Chapitre 1 : L'interminable cavale.

Il faisait sombre et froid tandis qu'il marchait à pas discrets mais rapides sur un sentier qui bordait un ravin menant vers un endroit que lui-même ne connaissait pas. Même un chat doté d'un sens aiguë de nyctalopie aurait eu du mal à reconnaître cette silhouette encapuchonnée d'un épais manteau sombre recouvrant entièrement son corps, qui avançait à la fois avec prudence et méfiance en jetant des regards furtifs derrière lui comme s'il avait peur que quelqu'un ne le suive. Parfois il se mettait à courir, comme si il était poursuivi, mais s'arrêtait assez vite à cause de la fatigue. La silhouette qui paraissait invisible dans la pénombre s'arrêta, ne pouvant plus mettre un pas devant l'autre. A vrai dire, cela faisait des journées entière qu'il avait fui son foyer pour suivre un itinéraire qu'il ne connaissait même pas, en fait, il se moquait d'où il allait, la seule chose qui lui importait était sa propre vie. Le fugitif s'écroula par terre, même ses jambes ne pouvaient le maintenir debout. Il avait envie de pleurer, de pleurer de ce monde qu’il qualifierait lui-même de pourri, dans lequel il vivait et qui le forcé à fuir, à fuir pour des manigances perfides de politiciens.

Il sortit de sa poche une petite pierre brillante, semi précieuse, qui était l'objet de tous ses malheurs.
A cet instant-là, il eut envie de la jeter de toute ses forces par-delà le précipice qui était juste à côté de lui, de jeter ce stupide caillou qui ne lui apporter que tristesse et malédiction. Mais c'est alors qu'en fixant pendant quelques secondes ce minuscule fragment de roche qui brillait d'une douce lumière verte émeraude qu'il décida de se relever, et de prendre son destin en main, il ne pouvait abandonner maintenant. Il n'avait certes plus aucun avenir à cause de cette maudite pierre et était obligé de fuir son pays à cause de cela mais il lui restait encore l'espoir de trouver des gens dans son cas, des gens qui lui diraient ce qu'il devrait faire. Alors qu'il se mit à serrer avec la pierre semi-précieuse dans sa main, il vit la lumière d'une torche au loin portée par un soldat patrouilleur accompagné par une dizaine de soldats de sa trempe. Ils étaient vêtu d'une armure de cuir assez légère le permettant une meilleure liberté de mouvement, d’une cape noire avec un capuchon ainsi qu'une épée courte portée à leur ceinture et un arc à doubles-courbures taillé en ébène pour certains d'entre-eux.
L'homme à la pierre lumineuse voulut d'abord saisir son épée pour défaire ses quelques patrouilleurs, mais en voyant leur nombre, il serra cette même pierre dans sa main avec force avant de détaler comme un lapin en voyant approcher ces patrouilleurs qui s'approchaient de sa position. L'emblème qu'ils portaient sur leur tunique, le fugitif ne l'avait que trop reconnu : la croix impériale. Une sorte de grande croix rouge sang qui représentait l'empire d'Eternia, un empire dirigé d'une main de fer par l'empereur Arkaryn 1er. Les bruits de pas lourds laissés par les bottes du fugitif ne laissèrent pas indifférent les soldats impériaux.

-Il est là ! Attrapez-le et tuez-le ! S'écria un des soldats en faisant signe à ses camarades de le suivre au pas de course.

C'était ces mêmes soldats-là qui traquaient cet homme depuis plusieurs jours, lui qui pensait leur avoir échappé après des jours entiers de courses folles en mangeant les quelques racines et fruits qu'ils trouvaient dans la forêt et en dormant à peine quelques heures dans la peur et dans la crainte d'être retrouvé, se trompait. Une flèche siffla pour passer à quelques centimètres du fuyard, puis d'autres suivirent et manquèrent toutes leurs cibles à cause de la nuit qui les forcés à tirer à l'aveuglette. Une racine fit trébucher l'homme épuisé et ses poursuivants réussirent à le rattraper. Le bruit du fer de leurs épées dégainées retentit et se préparèrent à abattre leur cible. Le fugitif était désemparé et ne savait quoi faire, il était trop fatigué pour pouvoir se battre ou même se relever ! Il ressentit la lame glaciale d'un des soldats sur sa gorge et entendit les menaces de celui qui la portée :

-Au nom de l'empereur Arkaryn 1er, vous êtes en état d'arrestation, détenteur de …

Une flèche siffla dans l'obscurité et coupa la parole de l'homme qui tentait de l'arrêter et ce même homme se mit à pousser un gémissement de douleur avant de s'écraser lourdement au sol. Le captif comprit vite que cette flèche venait de tuer son agresseur et cela lui avait redonné espoir, un mystérieux archer venait lui porter secours. Les flèches se succédèrent et abattirent les autres gardes d'un seul tir. Le fugitif fit un effort surhumain pour dégainer son épée et parer la lame qui allait lui couper la tête s'il ne faisait rien. Il se mit à tousser en dit sur un ton qui se voulait le plus ironique possible malgré sa fatigue :

-Il fait un peu sombre pour se battre, vous ne trouvez pas ?

Une sorte de rictus sortit de la bouche de son assaillant tandis que la lame de l'homme encapuchonné s'enflamma comme par magie d'un puissant feu rougeoyant, révélant les cadavres au sol des hommes tués par le mystérieux archer qui venait de le sauver et les soldats impériaux restants, mais son sauveur restait toujours introuvable. Les soldats impériaux reculèrent de quelques pas devant l'épée de feu du fugitif tandis que lui faisait de grands gestes circulaires pour les impressionner en faisant tourner son poignet.

-Sortez vos arcs, renvoyez vite ce démon en enfer ! Hurla un des soldats d'une voix grave qui semblait être leur chef.

Le « démon » s'élança sur ses agresseurs en leur administrant des violents coups d'épées amplifiés par la puissance élémentaire du feu qui dansait autour de son épée. Il ne lui fallut qu'une dizaine de secondes pour réduire cinq des soldats à l'état de cendre. Sa magie guerrière et son épée de feu était bien plus puissante que de modiques épées de fer. Une flèche siffla et il vit cette fois qu'elle venait du camp ennemi, c'était l'homme qui semblait être le capitaine des soldats à présent qui l'avait lui-même tirée.
Le fugitif n'eut pas eu le temps de réagir à cause de la fatigue et du manque de sommeil et se retrouva avec une flèche dans l'épaule. Il s'écroula au sol en laissant tomber son épée magique qui s'éteignit alors, comme si elle était alimentée en magie par son porteur. Le chef des soldats s'avança, épée à la main et se prépara à abattre l'homme qu'il traquait depuis presque une semaine mais fut stoppé dans son action par une flèche du mystérieux archer qui l'avait sorti de son impasse quelques minutes plus tôt. Le magicien se mit lâcher un soupir qui pouvait se traduire par un « C'était moins une ! ». Une silhouette s'avança vers lui mais à cause de la noirceur de la pénombre il ne put distinguer qui était-elle. Il entendit le bruit sourd d'un arc se tendre, c'était celui de son mystérieux sauveur qui allait devenir son mystérieux meurtrier s'il ne réagissait pas. Ne sachant quoi faire, il eut l'idée de prendre son épée et d'utiliser sa magie des lames pour lui montrer qu'il n'était pas un soldat. La puissance lumière que produisait son épée révéla l'apparence de son sauveur ou plutôt de sa sauveuse. C'était une belle jeune femme qui devait être à peine plus âgée que lui de taille moyenne aux cheveux aussi sombres que la nuit et à la peau claire comme la lune. Elle était vêtue assez légèrement, seuls des fourrures d'animaux sauvages recouvraient sa poitrine et ses parties intimes. Le magicien des lames était à la fois subjugué devant le charme bestial de cette archère mais aussi surpris, si elle tuée des impériaux cela ne pouvait être que pour une seule raison : elle aussi était dans le même « cas » que lui. La magie produite par la lame fit immédiatement baisser l'arc de la femme sauvage en même temps qu'elle se mit à pousser un cri de surprise.

-Je t'ai cherché pendant si longtemps, lança la femme en laissant tomber son arc.

-Ah bon, moi ? Pour me livrer à l'empire ? Dit l'homme au manteau sombre avec une note d'humour dans sa voix.

Bien qu'il avait répondu avec ironie, il était on ne peut plus heureux de rencontrer cette femme qui venait de la tirer des griffes de la mort ou encore d'une exécution publique devant le palais impérial d'Eternia.

-Oui, toi. Le détenteur de l'astérisque des Lamesorts.

L'homme écarquilla les yeux et comprit que sa théorie du fait qu'elle aussi était comme lui venait d'être confirmée : elle savait qui il était et elle ne lui voulait aucun mal. Le Lamesort se mit à pousser un cri de joie en courant vers la chasseresse pour l'étreindre dans ses bras.

-Ravis de te rencontrer ! Je suis Waylan, et toi quel est ton nom ? Quel est l’astérisque que tu détiens ?

Cette dernière, plus habituée à la violence qu'aux réjouissances le retourna et le plaqua au sol en plaquant une dague contre sa nuque, déjà agacée par les questions de cet homme.

-Eviter de me toucher t'évitera aussi de te retrouver poignardé, est-ce que c'est clair ? Répliqua-t-elle sur un ton froid et courroucé.

-Euh … Oui, c'est très clair, bégaya-t-il.

Elle le remit debout en lui glissant son prénom à l'oreille, elle se prénommait Diana. L'archère sauvage aux allures de guerrière amazone ou plutôt de déesse de la chasse lui fit ensuite signe de le suivre sans lui donner aucun détails supplémentaires, ni sur son astérisque, ni sur leur destination.