Alors c'est ça le monde ? Ca commence salement et les crasses continuent ?

Nous étions six, les meilleurs dans notre domaine, sans me vanter, parce qu'on arrivait à faire disparaître des cadavres, à grimper les échelons, à mettre hors course les politiques, et à avoir une renommée tout en restant dans l'ombre. Putain, on était la famille soudée et des professionnels hors pair, et il a fallut que des enculés viennent tout foutre en l'air.

"Alors qu'est-ce qu'on fait... ? "

Je me tenais là, fixant le corps de ma mère, le sang répandu un peu partout, salissant ce lieu si ordonné. Mes pensées se bousculaient. Je tremblais de rage, et tous les meubles renversés et les verres brisées ne sont pas l'oeuvre des assassins mais la mienne, lors de mon pétage de plombs en arrivant. J'avais passé quelques minutes à passer mes nerfs sur le mobilier, et pourtant ma rage était vive et bien présente.

"Je ne sais pas trop. Ecoute, Sam, je t'ai appelé toi parce que je me méfie. "

"De... ?"

"De ton frère, de Bax, de Baxwell. PERSONNE ne savait pour nous, et personne ne connaissait les résidents de ce manoir, excepté nous six, y compris ta mère, qu'elle repose en paix. "

"Nos... Tu crois quand même pas que c'est un de nous cinq qui a fait le coup là ?! C'est ridicule ! "

Mes pulsions se réveillaient brusquemment quand Joe pointa directement notre famille comme les possibles meurtriers de ma mère. Christine.

"Ecoute, je fais simplement mon boulot ! Je suis le protecteur de la famille et aussi l'informateur en plus d'être le nettoyeur, et je te dis que moi aussi ça me dépasse, mais vois les choses en face, quelqu'un a bien tué Christine merde ! Et c'est forcément quelqu'un au courant pour la supercherie ! "

"Foutaises ! Dans quel but ? Et tu suspectes qui ? "

"Pour tout ça, merde ! A ce stade de la supercherie, vous n'avez même plus besoin des-uns des autres quasiment. C'est... Et puis je sais pas... Ca pourrait même être toi... J'en sais rien, mais c'est à toi que je fais le plus confiance ! "

"Mais c'est... Mais j'ai parlé à Bax et mon frère dans la journée et Bax a du appeler son frère également... Merde. "

"Ca n'est pas un alibi et ça ne fait pas d'eux des innocents non plus. "

"... Et tu faisais quoi, toi, Joe ? Tu n'as rien vu ? Tu n'étais pas censé la protéger ? "

"...Merde, t'es sérieux là ? Je dormais, putain ! Il est deux heures du matin, je ne suis pas un surhomme, j'avais sommeil merde ! "

"Ouais, bah justement, si c'est l'un de nous qui a fait le coup, il aurait très bien pu te tuer également, ça aurait immédiatement réduit le nombre d'entre nous. Putain... Et... tu devrais pas nettoyer tout ça ? "

Joe pleurait. Les larmes coulaient le long de son visage et se noyaient dans sa barbe. Ses yeux me fixaient, et, entre deux sanglots, il m'assénait quelques phrases assassines pourtant criantes de vérité.

"Putain... J'en sais rien, de pourquoi je suis encore en vie... Et, attends, nettoyer tout ça ? Mais tu te rends compte de comment tu parles de Christine, merde ?! C'était ta mère ! C'est elle qui nous a soudé ! Elle qui t'as élevé, elle qui vous a protégé, toi, ton frère, et les jumeaux Bax ! Elle a fait tellement de choses pour vous tous, et toi tu veux juste que je "nettoie" ça ?! Putain, ouais, je vais nettoyer, t'en fais pas. Tu me déçois, Sam. Merde, écoute, tu sais quoi, rentre, repense à tout ça, pour l'instant ne dis rien à personne à propos de ça, je vais enquêter, je te rappelle demain, va finir la nuit tant que tu le peux encore, merde. Mais par pitié, respecte la mémoire de ta mère. "

Je comprenais sa réaction. Il avait raison, nous étions six, les six inséparables, la famille soudée et recomposée, les improbables meilleurs personnes au monde.

Maintenant, nous ne sommes plus qu'un chiffre impair.