Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

On ne vit qu'une fois


Par : Pronche
Genre : Action, Fantastique
Statut : C'est compliqué



Chapitre 5


Publié le 21/02/2012 à 22:38:51 par Pronche

- J’en ai marre, ça fait trois jours qu’on marche. Trois jours que j’ai mal aux pieds et on a croisé personne, à croire que le coin est déserté. Et puis…j’ai faim, se plaignit Alex.

- Feuri sson, soupira le Feurisson à ses côtés.

- Comment ça je passe mon temps à manger ? C’est pas ma faute si j’ai l’estomac qui est vide en permanence. Vivement qu’on arrive au centre Pokémon, que je puisse enfin me reposer dans un lit pour détendre mon pauvre dos meurtri.

Trois jours, trois longues journées que le jeune homme passait son temps à se plaindre. Ses Pokémons étaient las du comportement puéril de leur ami et avaient même eu dans l’idée de l’abandonner même si ce dernier faisait son possible pour se rapprocher d’eux et installer une atmosphère de complicité et de confiance dans le groupe. Mais il y avait bien sûr un récalcitrant à tout ça : Heledelle. Ce dernier ne montrait que de l’animosité envers ses comparses et refusait de leur adresser la parole, même pendant les repas.

Alex lui avait demandé de faire office de moyen de transport rapide pour rejoindre le Mont Sélénite mais l’oiseau s’y était farouchement opposé et avait failli blesser son dresseur lorsque celui-ci voulait à tout prix monter sur son dos.

Après un intense moment de réflexion, l’adolescent s’était finalement rendu compte que forcer les choses ne menait à absolument rien sauf à envenimer la situation. Le soir même, à l’heure du diner, le garçon s’approcha d’Heledelle et le serra dans ses bras en s’excusant à plusieurs reprises de son comportement égoïste, sous les regards médusés des trois Pokémons.

Et depuis cet incident, il n’y avait plus rien à signaler…ou presque. Alex devenait de plus en plus anxieux, nerveux et son regard s’assombrissait à chaque pas qu’il faisait. Le ton de sa voix devenait morose.

Il savait ce qui l’attendait une fois qu’il serait arrivé là où ça s’était passé, dans cette maudite galerie.

À la mi-journée, le dresseur n’était pas beaucoup plus avancé. Il venait de se poser sous un arbre, caché du soleil qui rayonnait plutôt fort pour un jour de début mai. La température ambiante dépassait légèrement les vingt degrés et il était à peine midi. C’est pour dire à quel point la journée s’annonçait chaude.

Alex sortit de son sac une barquette de jus à l’orange et se mit à la siroter tout en regardant le paysage d’un air abstrait. Les nuages défilaient à la vitesse d’un escargot, leurs formes ressemblaient à tout et n’importe quoi. Parfois, on pouvait y distinguer un Pokémon et d’autres fois, ils étaient difformes.

- Ça m’énerve, depuis qu’on a quittés Argenta, j’ai l’impression de faire du sur-place. Pas vous ?

Tout en posant sa question, le jeune homme avait tourné sa tête vers ses compagnons qui hochèrent la tête, complètement d’accord avec les propos de leur ami. Ils restèrent silencieux, confortablement installés dans l’ombre de l’arbre et regardaient au loin, les yeux dans le vide et l’esprit perdu dans leurs pensées. Cette ambiance était très agréable, chacun appréciant la présence des autres qui subissaient aussi dans cette marche longue et exténuante.

Finalement, le meneur du petit groupe se releva et leur fit signe de le suivre, reprenant ainsi le trajet jusqu'à leur prochain objectif.
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Plus tard dans la journée, alors que le crépuscule faisait son apparition, Alex remarqua au loin un bâtiment assez grand et avec un toit de couleur rouge. Reconnaissant immédiatement le Centre Pokémon, l’adolescent accéléra le pas, suivi de près par ses compagnons.

- On est enfin arrivés, murmura-t-il avec les jambes en feu et sa tête qui lui faisait un mal de chien à cause du soleil et de la température extérieure.

- Je peux faire quelque chose pour vous ?, demanda l’infirmière, assise au comptoir.

- Oui, je souhaiterai une chambre. N’importe laquelle tant qu’il y a un matelas où je pourrais poser mon pauvre corps.

- Bien sûr, il me faut juste une pièce d’identité pour vous inscrire dans le registre et ça sera bon.

Alex sortit le Pokédex de la poche de son jean et le tendit à l’infirmière qui prit l’objet avant de pianoter sur son clavier. Au bout d’une dizaine de secondes, la jeune femme rendit l’encyclopédie à Alex et lui confia une clé.

- Tenez, voilà la clé, votre chambre est la N°7. Besoin d’autre chose ?

- Yep, je voudrais aussi savoir où se trouve la cafétéria.

- Elle est à votre gauche, un peu plus loin. Vous ne pouvez pas la manquer.

- Merci beaucoup, vous me sauvez la vie.

Le jeune homme s’éloigna du comptoir et gagna les escaliers situé à sa droite. Une fois à l’étage supérieur, Alex marcha jusqu'à la chambre où une plaque était disposée. Un numéro était inscrit sur cette plaque : N°7.

Le garçon entra la clé dans la serrure et poussa la porte qui s’ouvrit en grand. L’intérieur de la chambre était juste assez grand pour que deux personnes puissent y vivre et dormir. Il y avait même une salle de bain intégrée et des sanitaires. Le jeune dresseur jeta son sac sur une chaise, retira ses chaussures et referma la porte derrière lui.

- Restez ici et ne faites pas de bêtises, j’ai besoin de prendre une bonne douche et si vous avez faim alors fouillez dans mon sac.

Le garçon entra dans la petite salle de bain qui contenait aussi les toilettes et tourna la poignée d’eau chaude de la baignoire où l’eau s’y déversait pendant qu’il se déshabillait.
Une fois le niveau de l’eau situé à la convenance d’Alex, celui-ci se laissa glisser dedans et ferma les yeux, laissant le liquide relaxer ses muscles et son cerveau.

- J’avais oublié à quel point un bain pouvait faire autant de bien.

Il resta ainsi pendant plusieurs minutes, profitant de chaque seconde pour faire le vide dans sa tête. Mais c’était sans compter sur l’arrivée d’un corps inconnu dans l’eau, arrivée bruyante car suivie d’un *splash* caractéristique de l’entrée d’un corps dans l’eau à une vitesse dépassant le ralenti.

Le garçon rouvrit les yeux et se retrouva nez à nez avec une créature de couleur mi-bleu nuit sur la partie extérieure du corps (comprenant la moitié haute du visage et le dos) et mi-beige sur l’intérieur. Ses yeux ébène fixaient intensément ceux du dresseur, en attente de sa réaction. L’adolescent, ne sachant quoi dire ou faire, resta dans cette position avec la bouche légèrement entrouverte et l’air surpris qui se peignait sur son visage. Aucun des deux ne bougea pendant plusieurs secondes, attendant que l’autre réagisse.

Alex n’était pas dans son état habituel. À l’intérieur, son cœur commençait à s’emballer et il se sentait grandement gêné par la présence de Feurisson. Le jeune homme allait ordonner à son Pokémon de quitter immédiatement la pièce lorsque ce dernier s’approcha rapidement et colla le bas de son museau, là où se trouvait sa bouche, contre les lèvres du garçon.

Trop choqué par le geste, il resta paralysé pendant un court moment avant de revenir à la réalité mais il était trop tard et le Feurisson sortit en vitesse de la salle de bain.

- Que je ne te revoie plus dans cette pièce tant que j’y serais, compris ?, vociféra Alex en haussant le ton sous le regard hilare d’Evoli et Heledelle qui riaient aux éclats et avec des larmes dans les yeux.

- Et c’est pareil pour vous deux, le premier qui rentre à nouveau ici est privé de dessert !

Le garçon se redressa subitement et sortit de la baignoire, il était sûr et certains que ces trois-là voulaient juste s’amuser et lui faire un petite blague, peut-être en représailles de son attitude des derniers jours. Sauf que la blague était de très mauvais goût pour lui.

Une fois sorti de la salle de bain, trois paires d’yeux le fixèrent, craignant le pire. Alex souffla et son visage se détendit légèrement. Il reprit sur un ton plus calme :

- Que vous vouliez déconner, je veux bien mais pas avec ce genre de choses. C’est trop…trop personnel pour jouer avec donc maintenant, on va manger et on oublie cette histoire.

Ils descendirent ensemble les escaliers et se dirigèrent vers la cafétéria lorsque l’infirmière interpella le dresseur.

- Excusez-moi mais lorsque je vous ai vu entrer, j’ai eu l’impression d’avoir déjà vu votre tête quelque part, je me trompe ?

- Non, je venais tout le temps ici avec mes parents la veille d’une excursion dans une galerie du Mont Sélénite.

La jeune femme pencha la tête en avant et se mit à réfléchir intensément, plusieurs secondes plus tard, des étoiles pétillèrent dans ses yeux. Preuve que sa mémoire lui était revenue.

- Je m’en souviens, tu es bien le petit Alex qui passait son temps à manger ?

Visiblement gêné par le souvenir, l’adolescent plaça instinctivement sa main gauche derrière sa tête, au niveau de sa nuque et se mit à gratter à cet endroit.

- Oui, c’est bel et bien moi, j’ai pas mal changé depuis cette époque. Mais tout ça, c’était bien avant l’accident.

La femme hocha la tête en signe de compréhension et continua la discussion.

- Je suppose que ça n’a pas été évident ?

- Disons que… même après douze ans, c’est toujours aussi dur de se lever chaque matin en sachant qu’on est seul et qu’il n’y a aucun proche pour vous réconforter ou vous dire que
demain sera un jour meilleur.

- Je pense comprendre et je compatis à ta peine. Je te souhaite bien du courage pour la suite.

- Merci.

Le garçon mit fin à la conversation et une fois dans la cafétéria, il prit un plateau et posa quelques plats de nourriture dedans avant de s‘installer à une table et de répartir la pitance en quatre parts égales.

Ses compagnons attendirent juste qu’il ait fini de poser les assiettes remplis de nourriture sur la table pour se jeter dessus et manger avec voracité. Alex allait plonger sa fourchette dans sa viande lorsqu’il s’arrêta subitement, regardant le morceau d’un air las et dégoûté.

- Chier, souffla-t-il, entre ses dents.

L’adolescent déposa ses ustensiles et poussa son assiette vers Evoli qui le regarda d’un air curieux et n’eut qu’un soupir comme réponse. Son dresseur détourna son regard vers dehors et remarqua qu’il faisait déjà nuit noir. Ses yeux étaient vides comme si son esprit se déconnectait de la réalité pour vagabonder sans but ou réfléchir à une question existentielle.

Le fait qu’Alex ne touche pas à sa viande inquiétait son Pokémon au plus haut point. Lui qui d’habitude était le premier à se servir et dévorer tout ce qu’il trouvait comestible, venait carrément de refuser de s’alimenter et ce, pour une raison qui lui était inconnue.

- Li Voli ?, demanda le renard en fixant le visage sans expression de son dresseur.

Instinctivement, Alex détourna son regard vers son compagnon et le fixa avec un petit sourire triste.

- Je vais bien, c’est juste que…je me demande parfois comment j’ai fait pour tenir sans eux. Je n’ai pas beaucoup de souvenir les concernant et les seuls sont plutôt flous.

Evoli hocha la tête, comprenant parfaitement ce que ressentait son ami.

- Je voulais aller me recueillir sur leur tombe mais le Professeur Chen m’en a empêché, il craignait que ça me détruise définitivement et même si je n’y suis pas allé, j’en ai énormément souffert par la suite. Et maintenant, voilà où j’en suis rendu.

L’adolescent marqua une courte pause, regardant d’un air distrait ce qui l’entourait avant de reprendre la conversation.

- Ce que je veux dire…c’est que…je n’ai jamais voulu en arriver là, au jour d’aujourd’hui et je n’ai aussi rien fait pour lutter contre ça. Voyager, combattre, dormir et manger dehors, c’est pas mon truc. Je ne voulais pas devenir dresseur, je ne l’ai jamais souhaité…d’ailleurs je ne savais pas ce que je voulais faire de moi. Mais bon, la vie est faite d’incertitudes et de changements, qu’on le veuille ou non. Il ne me reste plus qu’a accepter ma situation actuelle, je m’y ferais tôt ou tard, c’est certain.

Ils finirent rapidement leurs repas et remontèrent dans leur chambre. Alex se jeta sur le lit et s’installa confortablement dans les couvertures en retirant ses Pokéballs et les déposants sur la table de nuit.

Le garçon ferma rapidement les yeux et sentit plusieurs corps s’installer à leur aise sur le lit. Il les rouvrit et remarqua qu’Evoli se tenait dans le creux de son estomac, Feurisson à moitié dans les couvertures et Heledelle qui les recouvrait tous en déployant une de ses grandes ailes.

Alex posa à peine sa tête sur l’oreiller qu’il s’endormit aussitôt, complètement exténué.


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