Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

Dead Space: L'artefact d'origine


Par : Spyko
Genre : Action, Science-Fiction
Statut : C'est compliqué



Chapitre 16


Publié le 10/02/2012 à 20:18:26 par Spyko

« Matt, couche-toi! »

Répondant à cet ordre sans discuter, je me jetai à plat ventre sur la muraille, esquivant de justesse la queue épineuse que le ver avait projeté dans notre direction. La sphère piquante heurta nos tourelles de plein fouet, les décrochant de l'acier et les envoyant de l'autre côté du mur. Le ver s'enfonça à nouveau dans le sol, faisant trembler la terre. En bas, la situation n'était guère mieux.
Dans le crépuscule qui recouvrait peu à peu la base, des centaines de nécromorphs divers et variés surgissaient des bâtiments et s'élançaient vers la brèche, vidant tout le complexe de ces saletés. Ils ne faisaient même pas attention aux deux humains qui les observaient d'un air hébété à côté des restes de deux tourelles laser, et qui avaient pourtant fait un carnage quelques instants plus tôt. La gigantesque horde franchit complètement le portail et se dispersa à l'extérieur.
Nous restâmes là encore un moment, jusqu'à ce que la nuit nous recouvre entièrement.

« Bon... Je crois qu'on a plus le choix maintenant... Repose-toi, je prends le premier tour de garde. »
« On va pas rester là quand même? T'es dingue Matt! »
« Tu veux faire quoi? Toute manière on risque plus rien, la base doit être complètement vide maintenant... »
« Bon, ok... En cherchant un chemin tout à l'heure, j'ai fait un détour par la cafet', ça devrait nous permettre de tenir le coup. »

Il sortit de sa veste plusieurs barres chocolatées et une petite boite de sardines à l'huile. Pour l'eau, nous allions devoir faire sans. Puis il me tendit sa lampe, engouffra l'une des barres et s'allongea sur le flanc.
Je n'étais pas particulièrement fan de ces poissons en boite, mais, préférant garder les barres pour le lendemain matin, je commençai à ouvrir le récipient. L'odeur des sardines m'agressa les narines, mais j'en attrapai deux et les avalai. Je mis les deux autres de côté pour Dave lorsqu'il prendrait son tour, puis m'installai en tailleur près des marches, guettant le moindre bruit.
Plusieurs heures passèrent, s'écoulant lentement, sans que rien ne se produise. Vers 2 heures, lorsque je ne pus plus tenir les yeux ouverts après les aventures de la journée, je secouais doucement Dave pour le réveiller.

« Hmmmm? »
« Allez, c'est à ton tour maintenant. Je suis mort. »
« Ok, je te réveille quand? »
« Dès que le soleil se lève, faut pas trainer dans les parages trop longtemps. Je t'ai laissé deux sardines, si tu veux. »
« Merci. »

Cette nuit là, mes rêves furent peuplés de cadavres, de silhouettes implorantes et de créatures qui se mouvaient dans l'obscurité. Puis, une autre image s'imposa sur toutes les autres. Il me fallu un moment avant de la reconnaître. Ma fille.

« Eh. Matt, réveille-toi. »

J'ouvrai doucement les yeux, et je fus aveuglé par un lever de soleil resplendissant. La bouche encore un peu pâteuse, j'articulai un vague salut et me redressai en position assise.

« J'ai réfléchi pendant mon tour. Tu m'as dit que le scientifique avait parlé d'un QG dans lequel ce monolithe aurait été envoyé. J'ai un truc à te proposer: Il y a un aéroport militaire à une vingtaine de kilomètres, on pourrait aller chercher un hélicoptère puis... »
« Attends. »
« Hein? »
« Je... J'ai rêvé de ma fille cette nuit... Je... je veux m'assurer qu'elle va bien. Et la récupérer. Tu veux bien qu'on fasse un détour? »
« Hum... J'imagine que c'est pas vraiment une question hein? »
« T'as pas tort. C'est à une heure de marche d'ici. Du moins si on va vite et qu'on a pas d'ennuis... »
« Ok, eh bien c'est parti. J'ai déjà mangé, alors vas-y, et on y va acheva t-il, l'air relativement inquiet. »

J'engouffrai une barre et attrapai mon arme. Puis nous descendîmes les marches, jusqu'à atteindre le portillon. Dave tapa le code, puis nous sortîmes dans la cour, pataugeant dans les viscères et autres organes éparpillés, le tout recouvert d'un sang presque gélatineux. Quelques mètres plus loin, nous vîmes ce qui restait du portail. Les deux panneaux métalliques gisaient là, complètement enfonçés, gigantesques morceaux d'acier étalés sur la route, qui elle-même était creusée d'un profond sillon.
Puis, levant nos armes, nous nous mîmes en route.
Durant le trajet jusqu'à la petite ville, nous ne croisâmes pas âme qui vive. Le sillon avait disparu dans un immense tunnel, mais la terre sur les côtés de la route était encore marquée du piétinement des centaines de nécromorphs. Plus nous avancions, et plus je redoutais ce que j'allais découvrir. Enfin, les silhouettes des bâtiments se détachèrent au loin.
Arrivé à l'une des entrées, la première chose qui nous marqua était les maisons à moitié en ruine. Des portes pendaient mollement sur leurs gonds, les fenêtres étaient brisées et des cadavres parsemaient les rues. En une nuit, ces saloperies avaient dévasté la ville.
Dans les ruelles, des ombres remuaient et s'enfuyaient, disparaissant plus profondément.

« Fais gaffe où tu tires Matt. Je pense qu'il n'y a pas que des nécros ici. »
« T'inquiètes, je pense être capable de distinguer un survivant d'une de ces bestioles. »
« Pas si le survivant en question nous attaque en nous prenant pour autre chose... »

Un fin tentacule surgit brusquement d'un des maisons proches et agrippa la cheville de Dave. Il tomba par-terre et l'appendice entreprit de le trainer jusqu'à son habitacle. Je ne réfléchis pas un instant et m'élançai à sa suite, près à faire feu. Une fois pénétré dans le hall d'entrée, je vis un bras disparaître derrière la porte. A l'intérieur de la pièce, un nécromorph que je ne connaissais pas agitait David au-dessus de sa gigantesque gueule.
Il ressemblait globalement à ceux de base, à la différence d'une sorte de poche dans son dos d'où sortait le tentacule et de sa gueule disproportionnée qui s'ouvrait comme un abîme béant, suffisament grande pour engloutir un humain en quelques bouchées. Il était également nettement plus grand et large que ses collègues. Réfléchissant à toute vitesse tandis que Dave descendait lentement vers l'ouverture garnie de crocs, je pointais mon arme tour à tour sur la poche du tentacule et sur sa gueule. Je craignais d'offrir à mon ami une chute directe dans l'abysse sanglant qui s'offrait à lui en détruisant l'appendice. Abandonnant toute logique, je fonçai finalement sur la créature, mettant tout mon poids dans cette charge, et parvins à la jeter de côté, avant que Dave ne s'écrase sur une table, libéré de son entrave.
Le nécromorph tituba un peu, le dangereux tentacule s'agitant nerveusement au-dessus de lui, puis il me regarda avec une haine non dissimulée. L'extrémité de l'appendice s'ouvrit alors, et une fine lame s'en extirpa. Je devinais que cette modification n'était pas présente au début de sa transformation et que la mutation montrait une fois de plus ses capacités.
Il le projeta vers moi à la vitesse d'un fouet, et je ne pus éviter une sanglante entaille à l'épaule, malgré mes efforts pour esquiver le coup. Poussant un grognement de douleur, je reculai à l'autre bout de la pièce, arme pointée vers la chose. Elle s'apprêtait à frapper à nouveau lorsqu'un tir transperça la poche de part en part, sectionnant net le tentacule. Le nécromorph poussa un hurlement et se jeta toutes griffes dehors sur Dave, qui tenait encore son arme levée. Il tira tout son chargeur sur la chose, qui encaissa plus ou moins sans broncher, avant d'être plaqué au sol, son arme glissant plus loin.
Je me souvins alors de la présence de mon module Macro-PK. Attrapant l'extrémité tranchante du tentacule, je la projetait aussi vite que l'appareil le permettait vers la chose. La lame lui trancha un bras, que je m'empressai d'attraper à son tour pour le renvoyer vers son propriétaire. Son deuxième bras s'offrit un baptême de l'air et la créature s'affaissa mollement sur le côté, les moignons toujours levés pour porter un coup qu'elle ne donnerait jamais.
Je me précipitai vers Dave pour l'aider à se relever.

« Fiou, merci. Cette fois, j'ai bien cru que c'était fini. »
« Ouais... Je crois qu'on viens de découvrir un point faible.. »
« Ah? »
« Oui... Quand je lui ai tranché les bras... elle en est morte. »
« Tu veux dire... Si on arrive à leur couper les membres... »
« Je pense que oui. En tout cas, même si elle fait semblant, elle est inoffensive maintenant. Plus ou moins. »

Cette mésaventure passée, nous nous remîmes en route, avec dans l'esprit la merveilleuse nouvelle de la découverte d'un point faible. Cependant, cette joie disparut en une seconde lorsque nous arrivâmes devant ma maison. La porte d'entrée avait été arrachée, et le portail gisait au sol. Le bâtiment lui-même était largement plus endommagé que tous ceux que nous avions vu jusqu'à maintenant. Je chancelai sous le choc, et posai une main sur la cloture pour rester sur mes jambes.

« Pourquoi... Pourquoi ces choses se sont acharnées sur la mienne? Je... Je ne comprends pas. »
« Je suis désolé Matt. Je pense qu'il vaut mieux que je t'attendes à l'extérieur... »

Je pris mon courage à deux mains et traversai le jardin dévasté. C'était une chose de savoir que notre maison avait été attaquée, c'en était une autre de le voir. En atteignant la porte, je pus voir que l'intérieur n'avait pas non plus été épargné. Tous les meubles étaient brisés ou renversés, et lorsque je pressai l'interrupteur, seul un spot rescapé accroché à quelques maigres câbles éclaira faiblement la pièce, laissant les trois quarts de la salle dans l'obscurité.
Malgré le manque de lumière, une petite forme sombre était visible, dans le couloir, affalée contre le mur. Tandis que je traversai la pièce, des larmes m'emplirent les yeux et je les laissaient couler sans les retenir. A la lueur de ma lampe, que je dirigeai délibérément deux mètres sur le côté, pour ne pas voir son visage en face, je distinguai ses contours avec de plus en plus de netteté.
Arrivé en face d'elle, j'eus l'impression que quelque chose s'arrachait à moi, tombant à travers mon corps, m'abandonnant à jamais. Mes genoux se dérobèrent et je fixais ses yeux qui ne me voyaient pas. Inconsciemment, je passai la main sur le torse de la fillette, m'attendant à toucher une trace de lame ensanglantée. Je frissonnai en effleurant la blessure.
Cependant, quelque chose ne collait pas.
Et, peu à peu, la tristesse disparut, laissant place à autre chose.
Un frisson me parcourut tout le corps, remontant le long de mon dos comme un serpent. Ma main droite, toujours posée sur les contours de la blessure, se mit à trembler violemment.
Pas de peur, ou de froid.
Mais de rage.
La chair carbonisée n'était pas la preuve d'une attaque de nécromorph. C'était la preuve d'un tir de laser. A bout portant.


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