Dissimulée derrière un buisson, Sandra frissonna. Un grondement sourd éclata dans le ciel et la fit sursauter. Le vent s'était brusquement intensifié, et de puissantes bourrasques balayaient maintenant les arbres. La lune avait disparu derrière d'épais nuages. Un orage se préparait...

La lueur de plusieurs projecteurs éclairaient la cour de la villa, lui donnant un aspect sinistre. Malgré le feuillage, Sandra compta trois hommes, tous armés. Ils semblaient sur leurs gardes et surveillaient attentivement les alentours.

Aucune trace de son père ou de Valentin. Ils s'étaient certainement réfugiés à l'intérieur de la villa.

Sandra sortit un téléphone portable de sa poche. L'écran illumina son visage dans la nuit. Ses doigts engourdis tapotèrent sur le clavier du mobile, puis elle porta l'engin à son oreille.

- Alors ? Tu peux me dire quoi ?, fit Mathias.

- Je vois trois hommes, chuchota Sandra, je pense que mon père a ramené Valentin dans la villa.

- Tu es sûre qu'ils sont trois ?

- Oui.

- J'espère que je peux te faire confiance..., murmura Mathias. On s'en tient au plan. Tu as bien compris ?

- Oui, ne vous inquiétez pas.

Sandra raccrocha. Elle ferma un instant les yeux et songea à Valentin.

S'il n'était pas encore mort, elle savait que son père ne tarderait pas à en finir avec lui. Des larmes commencèrent à monter mais elle se refusa à craquer dans un moment pareil. Elle aurait tout le temps de pleurer plus tard.

Elle serra le pistolet qu'elle avait ramassé sur Marco contre elle. Le contact de la crosse dans sa main déclencha chez elle un sentiment qu'elle n'avait que rarement connu.

Un irrépressible désir de vengeance.

Sandra disposa à côté d'elle quatre magasins, soit 60 cartouches. Elle en saisit un et le glissa à l'intérieur de l'arme, puis elle déverrouilla le cran de sûreté.

Sandra se redressa et pointa un des hommes avec son arme. Le doigt posé sur la détente, elle attendait le bon moment. Le criminel faisait sa ronde à une trentaine de mètres de là où elle se tenait. Sandra retint sa respiration et immobilisa son geste.

L'homme s'arrêta quelques instants pour allumer une cigarette. Sandra n'attendit pas plus longtemps et ouvrit soudainement le feu dans un cri de rage. Les balles fusèrent. Elle ne cessa d'appuyer sur la détente. Son ennemi fut touché à la jambe. Il poussa un cri de surprise et s'écroula sur le sol.

Alertés par le bruit, les deux autres gardes se mirent à couvert derrière une voiture juste dans la ligne de mire de Sandra. La jeune fille arrêta de tirer. Pendant quelques instants, un silence de plomb envahit les lieux. Puis les tirs reprirent de plus belle.

Sandra entendit les balles siffler à ses oreilles. Elle s'allongea aussitôt, et retira le chargeur vide de son arme encore fumante. Plus que 45 balles. Elle secoua la tête. Elle s'en voulait d'avoir raté ce type. Elle se risqua à jeter un coup d’œil. Il avait disparu. Elle put voir une traînée de sang disparaître derrière un petit mur de pierre. L'enfoiré...

Sandra avait perdu son effet de surprise, il ne lui restait que trois magasins et ses ennemis étaient tout aussi nombreux. Elle ne put réprimer un sourire ironique. Elle espérait que Mathias se débrouillerait mieux qu'elle...

Les coups de feu d'en face cessèrent enfin. Profitant de ce petit instant de répit, Sandra décida de changer d'endroit et d'attaquer par un autre angle. Elle se redressa et courut aussi vite qu'elle put à travers les arbustes.

Elle devait donnait plus de temps à Mathias.

Pourvu que Valentin soit encore en vie...