Note de la fic : :noel: :noel: :noel:

Les partenaires de l'Archange


Par : Sebantey
Genre : Fantastique, Action
Statut : C'est compliqué



Chapitre 5 : Premiers Pas


Publié le 08/03/2013 à 22:53:25 par Sebantey

- Et c'est pour ça que ces endroits sont dangereux.
- Donc si je comprends bien, reprit Alessa, un QG de l'Archange s'est installé dans chaque grande ville, et ensuite un périmètre de sécurité est mis en place tout autour.
- Voilà, c'est ça.
- Et les petits villages sont dedans aussi ?
- Officiellement oui. Si tu regardes sur une carte, par exemple, tu verras que chaque petite habitation humaine est comprise dans le périmètre. Mais en réalité, ce périmètre est beaucoup plus restreint, et seules les villes importantes sont vraiment protégées. Des casernes sont installées à proximité, et des membres de l'Archange y sont affectés, pour surveiller les environs et pour intervenir en cas de problème.
- Et donc, dit Alessa, si personne ne se rend par hasard dans le village de tout à l'heure...
- Il ne passera pas la semaine, acheva Sebantey. Mais ces villages sont de véritables terrains d'entraînement pour les aspirants chasseurs. Avec un peu de chance, tout ira bien.

Ils marchaient depuis plus d'une heure sur le sentier qui se dessinait vaguement à travers la plaine. Ils comptaient s'arrêter au prochain village pour y passer la nuit, et sur le chemin, Sebantey expliquait à sa nouvelle partenaire quelques bases sur le monde des chasseurs de démons. La discussion s'était naturellement orientée sur l'Archange, l'organisation mondiale regroupant tous les chasseurs confirmés afin de garantir la sécurité collective.

Conformément à son intuition, Alessa n'avait rien d'une fille stupide, et elle comprenait sans problème tout ce qu'il disait. De plus, les nombreuses questions qu'elle posait montraient bien sa motivation et son intérêt. Ils n'avaient pas encore eu l'occasion de se battre ensemble, mais pour l'instant, il semblait qu'il avait bien fait son choix.

- Tu te sens mieux ? demanda-t-il.
- Ouais, ça va. Quand est-ce que je pourrais enlever le bandage ?
- Mieux vaut attendre ce soir.
Ils marchèrent un moment en silence. Le ciel commençait à s'assombrir, et il faisait plus frais. Le village ne devait plus être loin.
- Tu crois qu'il y aura des démons, là-bas ? demanda Alessa.
- J'espère que non. Il faut d'abord que tu te reposes.
- Mais je vais très bien ! protesta-t-elle, agacée.
- C'est ce que tu répètes depuis tout à l'heure,  mais c'est déjà un exploit que tu puisses marcher sans problème. A moins que tu ne sois dotée d'une résistance surhumaine, tu devrais avoir un mal de tête atroce, et même si tu fais comme si de rien n'était, ça ne veut pas dire que tu vas bien.

Alessa n'ajouta rien. Elle avait effectivement l'impression qu'on lui martelait le cerveau à grand coup de masse, mais elle en avait assez de s'entendre dire qu'elle n'était plus capable de faire quoique ce soit.

- Il y a aussi autre chose, continua Sebantey. Dans la mesure du possible, j'aimerais qu'on évite d'avoir à se battre avant que tu ne sois prête.
- Mais on ne peut pas faire ça ! Des tas de gens risquent de se faire massacrer sinon !
- Attends au moins d'avoir tes armes !
- Quoi ? dit-elle, surprise. Quelles armes ?
- Il me semble pourtant t'avoir dit que celles que tu utilises ne sont pas au niveau. La première chose que l'on va faire, c'est t'en procurer de nouvelles, bien plus efficaces. Et en attendant, je préfèrerais éviter les mauvaises rencontres.

Bien qu'elle tenait beaucoup à ses armes, Alessa ne pouvait que se réjouir à l'idée d'en recevoir de plus puissantes, ce qui l'aiderait directement à devenir plus forte. Toutefois, elle avait des doutes, et elle se demandait si Sebantey était vraiment capable de lui trouver de telles armes. Elle aurait aussi voulu savoir en quoi les siennes étaient spéciales.

- Ca y est, on arrive.

Effectivement, de nombreuses habitations se dessinaient à l'horizon à mesure qu'ils avançaient. Il y en avait bien plus que dans le village précédent ; il devait y avoir au minimum trois cents habitants de plus.

- Il y a une caserne de l'Archange par ici ? demanda-t-elle.

Sebantey sortit alors son téléphone portable. Même pour elle qui n'y connaissait rien, celui-ci paraissait particulièrement perfectionné. Après un instant, il répondit :

- A cinq kilomètres au nord d'ici. A proximité d'une ville de classe C – de plus de 10 000 habitants, expliqua-t-il. Assez importante pour être protégée, donc.
- Et ce village est dans quelle classe ? le questionna-t-elle en montrant les nombreuses maisons du doigt.
- Hors catégorie, dit-il en esquissant un sourire peiné.

Ils pénétrèrent enfin dans le village. Bien plus grand que l'autre, il se situait au milieu d'une vaste plaine, bordé de chaque côté par une immense forêt. En voyant le nombre impressionnant de personnes qui bavardaient dans les rues et tous les enfants qui courraient partout en riant, on aurait du mal à croire qu'un tel endroit était presque totalement à la merci d'horribles créatures impitoyables.

- On va faire une ronde pour voir s'il y a quelque chose d'anormal, dit Sebantey.
- On ferait mieux de se séparer. Ce village est beaucoup trop grand, ça va nous prendre des heures sinon.
- Tu veux qu'on se sépare ? Je sais pas trop...
- Ca va, répliqua-t-elle, je peux très bien m'occuper de moi toute seule.
- Bon, prends au moins ça.

Il sortit son arme à feu et la lui donna.

- Juste au cas où.
- Je suis pas trop à l'aide avec ces trucs, confia Alessa.
- C'est pas bien compliqué. Tu vises, tu tires. De toute façon, je ne pense pas que tu en auras besoin. Par contre, j'y tiens beaucoup, alors prends en soin.
- Ton flingue et moi on reviendra en un seul morceau, assura-t-elle.
- Bon, tu vois l'auberge là-bas ? dit-il en montrant le centre du village. On se retrouve devant dans... disons, vingt minutes ?
- Ca marche. A dans vingt minutes.

Et ils se dispersèrent. Sebantey espérait vraiment qu'il n'allait rien leur arriver de plus. La journée avait été suffisamment éprouvante, et quoi qu'elle en dise, Alessa devait toujours souffrir du poison. Heureusement, après avoir arpenté les nombreuses ruelles pendant une vingtaine de minutes, ni lui ni Alessa ne rencontrèrent le moindre problème. Ils purent se rendre comme prévu devant l'auberge à l'heure indiquée. Une fois réunis, et après avoir annoncé qu'ils n'avaient rien trouvés, ils pénétrèrent à l'intérieur du bâtiment.

Plusieurs personnes mangeaient en bavardant gaiement autour de quelques tables. D'autres, assises plus loin, discutaient bruyamment tout en buvant quantité de boissons alcoolisées. Les deux aspirants chasseurs de démons approchèrent de l'aubergiste, un vieux type occupé à nettoyer son comptoir avec un vieux chiffon abîmé.

- Deux chambres, s'il vous plaît, dit-il à l'adresse du vieil homme.
- Une, rectifia Alessa.

Sebantey lui jeta un regard surpris. Après tous ses efforts pour se montrer distante, il n'aurait jamais cru qu'elle accepterait de partager une chambre avec lui. L'aubergiste le regarda d'un air interrogateur, attendant confirmation. Après un nouveau coup d'œil à Alessa, Sebantey décida de n'en prendre qu'une. Il paya, récupéra les clefs, et ils se rendirent dans à l'étage. Leur chambre était assez joliment décorée, mais il y avait peu de place. Alessa, qui n'avait pas dormi avec quelqu'un d'autre depuis plusieurs années, se sentait un peu nerveuse dans cet espace réduit. Sebantey alla regarder par la fenêtre. Le soleil se couchait déjà. Quelle journée ! S'il avait su, ce matin, qu'il se retrouverait ici, en compagnie de cette fille... Jusqu'au dernier moment, il avait bien cru qu'elle ne le suivrait pas.

- Bon, dit-il en se tournant vers elle. Qu'est-ce que tu veux boire ?
- Rien. J'ai pas soif.
- On a marché pendant plus de deux heures, et il fait chaud tout l'après-midi, observa-t-il.
- Je me contenterais de l'eau du robinet.

Sebantey la regarda, incrédule. Qui s'obstinerait à boire l'eau fade d'un robinet alors qu'une tonne de bons rafraichissements les attendaient un étage plus bas ? La réponse lui vint naturellement à l'esprit. Il aurait dû y penser avant.

- Tu sais, si tu l'avais voulu, je t'aurais payé ta propre chambre, dit-il.

Alessa se sentit rougir. Elle n'avait jamais eu d'argent, et jusqu'ici, ça ne l'avait jamais dérangé ; mais l'idée de vivre aux crochets de quelqu'un lui était insupportable.

- Non, répondit-elle, c'est bon pour la chambre. Pas besoin d'en avoir deux.
- Par contre, tu as besoin de manger et de boire, pas vrai ? Alors, dis-moi ce que tu veux.
- J'ai toujours réussi à me débrouiller toute seule, je te signale, alors laisse moi tranquille.

Si cette fille vivait dans la rue et qu'elle n'avait pas de quoi se payer à manger, elle devait sûrement voler de quoi survivre. En tout cas, c'est ce qu'aurait fait Sebantey. Il n'était toutefois pas question qu'il la laisse faire tant qu'ils vivraient ensemble. Cependant, il semblait clair qu'il n'arriverait pas à lui faire entendre raison. Il décida de passer à une autre stratégie.

- Attends-moi ici, lui dit-il, je reviens.

Pendant son absence, Alessa s'allongea sur son lit, profitant de ce moment pour rassembler ses pensées. Elle avait fait un choix important, aujourd'hui, et ça l'effrayait. Se lier à quelqu'un alors qu'elle s'était juré de rester seule... mais il ne s'agissait pas de ça. La seule raison qui la gardait ici, c'était sa volonté de devenir plus efficace en matière de démons. Le moment venu, elle n'avait qu'à partir. Après tout, elle était libre de faire ce qu'elle voulait. En attendant, elle devait se méfier. Ne pas s'attacher, ne pas s'enfoncer dans une prise d'affection idiote. Alessa repensa à ce garçon, et elle comprit qu'elle allait devoir faire très attention.
Elle l'entendit soudain revenir dans le couloir. Quand il entra dans la chambre, elle se redressa d'un bond sur son lit, sidérée.

- Mais qu'est-ce que... mais c'est quoi tout ça ?

Sebantey portait un immense plateau argenté sur lequel il y avait un nombre stupéfiant de boissons différentes, chacune ayant sa couleur et son aspect propre. Il posa doucement le plateau sur son lit, faisant de son mieux pour ne rien renverser.

- Comme tu refusais de choisir, j'en ai pris deux de chaque. C'est plus simple comme ça, non ?
- Mais t'es complètement malade ! Je t'ai dit que je voulais rien !
- Oui, mais maintenant qu'ils sont payés – et non remboursables – ce serait dommage de les jeter, pas vrai ? Par contre, je n'ai rien pris qui soit à base d'alcool ; mais franchement, je ne t'imagine pas en train de te soûler à la bière...

Alessa n'arrivait pas à croire une chose pareille. Des jus de sirop, des verres de lait, et bien d'autres trucs dont elle ignorait le nom... Ca avait du lui coûter une fortune !

- C'est pas possible...
- Laisse tomber, et prend ce qui te fait envie, dit-il en saisissant lui-même un jus de sirop de couleur verte.
- Je... je peux pas...

Sebantey soupira.

- Bon écoute, si toi et moi sommes amenés à rester ensemble pendant un moment, je m'engage, ici et maintenant, à prendre en charge la totalité des frais que tu pourrais dépenser en nourriture, vêtements... et puis, je ne sais pas moi, des trucs de filles ! Inutile de t'en faire pour ça. J'ai prévu largement de quoi couvrir nos dépenses communes. Alors, s'il te plaît, prends quelque chose.

Elle le regarda un long moment, interdite. Enfin, elle se décida à prendre un verre de lait. Elle le but à petites gorgées, puis elle dit :

- Je rembourserais tout. Jusqu'au dernier centime.
- C'est vraiment pas important.
- Pour moi, ça l'est. Je rembourserais même le double ! C'est promis.
- Fais comme tu veux.

Il préférait en rester là. Cette fille avait sa fierté, et si lui promettre de lui rendre son argent pouvait l'aider à se sentir mieux, alors autant la laisser faire.

- Quand même, dit-elle entre deux gorgées de jus de fruit, l'aubergiste devait être content.
- Ah ça, il a gagné sa journée, c'est sûr ! Peut-être même sa semaine, ajouta-t-il en riant.

Ce qu'Alessa ignorait, c'est qu'un malheureux évènement avait fait de Sebantey l'unique héritier d'une somme d'argent suffisante pour les loger et les nourrir lui et elle pendant au moins une vingtaine d'années.

Après un quart d'heure, ils n'avaient même pas vidé la moitié du plateau. Sebantey décida toutefois qu'il était temps d'aller chercher à manger. Après un nouveau refus de la part d'Alessa, il menaça de commander chaque plat en double exemplaire ; celle-ci se résigna alors à prendre la même chose que lui. Il descendit à la réception et commanda une fournée de crêpes qui ne mirent pas longtemps à être servies.

- Au fait, dit l'aubergiste alors que Sebantey s'apprêtait à prendre congé, je dois vous prévenir : il y a un couvre-feu en vigueur au village. Interdiction de sortir après vingt et une heure.
- C'est une plaisanterie ? demanda le garçon, incrédule.
- Pas du tout. Voyez-vous, il y a peu, un village pas loin d'ici a été rasé par une armée de monstres, paraît-il. Depuis, chez nous, c'est extinction des feux à vingt et une heure. Pour éviter d'attirer l'attention. Aucun excès toléré.
- Oui, j'imagine que c'est une bonne décision, dit Sebantey d'un ton peu convaincu.

Il jeta un coup d'oeil à l'heure affichée sur son téléphone. Un couvre-feu était sans doute judicieux, mais l'idée de rester enfermé ici dans à peine une heure lui était particulièrement pénible. Il alla rejoindre sa partenaire et ils mangèrent en silence. Quand ils eurent terminé, il jeta un nouveau coup d'oeil à son téléphone, et déclara :

- Si ça ne t'ennuie pas, je vais profiter de la demi-heure qui me reste avant d'être coincé ici.
- De quoi ?
- Il y a un couvre-feu à vingt et une heure. Les villageois ont peur de se faire attaquer.
- A ce moment-là je sors moi aussi.

Autant profiter de l'extérieur tant qu'elle le pouvait encore. Elle était contente de pouvoir dormir au chaud cette nuit, mais ça ne l'empêchait pas d'apprécier la fraîcheur du crépuscule. Elle se promena un instant dans le village, souriant en voyant quelques enfants jouer ensemble. Elle jeta un regard vers son nouveau partenaire. Celui-ci gardait les yeux fixés sur le ciel, l'esprit errant dans le vague. Après tout, c'était une très belle nuit.

Au bout d'un moment, un grand type arriva sur la place centrale, et fit résonner une cloche si fort qu'on devait l'entendre dans tout le village. Aussitôt, les villageois se dépêchèrent de rentrer chez eux. Il devait s'agir du signal que le couvre-feu était à présent en vigueur.

- Viens, c'est l'heure, lui confirma Sebantey.

Ils rentrèrent dans l'auberge et retournèrent dans leur chambre. Par la fenêtre, on voyait les lumières des maisons s'éteindre les unes après les autres. Les volets tombaient, les portes étaient fermées à triple tour, et plus rien ne faisait le moindre bruit.

- Il y a de l'ambiance par ici, ironisa Sebantey.
- Qu'est-ce qu'on fait, ce soir ? demanda Alessa.
- Moi, je vais commencer par me demander comment je suis sensé dormir avant minuit. Et sinon rien, pourquoi ?
- T'étais censé m'apprendre des trucs sur les démons, je te rappelle.
- Et toi, il faut que tu dormes pour récupérer. On a encore beaucoup de chemin à faire, on aura largement le temps de parler de ça.
- Tu as dit qu'on n'affronterait pas de démons avant que je ne sois prête, alors je veux l'être le plus vite possible.
- Et c'est tout à ton honneur, mais ne t'en fais pas, tu seras prête en un rien de temps. A présent, repose-toi.

Alessa voulut protester encore, mais la fatigue l'accablait, et elle recommençait à se sentir mal. Alors, elle se résigna à écouter ses conseils et décida d'aller dormir tout de suite. Peu de temps après, Sebantey éteignit les lumières et se coucha également. Comme il l'avait prévu, il ne trouva pas le sommeil avant longtemps.


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