Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

L'achèvement d'une ère.


Par : Spyko
Genre : Action, Science-Fiction
Statut : Terminée



Chapitre 50 : La sanction.


Publié le 06/04/2012 à 11:33:43 par Spyko

Ils m'empoignèrent brutalement et me relevèrent sans ménagement. Je commençai à paniquer, ne sachant pas ce qu'ils allaient faire de moi après ce qu'on pouvait apparenter à une trahison. J'avais volontairement introduit Carmen dans le site alors que je savais qu'elle était infectée, et sa transformation avait couté trois vies. Je me sentais d'autant plus mal à l'aise que Tony m'avait clairement dit que nous étions sous sa responsabilité.
Je fut à moitié trainé jusqu'à une jeep, et ils me placèrent à l'arrière, avant de démarrer. Direction, le bureau de Morgan... Pendant le trajet, j'eus tout le temps d'essayer de me calmer, afin d'éviter un spectacle pathétique à ceux devant lesquels je me présenterais.

« Je t'avais fait confiance Alex, commenta Tony sans se retourner, tu me mets dans une sacré merde... »
« Je crois que j'ai remarqué... »
« Comptes pas sur moi pour plaider ta cause lorsque la sanction tombera, poursuivit-il, sans tenir compte de l'interruption, j'en ai déjà trop fait pour vous cinq. Reste à voir ce qui va être décidé. »

Le véhicule s'arrêta devant le bâtiment où nous avions rencontré le dirigeant, et je fus poussé à l'intérieur. Au lieu de prendre les escaliers, comme la dernière fois, nous empruntâmes un couloir bien éclairé, avant d'entrer dans une salle annexe.
La salle en question était uniquement composée de quelques tables et chaises, et à l'intérieur se trouvaient déjà plusieurs personnes. Dont Morgan.

« Les nouvelles vont vite...., marmonnais-je stupidement. »
« Tais-toi et assied toi, tu te rends pas compte de la situation, ordonna le chef de la sécurité. »
« Crois moi, si... »

Je tirai l'une des chaises et m'installai dessus, croisant les doigts sur la table, en attendant de voir ce qu'il allait se passer. Ça ne serait surement pas un jugement. Je pencherais plus pour une exécution. Métaphoriquement en tout cas. Tout du moins, je l'espérais... Morgan et Tony semblaient assez exaspérés, et n'avaient pas l'air de savoir quoi faire.

« Je sais pas si tu sais mais.... commença finalement Morgan. C'est bien la première fois qu'on est confronté à cette situation. T'as poussé le bouchon extrêmement loin, et la ligne a fini par casser. Tu as saboté le scanner, introduit un infecté dans le site, et tu nous laisses au final avec trois cadavres sur les bras, plus celui de ton amie. »
« Je sais déjà tout ça, merci. »
« C'est pas une question de savoir ce que tu as fait ou non! fit-il en haussant le ton. On devrait t'abattre sur le champ au lieu de discuter avec toi! »
« Alors faites-le! criais-je. »

Je m'étais levé, et les mots m'avaient échappés sans que je puisse les retenir. Les deux poings appuyés sur la table tellement forts que je risquai d'y laisser des marques, je gardai mon regard rivé sur les deux hommes en face de moi. Après tout ce qu'il s'était passé ces derniers jours, j'avais de moins en moins envie de perdre mon temps à discuter de si oui ou non il fallait me tuer pour ce que j'avais fait.

*Montre leur ce que tu es vraiment...* siffla la voix.

Je repoussai le murmure incessant, et mes pensées dérivèrent vers mes coéquipiers. Steph' devait m'en vouloir à mort, ou en tout cas le ferait quand elle serait en état de penser convenablement. Matt resterait avec elle pour la consoler. Jess... elle ferait avec, elle était devenue comme nous, désormais. Quant à Max... Je me laissai tomber sur ma chaise. Il avait raison. Je les avais peut-être menés jusqu'au site, mais à quel prix...

« Quoi que vous décidiez, je veux que vous me promettiez de pas faire subir la même chose aux autres, demandais-je d'une voix tremblante. Ils étaient au courant ni du sabotage, ni de l'infection dans cette affaire. Ils n'y sont pour rien. »
« Il devrait pas y avoir de soucis pour eux, se contenta de répondre Tony après un bref regard à Morgan. On devrait pouvoir les garder ensemble pour qu'ils forment une petite escouade, ils se débrouillent assez bien pour ne pas avoir besoin de support. J'ai cru comprendre que vous et l'un des survivants arrivé récemment vous connaissiez? »
« Tu comprends bien... Si je suis pas là, il devrait pas avoir de soucis à se réconcilier avec eux... »
« Pourquoi ça, vous êtes en froid? »
« On peut dire ça, ouais. Vous avez remarqués qu'il avait une main en moins, non? »
« Ah... C'est lui que tu as... »
« Amputé? coupais-je, résigné. Ouais, puis abandonné alors que le bâtiment s'effondrait. Il m'en veut à mort, et je le comprend... »
« Bon, écoutes... »

Le chef de la sécurité jeta un coup d'oeil au dirigeant, comme s'il cherchait à avoir son accord pour ce qu'il allait proposer. Morgan n'étant visiblement un dirigeant que pour rassurer la population, il laissa Tony parler d'un signe de tête.

« On peut pas vraiment te tuer comme ça, surtout vu que t'es pas infecté. Ce serait inhumain, et je pense pas que ça plairait à certains de nous voir exécuter quelqu'un comme ça. Néanmoins... Je crois que tu comprends qu'on peut pas te garder ici après ce qu'il s'est passé. J'aimerais bien, tu es efficace, et si je pouvais trouver un compromis... »
« Vous allez m'expulser du site, c'est ça la solution? fis-je en levant les yeux au ciel. »
« Ne me parles pas comme ça, répliqua t-il, c'est la seule chose à faire. Et si ça te convient pas, on peut utiliser plusieurs motifs! Sabotage, trahison, crises de folie et...., oui, on peut même ajouter "risque d'infection". Après tout, t'as fait trempette dans le sang d'une infectée, non? »

Je me figeai instantanément. Utiliser ce genre de prétexte pour me jeter dehors, je n'y croyais pas. Mais bon... J'aurais été stupide de penser qu'on me garderait simplement en isolement en attendant de voir si mon état s'améliorait. Ça ne m'empêcha pas de subir un rude choc en apprenant la sanction.

« Alors la décision est prise, acheva Tony, sa voix devenant légèrement moins froide. Désolé Alex. »

Je fus une nouvelle fois solidement empoigné et trainé à l'extérieur. La jeep était toujours garée au même endroit, et je fus à nouveau assis au milieu des sièges arrière, tandis que le décor défilait sous mes yeux. Si mon regard se perdait dans le vide, mes pensées, elles, tournoyaient de manière incohérente et précipitée. Je ne savais plus à quoi penser.
Tant d'efforts réduits à néant parce que j'avais voulu garder un secret qui aurait été forcément découvert un jour. Il ne me restait qu'une seule consolation, c'était que mes coéquipiers, eux, resteraient ici, et pourraient quitter la planète. Moi, j'étais condamnés à errer dans ces plaines arides, avant de me faire dévorer par les créatures monstrueuses qui les peuplaient désormais.
Et parmi ces bestioles, une seule retint mon attention pendant le reste du court trajet. Le dragon. Tous les nécromorphs avaient l'air de connaître l'emplacement exact du site, alors pourquoi, pourquoi n'avait-il pas attaqué? Lui qui n'avait pas hésité à se jeter sur notre ville une semaine auparavant? Deux réponses se bousculaient dans mon esprit, chacune essayant de prouver qu'elle était valable.
Cette créature avait été créée par un scientifique, et, vraisemblablement, était en quelque sorte ''à ses ordres''. En tout cas, c'était ce qu'avait laissé entendre le rapport, mais bon, sous les ordres d'un homme ou non, elle aurait normalement du attaquer. D'autant plus que l'homme en question avait prévu de se rendre au site. Et j'ignorais encore s'il y était parvenu ou non.
La seconde solution, c'était que quelque chose lui soit arrivé. Je ne pensais pas à quelque chose de positif pour nous, ce qui aurait été improbable, à moins qu'une créature encore plus dangereuse ne rôde et le tue, et à ce moment, le dragon aurait été le cadet de nos soucis. Non, de mon avis, une seule chose aurait pu retenir la créature assez longtemps, tout en suivant le court naturel de la vie d'un nécromorph. La mutation.

« On y est, dit Tony, coupant court à mes pensées. Prêt? »
« Même si je l'étais, ça ne changerait rien. »

Le véhicule s'immobilisa à une vingtaine de mètres du portail principal, et nous descendîmes. Hélas, plusieurs dizaines de personnes, soldats ou non, assistaient à la scène. Encadré par Tony et quatre gardes, je me mis en marche, tentant d'ignorer toutes les personnes qui nous fixaient avec des yeux tellement grands qu'ils pourraient sauter de leur orbites. L'un des hommes qui marchait à côté de moi tenait mon sac à la main.
Le portail était juste assez ouvert pour nous permettre le passage. Je sentis mon estomac se serrer quand je reconnus les quatre personnes alignées de l'un des côtés du gigantesque panneau métallique. Arrivé à leur hauteur, je leur adressai un regard et une expression complètement vidé du moindre sentiment. Ils me regardèrent passer en se tenant droit, même si je décelai un imperceptible tremblement dans l'attitude de trois d'entre eux. Max, lui, gardait un regard froid, et ne me lâcha pas des yeux, un once d'avidité dans le regard.
Steph' parut faire un geste en avant, mais il lui barra la route du bras, incapable de se décrocher de moi. Jessica baissa la tête et recula, les yeux brillants de larmes. Je me détournai pour me concentrer sur la vaste étendue vide qui s'offrait à moi. Nous parcourûmes encore quelques mètres après la grande porte, avant de nous arrêter.
Le soldat me tendis mon sac, qui contenait apparemment un peu de nourriture. On ne me rendis en revanche aucune de mes armes, à part un couteau, qui ne risquait pas de servir à autre chose qu'à me trancher la gorge si jamais je craquais. Je regardai le malheureux morceau de métal coupant, et le rangeai dans une poche.

« Bonne chance Alex. »
« Ça relèvera plus du miracle que de la chance si je m'en sort, grognais-je à son intention. Vous me condamnez... »
« Je sais. J'ai... une dernière chose à te proposer, continua t-il en baissant la voix, ne devenant plus qu'un murmure. »
« Je t'écoutes, j'ai plus rien à perdre maintenant. »
« Tout le monde ici, ou presque, va penser que tu es mis à l'écart parce que tes crises de folie t'ont conduits à faire ce pourquoi tu es expulsé. Et, d'une certaine manière, c'est vrai. Tu es dangereux, que tu en soit conscient ou non. Mais personne ne pensera que tu puisse être infecté, et moinon plus. Le vaisseau part dans sept jours. Je t'en laisse cinq pour tenter de redevenir un être humain normal qui ne risque pas de zigouiller ses coéquipiers en croyant tuer un nécro. »
« Cinq jours..., répétais-je, comme un écho. »
« Dans cinq jours, si tu es apte à nous rejoindre, reviens. On te gardera en observation, et si c'est bon, on t'affectera à une nouvelle équipe. Sinon, tu resteras ici. Reviens dans cinq jours, répéta t-il à nouveau. Ou ne reviens pas. »


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