Noelfic est temporairement en accès limité.
Envie de discuter en attendant ?
Accédez au SkyChat
Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

Paris by Night


Par : Conan
Genre : Polar, Réaliste
Statut : Terminée



Chapitre 16


Publié le 05/11/2011 à 02:58:11 par Conan

Il est 18 heures. Ulrich marche en direction de son immeuble. Le crépuscule s'abat sur lui, sa tête baissée et ses épaules semblent porter tout le poids du monde. Les poings enfouis au fond des poches pour tenter de se réchauffer.

Au détour d'une rue, il croise la route de l'imposant Milo, droit comme un I dans son manteau de cuir aussi noir que sa courte chevelure. Ce dernier semblait attendre l'arrivée d'Ulrich et lui passe naturellement la main autours de l'épaule.
-Tiens, tiens, tiens, mais c'est ce bon vieux Ricky.
-Hé Milo. Répond simplement Ulrich, gêné.
-Quoi, qu'est-ce qui va pas Ricky? Tu sais que tu as seulement quatre jours pour rembourser Radovan, tu le sais ça hein? Pourquoi tu es stressé?
-Non, non tout va bien j't'assure.
-Arrête, je sens de l'angoisse qui monte. Là, juste dans ton bide. C'est pas ton faux sourire qui va me convaincre. Dis-moi ce qui ne va pas. Allez, je t'écoute. Continue Milo d'un ton presque paternel et bienveillant, toujours son gros bras enroulé autours des épaules d'un Ulrich qui se laisse volontiers manipuler par peur et par lassitude.
-J'ai besoin de plus de temps.
-Plus de temps, hein?
-Deux semaines. Dans deux semaines j'aurais le fric de Radovan... Une semaine, juste une semaine, j'ai déjà dix mille euros. Il me faut seulement une semaine pour trouver le reste...

Milo baisse la tête, l'air désolé. Il retire son bras pour se gratter la mâchoire.
-Ahhh Ulrich... Tu sais, c'est pas bien ce que tu fais.
-Ce que je...
-Tu me laisses parler. Tu ne me coupes pas la parole. Combien de temps j'ai dit? Hein? Vas-y, dis-moi, combien de temps?
-Qua... Quatre jours. Bredouille Ulrich, blême.
-Une semaine c'est? C'est?
-C'est sept jours.
-Voilà. Donc, tu n'as pas une semaine. Tu as quatre jours. Si dans quatre jours, Radovan n'a pas son argent, on ira se payer directement sur la bête. Tu me comprends? Je suis assez clair?
-Oui... Oui... Mais c'est pas assez. J'aurais pas le temps.

Milo pose sa main derrière le dos d'Ulrich en soupirant.
-Ahhh, Ulrich... Viens, je vais te montrer quelque chose.
-C'est quoi?
-Ah! Surprise. Suis-moi, viens n'ai pas peur, je vais pas te faire de mal.

Les deux hommes marchent sur les trottoirs mouillés, au milieu de quelques boutiques décorées pour les fêtes de fin d'année qui approchent. Milo s'arrête finalement devant un bar dans lequel plusieurs soûlards sont accoudés au comptoir.
-Regarde dedans. Tu le vois le gros moustachu?
-Oui.
-Et le grand roux maigre à coté de lui. Avec une casquette. Tu le vois?
-Oui. Mais je les connait pas.
-Le gros, c'est Michel Grodier, et l'autre, Marco, lui il nous fait courir depuis deux mois. Pour mille pauvre euros que Radovan lui à prêté avec si peu d'intérêts. Et lui, au lieu de rembourser, il vient dépenser toutes ses allocations ici, pour boire toute la journée. Dragan et moi sommes déjà allés chez lui plusieurs fois, mais il trouvait toujours une excuse. On laissait couler, on ne lui tapait pas sur sa gueule de pochtron. Mais maintenant, ça suffit. Radovan, il veut son argent, et je vais aller le récupérer. Viens, je vais te montrer comment il faut travailler avec les mauvais payeurs.

Milo pousse la porte du bar et pénètre à l'intérieur. Il va se planter entre Marco et Michel et tape dans le dos du rouquin qui ne l'avait pas entendu venir.
-Alors Marco!
-Tiens, Milo. Comment tu vas? T'es venu avec quelqu'un? Répond-t-il en regardant Ulrich.
-Lui? Nan, je le connais pas. C'est toi que je viens voir.
-Ah bon, pourquoi?
Milo rit.
-Allez, tu sais très bien pourquoi. Tu laisses trainer tes dettes depuis deux mois, un jour il va falloir payer.
-J'te paierai bien, mais en ce moment c'est la dèche. Mais le mois prochain, ça ira?
-Non. Radovan veux l'argent tout de suite.
-Bah j'te paierais volontiers, mais là je te le dis, j'ai rien.

Soudain, le regard de Milo s'assombrit et se fige dans celui de Marco.
-Au lieu de claquer tout ton fric à picoler, tu ferais mieux de payer.
Marco n'en a que faire. Il ne trouve que pour seule réplique un éclat de rire :
-Tu sais que tu devrais faire du cinéma?
Milo regarde autours de lui, donnant l'air un peu désemparé, puis se met à rire à son tour.
-Tu as raison! Allez, j'te paye un coup Marky!

Le barman sert une autre bière à Marco qui lève son verre à Milo avant de le porter à ses lèvre. Milo le fixe en train de boire ses longues gorgées. Soudainement, sans crier gare, il se redresse et donne un formidable coup de poing dans le verre qui éclate au visage de Marco qui tombe en arrière. Michel se lève. Milo se retourne et le met à terre d'un balayage puis lui met sa botte sur la gorge en lui ordonnant de ne pas bouger. Il se retourne à nouveau vers Marco toujours au sol et l'attrape par le col.

Il l'empoigne et le redresse. Marco a le bas du visage en sang et des dizaines de bouts de verres dans la bouche. Milo attrape sa tignasse et lui cogne violemment la tête contre le comptoir en hurlant :
-C'est quoi que tu comprends pas?! Hein?!
Il lui fait une clé de bras et l'allonge à moitié sur le bar.
-Je vais te péter le bras si tu continues à te foutre de ma gueule! Demain, je veux l'argent, ou je te brise tous les os! Tu comprends ça!
Il traine Marco sur le comptoir, renversant tous les verres s'y trouvant, puis le projette dans un amas de tabourets.

Milo attrape par le bras Ulrich resté interdit devant cette scène et sort du bar en continuant de menacer un Marco affalé au sol et souffrant le martyr : "Demain, tu m'entends enculé! Si demain Radovan a pas le blé, je te tue!"

Il marche nerveusement, toujours en tenant Ulrich comme un enfant, jusqu'à une rue un peu plus calme. Il plaque Ulrich contre un mur et lui assène une droite dans l'arcade puis l'attrape par la gorge de ses mains épaisses pour plaquer sa tête contre le mur.
-Tu vois Ulrich, ce qu'il vient de se passer là-bas, c'est rien à coté de ce qui t'attends si tu nous a pas remboursé le 15! Y'a pas deux semaines, y'a pas une semaine, tu as quatre jours! Pigé?!

Ulrich, essoufflé, hoche péniblement la tête. Un filet de sang coule le long de sa joue. Radovan tourne les talons et disparaît. Ulrich est seul. Désorienté. Apeuré. Il s'assoit par terre, replie ses genoux et fond en larmes.


Commentaires

Aucun commentaire pour ce chapitre.