"-Alors ça y est, tu rentres au lycée! Comment tu te sens?
-Bof.
-Rrroh, fais pas cette tête! C'est un nouveau départ pour toi! Tu verras, je suis sûre que tu te feras de noooooooombreux amis! Et tu aura une copine! T'as interêt à en avoir une, hein? Naaan, je plaisante, je vais pas te bousculer! Cependant, ne relâche pas tes efforts. Travaille bien! Et aussi, je...
-Il faut vraiment que j'parte.
-Bien bien bien! Je ne vais pas te retenir plus longtemps! Passe une bonne journée!
-Ouais ouais."

Qu'est-ce qu'elle me gave, celle-là. Cette rentrée, j'la vois venir gros comme un camion: j'entre au bahut, je fonce tête baissée dans ma salle de classe, prends la paperasse et je me taille.
Des amis? Même pas en rêve. Une copine? Encore moins.
Je veux juste qu'on me laisse tranquille. On l'a toujours plus ou moins fait jusque-là, j'veux pas que ça change.
Mais je sais pas, j'ai l'impression que cette année on va pas me lâcher.
Et allez, à cause de ma mère et de son monologue, j'ai raté le bus. Il va falloir attendre un quart d'heure, encore un coup à arriver en retard. Le premier jour, ça l'a fout mal. Mais honnêtement, je m'en tape.
Comme tout établissement catholique qui se respecte, on commence surement par une messe dont je me passerai bien. En tout cas, c'était comme ça dans mon collège. Collège de merde. On arrêtait pas de me fliquer parce que je ne m'intégrais pas. Ils pouvaient faire comme tout le monde et se concentrer uniquement sur mes notes?
Ça doit être propre aux établissements privés. Si cette année c'est la même besogne, je file au public.

Une demi-heure de retard au final. Ça peut aller, j'ai juste loupé la messe. Bonne déduction. Personne n'a remarqué mon absence jusque là, c'est parfait, ça m'évitera des problèmes avec le corps enseignant.
Arrivée en classe, pas de problèmes, personne n'a voulu communiquer avec moi, excellent. Mon année commence bien.
Mais j'ai crié victoire trop vite. Le prof principal nous fait le coup habituel des présentations. Sauf que là, on répond pas à des questions bateaux sur un bout de papier: il nous impose carrement la présentation orale. Ça me gave d'avance. Heureusement, je suis dernier de la liste alphabétique, du coup ma présentation peut attendre. Avec un peu de chance, on aura peut-être pas le temps de me faire passer... Nan, je rêve trop.
La vie de mes camarades ne m'interressant pas des masses, j'écoute du Phoenix, c'est moins agressant pour mes oreilles. J'imagine que leurs vies sont toutes pareilles, les filles scotchées à Facebook et leurs portables et les mecs fans de foot/rugby... Et de filles, évidemment.
Y a qu'une fille bizarre aux cheveux rouges qui doit surement être une otaku qui m'a un peu interpelé. Ça doit être à cause de la couleur de cheveux.
C'est mon tour, heureusement que le son n'était pas au max, j'aurais rien entendu sinon.
"-Andy, c'est ça? Tu peux commencer.
-Andy Tessier, 16 ans, collège Champ-Fleuri avant. J'aime la musique, Final Fantasy ET QU'ON ME FOUTE LA PAIX."
Je viens de jeter un grand froid là. Tant mieux.
"-J'ai choisi ce lycée parce que le niveau est assez élevé... Voilà."
Là, les remarques des autres vont surement fuser, on va probablement me poser des tas de questions...

La journée se termine enfin. Je repars comme prévu avec plusieurs tonnes de papiers, mais je n'ai adressé la parole à personne, et vice-versa. Tout va bien.
"-J'ai bien aimé ta présentation... Andy."
Bordel, mais qui me parle? Mais c'est...

L'otaku aux cheveux flamboyants.

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... On m'appelle sur mon portable...
"-Ouais?...
-Quel excuse allez-vous trouver aujourd'hui pour justifier votre retard?
-Ohh... Veuillez m'excuser, j'ai passé la nuit dehors...
-Peu importe! Si vous n'arrivez pas tout de suite effectuer votre tournée, vous n'aurez pas besoin de revenir demain!"

J'ai dormi dans un abribus. J'ai bien fait, apparement l'averse a reprit durant la nuit. Et comme d'habitude, j'ai rêvé d'Adelle.
Je vois Paul arriver. Pour une fois, il tombe à pic.
Il n'est pas ponctuel, mais au moins il est sympa.
"-Tiens, Andy! Qu'est-ce que tu fous, tu es controlleur maintenant?
-Nan. Panne de réveil.
-Ok, je te dépose au boulot alors.
-Merci."

Même si j'arrive à faire ma tournée aujourd'hui, j'imagine que je peux rester chez moi demain.