Structure lacunaire
Par : Jean_Qule
Genre : Sentimental
Status : Abandonnée
Note :
Chapitre 2
Publié le 22/02/11 à 21:56:54 par Jean_Qule
Je sais que ce n'est pas sa faute, qu'il ne sait quasiment rien de mon passé et de mon parcours scolaire, mais c'est plus fort que moi, dès que je me retrouve à cet endroit, coincé par ce putain de feu rouge tenace, je traîte de tout les noms mon supérieur.
Après une altercation avec des jeunes en banlieue, il m'a réaffecté à une ligne de bus plus "tranquille".
Tout le trajet se trouve en centre-ville, et comme ce dernier est un coin de "bourges", je pensais vraiment être tranquille. Sauf que dans mon calcul, j'avais oublié un truc quand-même bien problèmatique: à la fin de la tournée, il faut passer par la porte Thiers, une grande ouverture dans les remparts entourant le centre-ville.
Sauf qu'à côté de la porte, il y a mon ancien bahut, et un feu constamment braqué sur le rouge.
Être obligé de croiser l'établissement qui m'a complétement bouffé intérieurement durant un laps de temps excessivement long, ça fait de cette réaffectation la pire décision qu'ait prit mon boss me concernant.
Mais il vaut mieux que je ne me plaigne pas, déjà qu'il a fallu une intervention des flics et quelques points de suture pour que ce type prennent conscience de la dangerosité du trajet que j'effectuais.
Il me l'a bien fait comprendre, si je fous encore la merde dans l'organisation, c'est fin du contrat et retour au Pôle Emploi manu militari.
Et avec un CAP, quand on a un boulot vaut mieux s'y accrocher, surtout quand on ne peut pas attendre de soutien de la part de son entourage.
Tu es la honte de la famille, dixit ma mère lors de notre dernière entrevue. Et c'est une auxiliaire de vie sans diplôme qui me dit ça, logique.
"Regarde ton frère!" répétait-t'elle, inlassablement. D'ailleurs, maintenant que j'y pense, ce refrain est absurde dans le sens où j'ai jamais su ce qu'est devenu mon frère.
Je sais juste qu'il a fait des études de BCBG dans je ne sais quel trou, genre polytechnique. J'étais bien parti pour avoir le même parcours, mais mon passage au lycée a tout gâché. Non, je vais éviter d'être trop médisant: on va dire que j'y ai apporté ma petite contribution. Une auto-destruction.
Suivre un tracé prédéfini ne m'a jamais interressé. Aujourd'hui je suis peut-être considéré comme un raté aux yeux de ma famille, mais je peux me vanter d'être complètement libre dans mes choix et décisions.
... En fait c'est le seul truc dont je peux me vanter, parce que pour le reste, je suis effectivement un raté.
Quoique, quand je vois le vieux grigou qui monte tout les matins dans mon bus avec son oeil révulsé et ses ongles longs style french manucure, je me dis que finalement, j'ai peut-être pas touché le fond.
Et c'est toujours à ce moment-là qu'on me passe une pelle.
Après une altercation avec des jeunes en banlieue, il m'a réaffecté à une ligne de bus plus "tranquille".
Tout le trajet se trouve en centre-ville, et comme ce dernier est un coin de "bourges", je pensais vraiment être tranquille. Sauf que dans mon calcul, j'avais oublié un truc quand-même bien problèmatique: à la fin de la tournée, il faut passer par la porte Thiers, une grande ouverture dans les remparts entourant le centre-ville.
Sauf qu'à côté de la porte, il y a mon ancien bahut, et un feu constamment braqué sur le rouge.
Être obligé de croiser l'établissement qui m'a complétement bouffé intérieurement durant un laps de temps excessivement long, ça fait de cette réaffectation la pire décision qu'ait prit mon boss me concernant.
Mais il vaut mieux que je ne me plaigne pas, déjà qu'il a fallu une intervention des flics et quelques points de suture pour que ce type prennent conscience de la dangerosité du trajet que j'effectuais.
Il me l'a bien fait comprendre, si je fous encore la merde dans l'organisation, c'est fin du contrat et retour au Pôle Emploi manu militari.
Et avec un CAP, quand on a un boulot vaut mieux s'y accrocher, surtout quand on ne peut pas attendre de soutien de la part de son entourage.
Tu es la honte de la famille, dixit ma mère lors de notre dernière entrevue. Et c'est une auxiliaire de vie sans diplôme qui me dit ça, logique.
"Regarde ton frère!" répétait-t'elle, inlassablement. D'ailleurs, maintenant que j'y pense, ce refrain est absurde dans le sens où j'ai jamais su ce qu'est devenu mon frère.
Je sais juste qu'il a fait des études de BCBG dans je ne sais quel trou, genre polytechnique. J'étais bien parti pour avoir le même parcours, mais mon passage au lycée a tout gâché. Non, je vais éviter d'être trop médisant: on va dire que j'y ai apporté ma petite contribution. Une auto-destruction.
Suivre un tracé prédéfini ne m'a jamais interressé. Aujourd'hui je suis peut-être considéré comme un raté aux yeux de ma famille, mais je peux me vanter d'être complètement libre dans mes choix et décisions.
... En fait c'est le seul truc dont je peux me vanter, parce que pour le reste, je suis effectivement un raté.
Quoique, quand je vois le vieux grigou qui monte tout les matins dans mon bus avec son oeil révulsé et ses ongles longs style french manucure, je me dis que finalement, j'ai peut-être pas touché le fond.
Et c'est toujours à ce moment-là qu'on me passe une pelle.
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