<h1>Noelfic</h1>

Nouvelles en pagaille


Par : Khamsou

Genre : Sentimental , Fantastique

Status : Terminée

Note :


Chapitre 4

Vendredi Soir

Publié le 27/11/10 à 16:36:41 par Khamsou

C’était un jeune. Un jeune comme l’on croise n’importe où dans la rue. Des cheveux bruns emmêlés et une veste en jean usée. Malgré les nombreuses épaisseurs sous celle-ci, il ne peut s’empêcher de grelotter.
Devant lui s’étend une longue, longue, longue rue. Il n’arrive pas à en voir le bout. Ici et là, des arbres que la mélancolique Automne aura touché, jusqu’à leur faire perdre leur feuillage. De rares passants se hâtent, emmitouflés dans d’épaisses vestes noires. Des voitures se pressent également dans la route centrale. Les travailleurs sont impatients de rentrer chez eux, lire le journal et voir leurs enfants grandir. La rue baigne dans une ambiance grise. Les bâtiments et les nuages, la route et les visages.
La garçon s’empare d’un objet dans sa poche et y branche son casque, tout en marchant. Il règle quelque chose, bloque son mp3, le range dans sa poche et fixe le regard droit devant lui.

Une basse se fait entendre, sortie de nul part. un rythme long et lourd. Très lourd. Rien de très technique, juste de quoi faire battre un cœur et faire marcher. Et le jeune s’y emploie.
Puis, du néant, une, deux touches de couleurs. Quelque chose qui brille, qui scintille dans le gris. Une mélodie douce et triste. Elle est totalement à part. Un truc crescendo, puis qui redescend, remonte, se tortille et dure. Il cligne des yeux, mais malgré tout, il marche, le regard posé au loin.

Encore.

Encore.

Encore.

De toute façon, que faire d’autre ? Les pavés irréguliers sous ses pieds rendent la progression un peu pénible. Plus il s’avance, plus il disparaît. Les notes se rallongent et prennent une tournure nostalgique, à laquelle le garçon ne peut retenir un mouvement de tête en arrière. Il croit voir quelqu’un. Souriant. Qui le rejoint. Mais un clignement d’œil plus tard, son regard est encore une fois perdu au loin.
Les magasins commencent à fermer. Il est un peu tard après tout, et eux aussi ont hâte de rentrer. Lui aussi aurait dû. Mais la mélodie le pousse à continuer. Un souffle d’air froid transperce ses habits et lui frappe le cœur. Il avale doucement et continue de marcher encore. Il frotte ses mains. L’Automne, dans toute sa superbe est bien là. Et même s’il l’avait voulu, il n’aurait pas pu compter toutes les feuilles mortes qu’il a foulé de son pas hésitant.

Un instrument à corde se fait entendre. Posément. Il chatouille un peu la fibre émotionnelle du voyageur, toujours perdu dans cette longue rue droite. Ça lui fait aussi un peu peur. Bizarrement. Que va-t-il se passer quand il rentrera chez lui seul, qu’il posera ses veste et sac et s’assiéra dans son fauteuil en sirotant quelque chose ? L’inconnu avait quelque chose d’effrayant, comme les teintes sombres dont la musique s’arborait, encore une fois au rythme de cette basse omniprésente. Puis les notes se rallongent finalement. Il semble au garçon que tout s’évapore. Quelque chose. Un soupçon. Le rythme oppressant se relâche et commence à baigner dans une fièvre mélancolie. Le garçon semble discerner au fond quelques mots… « Good night…« . Homme ? Femme ? Vieux ? Jeune ? Indiscernable et pourtant. La mélodie s’estompe. Il range son casque, éteint son appareil, et continue à marcher, pleurant, avec un sentiment mêlé de honte et d’amertume.

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