Voilà maintenant 3 jours que Clémentine me rejoint, après les cours, pour me raconter sa journée, pour se détendre. Elle évite soigneusement de mentionner Maxime, qui ne remarque rien pour l'instant.
Moi je me rétablis doucement mais sûrement, ma bien-aimée pas loin, ma mère aussi, qu'espérer de mieux? Mais je ne peux m'empêcher de débattre seul sur certaines questions, qui me pourrissent une partie de la journée.
Je me répète sans cesse, faut-il un viol pour se rendre compte qu'on aurait pû mieux protéger la personne? Faut-il une mort pour tout regretter? Faut-il un accident pour se rendre compte de l'amour porté pour quelqu'un? Toutes ces questions qui restent sans réponses, je n'ai sûrement pas tout compris.
C'est comme les questions concernant Clémentine, m'aime t-elle vraiment? M'aime t-elle à cause de l'accident? Pourquoi ne peut-elle pas quitter Maxime?
On m'a souvent répété que je remet tout en cause, jusqu'à la confiance pour un être cher, peut-être ai-je peur de tout perdre?
De plus, seul, je réfléchis bien trop, me torturant l'esprit pour des choses qui n'en valent pas la peine.

Quand Clémentine est là, je plane, je suis ailleurs, avec elle, dans un monde bien mieux. Sa présence suffit à me satisfaire. un ou deux bisoux par-ci, une petite caresse, sont les mouvements pour lesquels je passe la journée. Alors c'est avec un entrain incontenable que je lui annonce, alors qu'elle est encore dans l'embrasure de la porte:
- Mon coeur! Je rentre chez moi demain! Je reprend les cours dans une semaine, on pourra se voir tout les jours, se parler...Se...
Clémentine s'approche, me colle un baiser et s'installe sur une chaise, l'air maussade.
- Quoi ? Tu t'en fout ?!
La colère m'emporte très vite, trop vite...
- Non mon ange, c'est pas ça...
Je comprend qu'elle n'est pas très bien. Baissant d'un ton, je tente de poser un pied par terre, le deuxième emplâtré aussi, lui passant une main dans le dos.
- Qu'est-ce qui va pas...?
- C'est que Maxime se fait plus présent en ce moment, il passe son temps avec moi, ses débordements d'affection sont trop répétés, il a l'air de rattraper le temps perdu, le temps où il m'embrassait juste à l'entrée avec le dialogue obligatoire...
- C'est un peu normal Clém, je te rapelle que tu l'a pas encore quitté... Profite de l'occasion pour...
- Non Juan, je ne veux pas le quitter, on en a déjà parlé...
- Mais que fait tu avec ce nabot ?! Il est con, il est agressif, une brute en puissante ! Dis moi Clém! Dis moi pourquoi tu reste avec lui...?
- Je l'aime...
- Et moi? TU m'aime?
- Mais oui Juan mais...
Il faut que je me calme. Elle est sur le point de pleurer. Il va encore falloir que je passe l'éponge, comme si de rien n'était. Je la prend des mes bras. Je lui murmure :
- Je suis désolé. Je t'aime, on s'aime, c'est le principal.
- Juan... Maxime m'a invité samedi à passer la nuit chez lui...
- Quoi ?! Et t'a accepté ?
Je me recule, la dévisageant, attendant sa réponse.
- Je pouvais pas dire non... Il se serait douté de quelque chose...
Je tente de respirer calmement, cette nouvelle m'a retourné.
- Et vous allez faire quoi ? dis-je, une pointe d'espoir dans la voix.
- Johan...
Je détourne la tête. Cette fois, c'est moi qui ai envie de pleurer. J'ai toujours rêvé de elle et moi, pour les plus belles nuits du monde, imaginant, espérant, et c'est un autre homme qui va en profiter? Et c'est Maxime?
- Dis lui que... que tu a tes règles, ok?
Autant chercher une solution, elle paraît esclave aux moindres besoins de Maxime, elle est tellement différente de celle que j'ai connu, qui avait remballé son copain pour aider un nouveau.
- D'accord...
- Ou tu lui dit simplement que t'a pas envie
- Je lui dirais que j'ai mes règles, ça fera bien l'affaire.
Cette fois-ci, c'est elle qui me tend les bras. Impossible de refuser cette invitation, je la serre contre moi.