Note de la fic : :noel: :noel: :noel: :noel:

Tout blanc tout noir


Par : Ploumi
Genre : Sentimental
Statut : C'est compliqué



Chapitre 29


Publié le 17/07/2010 à 19:04:06 par Ploumi

Chapitre 29



Si seulement je pouvais leur manquer, mes parents, pourquoi m’avaient-ils abandonné comme ça le premier jour, comment pouvait-on considérer son enfant comme une erreur et le jeter dès sa naissance, cette interrogation persistait au fond de moi et j’étais toujours déterminé pour trouver les réponses. Mais l’impuissance dominait l’envie comme toujours.



Dans ces pensées bien accablantes j’observais s’éloigner Valentine et son Roméo main dans la main, mon cœur se recouvrait alors de meurtrissures et je savais pertinemment que je garderai ces cicatrices jusqu’à mon dernier soupir. Je devais à tout prix m’y faire, il fallait que je me débrouille et que j’avance seul sans serrer les mains que l’on me tendait. Mais je me jurais alors de ne plus jamais repasser devant ce lycée, et de ne plus chercher à voir ceux qui auraient pu devenir mes amis. Je me devais bien ça, tenir ma propre promesse. Puis j’ai marché sans trop savoir où j’allais, j’ai perdu toutes les notions simples de la vie pendant un moment, l’orientation, le temps et ma propre identité, j’ai eu l’impression de rentrer dans une sorte de coma étrange, j’étais conscient mais je ne contrôlais rien et je parlais dans le vide. Et je sentis soudain une main sur mon épaule :



- Ça va mon garçon ?
- Euh, euh, ou, oui m’sieur, ça va ... je crois.
- Reste pas sous la pluie comme ça, viens.
- O, O, Ok..



J’étais frigorifié, la tempête et le déluge avaient emporté avec eux l’air frais automnal, j’avais d’ailleurs très mal à la joue, on aurait dit qu’une partie avait congelé, ou alors étaient-ce mes larmes qui, après une hibernation au contact de ma peau, avaient décidé de s’éterniser sur moi sous forme de cristaux de glace ? Je ne savais point, l’homme que je suivais portait une écharpe et un bonnet je n’avais pas pu distinguer son visage correctement pour en faire une description. Et rien ne me retenait de le suivre après tout. Je marchais derrière lui, tel un chien suivant son maître et remuant la queue parce qu’il était heureux de sortir, mais là j’étais surtout pressé de rentrer quelque part à l’abri. Il se retourna :



- Allez viens, je t’emmène chez moi, tu seras à l’abri.
- M-Mais je peux p...
- T’en fais pas garçon, pas de politesses, tu me suis c’est tout.
- B-B-Bien.



Je peinais à parler, je bégayais lamentablement. Le ton de sa voix me rassurait cependant, et puis de toute façon où que j’aille ça ne pouvait pas être pire. Alors je faisais l’effort surhumain de le suivre sans broncher, mes forces s’amenuisaient mais le cœur lui y était. Une dizaine de minutes plus tard environ, il me semblait que nous arrivions à bon port. Il ouvrit la porte d’un petit immeuble de 4-5 étages peut-être, entra et me tînt ensuite la porte.



- Allez petit, c’est fini.
- M-Merci.
- Donne-moi ton sac, je vais le monter.



Ainsi je suivais le pas dans les escaliers, jusqu’au 4ème et dernier étage. Il ouvrait alors la porte et me fit signe d’entrer.



- Merci mais je ne peux pas accepter votre hospitalité je ...
- Écoute, j’ai failli mourir à ton âge quand j’étais encore SDF, je sais ce que c’est petit, alors tu restes là. T’as un canapé pour dormir, à manger, une douche, ça ira ?
- Mais oui mais ma place n’est pas là, je n’ai rien payé, rien mérité, vous, vous avez dû travailler dur pour avoir cet appart et vous avez été récompensé.
- Petit, j’ai été recueilli dans la rue, on m’a donné une chance, maintenant que je peux vivre, je te l’offre, enfin bref, va prendre une douche pour te réchauffer, allez allez.
- Bon ...



j’avais remarqué son visage fatigué par une vie sans doute difficile, mais aussi par le tabac et l’alcool peut-être, ses cernes en témoignaient. Il était châtain comme moi, avec une barbe naissante et un bouc, de corpulence peu imposante, on voyait bien qu’il avait aussi connu la rue, tout du moins il en donnait l’impression.



Je ne trainais pas sous la douche, mais de l’eau chaude ça m’avait fait un bien fou, je me sentais revivre après. Là je retrouvais mes esprits et, OMG :ouch: , j’avais la réunion des dépressifs anonymes à 21h...



- Je dois partir j’ai une réunion à 21h, merci pour tout mais je ne dois pas la rater et...
- Il est 22h30 petit.
- Sérieux ?
- Eh ouais, c’est foiré pour ta réunion, c’était quoi ? Un rassemblement de SDF encore ?
- Non, chez les dépressifs anonymes...
- Ah ouais je vois, tu veux me raconter pourquoi t’en es arrivé là dis-moi ?
- Je m’en sens pas trop capable là...
- Tu dois pas être habitué à te confier c’est ça ?
- J’crois ouais.
- Tu peux me l’écrire si tu veux, tiens.



Je hochais la tête, il comprit que j’acceptais, il me passa alors une feuille blanche vierge et un crayon à papier, et j’écrivis en piochant au fond de moi, je me souvenais alors.



« Je m’appelle David, aujourd’hui j’ai 17 ans. Je n’ai pas de nom de famille, je n’en ai jamais eu, j’ai été abandonné à la naissance par mes parents biologiques et j’ai grandi pendant ces 17 années avec des parents adoptifs sans le savoir, jusqu’au mois dernier je crois où tout s’est déclenché. J’étais un nolife, je jouais aux jeux vidéo, je passais mon temps sur le PC dans ma chambre de quelques m². Je ne sortais jamais avec personne, le seul ami que j’ai eu dans ma vie se trouve sur un médaillon que j’ai commencé à porter dès sa mort. Et un jour mes parents adoptifs ont décidé de m’inscrire dans un autre lycée où je ne connaissais personne, ils se sont ensuite disputés à cause de moi, mon père a frappé ma mère, j’ai appelé la police et mes parents adoptifs m’ont accusé à tort des blessures causées à ma mère pour me virer de chez eux. Pendant la garde à vue, j’ai rétabli la vérité, ils ont été incarcérés, mais mon père adoptif lui est mort d’un cancer foudroyant quelques semaines plus tard.


J’ai ensuite été dans un foyer, j’ai essayé de retrouver mes vrais parents sans succès, je me suis fait quelques potes mais les évènements ont joué en ma défaveur. J’ai failli être tué par un mafieux, finalement la police l’a arrêté et incarcéré. Mais il a été libéré, et peu de temps plus tard, alors que j’avais été exclu de mon foyer pour une connerie, j’ai été invité par une fille à dormir chez elle, mais je me suis fait choper par le père et il m’a viré. Puis il l’a battue, j’ai donc voulu porter plainte pour elle mais on m’a fait croire à son enlèvement, alors j’ai couru prévenir ses parents, elle était là-bas comme si de rien n’était. Et quand je me retournai je vis un break noir et plusieurs hommes qui me saisirent et me firent entrer dans le véhicule. Je compris, cette fille, Valentine, avait été manipulée par son père, lui aussi mafieux, pour que Marco le mafieux que j’avais involontairement fait enfermer se venge. Incroyable qu’ils aient pu me retrouver... Et s’en suivit une longue période de souffrance. Ils m’ont torturé sans pitié, je porte encore les marques des instruments inhumains qui se sont déchaînés sur ma chair, des cicatrices incommensurables. J’ai dû frôler la mort, ils se sont débarrassés de ma carcasse sur une route dans la ville de Lyon ensuite, où j’ai été hospitalisé pendant 4 jours dont 3 de coma.


Et je suis rentré à Paris un sourire en demi-teinte accroché aux lèvres. La maison de Valentine était inanimée, j’ai dormi dans un arrêt de bus, et le lendemain j’ai appris qu’elle avait tout raconté à la police, ses parents et les mafieux moisissent en taule maintenant. Puis les médias ont voulu m’interviewer, mais j’ai tellement honte de ma condition de SDF que je suis resté dans le silence et j’ai couru. Puis j’ai vu cette association là, les Dépressifs Anonymes, je devais essayer ce soir, mais devant mon ancien lycée j’ai revu cette fille, Valentine, au bras d’un mec parfait, grand, baraqué, souriant, beau gosse, blond style surfeur, et j’ai pleuré mon désespoir jusqu’à ce que vous me trouviez. »



- Eh bien, la vie t’a pas épargné toi on dirait, mais t’es solide petit, t’es encore en vie, et il te reste la santé même si tu dois être recouvert de blessures de guerre.
- J’suis encore là mais, j’ai plus vraiment de raison de vivre. Plus aucun proche, rien à faire de mes journées, je déprime, je suis pauvre et j’ai personne à qui me confier, enfin voilà, je suis au fond du trou là.



Tout en me répondant que ça allait s’arranger, il alluma la télé, et mit les informations sur LCI. Et sans grande stupéfaction, un reportage m’était accordé à moi ainsi qu’à l’affaire des mafieux. On me voyait déguerpir avec mon pauvre sac, ils disaient bien que je suis SDF et que personne ne semblait être en mesure de s’occuper de moi. Alors que ma photo avait apparu en gros plan, j’allumais mon iPhone et les nouveaux messages ne manquaient pas. Les derniers mots du reportage m’ont fait réfléchir « Il s’agit bien là d’un héros malgré lui ». Je n’eus pas le temps de lire le premier message que l’homme dont je ne connaissais d’ailleurs toujours pas le nom me parla :



- Donc tu ne m’as pas menti... Incroyable, t’as fait enfermé les plus gros mafieux de la région parisienne, et pourtant t’es dans une situation misérable comme jamais j’en avais encore vue, et t’as que 17 ans. Putain Dieu t’a à la mauvaise toi. Allez, David, demain on réfléchira à tout ça, pieute toi, tu peux pas rester dans la merde comme ça, tu le mérites pas p’tit gars.
- Merci...
- Bonne nuit.
- Et euh au fait, vous vous appelez comment ?
- Tutoie-moi ! Mon nom c’est Jack, allez, repose-toi bien.
- Ok, toi aussi, Jack ...



J’avais pris cette main qu’on me tendait, il m’avait sauvé la vie je crois, j’aurais bien crevé noyé dans les égouts de la ville, ou je me serais dénudé pour mourir d’hypothermie, ou alors pleuré jusqu’à ce que mon cœur se dessèche et que le déluge de cendres ne brûle mon cadavre pour effacer toute trace de mon existence. Mais non, j’étais encore là, bien vivant, le cœur flamboyant bien que meurtri par les évènements qui s’enchaînaient chaque jour. Demain ce serait quoi alors ? Tant pis, je me lèverai, pour le meilleur ou pour le pire.


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