Note de la fic : :noel: :noel: :noel:

Je m'appelle Eleanor


Par : Hold-em
Genre : Science-Fiction, Réaliste
Statut : C'est compliqué



Chapitre 8


Publié le 28/02/2011 à 18:11:50 par Hold-em


Octobre 1956
"-Eleanor, où es-tu? Viens ici, il ne faut pas que tu t'éloigne de maman quand on n'est pas à la maison!
-Attends, maman, j'arrive! Regarde, on dirait que les enveloppes s'envolent!
-Je n'en ai rien à faire, viens ici!"
Effectivement, Eleanor voyait des enveloppes s'envoler. Et effectivement, elle était de moins en moins obéissante. Elle restait plantée là, assise devant les tubes de plexiglas alignés sur le mur dans lesquelles passait le courrier, pour arriver de leur expéditeur à leur destinataire. Plutôt que de payer des gens pour distribuer le courrier, ces tubes ventilés suffisaient bien.
Sofia, exaspérée, marcha vers sa fille dans un bruit de claquements de talons et l'arracha à ses pensées en la tirant par la main. Sofia ne supportait pas qu'on lui désobéisse. Si même sa fille, son miracle ne l'écoutait plus, comment allait-elle changer le monde?
Il fallait la remettre dans le droit chemin. Elle ne la gronderait pas. Si elle la réprimandait dès la première incartade, Eleanor aurait envie de tout sauf de l'écouter. Après tout, c'est une enfant, il lui faut bien un peu de liberté.
Sofia traversa donc l'atelier de construction de rame de métro, sa fille la suivant tant bien que mal tant elle marchait vite, puis elles revinrent dans la cafétéria de l'atelier rejoindre les Dames. Oui, maintenant, les revenus que lui avaient apportés ses actions lui permettaient de louer sa propre salle dans les sous-sols de la gare de l'Atlantic Express. Mais guère plus. Alors elle et les rares femmes du Club des Dames qui avait décidées de la suivre dans sa lutte contre Ryan en était réduites à se retrouver cet endroit aussi sordide que crasseux. Un très faible éclairage, de la poussière à n'en plus reconnaître l'exacte couleur des meubles, et certaines des dames suspectait les cuisines de cette cafétéria d'abriter des hordes de cafards, blattes, et autres insectes au moins aussi charmants.
Sofia indiqua à Eleanor une chaise avec la consigne de ne pas en bouger. La petite balança ses jambes, regarda autour d'elle un moment pour s'occuper, mais rien à faire, il n'y avait rien d'amusant ici pour une enfant. Sa mère est les autres parlaient, parlaient, tantôt s'appuyant sur la table à deux mains comme pour marquer la conviction, tantôt approuvant des idées. En bref, rien de très important, mais pour Sofia, convaincre ces femmes étaient déjà un début, et malgré la place qu'occupe une femme dans son foyer, chacune d'entres elles reviendrait chez elle changée, pensante à un meilleur avenir que celui tracé par quelqu'un qui repousse les fossés.
Eleanor, ne comprenant pas grand-chose de ce que disaient les dames, attendit que sa mère ait finie pour prendre la parole, mais toujours quelqu'un d'autre la prenait.
Au bout de quelques minutes de concentration pour détecter une faiblesse dans la discussion, Eleanor ne chercha même plus à comprendre et lança :
"-Mamaaan, je m'ennuiiie!
-Eleanor, la dame était en train de parler! Qu'est-ce que je t'ai déjà dis sur le fait de couper la parole?
-Que c'est très mal élevé, mais- Eleanor en put finir que sa phrase que sa mère continua.
-Pas de mais! Présente tes excuses à Mme Holloway!
-Il n'y a pas de mal, repris cette dernière, ce n'est pas si grave. Puis elle sourit en regardant Eleanor.
-Maman, je m'ennuie, je ne sais pas quoi faire...
-Je suis désolé, Grace, dit alors Sofia en se tournant vers celle qui fut quelques secondes interrompue. Eleanor, tiens, prends ce magnétophone et va jouer à côté. Mais attention, je veux pouvoir te voir d'ici!"
Sur ce, elle tendit à sa fille son vieux magnétophone qu'elle avait gardé depuis des années pour la psychanalyse de ses patients et plus récemment quelques leçons à Eleanor.
"-Tiens, il y a une cassette à l'intérieur, mais tu n'y touches pas, d'accord? Tiens, je te donne celle-ci à la place: tu peux t'enregistrer dessus, en appuyant sur le bouton avec un rond rouge, et après pour t'écouter tu dois appuyer sur le triangle. Pour l'arrêter, il faut appuyer sur le carré, d'accord?
-Oui oui maman, merci, mais je peux m'en sortir toute seule, dit-elle dans un sourire."
Elle s'élança avec le gros magnétophone dans la pièce à côté, laissant sa mère et toutes les autres reprendre leur discussion, restant quelques minutes près de la salle à ne rien faire, mais après réflexion, elle s'ennuyait toujours autant.
Elle voulait découvrir ce qui l'entourait, peu importe les instructions de sa mère. Elle se rassit donc devant les 'lettres qui s'envolent' quelques instants, mais vite lassée, et finalement, elle prit la cassette du magnétophone, la mis dans la poche de sa robe, et mis la cassette que sa mère lui avait donné et l'installa dans l'imposant appareil.
Comme sa mère lui avait dit, elle appuyant sur le bouton rouge et commença à parler, inventer des histoires, mais ce qui la fascinait réellement, c'était le fonctionnement de cet appareil. Il répète tout ce qu'on lui dit, c'est un peu comme un jouet, se disait-elle. Elle s'amusait à lui parler, comme à un ami, son meilleur ami, car à vrai dire, il était bien le seul. Eleanor parlait avec le nouvellement baptisé Monsieur Magnétophone! Elle n'était pas très inspirée sur le nom, mais ça lui convenait, car ce n'était pas de la plus grande importance, en fin de compte. Elle voulait absolument le démonter, comprendre comment et pourquoi ça marche, en enfant très curieuse qu'elle était.
Il allait accepter, il était son ami, après tout, non?
Tout de même, elle se dit qu'elle aurait la conscience tranquille si elle demandait la permission. Elle appuya sur le bouton rouge, et dis:
"Bonjour, monsieur Magnétophone. Tu veux jouer avec moi?"
Elle prit une grosse voix pour faire parler son ami et reprit:
"Et bien, je suis un peu occupé, Madame Eleanor. Plus tard, peut-être.
-Bon, bon, d'accord. Ca te dérange pas si je te démonte pendant que je t'attends? Je te remonterai après! Eleanor commença à l'ouvrir, tira sur la bande, la trifouilla, la tritura et la tortura puis fit répondre son ami:
-Hein? Quoi!! Noooon, ne fais paaaaaaas çaaaaaa! Nooooon! Eleanoooor!"
La bande était bien abîmée, et du coup, le son aussi. La voix allait du très aigu au très grave, Eleanor essayant toujours de le démonter, mais n'y arrivant pas, elle le prit dans ses mains, le brandit le plus haut possible et le fracassa sur le sol.
Tout était démonté, maintenant. Elle trouva son bonheur dans les différentes pièces, leurs formes, leur couleurs, leurs possibles utilité dans le système.
Eleanor apprit à le remonter, démonter, remonter, elle n'en finissait plus. Elle avait trouvé un vrai jeu!

En espérant que ça vous a plu :)


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