Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

L'achèvement d'une ère.


Par : Spyko
Genre : Action, Science-Fiction
Statut : Terminée



Chapitre 46 : Un esprit morcelé.


Publié le 30/03/2012 à 19:15:17 par Spyko

S'apercevant que je l'avais enfin identifié, Max rangea son cutter d'un geste rapide et, de son unique main, m'empoigna sauvagement par la gorge, m'écrasant davantage contre le flanc du camion. Il passa ensuite son avant-bras gauche pour me maintenir contre la paroi, et attrapa l'arme qu'il venait juste de ranger. Il la pointa sur mon front, ses yeux laissant échapper des éclairs fulgurants de rage pure.
Il serrait les dent à les fendre, et tous ses traits étaient crispés, ses muscles contractés. J'avais déjà vu toutes ces expressions corporelles lorsque Seb' avait tenté de me tuer, sauf que ce n'était pas l'influence d'un quelconque artefact qui les causait aujourd'hui. Il m'enfonça un peu plus le canon de l'arme dans le front, le doigt posé sur la détente.
Il pesait de tout son poids contre moi, et je n'arrivait pas à faire le moindre mouvement, d'autant plus qu'un geste trop brusque pourrait s'avérer fatal. Et quand il parla, ce fut dans un chuchotement, comme s'il était tellement enragé qu'il ne pouvait faire plus.

« Vous êtes partis sans moi... Tu m'as mutilé, puis tu m'as abandonné... Pourquoi t'as fait ça, j'étais qu'un fardeau? »
« Max... »

Sa voix s'élevait de plus en plus, devenant toujours plus forte à chaque mot.

« Je recevais plus rien! commença t-il à crier. J'arrivai plus à vous parler! J'ai cru que vous y étiez passés aussi! Mais avoues, t'as isolé ma fréquence, tu voulais pas m'entendre, hein, espèce de salopard! »
« On pouvais pas rester plus longtemps... »
« Tu crois que je t'aurais abandonné, moi!? On était amis, mais t'as préféré sauver ta peau plutôt que de m'attendre! »
« Le bâtiment s'écroulait, et on allait faire de même...! me défendis-je vainement. »
« Et alors! hurla t-il à pleine voix. J'ai bien remarqué que ça s'écroulait, putain, j'ai faillit le prendre sur la gueule! J'ai pu m'en tirer de justesse, et j'ai passé une putain de demi-heure à chercher vos corps dans les décombres, mais rien, que dalle! »

Le canon m'écorchait la peau au niveau du front, et un filet de sang me coulait dans les yeux. Il ne criait plus, il hurlait, et je craignais que cela n'ameute trop de monde.

« Mais bon, de toute manière, j'vois que vous m'avez vite remplacés? Z'avez encore récoltée une malheureuse rescapée sur votre route, histoire de pas vous sentir trop coupable, hein!? »

Le canon d'un pistolet laser se posa sur la tempe de mon ancien coéquipier. Jess fixait le survivant d'un air totalement froid, et plusieurs soldats s'étaient arrêtés à distance respectable, gardant l'homme en joue. A travers le sang qui coulait, je vis que Matt et les deux sœurs s'approchaient également. Malgré tout cela, il n'eut pas le moindre mouvement, gardant son regard glacial posé sur moi, maintenant son arme contre mon crâne.

« J'espère au moins que les autres vont bien, hein? siffla t-il entre ses dents. Matt, Steph', Carmen, Mike? »

A l'annonce de ce dernier nom, je tressautai légèrement, et mon expression changea de manière perceptible. Il interpréta cela de la bonne manière, et je sentis que quelque chose se brisait en lui. Il poussa un hurlement de rage en s'éloignant et jeta son cutter à terre, où il ricocha sur quelques mètres. La voix brisée par des sanglots de dépit, il pointa sa main valide vers moi, baissant quatre doigts dans un geste accusateur.

« T'avais juré que tu nous protègerais quand tu as pris les commandes! Que tu ferais tout pour qu'on s'en sorte! C'est dans cette optique que tu m'as coupé la main, pour que je m'en sorte! Et pourtant... T'avais pas le droit de nous laisser mourir Alex... acheva t-il, d'une voix brisée par les sanglots. Pas le droit... »

Des larmes glissèrent sur ses joues, traçant des sillons dans la saleté qui recouvrait son visage. Les personnes qui nous entouraient avait baissé leurs armes, complètement désemparées. Parmi eux, seule ma copine, qui avait entendu toute cette histoire dans le supermarché, était capable d'identifier cet homme et de comprendre pourquoi il était dans un tel état. Mes trois autres compagnons fendirent la ligne de soldats, et s'arrêtèrent.
Je lus l'interrogation dans leurs yeux avant même qu'ils n'ouvrent la bouche. Max se tourna vers eux, les yeux débordant de larmes, secoua légèrement la tête, et se laissa tomber à genoux en fermant les paupières. Mes coéquipiers s'étaient figés, et je devinai qu'ils l'avait à leur tour reconnu. Je ne pouvais pas remuer un muscle, devant le spectacle de cet homme bouleversé.
Constatant notre immobilité, deux soldats se séparèrent du rang et s'approchèrent de lui. Il leva la tête, mais ne fit pas mine de résister lorsqu'ils le relevèrent doucement. Ils le guidèrent vers l'endroit où ses nouveaux amis avaient été emmenés, l'éloignant de nous par la même occasion. Cela ne l'empêcha nullement de m'envoyer un regard assassin avant de passer le groupe de gardes.
Je sortis de ma torpeur, et fendis moi aussi la ligne de protecteurs. Mes amis me regardèrent partir, puis m'emboitèrent le pas. Je me rendis non pas à l'endroit où nous dormions, mais à l'armurerie. Après le sauvetage du convoi, elle était déserte. Je m'engouffrai à l'intérieur, et allai m'asseoir dans un coin.

« Alex... tenta Steph' d'une voix douce. »
« Oubliez-moi. Un moment... »
« Écoutes, on sait tous pourquoi t'avait fait ça. Même lui le comprendra à un moment. »
« Lâchez-moi... S'il vous plait... »

Ils abandonnèrent, et sortirent tous du bâtiment. Jessica resta encore quelques secondes, hésitante, puis fit demi-tour. J'ignore combien de temps je restai là, assis, à tenter d'effacer de ma mémoire tous ces évènements. Mais rien n'y fit. L'index accusateur de Max, tendu dans ma direction, continua de me hanter pendant de longues heures.
Finalement, j'entendis la porte s'ouvrir, et je me relevai, préférant éviter qu'on me retrouve ici. Un soldat arriva, me jeta un coup d'œil, puis s'attarda sur les armes alignées le long du mur. Je sortis, en prenant quelques munitions pour mon cutter histoire de donner l'impression que j'étais juste venu faire le plein, et m'aperçus que le soleil avait bien progressé dans le ciel. Ce devait être le milieu de l'après-midi. Persuadé que mes coéquipiers étaient sur les murailles, je me dirigeai vers notre bâtiment personnel.
En arrivant à proximité, je vis que Tony était juste devant la porte. Il tenait un objet assez long et fin dans les mains, et semblait attendre quelqu'un. Lorsqu'il me vit arriver, il s'approcha. Mon regard s'attarda sur l'étrange chose qu'il tenait, et je sentis un frisson me parcourir le dos. Il s'agissait de la lame de nécromorph que j'avais utilisé pour saboter le scanner, et que j'avais totalement oublié. La lame dont l'extrémité avait fondu.
Je m'arrêtai à quelques mètres, lui laissant le soin de parcourir le reste. Une fois à ma hauteur, il plongea son regard dans le mien.

« On voulait juste vérifier que vous aviez rien qui représentait un risque, vu qu'on a pas eu le temps de le faire. Mes hommes sont tombés là-dessus. »
« Je crois que j'ai remarqué... »
« En temps normal, j'aurais pas fait attention. Sauf que là... Nos ingénieurs ont commencé à réparer le scan'. Apparemment, certains câblages ont été sectionnés, y compris ceux de la batterie. »

Je déglutis. Cette fois, il n'y avait aucun doute quant à ce qu'il allait dire...

« Écoutes Alex, continua t-il en s'approchant, baissant la voix, depuis le début de l'Infection, je fait bien attention à ne plus jamais croire aux coïncidences. J'ai voulu essayer de passer au-dessus quand on a découvert la ''panne'' du scanner au moment où vous deviez y aller, mais finalement, on dirait que tout finit par se rejoindre. J'imagine que je me trompe pas...? »
« Non... concédais-je à mi-voix. »
« Alors, réponds-moi. Si c'est bien toi qui l'a saboté, c'était pas pour rien. Qui est infecté? »
« J'en sais rien..., murmurais-je. »
« Comment ça!? s'étonna t-il en haussant légèrement le ton. »
« On a subi un test dans le bunker, mais y avait aucun nom sur les résultats. Je sais juste qu'il y en a un qui était positif... »

Il recula, tentant apparemment de tout démêler, et d'appliquer une sanction qui y correspondait.

« Je suis censé tous vous jeter à l'extérieur, voire même vous abattre pour avoir tenté de faire rentrer un infecté ici..., marmonna t-il, presque pour lui-même. Néanmoins.. Je te laisse une chance, Alex, une seule. T'as jusqu'au départ du vaisseau pour trouver lequel d'entre vous c'est. Après ce délai... Vous resterez tous les cinq ici. »

J'encaissai la sentence sans un mot. C'était logique, même si c'était compliqué à accepter. Commençant à me dire que cette journée tournait tellement mal que ma tête risquait d'exploser, je rentrai dans notre ''maison'' en me disant que ça ne pourrait pas être pire. Hélas...
Une demi-heure plus tard, Carmen entra, épuisée. Elle se figea en me voyant assis sur mon lit, la tête basse.

« Désolée Alex, je pensais pas que t'étais ici... »
« C'est rien... »
« Je récupère juste un truc et je te laisse, t'en fais pas. »

Elle se pencha sur son sac pour le fouiller. A ce moment, tout ce qui restait de stable en moi se désintégra, cédant la place à un immense vide, un vide qui aspirait toutes mes pensées positives. Oui, à ce moment, je crus que j'allais définitivement basculer dans la folie.
Parce qu'à ce moment, quand elle tenta de prendre une quelconque barre de chocolat, elle hoqueta, et un petit jet de sang s'écrasa sur le plancher. Elle posa un genou à terre, tremblante, et s'essuya la bouche. Horrifiée, elle se redressa et appuya une main contre le mur.

« J'ai vraiment du prendre un mauvais coup, je devrais aller à l'infirmerie... »
« Oui, tu devrais...., murmurais-je, le souffle court. »

Légèrement oscillante, elle passa la porte et disparut à l'extérieur.
Je me recroquevillai sur le matelas, le regard vide, flottant dans un brouillard grisâtre. Je revis l'attaque finale de la ville. Les innombrables corps dans les tunnels. Benjamin, notre chef, disparaissait dans la pénombre d'un couloir, au milieu des hurlements et des lames tranchantes. Une créature ailée manquait de tous nous dévorer. Une main, empalée au mur par une lame, restait, seule, tranchée par un unique tir. Un bâtiment s'écroulait derrière nous, tandis que nous décollions. Un homme, encastré dans le cockpit du vaisseau, gisait, mort. Un fragment de roche. Des cadavres.

*T'avais pas le droit de nous laisser mourir Alex...* résonna la voix de Max.

Un échantillon de sang. Cinq consoles étaient alignées contre le mur. Seules quatre affichaient un message ''négatif''. Le dernier, lui, clignotait en rouge, chacune de ses apparition heurtant mes pensées, frappant avec la force d'un marteau. Mes mains se crispèrent sur les draps, tandis que des larmes innombrables coulaient, inondant mes joues avant de finir leur route sur le tissu.

« Carmen... »


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