Quand on monte un coup comme celui-là, il faut non seulement des gens de confiance, qui vous suivront dans tout ce que vous entreprendrez, mais il faut aussi le financement d'un tel projet. Autant le dire tout de suite, non, nous n'étions pas partis de loin, oui, nous étions assez aisé, la famille de Bax comme la mienne. Nous connaissions déjà les grands noms derrière qui il vaut mieux ramasser, et ceux du côté duquel il vaut mieux être. Grand merci à ma mère, nous partions déjà avec quelques avantages. Mais évidemment, il a fallut faire un grand sacrifice pour en arriver là, car la vie c'est aussi ça, des putains de sacrifices, des épreuves, puis, ensuite, les récompenses à la sueur versée. La récompense, elle nous attend bien sagement, nous nous y rendons.

Le silencieux de Bax titillait toujours la tempe de Jordan, de laquelle ressortait une grosse veine, prête à éclater. Son visage était devenu rouge. Bax s'amusait à mettre des petites baffes à Jordan de la main droite tout en conservant l'arme bien ancrée de la main gauche.

"Hey, Jordan, Hey ! Arrête un peu de faire dans ton froc et de gigoter bordel, aies un peu de dignité pour tes derniers instants. Hey ! Tu m'écoutes quand je te parle ?! "

Si Bax paraissait s'amuser, nul doute qu'il commençait à doucement s'énerver, fronçant les sourcils.

"Putain, ta limousine est super classe, ça me ferait mal de te flinguer ici, ça va salir ce cuir magnifique. S'teuplait, j'ai envie de l'avoir en bon état cette limousine, tu veux pas que ta cervelle l'entâche, hein ? Pas vrai ? Pas vrai ? Bordel mais tu m'écoutes pas ! "

Jordan ne pouvait s'empêcher de trembloter, il respirait à nous en détruire les tympans, et la sueur qui coulait le long de son front pouvait faire office de fleuve. Un peu agacé par les petits jeux de Bax, je décide d'intervenir.

"Hey, c'est bon. Ce type est un gros con, même en sachant pertinemment ce qu'on allait faire il a juste attendu sagement qu'on vienne à lui, sans s'en douter. Arrête un peu d'agiter ce canon sur son crâne, il va finir par faire une attaque cardiaque le con. "

Mais Bax maintient l'arme sur la tempe du porc suant.

"Attends, Sam. Il allait où, là, Jordan ? Hein ? C'était quoi sa destination ? "

"Euh... La conférence de presse... Oh l'enculé. "

Et c'est la révélation, d'un coup d'un seul. On est pas les seuls à être un peu futé.

"Ouais. L'enculé. Il voulait venir nous buter, l'enculé. Tu voulais nous descendre, hein, petite merde ? "

Bax accumulait les claques sur le visage de Jordan tout en affichant des sourires forcés.

"Pas... Pas du tout ! "

Premières paroles du porc suintant ! Acclamons-le, et, écoutons-le !

"Ah, bah ça y est, la langue se délit ! Allez, parle mon joli !"

Jordan l'ouvre enfin et accouche difficilement de quelques phrases, toujours en réelle panique.

"Je... J'allais pas vous tuer, bordel ! J'ai... j'avais des dossiers avec moi... Dans le coffre de la limousine. mGGNGNGE?R"

"Quoi ? Quoi ? Qu'est-ce que tu dis ? Articule, on comprend rien ! "

Bax avait été jusqu'à coller le silencieux dans la bouche de Jordan, l'empêchant de parler clairement et de manière compréhensive.
Je m'apprêtais à l'interrompre et lui dire d'arrêter ses conneries, mais, c'est Joe, notre nettoyeur vénéré, et chauffeur de limousine à ses heures perdues qui s'en charge.

"Bordel, Bax, mais laisse le parler ! Arrête de faire le gosse ! "

Bax se retourne, agréablement surpris de voir Joe.

"Tiens, Joe ! Maman ne m'avait pas dit que tu faisais aussi chauffeur. Bah, du coup, je peux le buter ici, tu pourras nettoyer les sièges entachés, nan ? "

"Tu m'as pris pour monsieur propre ? On s'occupera de ça dans les règles plus tard ! En attendant, laisse le finir, bon sang ! "

Joe, toujours concentré sur la route, se veut porté à fond sur le travail, et en particulier le notre. C'était aussi un ami d'enfance, ce gars. Un grand type à petit ventre et à la barbe broussaillante. Un brave type, ouaip.

"Oh, ouais, désolé. "

Bax affiche un sourire naïf et retire l'arme de la bouche du pauvre gros tas qui, avouons-le, commençait un peu à se faire dessus.

"Bon, fini. T'allais faire quoi ? "

"...J...J'allais prouver à tout le monde votre mascarade... J'allais leur montrer ce que vous avez fait, votre folie meurtrière, et votre mascarade présidentielle ! Tout ! "

"Ouais. Je vois. Je vois. Joe ? "

"Oui Bax ? "

"Tu veux être un amour et nous déposer ici ? On va aller à la conférence avec l'une des deux voitures d'escortes. "

"Okay... Et pour Jordan ?"

"Fous-le dans le ciment d'un quelconque chantier. "

"Ah ouais, à l'ancienne..."

"A l'ancienne. Fais gaffe au cuir, Joe."

Bax venait de finir de bâilloner Jordan et de le ligoter, puis la limousine se stoppa. On descend, abandonnant Jordan à l'arrière du véhicule en compagnie de Joe.

"Bon, une dernière chose à faire... "

Me dit Bax tout en ouvrant le coffre de la limousine. Il en sort une énorme enveloppe marron pleine à craquer de feuilles en tout genre.

"T'as un briquet ? "

Je m'allume une cigarette puis lui tend le briquet demandé. Tout en faisant signe à Joe de repartir avec l'autre voiture d'escorte, il appelle la flamme salvatrice et la laisser caresser l'enveloppe. Nous rentrons dans la voiture d'escorte avec l'enveloppe en train de se consumer pour ne pas éveiller les soupçons des passants.

"Et voilà. Plus de menace. Je tiens la dernière arme qu'on aurait pu pointer sur nous, et elle vole en fumée. Putain, quand je pense que cet enfoiré savait qu'on avait chacun un jumeau en concurrence à la présidence du pays... "

"Ouais. Sacré enculé. Bon, bah, on dirait que la supercherie peut enfin continuer. Direction la conférence de presse, hein ? "

Disais-je, rassuré, le pied sur l'accélérateur.