Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

L'achèvement d'une ère.


Par : Spyko
Genre : Action, Science-Fiction
Statut : Terminée



Chapitre 49 : Seul fautif.


Publié le 31/03/2012 à 20:03:10 par Spyko

Tout ce qui suivit fut probablement assez bruyant. Néanmoins, dès que son doigt pressa la détente et que le tir, qui me parut assourdissant, partit du canon, je me sentis plongé dans un silence de mort. Il fut le plus long et le plus terrifiant de toute ma vie. L'action elle-même paraissait être devenue incroyablement lente.
Le laser traversa la boite crânienne de la jeune femme dans le sens de la hauteur et ressortit, faisant exploser le haut de son crâne, projetant des fragments de cervelle et d'os dans toutes les directions, et aspergeant le plafond de sang. Ses jambes cédèrent, et tout son corps bascula sur le côté, allant s'écraser au sol en formant une sanglante tâche, qui se répandit tout autour du cadavre. Sa main, elle, resta fermement, et définitivement, serrée autour de l'arme.
Je ne pus détacher mon regard de ce corps. Je me laissai tomber à genoux, avec toujours l'impression d'être devenu sourd. Je ne m'entendis même pas hurler de dépit, alors que je donnai un coup de poing sur le plancher, aussi fort que je le pouvais. Des larmes coulant sur mes joues, à quatre pattes, je n'entendis pas non plus la porte s'ouvrir, et c'est à peine si je vis les soldats complètement paniqués entrer, et essayer de m'éloigner de la jeune femme.

*Tu avais juré...* résonna à l'intérieur de mon crâne la voix de Max.

Il m'empoignèrent pour m'aider à me relever, voyant que j'étais devenu une vraie loque à la vue de ce suicide. Leur voix toujours assourdie, mes propres yeux toujours embués, je me débattis avec force. Je parvins à m'arracher à leur étreinte, envoyai un coup de coude au visage de celui de droite, et me précipitai vers la porte, à travers le brouillard humide de ma vision. Mon pied dérapa dans la mare de sang, et j'attrapai l'encadrement pour ne pas tomber à la renverse.
Plusieurs personnes accouraient vers l'habitation, alertées par le coup de feu et le cri, mais je ne leur prêtai pas attention. Peut-être certaines d'entre elles étaient mes coéquipiers. Je me heurtai brutalement à quelqu'un, et partis sur le côté, immédiatement retenu par un bras solide, qui me stoppa net. A travers les larmes, je distinguai le visage flou de Tony.

« Eh, Alex, qu'est-ce qu'il y a? »

Des cris retentirent près de notre habitation, des cris de terreur. Il regarda dans cette direction, puis me força à le suivre. Je tentai de me débattre. Je ne voulais pas y retourner, pas voir son cadavre allongé dans son sang, de la cervelle dégoulinant par le dessus de son crâne, je ne voulais pas...

« Laisses tomber, tu vas me suivre. Qu'est-ce que t'as fait cette fois? Si c'est grave, on va devoir te chasser! »
« C'est pas moi... J'y suis pour rien... Mais... je... je leur avais juré.... »
« Du calme, reprends toi, on va aller voir ça. »
« Non! hurlais-je. Pitié, me fais pas retourner là-bas! Lâches-moi !! »
« Alex! Bon sang, calmes-toi ! »

Il me traina presque jusqu'à la maison, où les gens se séparèrent pour nous laisser passer. Je n'essayai même plus de m'échapper, résigné à devoir affronter le regard mort de mon amie une nouvelle fois. Le cadavre était toujours là, son arme fermement serrée dans sa main droite, gisant au milieu du sang frais. Les soldats qui étaient entrés et que j'avais frappé essayaient de bloquer le passage.

« Bon sang.... souffla Tony. C'est toi qui as...? »
« Non! J'aurais jamais fait ça! Elle l'a fait seule... »
« Laissez-nous passer! s'exclama une voix horriblement familière. Laissez-nous passer bordel! C'est NOTRE maison, dégagez de là! »

En tout cas, ça, je savais ce que ça voulais dire. Je déglutis et restai là, tremblotant, tandis que mes coéquipiers se frayaient un chemin à travers la foule, et qu'ils allaient finir par tomber sur moi, Tony, les soldats, et Carmen. Ayant pressenti ce qui allait se produire, les deux gardes rentrèrent à l'intérieur et fermèrent la porte, afin de dissimuler ce qu'il y avait derrière.
Steph', Jessie, Matt, et, à mon grand désespoir, Max, se plantèrent devant moi, et posèrent un regard interrogateur sur tous ceux qui se trouvaient là. Je respirai avec difficulté, les mains moites, le visage ruisselant de larmes. Je baissai la tête, ne sachant pas quoi dire. Je vis alors que mes mains étaient couvertes de sang. Je les avais surement posées dans la mare en rampant pour m'éloigner...
La sœur de la défunte suivit mon regard et fit presque un bond en arrière en voyant mes paumes rouges.

« Alex! Qu'est-ce qu'il y a? Où est Carmen? Elle est venue te dire où on était, pourquoi elle est pas avec toi? »

Je ne pouvais pas répondre... Heureusement pour moi, Tony s'en chargea à ma place

« Il y a eu un incident assez regrettable. Je vous déconseille de rentrer dans la maison pour le moment... »
« Quoi? Qu'est-ce qu'il lui est arrivé? Qu'est-ce que tu lui as fait!! »
« Rien! J'ai rien fait, c'est pas ma faute! »
« Alors pourquoi est-ce que t'as les mains pleines de... »
« Eh! Merde, c'est quoi ce bordel! Putain, recules, rec... »

Les paroles du soldat resté dans la maison se stoppèrent dans un cri d'agonie, tandis que son partenaire, lui aussi dans l'habitation, se mettait à hurler. Même à travers le métal, le bruit de la chair déchiquetée nous parvint distinctement. Le panneau métallique coulissa silencieusement, et une main ensanglantée apparut dans l'ouverture, suivie par l'homme, en piteux état. Il n'eut que le temps d'ouvrir la bouche avant qu'une lame encore couverte de chair ne lui transperce le torse dans un craquement de côtes.
Lorsque la porte fut totalement ouverte, ce que j'y vis me terrifia tellement que je crus que j'allais étriper Tony s'il ne me lâchait pas immédiatement. Heureusement, il desserra son emprise, et je le repoussai violemment, avant de me mettre à courir, jetant sur le côté tout ceux qui se trouvaient sur mon chemin. Stephanie poussa un hurlement et se jeta dans les bras de Matt.
Une fois sortit de la foule, je trébuchai et me laissai tomber à terre, avant de commencer à ramper désespérément. Carmen était sorti de la maison. Deux puissantes lames avaient transpercés la peau de son dos, et celle de son crâne s'était fendue de haut en bas. La combinaison qui recouvrait son ventre avait craqué, laissant apparaître deux petits membres au milieu de ses intestins. Ses yeux étaient jaunes. Les griffes qui dépassaient de ses bottes cliquetaient sur le métal. Sa mâchoire inférieure n'était retenue que par quelques maigres filaments de chair.
Ce que j'avais vécu deux jours auparavant, enfermé dans la salle de bain, me revint à l'esprit dès l'instant où je posai mes yeux sur cette abomination. A cinq mètres de l'attroupement, je sentis que mon esprit se brisais à nouveau, et je dus m'accrocher pour ne pas sombrer définitivement.

« Emmenez-les ailleurs, vite! »

Je vis plusieurs soldats emmener de force mes coéquipiers, au milieu desquels Stéphanie pleurait toutes les larmes de son corps en hurlant. L'un d'eux se sépara du groupe et commença à marcher dans ma direction, me pilonnant d'un regard chargé de dégout. Max...
Un nouveau cri de douleur résonna, et tous ceux qui s'étaient massés autour de notre habitation se dispersèrent enfin, fuyant la créature.

« Bon sang, abattez-la, maintenant! ordonna Tony d'une voix forte, couvrant les cris de frayeur. »

Un rugissement inhumain retentit au milieu d'une pluie de laser, puis le silence se fit à nouveau. L'homme amputé était désormais devant moi, ne parvenant à dissimuler sa rage que de justesse. Étant à terre, il n'eut aucun mal à me donner un violent coup de pied dans l'estomac, qui me fit hoqueter et respirer difficilement.

« Tu les as bien protégés à ce que je vois, hein? cracha t-il enfin. Mike, mort dans un crash, et maintenant, Carmen a été infectée? Bon boulot, chef.... grogna t-il en ponctuant sa phrase d'un second coup. »
« J'ai fait ce que j'ai pu...., tentais-je d'une voix sifflante. Je sais même pas comment elle a pu l'être... »
« Bizarrement, j'ai l'impression que, pour toi, ''faire ce que tu peux'', ça se résume à pas grand chose. T'espère encore avoir leur confiance après? »
« Max... »

Il amorça un nouveau coup de pied, mais parvint à résister. Tremblant de rage, il me lança un regard chargé de menaces, et cracha à mes pieds, avant de tourner les talons. Alors qu'il partait, Tony, lui, arrivait. Il ne semblait pas de meilleure humeur, et ses hommes semblaient vouloir me faire la peau dans la seconde qui suivait. Trois cadavres étaient alignés devant la porte, sans compter celui du nécromorph.

« Va falloir mettre certaines choses au point cette fois, maugréa le chef de la sécurité. Emmenez-le. »


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