- Hey, c'est qui ?! J'ai entendu un bruit, je sais qu'il y a quelqu'un ! Montre toi !
- T'approches pas ! T'es bien Français ?
- Ça s'entend pas ? Moi aussi j'ai du fuir dans la forêt ! T'es où ? Je te vois pas avec cette brume, cria-t-il, assez éloigné.

Un coup de vent balaya quelques instants la brume nous permettant de nous voir du coin de l'oeil. Il ne semblait porter ni combinaison militaire, et n'avait pas d'accent. Pas de doute, il était bien Français. Seulement, pouvais-je encore faire confiance à qui que ce soit ? Pas le temps d'y réfléchir plus longtemps.

- Faut pas trop crier, me dit-il enfin après m'avoir rejoint. J'ai entendu des Russes quelque part, au loin. Ils ne m'avaient pas repérés. Va falloir faire attention.
- Mais mec, qu'est-ce qu'il se passe, putain ? Je comprend rien, tout allait bien hier. Enfin, il y a quelques jours, repris-je.
- T'es sûr ? Les Russes... leur silence juste avant que ça se produise, les reporters qui donnaient plus de nouvelles ? T'es sûr que tout allait bien ? demanda-t-il ironiquement. La dernière chose dont j'ai entendu parler était d'une sorte de "leader". Au final, c'est "quelque chose" d'autre qui a pris le contrôle de la Russie.
- C'est tellement... bizarre, et inconcevable. Et toi, t'es tout seul, ici ?
- Oui, je suis venu avec la voiture de mes parents... Je.. Je sais pas où ils sont.

Je réfléchis un instant, puis décidais de lui sortir un mensonge.

- Moi aussi, je suis venu seul.

Un silence. Nous nous asseyons près du bord du lac où, sans que je ne demande rien, mon nouvel ami sortit de son sac quelques fruits. Sans avoir besoin de dire quoique ce soit, j'en mangeais un, désespéré. Il était évident qu'il me l'offrait. Enfin, j'espère.

- Je viens du Lycée Marie Hertoit, près de Lille, reprit-il.
- Ouah. On allait au même Lycée, et c'est dans ces circonstances là qu'on se rencontre.
- Marrant, ouais. Moi c'est Louis, et toi ?
- Dan, mais tout le monde m'appelle Dan... Non, laisse tomber. On devrait partir, pour essayer de trouver une cabane ou un truc du genre. En faisant attention aux Russes. Ces salauds ont balancé une bombe sur Lille... Et certainement sur les autres grandes villes Françaises.
- Toi aussi t'as vu ? Sur le coup j'ai eu peur de mourir contaminé, mais toujours rien. T'as raison, on devrait trouver une cabane pour s’abriter. Cherchons.

A ces mots, nous nous levions tous les deux. Le fruit que Louis m'avait donné quelques minutes plus tôt avait déjà été gobé. Mon Dieu ce que j'avais faim.

- Hey, moins vite ! dis-je en le voyant s'éloigner. Puis je le rejoignis.
- T'entends ça ? Les Russes doivent pas être très loin. J’entends un léger écho. Ils sont en train de rire, ces fumiers.
- Moi aussi, j'aimerais bien leur faire payer. Mais pour l'instant, il faut s'éloigner d'eux.