<h1>Noelfic</h1>

Red Light Story


Par : King_Yugo

Genre : Sayks , Polar

Status : Terminée

Note :


Chapitre 5

Le Fourreur Fourré

Publié le 09/06/11 à 00:25:44 par King_Yugo

- T'as mes affaires dans la sacoche ?
- Nan, tu les a récupérée tout à l'heure.
- Nan, je les ai pas. C'est forcément toi qui les as. Dis moi que je fais une micro-parano.
- Mais oui, tu fais une micro-parano. Regarde bien.
- Nan, j'ai vraiment rien.
- Qu'est-ce qu'on fait ?
- Bah j'en sais rien.

Une sueur froide me glace le dos. Elle m'a demandé de me retourner. Elle n'était plus dans mon champ de vision pendant quelques instants. C'est là qu'elle a vidé ma sacoche. Je mérite la palme d'or du trou du cul, l'oscar de l'abruti. Une petite voix de souris murmure dans ma tête :

« espèce d'idiot ! »

J'ai perdu ma carte d'identité, deux cent cinquante euros et mon téléphone portable. Tout. Qu'est-ce qui ce putain de passe dans ma tête ? Je viens de me faire entuber par une gagneuse. Maintenant, c'est moi la pute. Je pète un demi-câble, prend ma tête dans mes mains et mords mes phalanges pour ne pas hurler. Je reprends mon souffle, accoudé contre une rembarde, face à l'eau qui coule sous les ponts. Elle est imperturbable. La folie furieuse qui règne au-dessus d'elle ne semble pas l'inquiéter outre-mesure.

- Je dois absolument récupérer ma sacoche. Elle a aussi la clef de l'immeuble !
- Bordel de pute ! Quelle idée de foutre toutes ses affaires importante dans la même sacoche.

Remonté à bloc, je me dirige vers une enseigne de boutique à touriste et demande à Mikael d'acheter un espèce de katana en toc, ce genre de conneries qu'on accroche au dessus d'un lit et que seul les abrutis achètent, dans le but d'enrichir une collection de conneries inutiles. C'est une arme d'environ quarante centimètre, la lame est maladroitement fixée au manche par de la super-glue est n'a pas l'air très solide. Le manche est faussement métalisée et porte les trois croix blanche ainsi que la bande noire, caractéristiques du drapeau d'Amsterdam. Ça fera un souvenir sympa pour mon pire ennemi. Les prix sont pas indiqués, donc forcément on claque quarante euros. La haine me capture et m'étouffe comme un boa. Je suis débranlé.

- Qu'est-ce que tu vas faire ?
- Je vais régler son compte à cette pute.
- Arrête tes conneries, c'est déjà bien qu'elle t'ai laissé une chance, tu crois pas ?

Il s'énerve un peu. Il fait preuve de patience avec moi, mais là, il ne peut plus supporter, je le vois. Mais moi, j'ai déjà assez perdu la face. Je ne peux plus reculer et ne suis absolument pas sur de ce que je suis en train de faire. Alors je joue le mec sur de lui.

- Fais moi confiance.
- Bon, ok.

Je sais que mon acolyte possède une paire de boule. Lui aussi, il aime bien jouer des poings. Plus jeune, il pratiquait les arts martiaux. Un soir de défonce au garage, il m'avait avoué avoir étrangler un Pitt-bull lancé à toute allure vers lui mais je ne le croyais qu'à moitié. On va se poster derrière une montagne de vélo aux abord de la rive, juste en face de sa vitrine. Les rideaux sont tirés, elle pompe un autre micheton. On roule un pétard de Brain Storming en attendant. C'est alors qu'une imposante silhouette se dessine derrière l'encadrement vitré. C'est le mec chauve de tout à l'heure, celui avec son pull vert. Il tient la pute par les cheveux et la regarde avec un air mauvais. Elle pleure comme une truie à l'abattoir, sa couche de maquillage va bientôt fondre. Il hurle dans un langage incompréhensible, probablement de l'albanais. On voit la scène en ombre chinoise, c'est gore. Finalement il lui claque la gueule contre la vitre et la jette par terre comme un vulgaire sac poubelle remplit de merde de chien. On hallucine et le pétard se consume dans la bouche de Mikael, lui aussi prit de panique.

- Mec on se casse d'ici.
- Nan, attend.

J'attrape son bras pour l'empêcher de se lever, il n'insiste pas. L'albanais tire le rideau, sort et ferme la porte de la vitrine à clef derrière lui. Il s'éloigne d'un pas rapide, visiblement très énervé. J'attends qu'il s'éloigne puis propose à mon pote de défoncer la vitrine en échange d'un joint de white widow. Il valide et nous éclatons la vitre. Il n'y a rien à craindre, l'emplacement est assez isolé et la rue est vide. Je me demande d'ailleurs comment j'ai pu être assez con pour m'engouffrer dans un traquenard aussi pourri. L'acolyte appuie cette idée.

- T'es vraiment trop con.

La pute est étendue sur le sol et suffoque, la face en sang. Horrifié, j'en viens presque à la plaindre. Heureusement que Pull Vert m'a mâché le boulot, parce qu'avec le recul je sais que je n'aurais pas osé utiliser cette arme de pacotille. Pétrifié, je ne peux m'empêcher de la contempler. Elle est atrocement humaine et seule, comme moi. On dirait une limace anorexique et cette vision me file la nausée tandis qu'on cherche désespérément mes affaires. On trouve un sachet plastique, sous le lavabo. Ça doit être ça, on a pas le temps de tergiverser pendant trois plombes, de toute façon.

- On y va.
- On la laisse comme ça ?
- Ouais.
- Ok.

On se dépêche de se barrer, tête capuchée, moi riant du destin tragique de la pute et du mien, absolument génial en comparaison. Mais je déchante vite en ouvrant le sachet plastique : Il ne contient rien, à part un stick de rouge à lèvres et deux boites de tampons hygiénique vide. Pour l'annoncer à Mikael, je dois faire preuve de tact et décide de recourir à l'euphémisme.

- Mec. Y'a tout. Sauf mes affaires
- Putain de merde.
- Qu'est-ce qu'on fait ?
- On rentre, on prend nos affaires et on se casse. Si ce mec est tombé sur nos clefs, je pense qu'il a déjà envoyé des gens à notre hôtel. En plus, le code de la porte d'entrée est gravé dessus. T'es vraiment trop con, Jip

Il doit me détester et comme je le comprends. Je mérite bien une claque. Je tends ma joue et il se lâche. Le scénario est simple : Pull-Vert est tombé sur mes affaires et s'est monté la tête tout seul. Prise à son propre piège, la pute est restée vague dans ses explications, ce qui lui a valut la jolie correction à laquelle on a assisté. Maintenant, ce foutu mac s'inquiète et va chercher par tous les moyens à connaître la vérité. Soutirer du fric à des filles naïves, c'est pas si facile. La vigilance doit être de mise dans ce business, alors il suffit d'une étincelle. Tout en débattant sur notre avenir incertain, on galope dans les rues, on alterne le rôle d'éclaireur, une fois moi, une fois lui. Je me perds, il rattrape le truc parce qu'il a un meilleur sens de l'orientation. Sans beuh dans le cerveau, on m'appelle la boussole et nombreux sont ceux qui peuvent en témoigner. Bref, je suis décalqué et ma gorge me pique atrocement. L'adrénaline et les pétards m'ont desséché et je serais presque capable de laper l'eau d'une cuvette pour étancher ma soif. Et après un quart d'heure de cavalcade dans les rues vides et sombre de cette ville hantée par le vice, on arrive enfin.

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