Paris by Night
Par : Conan
Genre : Polar , Réaliste
Status : Terminée
Note :
Chapitre 11
Publié le 03/10/11 à 02:14:09 par Conan
Nous sommes le 9 décembre 2011 et il est 14h. Anto se réveille encore et toujours avec une méchante gueule de bois. Avant de se lever, il gobe deux cachets contre le mal de tête et va se faire couler un bain. C'était sans compter sur quelqu'un qui sonne au moment ou Anto s'apprête à entrer dans la baignoire remplie d'eau bouillante et moussante.
Anto va répondre à l'interphone. C'est Bob. Anto enfile des vêtements avant qu'il n'aie monté les cinq étages du HLM.
Bob frappe à la porte, Anto lui ouvre.
-Salut.
-Salut. Qu'est-ce qui t'amènes?
-J'viens te parler des fêtes de Noël qui approchent connard! A ton avis abruti? Du gros Yacine.
-Qu'est-ce qu'il a le gros Yacine? Je pensais qu'il fallait attendre que les choses se tassent avant de s'en occuper.
-Ouais, mais y'a du nouveau. Tu connais son cousin, Ahmed?
-Non.
-Bah moi non plus jusqu'à hier, et pourtant si tu savais... Requin découvert que Ahmed était le porte-flingue de Yacine. Il était forcément dans le coup.
-Et alors?
-Alors officiellement on n'est pas sensé connaître Ahmed, on pourra l'approcher beaucoup plus facilement que Yacine qui lui doit être sur les nerfs.
-Et tu sais où il crèche le Ahmed?
-Non, mais son pote le saura. Un certain Moussa, dealer et je sais pas quelles autres magouilles à coté. Un black pas très costaud, avec un bandana sur la tête.
-Je crois que je le connais. Ulrich était en affaires avec lui.
-Tu saurais le reconnaître?
-Ouais.
-Alors je passe te chercher ce soir, à 22 heures. On ira à la chasse.
-Non.
-Quoi "non"?
-Y'a pas de chasse ni quoi que ce soit. Je t'ai aidé à faire parler Rocky, j'ai rempli ma part du contrat, démerdez-vous avez Requin.
-J'crois pas non.
-Hier, j'ai encore rêvé de cette nuit ou j'ai dérouillé. Ça me quitte pas, j'ai pas envie de replonger bordel.
-Et pourtant t'as pas le choix. N'oublie pas, 10 heures. A ce soir.
Bob repart en fermant la porte derrière lui.
***
Il est 15 heures. Ulrich flâne dans un centre commercial pour se changer les idées. Au cœur de la galerie marchande, au milieu de la foule achalandée par l'approche des fêtes de fin d'années, il se laisse prendre par le tourbillon des étincelles et des illuminations des décorations de Noël et passe de boutique en boutique.
Au détour du large couloir, son regard est attiré par une jeune femme blonde retournée. Il s'en approche et lui tape sur l'épaule. Quand elle se retourne, il reconnaît la prostituée qu'il avait sauvée il y a quelques semaines.
-Hé! Heu... Agnieszka c'est ça?
-Oui? On se connait? Répond la jeune femme, un peu gênée.
-Oui, c'est moi Ulrich. On s'est rencontrés dans le 17ème y'a quelques temps.
-Ah oui, tu es celui qui doit de l'argent à Radovan? Tu as plus de cheveux et moins de marques sur la tête que l'autre fois.
Brutal retour à la réalité.
-Oui. Tu fais quoi?
-Je cherche un cadeau pour ma mère en Pologne.
-Radovan te laisse sortir?
-Je travaille pas pour Radovan, mais pour Milo.
-Je savais pas qu'il était proxo.
-La journée il nous laisse un peu de temps. Mais quand le soir tombe, si nous ne sommes pas revenues, il nous cherche. Et quand il nous trouve...
Ulrich tente de changer de conversation :
-Et sinon, t'as trouvé quelque chose pour ta mère?
-Oui, ce collier, là. Mais je n'ai pas assez malheureusement. Dit-elle en désignant une chaine en or ornée d'un petit pendentif.
Ulrich lui fait signe de l'attendre et entre dans la bijouterie Agnieszka le regarde par la vitrine discuter avec la vendeuse et sortir deux billets de 200€ avant de se faire remettre un coffret.
-Le voilà ton collier. Dit-il à la jeune femme horriblement gênée.
-Mais tu es fou! Pourquoi tu as fait ça?
-Bah, c'est Noël. Je t'offre un verre?
-Non. Non, désolée, je dois y aller.
-Bah attends!
La femme se fond dans la foule avant qu'Ulrich n'ait pu dire un mot de plus.
***
Il est 21h50. Anto es assis dans son sofa en zappant nerveusement sur les chaines de télévision. Il sort un petit sachet de poudre dont il répand le contenu sur sa table basse qu'il aspire par le nez. Juste à ce moment, l'interphone hurle. Anto décroche et ouvre avant de raccrocher. L'interphone sonne à nouveau. Anto porte le combiné à son oreille. "On t'attends en bas" dit Bob à l'autre bout du fil.
Anto raccroche, enfile une paire de baskets, un pull à col roulé et une veste de sport puis sort de son appartement.
Devant son immeuble attend Bob au volant de sa voiture avec Requin à coté de lui. Anto monte à l'arrière.
-Le type vit dans le 94. A Champigny. Tu connais? Demande Bob en démarrant.
-Pas trop.
-Le soir il deale dans le centre-ville. On va tourner jusqu'à le trouver.
-Il a un flingue.
-De quoi?
-Ton gars, il est armé.
-Comment tu sais ça toi?
-Je le sait, c'est tout.
-Alors faudra faire diversion. Toi il te connait et t'es moins looké que nous. Tu vas aller le voir et lui demander de la came ou n'importe quoi d'autre. Pendant ce temps, Requin se faufilera derrière et tâchera de le maitriser, puis vous le ramenez à la caisse.
Requin brandit une batte de baseball qu'il gardait à ses pieds.
-Ça ouais, je vais le maitriser.
-Et toi? Demande Anto à Bob.
-Je vous attendrais à la voiture.
-Tu vas te branler quoi.
-Non, je couvre vos arrières et je suis prêt à partir vite en cas de pépin.
Anto ne répond pas et le reste du trajet se déroule avec des airs de métal et de hardcore.
Bob dépasse un panneau indiquant "Champigny-sur-Marne".
-On y est. Dit-il en coupant la radio alors que le véhicule pénètre au cœur d'une sombre cité.
Entre ses commerces fermés ou brulés, ses véhicules abandonnés et laissés à la merci des pillards ou des vandales, ses quelques toxicomanes qui déambulent dans une sinistre démarche zombiesque, ses lumières jaunâtres et crasseuses, le centre-ville a des airs de ville fantôme. Bob fait lentement le tour des pâtés de maison au volant de sa Wolkswaggen blanche. Tout un symbole.
Anto se sent mal. Oppressé. Il est en train de faire un bond de dix ans en arrière, et il le sait. Il reconnaît une part de lui-même en ce Requin hargneux, défoncé, les yeux emplis de haine, dévoilant des dents jaunes et acérées dans un rictus à en faire frémir plus d'un. Ambiance malsaine et violence ambiante. Âpre odeur de tabac froid, de testostérone et d'essence. Mélange à faire vomir un Anto pris de sueurs froides et qui ne sait comment se sortir de cet enfer.
Il voudrait tellement ne pas voir Moussa. Il voudrait tellement que ce type appuyé contre une cabine téléphonique taguée ne soit pas lui, ce type uniquement éclairé par la forte lumière blanche de la cabine, ce type seul au milieu du désert qu'est cette banlieue. Il voudrait tellement mentir à Bob. Dire que ce n'est pas lui, non ce n'est pas Moussa, on dégage, on rentre, on oublie tout ça, on se tire de cet enfer. Laissons cette ville aux rats qui la peuplent. Mais il ne peut pas. Il n'y arrive pas.
-C'est lui. Dit-il simplement.
Bob se gare à une quinzaine de mètres de la cible, dans la pénombre.
-Vas-y, va le voir. Je sors quand tu l'a abordé. Dit Requin à Anto.
Anto ouvre la portière et s'extirpe du véhicule. Il avance lentement, les mains dans les poches, pour se mettre face à Moussa qui ne l'avait pas entendu et qui sursaute en le remarquant.
-Hé, qu'est-ce tu m'veux toi?
-De la came.
-Quoi, tu veux qu'on règle nos comptes, c'est ça? Commence à s'énerver Moussa.
Anto a les jambes qui tremblent. Il pourrait aussi bien se prendre une balle dans la bide et crever là, au milieu de rien, dans les poubelles et la crasse. Il jète un regard par dessus l'épaule de Moussa. Derrière, Requin avance doucement. Il se rapproche de plus en plus.
-Non, je t'assure...
-Quoi? Dis-moi bâtard! T'as un gun, c'est ça? Sort-le si t'es un bonhomme, vas-y!
-Pitié, ne rends pas les choses plus difficiles.
-Quoi? Quelles choses?
Requin est planté derrière Moussa. Il prend son élan et lui lance ses mains tenant fermement la batte en pleine tête. La batte va littéralement se fracasser contre la tempe de Moussa dans un grand bruit. La tête rebondit contre la vitre de la cabine téléphonique qui s'étoile sous la violence du choc avant que le corps qu'il y a en dessous ne s'affaisse sur lui même.
Anto reste interdit tandis que Requin se tient fermement debout en souriant comme un dément devant le corps immobile de Moussa. Anto agrippe le corps inerte et le retourne en position semi-allongée contre la cabine alors que Bob arrive en courant.
-Bordel, qu'est-ce qu'il s'est passé?! Hurle Bob.
-Bah, je l'ai maitrisé. Répond Requin, tout fier.
Anto tente de réanimer Moussa. Du sang coule de ses oreilles et ses yeux sont retournés.
-Putain, il est dans un sale état.
Soudain, Moussa tremble. Tous ses membres sont pris de frénétiques convulsions et de la bave coule au coin de sa bouche. Anto se lève en sursautant et recule de quelques pas. Bob prend sa place auprès du blessé.
-Putain, mais c'est quoi cette merde? Pourquoi il gigote comme ça? Bordel, mais il pisse le sang en plus!
-Il est pas calmé, faut encore cogner dessus! Hurle Requin. Anto agrippe par le col et le secoue dans tous les sens :
-Mais putain! T'es complètement ciragé ou quoi? Pourquoi t'es aussi con sale petit fils de pute?! Tu vois pas que tu l'a buté?! Il est en train de nous claquer dans les pattes espèce d'enfoiré! Qu'est-ce qui t'a pris de frapper aussi fort?
-Il avait un flingue! C'est rien qu'un sale macaque de toutes façons, on va pas le pleurer!
-Vos gueules bordel! S'écrie Bob en tentant vainement d'immobiliser le corps de Moussa qui tremble de toute part.
-Y'a plus rien à faire, il l'a crevé. Faut vite qu'on se tire d'ici Dit Anto.
-Toutes façons dans son état qu'il vive ou pas on n'en tirera rien. On s'arrache. Confirme Bob en se relevant.
Les trois hommes courent vers la voiture et repartent aussitôt vers le fond de la nuit, laissant Moussa agoniser dans la rue toujours sombre et déserte, au pied d'une cabine téléphonique à la vitre étoilée le long de laquelle coule un filet de sang.
Anto va répondre à l'interphone. C'est Bob. Anto enfile des vêtements avant qu'il n'aie monté les cinq étages du HLM.
Bob frappe à la porte, Anto lui ouvre.
-Salut.
-Salut. Qu'est-ce qui t'amènes?
-J'viens te parler des fêtes de Noël qui approchent connard! A ton avis abruti? Du gros Yacine.
-Qu'est-ce qu'il a le gros Yacine? Je pensais qu'il fallait attendre que les choses se tassent avant de s'en occuper.
-Ouais, mais y'a du nouveau. Tu connais son cousin, Ahmed?
-Non.
-Bah moi non plus jusqu'à hier, et pourtant si tu savais... Requin découvert que Ahmed était le porte-flingue de Yacine. Il était forcément dans le coup.
-Et alors?
-Alors officiellement on n'est pas sensé connaître Ahmed, on pourra l'approcher beaucoup plus facilement que Yacine qui lui doit être sur les nerfs.
-Et tu sais où il crèche le Ahmed?
-Non, mais son pote le saura. Un certain Moussa, dealer et je sais pas quelles autres magouilles à coté. Un black pas très costaud, avec un bandana sur la tête.
-Je crois que je le connais. Ulrich était en affaires avec lui.
-Tu saurais le reconnaître?
-Ouais.
-Alors je passe te chercher ce soir, à 22 heures. On ira à la chasse.
-Non.
-Quoi "non"?
-Y'a pas de chasse ni quoi que ce soit. Je t'ai aidé à faire parler Rocky, j'ai rempli ma part du contrat, démerdez-vous avez Requin.
-J'crois pas non.
-Hier, j'ai encore rêvé de cette nuit ou j'ai dérouillé. Ça me quitte pas, j'ai pas envie de replonger bordel.
-Et pourtant t'as pas le choix. N'oublie pas, 10 heures. A ce soir.
Bob repart en fermant la porte derrière lui.
***
Il est 15 heures. Ulrich flâne dans un centre commercial pour se changer les idées. Au cœur de la galerie marchande, au milieu de la foule achalandée par l'approche des fêtes de fin d'années, il se laisse prendre par le tourbillon des étincelles et des illuminations des décorations de Noël et passe de boutique en boutique.
Au détour du large couloir, son regard est attiré par une jeune femme blonde retournée. Il s'en approche et lui tape sur l'épaule. Quand elle se retourne, il reconnaît la prostituée qu'il avait sauvée il y a quelques semaines.
-Hé! Heu... Agnieszka c'est ça?
-Oui? On se connait? Répond la jeune femme, un peu gênée.
-Oui, c'est moi Ulrich. On s'est rencontrés dans le 17ème y'a quelques temps.
-Ah oui, tu es celui qui doit de l'argent à Radovan? Tu as plus de cheveux et moins de marques sur la tête que l'autre fois.
Brutal retour à la réalité.
-Oui. Tu fais quoi?
-Je cherche un cadeau pour ma mère en Pologne.
-Radovan te laisse sortir?
-Je travaille pas pour Radovan, mais pour Milo.
-Je savais pas qu'il était proxo.
-La journée il nous laisse un peu de temps. Mais quand le soir tombe, si nous ne sommes pas revenues, il nous cherche. Et quand il nous trouve...
Ulrich tente de changer de conversation :
-Et sinon, t'as trouvé quelque chose pour ta mère?
-Oui, ce collier, là. Mais je n'ai pas assez malheureusement. Dit-elle en désignant une chaine en or ornée d'un petit pendentif.
Ulrich lui fait signe de l'attendre et entre dans la bijouterie Agnieszka le regarde par la vitrine discuter avec la vendeuse et sortir deux billets de 200€ avant de se faire remettre un coffret.
-Le voilà ton collier. Dit-il à la jeune femme horriblement gênée.
-Mais tu es fou! Pourquoi tu as fait ça?
-Bah, c'est Noël. Je t'offre un verre?
-Non. Non, désolée, je dois y aller.
-Bah attends!
La femme se fond dans la foule avant qu'Ulrich n'ait pu dire un mot de plus.
***
Il est 21h50. Anto es assis dans son sofa en zappant nerveusement sur les chaines de télévision. Il sort un petit sachet de poudre dont il répand le contenu sur sa table basse qu'il aspire par le nez. Juste à ce moment, l'interphone hurle. Anto décroche et ouvre avant de raccrocher. L'interphone sonne à nouveau. Anto porte le combiné à son oreille. "On t'attends en bas" dit Bob à l'autre bout du fil.
Anto raccroche, enfile une paire de baskets, un pull à col roulé et une veste de sport puis sort de son appartement.
Devant son immeuble attend Bob au volant de sa voiture avec Requin à coté de lui. Anto monte à l'arrière.
-Le type vit dans le 94. A Champigny. Tu connais? Demande Bob en démarrant.
-Pas trop.
-Le soir il deale dans le centre-ville. On va tourner jusqu'à le trouver.
-Il a un flingue.
-De quoi?
-Ton gars, il est armé.
-Comment tu sais ça toi?
-Je le sait, c'est tout.
-Alors faudra faire diversion. Toi il te connait et t'es moins looké que nous. Tu vas aller le voir et lui demander de la came ou n'importe quoi d'autre. Pendant ce temps, Requin se faufilera derrière et tâchera de le maitriser, puis vous le ramenez à la caisse.
Requin brandit une batte de baseball qu'il gardait à ses pieds.
-Ça ouais, je vais le maitriser.
-Et toi? Demande Anto à Bob.
-Je vous attendrais à la voiture.
-Tu vas te branler quoi.
-Non, je couvre vos arrières et je suis prêt à partir vite en cas de pépin.
Anto ne répond pas et le reste du trajet se déroule avec des airs de métal et de hardcore.
Bob dépasse un panneau indiquant "Champigny-sur-Marne".
-On y est. Dit-il en coupant la radio alors que le véhicule pénètre au cœur d'une sombre cité.
Entre ses commerces fermés ou brulés, ses véhicules abandonnés et laissés à la merci des pillards ou des vandales, ses quelques toxicomanes qui déambulent dans une sinistre démarche zombiesque, ses lumières jaunâtres et crasseuses, le centre-ville a des airs de ville fantôme. Bob fait lentement le tour des pâtés de maison au volant de sa Wolkswaggen blanche. Tout un symbole.
Anto se sent mal. Oppressé. Il est en train de faire un bond de dix ans en arrière, et il le sait. Il reconnaît une part de lui-même en ce Requin hargneux, défoncé, les yeux emplis de haine, dévoilant des dents jaunes et acérées dans un rictus à en faire frémir plus d'un. Ambiance malsaine et violence ambiante. Âpre odeur de tabac froid, de testostérone et d'essence. Mélange à faire vomir un Anto pris de sueurs froides et qui ne sait comment se sortir de cet enfer.
Il voudrait tellement ne pas voir Moussa. Il voudrait tellement que ce type appuyé contre une cabine téléphonique taguée ne soit pas lui, ce type uniquement éclairé par la forte lumière blanche de la cabine, ce type seul au milieu du désert qu'est cette banlieue. Il voudrait tellement mentir à Bob. Dire que ce n'est pas lui, non ce n'est pas Moussa, on dégage, on rentre, on oublie tout ça, on se tire de cet enfer. Laissons cette ville aux rats qui la peuplent. Mais il ne peut pas. Il n'y arrive pas.
-C'est lui. Dit-il simplement.
Bob se gare à une quinzaine de mètres de la cible, dans la pénombre.
-Vas-y, va le voir. Je sors quand tu l'a abordé. Dit Requin à Anto.
Anto ouvre la portière et s'extirpe du véhicule. Il avance lentement, les mains dans les poches, pour se mettre face à Moussa qui ne l'avait pas entendu et qui sursaute en le remarquant.
-Hé, qu'est-ce tu m'veux toi?
-De la came.
-Quoi, tu veux qu'on règle nos comptes, c'est ça? Commence à s'énerver Moussa.
Anto a les jambes qui tremblent. Il pourrait aussi bien se prendre une balle dans la bide et crever là, au milieu de rien, dans les poubelles et la crasse. Il jète un regard par dessus l'épaule de Moussa. Derrière, Requin avance doucement. Il se rapproche de plus en plus.
-Non, je t'assure...
-Quoi? Dis-moi bâtard! T'as un gun, c'est ça? Sort-le si t'es un bonhomme, vas-y!
-Pitié, ne rends pas les choses plus difficiles.
-Quoi? Quelles choses?
Requin est planté derrière Moussa. Il prend son élan et lui lance ses mains tenant fermement la batte en pleine tête. La batte va littéralement se fracasser contre la tempe de Moussa dans un grand bruit. La tête rebondit contre la vitre de la cabine téléphonique qui s'étoile sous la violence du choc avant que le corps qu'il y a en dessous ne s'affaisse sur lui même.
Anto reste interdit tandis que Requin se tient fermement debout en souriant comme un dément devant le corps immobile de Moussa. Anto agrippe le corps inerte et le retourne en position semi-allongée contre la cabine alors que Bob arrive en courant.
-Bordel, qu'est-ce qu'il s'est passé?! Hurle Bob.
-Bah, je l'ai maitrisé. Répond Requin, tout fier.
Anto tente de réanimer Moussa. Du sang coule de ses oreilles et ses yeux sont retournés.
-Putain, il est dans un sale état.
Soudain, Moussa tremble. Tous ses membres sont pris de frénétiques convulsions et de la bave coule au coin de sa bouche. Anto se lève en sursautant et recule de quelques pas. Bob prend sa place auprès du blessé.
-Putain, mais c'est quoi cette merde? Pourquoi il gigote comme ça? Bordel, mais il pisse le sang en plus!
-Il est pas calmé, faut encore cogner dessus! Hurle Requin. Anto agrippe par le col et le secoue dans tous les sens :
-Mais putain! T'es complètement ciragé ou quoi? Pourquoi t'es aussi con sale petit fils de pute?! Tu vois pas que tu l'a buté?! Il est en train de nous claquer dans les pattes espèce d'enfoiré! Qu'est-ce qui t'a pris de frapper aussi fort?
-Il avait un flingue! C'est rien qu'un sale macaque de toutes façons, on va pas le pleurer!
-Vos gueules bordel! S'écrie Bob en tentant vainement d'immobiliser le corps de Moussa qui tremble de toute part.
-Y'a plus rien à faire, il l'a crevé. Faut vite qu'on se tire d'ici Dit Anto.
-Toutes façons dans son état qu'il vive ou pas on n'en tirera rien. On s'arrache. Confirme Bob en se relevant.
Les trois hommes courent vers la voiture et repartent aussitôt vers le fond de la nuit, laissant Moussa agoniser dans la rue toujours sombre et déserte, au pied d'une cabine téléphonique à la vitre étoilée le long de laquelle coule un filet de sang.
07/10/11 à 17:21:13
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