ascension vers la bouche monstrueuse. Je hoquetais à plusieurs reprises, et des larmes de désespoir brouillèrent ma vision.
Puis tout lâcha. Il y eut des détonations, des claquements, et le monde s'inversa, alors que je m'écrasai contre le sol. Je me débarrassai fébrilement des tentacules encore attachés à moi, et, encore tremblant, jetai un regard circulaire autour de moi. Max, qui avait apparemment réussit à ne pas se faire attraper, vidait son chargeur sur un autre amas de tentacules qui soulevaient Carmen, la plus proche de lui après moi. Les créatures nous avaient prises par surprise, profitant des hurlements pour traverser les derniers mètres discrètement et se placer au-dessus de nous. Après quoi, elles avaient enlacées chacun d'entre nous, exception faite de Max, qui avait eu soit plus de jugeote, soit plus de chance. Lorsque Carmen s'écroula sur l'acier en prenant une inspiration bruyante et que notre coéquipier changea de cible, je pris mon fusil afin de l'imiter.
Des quatre encore emprisonnés, seuls trois remuaient encore de manière brutale pour tenter de se dégager. Le dernier dépassait à peine de la masse d'appendices, inerte. Je décidai donc de le libérer en priorité, espérant qu'il s'était juste évanoui à cause de la strangulation. En trente secondes, tous furent tirés d'affaires, et les sept créatures, dont une seule était encore entière, se laissèrent tomber sur le sol.
Elles s'approchèrent de Matt -celui qui était inconscient- en faisant cliqueter des sortes de mandibules, formées par le crâne de leur hôte qui s'ouvrait et se fermait, à l'instar de la sorte de bec qu'elles avaient au milieu du dos. Nous commençâmes à tirer sur les nécromorphs, tentant de trancher leurs pattes. Elles se déplaçaient comme des araignées, utilisant quatre côtes qui sortaient de leur cage thoracique comme quatre pattes de plus.
Mais elles commencèrent à reculer, comme conscientes que leur seule utilité était l'attaque par surprise. Lorsqu'elles furent loin, je me laissai tomber allongé, la respiration saccadée. Ben se précipita en titubant vers Matt, qui était toujours étendu, les bras en croix.

« Bon... Il a l'air de... D'aller... »

Il avait toute les peines du monde à parler. Je me redressai doucement en position assise, fixant un point au-delà de mes coéquipiers.

« Aie... Par contre il a une... une coupure sur le dessus du crâne. Ça devait être... vraiment juste. »
« Au moins il va bien, fit Carmen après avoir pris une nouvelle inspiration. En tout cas, merci Max, j'ai bien cru que c'était terminé cette fois. »
« C'est rien, j'ai eu de la chance, j'ai sentis qu'Alex s'était fait choper par un truc, alors j'ai reculé au cas où... »
« Bon, il a pas l'air de se réveiller, et il a des belles marques sur la gorge, c'est vraiment passé près. Va falloir le trainer sur toute la distance qu'il reste. »
« Je m'en occupe, proposa Mike. »
« Comme tu veux. Courage, on y est presque. Alex, ça va? »
« Hum...? Euh, ouais, ça va. Juste un peu secoué... »

Je m'ébrouai mentalement afin de me reprendre, et entrepris de me lever. Mike se pencha pour attraper l'un des bras de Matt, le hissa et commença à le trainer maladroitement, les jambes de son fardeau glissant sur le sol.

« Ouais, en fait, je vais avoir du mal. Tu peux venir m'aider? »

Je m'avançai vers lui, puis passai le deuxième bras de notre camarade derrière mon cou. A nous deux, nous parvînmes à atteindre un rythme un peu plus élevé. En croisant Ben, je vis qu'il fixait d'une manière horrifiée l'extrémité du couloir, derrière nous. Je risquai un regard en arrière, juste assez longtemps pour voir un masse grouillante tout au fond, presque à la limite de notre champ de vision.
Mike, Matt et moi en tête de file, nous reprîmes notre marche, laissant les quatre autres avancer à reculons, leurs fusils braqués sur les ombres. Je ne savais pas quelle distance il nous restait à parcourir, mais c'était surement aux alentours des trois ou quatre cents mètres. Car il me semblait voir que le tunnel faisait un coude.
A peine quelques minutes après, les premiers tirs déchirèrent le silence. Plusieurs créatures poussèrent des grognements ou des cris de douleurs, mais le martèlement de leurs pas se firent plus distinct. Ben, qui avait toujours le fusil armé du lance-grenade que Matt lui avait donné lors de l'épisode de la tour folle, en envoya deux, qui firent trembler le sol sous nos pieds. Les détonations furent ponctuées de hurlements assourdissant, ce qui laissait imaginer un résultat appréciable.
Nous franchîmes le virage, et le chemin commença à monter en pente. Une porte se dessinait tout au bout, et jamais je ne fus aussi certain que nous allions enfin être tranquilles pendant un instant.
La vague de nécromorphs se rapprochait de plus en plus, malgré les efforts des quatre tireurs pour la ralentir. Durant notre avancée, je retirai plusieurs grenades de ma ceinture, enclenchait le petit bouton, et les jetai au-dessus de moi. Elles se collèrent au plafond, où elles entamèrent un série de petits «bip».
Puis elles explosèrent avec une force surprenante pour des objets de cette taille, et une partie du plafond s'écroula en travers du chemin, formant une barricade extrêmement légère. Deux minutes plus tard, la porte n'était plus qu'à quelques mètres.
Et les nécromorphs aussi. Je composai un code fourni à chaque nouvel arrivant en cas de fuite seul, et la lourde porte coulissa sur le côté. Nous nous y précipitâmes, nous étalant sur la terre sèche de l'extérieur, et les autres nous suivirent. Benjamin pivota pour composer le code de verrouillage, afin de refermer la porte.
Il composa le dernier chiffre. Mais il ne parvint jamais à la verrouiller.
Un nécromorph surgit de l'obscurité pour lui saisir la jambe, et il s'écroula sur le sol, avant d'être trainé dans le tunnel sombre. Max se précipita vers lui pour tenter de lui attraper une main, mais, avant qu'il ne l'atteigne, une autre créature se jeta sur lui, en le projetant à l'extérieur, l'empêchant d'atteindre notre chef. Une lame brilla dans la pénombre, et celui-ci poussa un dernier gémissement.
Max repoussa vaillamment son opposant, et fonça sur la commande de la porte, qui se referma, brisant net le bras d'un nécromorph qui avait forcé le passage. L'autre créature fut rapidement mise hors de combat. Je fixai d'un air ahuri la porte qui venait se refermer sur l'un de nos amis. Quant à sa copine, elle était debout, le regard vide, face à cet objet métallique, qui n'était désormais plus le seul obstacle entre eux deux.

« Ben... murmura t-elle d'une voix tremblante. »

Carmen, l'une des femmes les plus résistantes que j'avais jamais vu, tomba à genoux, et se mit à pleurer.


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