Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

Past Is Prologue


Par : Pronche
Genre : Science-Fiction, Action
Statut : Terminée



Chapitre 2


Publié le 06/10/2012 à 11:13:58 par Pronche

Ethan venait juste de passer la porte et se trouvait désormais dans une petite alcôve souterraine, illuminée par des champignons bleus au niveau des lames et des basides, là d’où provenait la lumière. Étrangement, ce groupe de fongus ne lui inspiraient pas confiance.
[Cette espèce de champignon est un dérivé de l’agaric pintade (ou Agaricus praeclaresquamosus). Niveau de toxicité : 100 %. Provoque des troubles intestinaux assez sévères chez l’humain, fortement déconseillé. Sa composition cellulaire a été modifiée pour lui donner une nouvelle utilité, les phosphores contenus dans les basides émettent une douce lumière bleue qui peuvent éclairer sur un rayon de 3 mètres, elle ne peut vivre que dans les milieux dont l’humidité est supérieure à 60 % et avec peu ou pas du tout de soleil. Le cadre actuel est idéal à son épanouissement.]
Ses yeux se déportèrent légèrement à la droite de ces ‘lampadaires naturels’ pour voir un passage assez large pour deux hommes de bonne carrure et d’une hauteur de deux mètres. Tout en avançant prudemment, le jeune homme tenait son arme avec mes deux mains et près du côté droit de son visage. Le doux son de l’eau parvint à son ouïe et il s’engagea dans cet unique chemin, restant sur le qui-vive. Tournant cette fois-ci à droite, une petite cascade entra dans son champ de vision, l’eau qui en découlait avait modifié la forme du sol sur son chemin, créant un ruisselet. Bizarrement, une envie pressante de boire lui parvint à l’esprit et il s’empressa de la satisfaire. Déposant son arme au sol, il se pencha en avant et plongea sa main dans le liquide froid et transparent pour en récupérer quelques gorgées. Le fluide descendit le long de sa trachée et lui fit un bien fou. Il resta là pendant quelques minutes de plus avant de se relever. Le jeune homme récupéra son unique moyen de défense et tourna la tête pour faire face à un spectacle peu commun. Un immense gouffre s’étendait devant lui, mesurant près de deux cent mètres de diamètre. La distance qui séparait le haut de la crevasse de son fond disposait de plusieurs paliers qui en faisaient le tour, comme si l’endroit était une ancienne mine à ciel ouvert.
Observant plus attentivement l’excavation et ce qui se trouvait au-delà, Ethan remarqua une petite lumière qui bougeait, pas celle d’un de ces champignons toxiques mais plutôt celle d’une ampoule ou d’une lampe-torche.
Le rythme de sa marche augmenta peu à peu jusqu’à ce qu’il se mette à courir en agitant les bras au-dessus de sa tête. Il appuya même sur la détente de son arme, se servant de la détonation créée pour se faire remarquer. Mais soudainement, une décharge, semblable à une châtaigne lorsqu’on touche à un objet chargé en électricité, effectua un bref passage dans son cerveau. Il ne put réprimer un petit cri de douleur et de surprise. Sa vue commençait à se décaler, dans le sens où les couleurs se divisaient en plusieurs rangs devant ses yeux. Ensuite, ce fut l’ATH de son état de santé qui clignotait et se brouillait, s’effaçant par moment avant de virer au rouge clair, ce qui n’était pas pour le rassurer. Une vague de chaleur et de douleur irradiait son corps, le paralysant assez longtemps pour qu’il s’écroule dans la boue.
Le garçon tenta de se servir de ses bras pour se relever mais ils refusaient de bouger, malgré toute la volonté qu’il y mettait. La souffrance qu’il ressentait était présente dans l’intégralité de son corps, chaque os, veine ou fibre de son être le torturait, le brûlait de l’intérieur. De chaudes larmes coulaient le long de ses joues tandis qu’il luttait désespérément pour se sortir de cet état. Une masse gris foncé apparut au loin, s’approchant rapidement du jeune homme dont l’esprit dérivait de plus en plus vers les ténèbres. Sa vision brouillée ne lui permettait pas de voir clairement cet être qui le soulevait, passant son bras gauche dans le dos de l’amnésique. Le jeune adulte aurait voulu remercier l’inconnu d’être venu mais il n’en avait même plus la force.

Ses yeux se fermaient et il s’évanouit, désormais libéré du mal qui le rongeait.
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Noir. Tout était absolument noir. Aucun son, aucune sensation, pas d’odeur…juste du noir. C’est ce qui l’entourait. Était-il vivant ou mort ? Entre les deux ? Son esprit flottait-il dans cet espace dépourvu de lumière en attendant de renaître à nouveau ou ne faisait-il que dormir ? Il n’en avait pas la moindre idée. Le temps ou même sa notion ne possédait pas d’existence propre dans le lieu où il se trouvait. Peu à peu, l’homme sentit que son être tout entier devenait lourd, ses pensées reprenaient le contrôle de son cerveau et une lumière l’enveloppa, lui forçant à ouvrir les yeux. Sa vue, d’abord floue, était entourée d’une douce couleur bleue nuit. Il cligna des yeux à plusieurs reprises et très rapidement avant de soulever la partie supérieure de son corps et de faire pivoter le reste sur le côté, amenant ses pieds à quitter la surface dure sur laquelle ils étaient. Un pic de douleur traversa son lobe frontal, le forçant à poser une main dessus et masser légèrement pour atténuer le mal. Un grognement s’échappa de sa bouche.
— Docteur, il est entrain de se réveiller, constata une voix masculine, se trouvant dans le dos de l’amnésique.
Il y eut deux petites secondes de silence avant que des bruits de pas ne retentissent dans la pièce, s’approchant rapidement de lui.
— Contente de voir que vous revenez parmi nous. Comment vous sentez-vous ?, demanda l’autre voix, féminine cette fois-ci et qu’il identifia comme étant celle du docteur.
— J’ai connu mieux, j’ai l’impression de m’être pris un retour de cuite dans la face.
— Je vois. Mais ce n’est pas étonnant avec le truc qui traîne dans votre corps.
Le jeune homme leva un sourcil, curieux de ce qu’insinuait le médecin.
— Comment ça ?
— Vous n’êtes pas au courant ?
Il lui fit clairement un signe négatif de la tête, toujours avec les yeux fermés pour tenter de diminuer la souffrance que subissait sa boîte crânienne.
— J’ai fait des analyses sanguines ainsi qu’un scanner. Une bactérie a envahie votre corps, détruisant votre système immunitaire. Il semblerait que ce soit une maladie latente car elle n’a commencée à agir que depuis le moment où vous vous êtes évanoui. A l’heure où nous parlons, elle a déjà envahie 9% de votre organisme, ce n’est qu’une question de temps avant qu’elle sape vos anticorps et ne vous tue. C’est la première fois que je vois un tel virus et je doute qu’il existe un traitement.
— Combien…combien de temps et-ce qu’il me reste ?
Le docteur ne parla pas pendant plusieurs secondes, choisissant avec sagesse les bons mots pour répondre. Elle lâcha un bref soupir avant de reprendre la parole.
— Je n’en ai aucune idée, des années, des mois ou peut-être une semaine. Depuis le début de l’infection jusqu’à maintenant, sa progression n’a pas bougée. Dans la meilleure des possibilités, elle n’évolue que lorsque vous faîtes une crise, comme celle d’il y a 15 heures.
Le jeune homme effectua un signe de tête en signe de compréhension. Cela faisait donc plus d’une demi-journée qu’il gisait, inconscient, dans un lit d’infirmerie où à ce qui s’y apparentait. La peur lui saisit à nouveau l’estomac, il craignait à chaque instant d’avoir une crise ou de mourir dans d’atroces souffrances. Un frisson lui traversa l’échine et quelques gouttes de sueur apparurent sur son front en imaginant avoir à nouveau cette douleur fulgurante, traversant son corps de part en part. Mais malgré tout, il devait rester fort et ne pas céder au désespoir…chose quasi-impossible dans la situation dans laquelle il se trouvait. Des dizaines de questions fourmillaient dans son cerveau, chacune voulant être la première qu’il formulerait, pourtant, il choisit la plus banale et classique dans ce genre de situation.
— Je voudrais savoir, où est-ce que je suis ? Et comment j’ai atterrit ici ? La dernière chose dont je me rappelle, c’était que je courrais comme un dératé vers une source de lumière artificielle en tentant de me faire remarquer.
— Vous vous trouvez actuellement dans l’infirmerie de l’Orion, une frégate terrienne. Vous avez réussi votre coup, le Keidran qui s’occupait des mines abandonnées vous a vu et est venu à votre secours lorsque vous êtes tombé.
— Le…le Keidran ?, répéta Ethan, certain d’avoir déjà entendu ce mot quelque part.
— Oui, vous savez ce qu’est un Keidran au moins ?
— Non, je n’en ai pas la moindre idée. Je me suis réveillé en plein milieu d’une caverne à ciel ouvert avec un ordinateur dans le cerveau et un flingue accroché à ma cuisse. Je sais que je m’appelle Ethan Gray, que je viens de la Terre et la dernière fois que j’ai regardé la date, nous étions 25 mai 2031.
La seconde personne présente lâcha un petit rire sans joie avant de parler, une première en cinq minutes.
— Intéressant, ça explique certaines choses, dit-il.
— Comme quoi ?
— Eh bien, le docteur Saranova a entré vos empreintes digitales dans la base de données mais aucun résultat n’en est ressorti. Normal vu que toutes les archives contenant numériquement les identités des gens ont été piratées et détruites lors de la troisième guerre mondiale en 2056. Et puis, l’implant neural que vous possédez, cela fait des siècles que l’on en fabrique plus. En effectuant l’IRM, on a pu obtenir la référence de votre implant et il s’avère que…
—…que celui-ci fait parti d’une série fabriquée en 2030, termina la doctoresse.
— Et pour quelle raison vous n’en fabriquez plus ?
— Les implants ou augmentations comme nous les appelons dans notre métier, ne se synchronisaient pas bien avec le corps humain. Les rejets étaient légions, rares sont ceux qui pouvaient vivre avec. Pour ces personnes-là, la condition principale était de prendre des médicaments à vie, sous peine de devenir à leur tour incompatibles mais vous…c’est différent. Votre interface neurale s’est parfaitement adaptée à votre organisme et en fait partie intégrante. C’est la première fois de ma carrière que je vois une telle harmonisation entre l’homme et la machine.
Ethan prit une longue inspiration, décidant finalement d’ouvrir les yeux. Une femme d’âge mur se tenait devant lui, accoudée à un autre lit. Ses longs cheveux noirs allant sur le gris, étaient attachés en queue de cheval, ne laissant même pas une mèche de libre. Ses yeux, eux-aussi noirs, le regardaient intensément, le jugeant sous toutes ses coutures. A voir par les rides qui marquaient son visage et les cernes, elle ne devait pas être loin de la soixantaine.
— Très bien, au moins, ça fait un mystère en moins. Dernière question : en quelle année sommes-nous ?
— 2743. Le 7 octobre précisément.
Le cerveau du jeune homme s’immobilisa dès que l’information lui parvînt. C’était tout simplement… impossible. Voyager dans le temps faisait parti des fantasmes de quelques scientifiques un peu dérangés mais pas une réalité. Ça relevait de l’imaginable. Plus on lui donnait de réponses, plus il nageait parmi les questions. Il devait y avoir une autre solution, un autre moyen, c’était obligé. Une idée, qui semblait concorder, lui venait à l’esprit.
— Le saut temporel ne pouvait pas exister à mon époque. Donc la seule solution viable au fait que je sois ici est la cryogénisation, déduit Ethan.
— Nous y avons déjà pensés mais la technologie n’était pas au point à l’époque. Les machines ne permettaient pas de conserver sur une très longue période, au bout d’un moment, elles s’arrêtaient de fonctionner et on ne pouvait pas remplacer les pièces défectueuses, même en marche, sous peine de provoquer la mort du sujet à cause d’une température trop basse ou d’une explosion, réduisant son corps à des petits morceaux de glace.
Saranova s’approcha de lui et posa une main sur son épaule, retenant son attention et ses pensées sur elle.
— Ne vous inquiétez pas, le sergent Higgs et moi allons discuter avec l’amiral pour voir ce qu’on peut faire.
La seconde personne présente s’approcha normalement, sans une once d’hésitation à en croire sa cadence de marche, avant d’entrer dans le champ de vision du garçon et lui tendre sa main, se présentant comme étant Anthony Higgs, simple sergent à bord de l’Orion. L’amnésique releva la tête pour croiser le regard d’un homme à la peau couleur chocolat, faisant pas loin d’1 mètre 95, possédant une carrure plutôt impressionnante. Mais son visage était l’opposé du reste de son corps, on pouvait facilement voir dans son regard que c’était le genre de gars sympathique et blagueur.
Sans y prêter plus attention que ça, le nouveau venu leva sa main et serra celle du sergent. Les deux soldats quittèrent ensuite l’infirmerie, laissant l’inconnu seul avec ses pensées jusqu’à ce que la porte s’ouvre à nouveau, le mettant nez à nez avec quelque chose auquel il n’était absolument pas préparé.


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