Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

L'achèvement d'une ère.


Par : Spyko
Genre : Action, Science-Fiction
Statut : Terminée



Chapitre 51 : Solitude


Publié le 06/04/2012 à 11:44:33 par Spyko

Je restai immobile, tentant d'assimiler ce qu'il venait de me dire. Ma... folie? Des bribes de souvenirs me parvinrent, et je compris où il venait en venir. J'avais tenté de me suicider, je m'étais blessé moi-même, j'avais même été jusqu'à attaquer un de mes coéquipiers.... Le tout sans en avoir conscience. Carmen étant devenue un nécromorph, et tout le monde ayant vu son cadavre avant sa transformation, il n'était pas compliqué de deviner qu'en plus de tout ça, les survivants allaient penser que c'était moi qui l'avait abattue.
De mieux en mieux... Voilà que, si j'étais resté, je n'aurais plus eu qu'à attendre qu'un quelconque survivant, dans une envie de justice, probablement Max d'ailleurs, vienne me faire la peau... Tony me regarda encore quelque secondes, puis fit demi-tour, commençant à marcher vers le portail. Je restai planté, attendant qu'il disparaisse. Il franchit l'ouverture, et deux personnes fermèrent les portes. Le claquement métallique résonna avec force dans ces plaines désertes.
Les soldats sur les remparts reprirent leur poste, mais je leur tournais le dos, regardant où je pourrais aller. A quelques kilomètres de là, on distinguait vaguement la forme des montagnes qui parsemaient cette zone du pays. Je me souvenais encore qu'il y avait quelques petites forêts, rares endroits où des arbres subsistaient encore après que la machine humaine ne soit passée. Le bois avait perdu de sa valeur avant que tous ne soient éradiqués.
Peut-être la végétation m'offrirait un abri pendant les prochains jours. Ou que je pourrais trouver une grotte où m'abriter. Je sortis machinalement le couteau que j'avais eu le droit de garder, et jouai avec sans réellement m'en rendre compte. Ça faisait une sacré marche, mais au moins je savais où aller. A peu près.
Un laser creusa un sillon dans le sol à deux mètres de moi, me faisant sursauter. Je me retournai pour voir d'où il provenait, et vis que deux silhouettes s'agitaient sur la muraille. Je reconnus sans trop de soucis Matt, et Max. Ce dernier essayai de me viser de son arme, mais mon coéquipier tentai vaillamment de l'en empêcher.

« Arrêtes tes conneries! criais le jeune homme. Ca te suffit pas ce qu'il endure? »
« Lâches-moi, se contenta de répondre l'autre avec une haine effrayante. Je le laisserais pas crever là-bas, tout seul. Je veux le tuer moi-même! »
« Max! »

Mon partenaire parvint à arracher l'arme de la main valide de son adversaire, et, la retournant pour la saisir par le canon, lui assénai un violent coup de crosse, qui le projeta contre le rempart. Le jeune homme se redressa doucement, massant sa mâchoire endolorie, et crachant un petit filet de sang par-dessus la muraille.

« Tu perds les pédales mon vieux, laisse le partir. »
« Comme tu voudras.... »

Il me regarda dans les yeux, du haut du mur, de ce même regard haineux qui m'avais transpercé à plusieurs reprises depuis son arrivée.

« Dégage! Aller, casse-toi d'ici, qu'est-ce que t'attends!? »

Forcé de lever la tête pour soutenir son regard, je ne fis pas le moindre geste. Il resta ainsi, appuyé sur la rambarde comme un tyran regardant son peuple par dessus le balcon de son palais. Mes propres yeux finirent par se dégager de cette emprise visuelle, et je m'attardai sur les trois autres personnes présentes à ses côtés. Je détaillai silencieusement les visages bouleversés de Matt, Stephanie et Jessica. Une dernière fois...
Cinq jours...
Je pivotai, et commençai à marcher. Dans mon dos, le portail s'éloigna, et toute l'enceinte de la base finit par devenir de plus en plus petite. Les minutes s'écoulèrent, lentement. Je marchai droit devant, les yeux perdus dans le vague. Les montagnes étaient quand même bien visibles, même si elles paraissaient inaccessibles. On devinai de petites touches vertes à leur pieds. Ma principale préoccupation était de trouver un abri avant la nuit, la journée étant bien avancée.
Je ne craignais même pas de tomber sur une quelconque créature. Mon exil brutal et imprévu expulsait absolument toutes mes pensées sur les nécromorphs de mon esprit. Rien ne comptait plus, excepté m'abriter pour passer les prochains jours. J'avais un peu de nourriture, et heureusement, car plus le moindre animal sauvage ne parcourrait la planète. Et si, par hasard, je tombais sur quelque chose, ce serait surement contaminé jusqu'à la moelle.
Quant à me défendre... C'était croire aux miracles que d'espérer pouvoir tuer l'une de ces choses avec une arme aussi inoffensive qu'un couteau, aussi tranchant soit-il. La seule carapace des nécromorphs leur garantirait une victoire immédiate, à moins de tomber sur une créature moins protégée, comme un chien. Et même là, sa vitesse primerait sur sa protection.
La silhouette des remparts du site avait disparu. Depuis combien de temps je marchais? Une demi-heure? Peut-être plus, ou moins... Les montagnes se rapprochaient, mais pas assez. Je continuai ainsi pendant un temps qui me parut infini.
Doucement, un grattement me parvint. Je n'y fis pas attention, pensant qu'il s'agissait de mes propres pas sur des cailloux. Puis le bruit devint plus fort, plus intense, et plus proche. Je me retournai, et mes yeux s'agrandirent de terreur en voyant un chien nécromorph me foncer dessus. Il bondit, et ses pattes avant s'appuyèrent sur mes épaules, me projetant en arrière. Je m'écrasai dans la poussière, et regardai la créature en face de moi.
Elle grogna, me fixant de ses yeux intensément rouges, et se jeta en avant, fauchant l'air de ses griffes. L'une d'entre elle manqua de m'entailler sérieusement la jambe, et je roulai sur le côté pour éviter une autre attaque. Elle se percha sur moi, m'écrasant au sol, et brandit sa patte au-dessus de mon ventre. Elle s'abattit à la vitesse de l'éclair.
Je fus foudroyé par un flash aveuglant, et ouvrit les yeux, ruisselant de sueur. J'étais recroquevillé sur le sol. Le couteau tranchant, que je tenais serré dans mes deux mains, s'était arrêté à deux centimètres de mon estomac. Mes bras étaient couverts de chair de poule, et je frissonnai, malgré la chaleur que jetai le soleil.
Une petite voix, à peine audible, continuait de murmurer à mon oreille que ma mort était ce qui pouvait arriver de mieux à mes coéquipiers et à moi-même.

« Lâches moi! Fous moi la paix, je t'en supplie! »
*Abandonne...*

Je poussai un long hurlement de désespoir, qui se répercuta dans la plaine. Je roulai sur le ventre, rangeant en tremblant mon couteau dans son étui, et entrepris de me relever doucement. Rien de vivant ne se déplaçait dans les environs. Une fois debout, je me remis lentement en marche, titubant légèrement pour les premiers pas.
L'évènement passé se nicha bien tranquillement dans la case ''souvenirs'', et y resta pendant tout le reste du trajet, revenant frapper mes pensées dès que je l'oubliais. La soleil poursuivait sa course dans le ciel et, lorsque j'atteignis enfin les montagnes, il disparaissait derrière d'autres monts, projetant ses dernières lueurs sur les environs.
Sachant que la nuit ne tarderais pas à arriver, je pénétrai sous les arbres, dans lesquels subsistaient encore quelques feuilles. Un vieux sentier, orné de quelques très vieilles tombes, montaient un peu plus haut. On distinguait les restes d'une chapelle au-dessus, et je décidai d'y grimper. Des pierres tombales datant du XXème siècle, ce qui remontait à plus de cinq cent ans.
Lorsque j'atteignis le bâtiment en ruine, je dus me rendre à l'évidence, il ne me servirait aucunement d'abri, étant désormais complètement effondré. Je recommençai à descendre lorsque, sous la petite chapelle, je distinguai une ouverture dans la roche. Sachant que c'était probablement ma seule occasion, j'y entrai, afin d'explorer cette caverne. Elle était assez profonde, et offrait de nombreuses cachettes sur les côtés.
Bah, ça suffirait bien. La nuit tombait lorsque je m'installai pour disperser le peu d'affaires que j'avais. Quelques rares arbres se dressaient devant l'entrée de ma nouvelle maison, désormais à peine visibles dans la pénombre. Je me rendis alors compte de l'abri extrêmement sommaire dont je disposais, et le peu de bonne humeur que je tentais de garder disparut, en même temps que les restes de lumière. Même la Lune semblait ne pas exister.
Je m'écrasai contre une paroi, frissonnant. Comme en réponse à mes craintes, un hurlement strident résonna dans les environs. Je me laissai glisser, prenant un position allongée, me plaquant le plus possible sur le sol rocheux. Un autre hululement retentit, et une silhouette à peine visible passa en trombe devant l'entrée de la caverne, dans un bruissement de feuilles mortes et de branches cassées. Puis le silence revint, écrasant.

Pour un homme seul et désarmé, la nuit était le pire moment d'une journée. Si les nécromorphs que l'on croisait de jour étaient des créatures sanguinaires, qui frappaient pour tuer et s'organisaient en bande pour déchiqueter leurs proies, ils n'étaient pas tous similaires. D'autres races de ces créatures vivaient sur cette planète, encore plus meurtriers que leurs congénères.
Un nécromorph pouvait abandonner lorsque sa cible devenait trop dangereuse. Ou n'était pas assez vulnérable. Mais tous ne réagissaient pas comme cela. Certains observaient leur proies isolées de jour, pour les traquer la nuit. Ils ressentaient la peur de leur victimes, leur vulnérabilité. Et ils la provoquaient.
C'était la nuit, que les pires prédateurs sortaient.


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