24 heures avant de mourir
Par : Kom_T_Tristounet
Genre : Réaliste , Sentimental
Status : Terminée
Note :
Chapitre 36
Publié le 27/09/12 à 22:28:35 par Kom_T_Tristounet
23h45
Le camion filait à toute allure dans les rues endormis de la ville. Pour déconner, le conducteur avait allumé les gyro histoire d'embêter les « honnêtes citoyens qui dorment ». Les blagues et vannes douteuses allaient bon train dans l'équipe, la journée de travail venait juste de commencer pour eux. Ils prenaient soin de la fille, apparemment elle avait fait un coma éthylique après avoir ingurgité trop d'alcool. Les pompiers interrogèrent Jean pour savoir combien de verres elle avait bu, mais ce dernier ne l'avait même pas vu à la soirée, il fut donc incapable de répondre à la moindre question.
Pendant ce temps là, le pompier qui l'avait amené plus de force que de gré le prenait en charge, tentant de réparer ses blessures de plus en plus nombreuses au fur et à mesure que la journée s'écoulait. Il désinfecta, recousit , appliqua des bandages, et au final, il engueula Jean. Il lui demanda si il souhaitait porter plainte pour l'agression qu'il avait subit. Comment ce type avait il pu deviner que Jean Théopolde s'était fait agressé ? C'était si voyant que ça ? Même en tentant de garder la tête haute, tout le monde voyait qu'il s'était fait lyncher comme une merde ?
JT n'avait pas envie de parler de son agression... En temps normal, il aurait sûrement eu envie de se venger, il aurait probablement porté plainte même si il savait pertinemment que ça n'aurait mené nul part... Mais là, il ne voulait pas perdre de temps avec des connards pareil, alors il déclina la proposition, et prétexta qu'il s'était juste « un peu » battu à la soirée, rien de plus.
Le pompier fronça les sourcils, visiblement peu satisfait par le comportement passif de Jean. Il avait pas l'air de croire son histoire , pour lui les blessures étaient trop grave pour une simple escarmouche entre compagnons de beuverie – même si c'était vrai aussi dans le cas de JT– mais le pompier en avait vu d'autres. Il avait fait ce métier à l'origine, pour sauver des gens, se sentir utile à la société, pouvoir se dire « grâce à moi, ce type vivra » et aussi pour pouvoir sauver une belle blonde d'un immeuble en flamme. Des immeubles en flammes, il en avait vu, des squats délabrés où tout un tas de gens sentant la crasse et la misère vivaient, des gens qui refusaient de quitter leur trou, leurs maigres biens, même quand tout partait en fumée et qu'il fallait les traîner dehors de force.
Ce n'était pas des belles blondes, ça non. Et que dire de ses pièges de plus en plus fréquents qu'on leur tendait à lui et à ses collègues? Une voiture, une poubelle qui crame au fond de la cité, c'est un appel au caillassage, il le savait, tout le monde le savait, mais il devait quand même y aller, c'était le devoir. Lui qui était devenu pompier pour sauver des gens et avoir leurs reconnaissances, il se retrouvait pris à parti par des petits cons... Le drame c'était que certains collègues pétaient les plombs à cause de ça, et refusaient d'aller porter assistance à des personnes en danger dans ces coins là, ou bien il y allaient en prenant tout leurs temps... Et pourtant il n'y avait pas que des connards qui vivaient là bah, ça non, mais toute la zone se retrouvaient pénalisé, au final les honnêtes gens se plaignaient du manque d'interventions des pompiers, ce qui entraînait des représailles lorsqu'ils venaient... un vrai cercle vicieux qui allait mal finir.
Et puis il y avait les autres aussi, ceux qui ne vivaient pas dans des quartiers pourri au milieu des tours, ceux comme cette fillette allongée dans le camion. Ceux-là non plus, le pompier ne les aimait pas. Lui aussi avait pris des cuites dans sa jeunesse bien sûr, mais jamais au point de se faire ramener par les pompiers... Et là, tout les weekends sans exception, il devait intervenir sur des jeunes cons qui dépassent leur limite pour le fun...Et encore, ceux là n'étaient que des lycéens, sans permis de conduire donc... C'était encore autre chose avec les jeunes majeurs, prenant le volant, qu'il fallait ramasser un peu partout sur le bord de la chaussé, après tu ramènes le tas de chair dans le camion, et tu précises bien à leurs parents « oui, c'est votre fils madame » parce qu'ils ne le reconnaissent pas, ils ne le reconnaissent plus.
Combien de mère en larmes avaient-ils vu depuis le début de sa carrière ? Averti par la police, et débarquant sur les lieux de l'incident encore tout frais ? Il ne saurait le dire... Par contre il pourrait dire que la majorité des accidents auraient pu être évités, et que ce n'était que le fait d'une bande de con se croyant plus fort que tout .
Il en avait marre , marre de toutes cette connerie, marre de voir toutes cette misère qui devenait chaque jour plus importante. Il ramassait un clodo un jour, lui disait d'aller dans un centre, et il le retrouvait la semaine d'après mort de froid. Il se sentait inutile, pour lui le travail devrait se faire en amont.
Et ce jeune là ? Encore un de ces petits merdeux qui s'est torché et qui s'est fait tabassé. Il ne voulait même pas venir au début... Une vraie loque qui se laisse porter par le courant, en espérant ne pas se faire noyer. Quoi que celui-ci semblait un peu différent, il ne lâchait pas un mot, et pourtant il n'avait pas l'air si ivre que ça. Il était blessé de partout, mais ça ne semblait pas non plus l'affecter outre mesure.
Décidément, il comprenait de moins en moins la jeunesse . Étaient-ils tous fous ? Ou bien était-ce lui qui avait été trop naïf dès le départ ? Il aurait tout le temps de creuser la question plus tard, mais là, il avait un travail à accomplir.
Le camion filait à toute allure dans les rues endormis de la ville. Pour déconner, le conducteur avait allumé les gyro histoire d'embêter les « honnêtes citoyens qui dorment ». Les blagues et vannes douteuses allaient bon train dans l'équipe, la journée de travail venait juste de commencer pour eux. Ils prenaient soin de la fille, apparemment elle avait fait un coma éthylique après avoir ingurgité trop d'alcool. Les pompiers interrogèrent Jean pour savoir combien de verres elle avait bu, mais ce dernier ne l'avait même pas vu à la soirée, il fut donc incapable de répondre à la moindre question.
Pendant ce temps là, le pompier qui l'avait amené plus de force que de gré le prenait en charge, tentant de réparer ses blessures de plus en plus nombreuses au fur et à mesure que la journée s'écoulait. Il désinfecta, recousit , appliqua des bandages, et au final, il engueula Jean. Il lui demanda si il souhaitait porter plainte pour l'agression qu'il avait subit. Comment ce type avait il pu deviner que Jean Théopolde s'était fait agressé ? C'était si voyant que ça ? Même en tentant de garder la tête haute, tout le monde voyait qu'il s'était fait lyncher comme une merde ?
JT n'avait pas envie de parler de son agression... En temps normal, il aurait sûrement eu envie de se venger, il aurait probablement porté plainte même si il savait pertinemment que ça n'aurait mené nul part... Mais là, il ne voulait pas perdre de temps avec des connards pareil, alors il déclina la proposition, et prétexta qu'il s'était juste « un peu » battu à la soirée, rien de plus.
Le pompier fronça les sourcils, visiblement peu satisfait par le comportement passif de Jean. Il avait pas l'air de croire son histoire , pour lui les blessures étaient trop grave pour une simple escarmouche entre compagnons de beuverie – même si c'était vrai aussi dans le cas de JT– mais le pompier en avait vu d'autres. Il avait fait ce métier à l'origine, pour sauver des gens, se sentir utile à la société, pouvoir se dire « grâce à moi, ce type vivra » et aussi pour pouvoir sauver une belle blonde d'un immeuble en flamme. Des immeubles en flammes, il en avait vu, des squats délabrés où tout un tas de gens sentant la crasse et la misère vivaient, des gens qui refusaient de quitter leur trou, leurs maigres biens, même quand tout partait en fumée et qu'il fallait les traîner dehors de force.
Ce n'était pas des belles blondes, ça non. Et que dire de ses pièges de plus en plus fréquents qu'on leur tendait à lui et à ses collègues? Une voiture, une poubelle qui crame au fond de la cité, c'est un appel au caillassage, il le savait, tout le monde le savait, mais il devait quand même y aller, c'était le devoir. Lui qui était devenu pompier pour sauver des gens et avoir leurs reconnaissances, il se retrouvait pris à parti par des petits cons... Le drame c'était que certains collègues pétaient les plombs à cause de ça, et refusaient d'aller porter assistance à des personnes en danger dans ces coins là, ou bien il y allaient en prenant tout leurs temps... Et pourtant il n'y avait pas que des connards qui vivaient là bah, ça non, mais toute la zone se retrouvaient pénalisé, au final les honnêtes gens se plaignaient du manque d'interventions des pompiers, ce qui entraînait des représailles lorsqu'ils venaient... un vrai cercle vicieux qui allait mal finir.
Et puis il y avait les autres aussi, ceux qui ne vivaient pas dans des quartiers pourri au milieu des tours, ceux comme cette fillette allongée dans le camion. Ceux-là non plus, le pompier ne les aimait pas. Lui aussi avait pris des cuites dans sa jeunesse bien sûr, mais jamais au point de se faire ramener par les pompiers... Et là, tout les weekends sans exception, il devait intervenir sur des jeunes cons qui dépassent leur limite pour le fun...Et encore, ceux là n'étaient que des lycéens, sans permis de conduire donc... C'était encore autre chose avec les jeunes majeurs, prenant le volant, qu'il fallait ramasser un peu partout sur le bord de la chaussé, après tu ramènes le tas de chair dans le camion, et tu précises bien à leurs parents « oui, c'est votre fils madame » parce qu'ils ne le reconnaissent pas, ils ne le reconnaissent plus.
Combien de mère en larmes avaient-ils vu depuis le début de sa carrière ? Averti par la police, et débarquant sur les lieux de l'incident encore tout frais ? Il ne saurait le dire... Par contre il pourrait dire que la majorité des accidents auraient pu être évités, et que ce n'était que le fait d'une bande de con se croyant plus fort que tout .
Il en avait marre , marre de toutes cette connerie, marre de voir toutes cette misère qui devenait chaque jour plus importante. Il ramassait un clodo un jour, lui disait d'aller dans un centre, et il le retrouvait la semaine d'après mort de froid. Il se sentait inutile, pour lui le travail devrait se faire en amont.
Et ce jeune là ? Encore un de ces petits merdeux qui s'est torché et qui s'est fait tabassé. Il ne voulait même pas venir au début... Une vraie loque qui se laisse porter par le courant, en espérant ne pas se faire noyer. Quoi que celui-ci semblait un peu différent, il ne lâchait pas un mot, et pourtant il n'avait pas l'air si ivre que ça. Il était blessé de partout, mais ça ne semblait pas non plus l'affecter outre mesure.
Décidément, il comprenait de moins en moins la jeunesse . Étaient-ils tous fous ? Ou bien était-ce lui qui avait été trop naïf dès le départ ? Il aurait tout le temps de creuser la question plus tard, mais là, il avait un travail à accomplir.
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