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Je m'appelle Eleanor


Par : Hold-em
Genre : Science-Fiction, Réaliste
Statut : C'est compliqué



Chapitre 1


Publié le 16/12/2010 à 20:02:52 par Hold-em

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Sofia, à peine réveillée, vit la lumière du jour à travers le hublot. Elle vit l'océan, aussi. Elle se leva de son lit en se tenant au montant pour ne pas être déséquilibrée par le tangage du bateau. Elle ne devait surtout pas tomber, oh non! Pas avec son miracle dans le ventre. Elle s'habilla en vitesse, ne passa que quelques secondes devant le miroir, et passa près d'un quart d'heure sur son lit.
Elle regarda patiemment par le hublot, sereine.
Elle pensait... Elle pensait à ce miracle. Elle pensait à cette ville. Elle pensait que peut-être cette fois, elle n'aurait pas besoin de faire l'infirmière d'urgence, comme elle l'avait fait il y a quelques années, à Hiroshima. Elle était là, sous une tente en toile, en blouse blanche plus si blanche, tachée par du sang et de la boue. Elle passait ses journées penchée sur des estropiés, parfois obligée de les amputer. Elle, elle était psychiatre, pas sauveuse de vies. Pas comme ça. Elle comprimait les plaies, elle soutenait ses patients encore en vies et sans même s'en rendre compte, n'avait même plus besoin de sa Bible pour réciter par coeur les derniers sacrements.
Pourquoi cette guerre?
Les égoïstes, les capitalistes, qui ne vivent que pour leur propre intérêt l'ont simplement décidé. Elle, elle croyait aux valeurs de Lénine, que chacun était l'égal de son voisin, que seule une union mènerait à un progrès commun. Cependant, les capitalistes, eux, décidaient que seuls eux comptaient et qu'une progression, ce serait uniquement eux les bénéficiaires, et pour eux, la vraie progression serait celle de leur argent. C'est cela que Sofia a fuit.

Elle pensait à sa fille. Son petit miracle. Elle ne ferait pas les mêmes erreurs qu'elle a faites. Le père de Sofia n'est pas en cause, non, il l'avait bien éduqué, peut-être même trop. C'est peut-être pour ça que la vie de Sofia ne fut jusque-là que désillusions. Elle espérait que jamais sa fille n'allait s'engager dans une guerre, quels que soient ses idéaux. La guerre, Sofia ne l'avait que trop vu, elle ne l'avait que trop vécu.
Elle allait élever sa fille comme un prolongement d'elle-même, de cet amour qu'elle a pour son prochain, et des progrès qu'elle sera capable de faire. Le progrès, en fin de compte, ne peut se faire seul, et ne peut être profitable qu'à une communauté. C'est ça, qu'Eleanor fera. Elle avait déjà choisis ce nom quelques mois auparavant, et ce prénom apparut comme une évidence, pour Sofia: La compassion. Eleanor sera la définition même de cette idée d'altruisme. Evidemment, ce prénom, ce n'est qu'un prénom. Mais Eleanor, elle, se souviendra toujours de son devoir envers le monde, car toujours elle portera ce prénom.
Le père d'Eleanor, lui, n'était pas aussi convaincu que sa femme. Edward pensait que le progrès était forcément collectif, comme une évidence. Pendant que Sofia était sous les bombes, il était à Cambridge, en Angleterre, à étudier longuement la psychologie de masse. Ils se sont rencontrés à une conférence de Sofia sur la dénonciation du capitalisme, et presque instantanément, ils se sont aimés. Sofia se sentait troublée par cet amour si soudain, elle trouvait ça presque déraisonné de tomber amoureuse, comme ça, d'un inconnu. Pourtant, elle aimait réellement Edward, d'un amour profond... Elle s'étonna elle-même de penser si souvent à lui, rencontré seulement quelques semaines avant.
Après seulement un an de vie commune, ils se sont mariés. C'est ainsi qu'elle devint Sofia Lamb. L'agneau, l'innocence... Elle se sentait enfin heureuse, enfin comprise. Lui aussi, sans aucun doute l'était, mais Sofia se doutait qu'au fil des mois, il voulait plus. La nouvelle madame Lamb ne se sentait pas vraiment prête pour un enfant, mais cet enfant serait comme une renaissance.

Au cinquième mois de grossesse, Edward, pendant une journée comme les autres, décéda. Il rentrait de son cabinet et, à cause d'un accrochage, eu un accident. Crissement de pneus, taule froissée, et rien d'autre. Peut-être quelques voitures qui se sont arrêtées. Edward, lui n'a pas eu autant de chance que l'autre, dans la voiture d'en face.
Sofia s'est retrouvée seule... Elle n'avait plus qu'Eleanor, et c'est aussi en cela qu'elle était son miracle.

Elle se leva enfin du lit, marcha lentement vers la porte de la cabine, pensant encore au passé, mais la mort d'Edward, non, c'était trop dur.
En quelques dizaines de secondes, elle gagnait l'ascenseur, accompagné par un groom pour ses valises. Elle monta jusqu'au pont principal, et respira l'air frais, du dehors. Et peut-être, dans une certaine mesure, la dernière vraie bouffée d'air de la surface.

Là, devant elle, se tenait le phare. Ce phare qui lui promettait tant de choses. C'est quelques kilomètres en-dessous que sa fille grandira, dans cette utopie. De son côté, Sofia n'approuvait pas Andrew Ryan: Il voulait fonder une ville, autrement dit un lieu où tout le monde vivrait cloîtré, mais lui souhaitait que chacun soit séparé de l'autre et travaille pour soi, vive par et pour lui-même.

C'était complètement absurde, pour elle. Mais Rapture était aussi comme une livre vierge. Elle allait écrire ses pages, et peut-être que c'était totalement fou, mais elle voulait changer les principes de la ville. Elle souhaitait que chacun travaille en harmonie avec son collègue, son voisin, et même envers un inconnu. Oui, une ville isolée du reste du monde où chacun travaillerait pour soi en autonomie, pour Sofia, était la pire des choses à laisser faire.

Elle descendit la passerelle, toujours avec du mal à marcher. Mais pour le miracle qu'allait accueillir Rapture, qu'importait.
Elle montait les quelques marches pour cette nouvelle vie. Un petit sursaut devant le buste accusateur du maître de la ville. "Ni Dieu ni roi. Juste l'homme"? Cette fois, Sofia était d'accord. Il n'y a personne au-dessus d'un autre, et c'est pourquoi chacun doit aider son prochain, comme on aimerait qu'il nous aide. Elle descendit cette fois les marches, les murs ornés des principes de Ryan. «Art» et sur l'autre «Industrie». Quand elle se tenait devant ce sous-marin miniature, elle repensa une dernière fois au soleil, vu il y a seulement quelques secondes. C'est un sacrifice à faire...

Elle monta dans la bathysphère avec quelques personnes cherchant aussi un nouveau départ, et actionna le levier.
La machine s'ébranla lentement, et pris de la vitesse tandis qu'il s'enfonçait dans les profondeurs.
&

En espérant que ça vous a plu! :)


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