Histoire au clair de lune
Par : Cérate
Genre : Fantastique
Status : Terminée
Note :
Chapitre 10
Neuvième nuit
Publié le 26/05/10 à 18:18:48 par Cérate
À mon réveil sous le grand chêne, j'ai l'esprit étonnamment clair. Le démon est bien là, et il lacère mon crâne, mais toute la brume qui occupait autrefois mon esprit l'a désertée. La souffrance ne suffit plus à troubler mon raisonnement. Je saisis maintenant les détails qui échappaient totalement à mon esprit malade.
C'est la pleine lune, comme chaque nuit où je suis conscient.
Je m'arrête pour méditer quelques instants au pied de la tombe. De ma tombe. Si mes pensées sont cohérentes, je n'ai toujours pas retrouvé la mémoire. Mon propre nom ne me dit rien : Je m'appelle Rasler, et je suis mort.
Malgré tout, je souffre, et je pense. Je suis donc en partie vivant.
Qu'importe. Rien n'a d'importance tant que je peux, ne serais-ce qu'un instant, poser mes yeux sur elle.
Je ne sais pas quelles ont été mes relations exactes avec la princesse. J'ai été son amant, à en juger par ses larmes quand elle me voit, ainsi que par mes songes. Elle m'aime toujours, semble-t-il. Mais quelque chose a forcément dû arriver, un événement horrible, qui nous contraint maintenant à combattre l'un contre l'autre.
Encore une fois, peu importe. Si la combattre est le seul moyen pour l'approcher, qu'il en soit ainsi, je ne peux me passer d'elle.
J'en suis sûr, elle est la seule chose qui me maintient sur cette terre. La raison pour laquelle je suis toujours, en partie, en vie.
Me voilà face à l'immense cimetière de pierres blanches. Mes hommes ne sont pas encore réveillés. Je monte sur le petit promontoire qui surplombe la plaine, et je crie :
- Levez-vous, armée des morts. Quittez vos lits terreux et votre sommeil sans rêve. Sortez de vos tombes, venez rejoindre votre Prince. Une lune est déjà passée. Votre âme a dormi trop longtemps ! Cette nuit encore nous combattrons, cette nuit encore vous serez vivants ! Venez à moi !
L'air résonne sous mes mots de pouvoir. Le sol tremble, le temps se fige. Dès que j'ai fini de parler, une nuée obscure se met à monter dans la nuit, semblant sortir de chacune des tombes. Elle absorbe la pâle clarté de la pleine lune, se nourrissant du peu de lumière qu'elle produit. Puis elle se sépare en volutes distinctes, qui se solidifient, prennent du relief, se condensant en silhouettes presque humaines qui se mouvent lentement, comme des ombres qui se tordraient de douleur sous un incendie de lumière.
La plaine est maintenant couverte de soldats en cuirasse. Il y en a des milliers, tous en armures sales et au teint pâle, qui se regardent avec l'air hébété qu'on a au sortir d'une nuit trop longue. On distingue des barbus au casque percé, des jeunes imberbes bien trop jeune pour avoir trépassé, ainsi que des lieutenants aux cheveux longs qui commencent déjà à rassembler leur groupe. Certains sont vêtus de tuniques en lambeaux qui rappellent plus de la dentelle funèbre que des vêtements de fantassins, preuve que la mort les a fauchés après un rude combat. À une centaine de pas de moi on distingue de nombreux chevaux, entièrement arnachés et curieusement placides, qui attendent en troupeau près de l'immense fosse où ils ont été enterrés. L'armée s'étend sur toute l'étendue d'herbe rêche et de buissons rares qui borde la forêt, attendant mon ordre entre les sépultures blanches, en une marée macabre prête à déferler, encore une fois, sur les vivants.
Les deux généraux viennent me rejoindre.
- Votre majesté semble parfaitement remise. Quel est notre but cette nuit ?
La princesse Alissa et son armée nous attendaient à quelques lieues de là, en direction de la capitale.
Encore une fois, j'engage le combat contre elle.
Elle est encore plus forte que la nuit dernière. Cette fois elle attaque en combinant la magie et l'épée. Les coups pleuvent sans relâche dans ma direction, tous parés par mon sabre qui fend l'air comme l'éclair. Les sorts se succèdent. Ils ne sont pas très puissants, mais nombreux, et seule ma parfaite concentration me permet de les contrer, les uns après les autres.
Je suis, moi aussi, bien plus fort que la dernière fois.
Notre combat dure toute la nuit. Autour de moi, la bataille fait rage.
Nous nous séparons au matin sans que l'un de nous ne soit parvenu à prendre l'avantage.
Tant mieux.
Je veux la revoir, encore et encore.
Nous combattrons pour l'éternité s'il le faut.
C'est la pleine lune, comme chaque nuit où je suis conscient.
Je m'arrête pour méditer quelques instants au pied de la tombe. De ma tombe. Si mes pensées sont cohérentes, je n'ai toujours pas retrouvé la mémoire. Mon propre nom ne me dit rien : Je m'appelle Rasler, et je suis mort.
Malgré tout, je souffre, et je pense. Je suis donc en partie vivant.
Qu'importe. Rien n'a d'importance tant que je peux, ne serais-ce qu'un instant, poser mes yeux sur elle.
Je ne sais pas quelles ont été mes relations exactes avec la princesse. J'ai été son amant, à en juger par ses larmes quand elle me voit, ainsi que par mes songes. Elle m'aime toujours, semble-t-il. Mais quelque chose a forcément dû arriver, un événement horrible, qui nous contraint maintenant à combattre l'un contre l'autre.
Encore une fois, peu importe. Si la combattre est le seul moyen pour l'approcher, qu'il en soit ainsi, je ne peux me passer d'elle.
J'en suis sûr, elle est la seule chose qui me maintient sur cette terre. La raison pour laquelle je suis toujours, en partie, en vie.
Me voilà face à l'immense cimetière de pierres blanches. Mes hommes ne sont pas encore réveillés. Je monte sur le petit promontoire qui surplombe la plaine, et je crie :
- Levez-vous, armée des morts. Quittez vos lits terreux et votre sommeil sans rêve. Sortez de vos tombes, venez rejoindre votre Prince. Une lune est déjà passée. Votre âme a dormi trop longtemps ! Cette nuit encore nous combattrons, cette nuit encore vous serez vivants ! Venez à moi !
L'air résonne sous mes mots de pouvoir. Le sol tremble, le temps se fige. Dès que j'ai fini de parler, une nuée obscure se met à monter dans la nuit, semblant sortir de chacune des tombes. Elle absorbe la pâle clarté de la pleine lune, se nourrissant du peu de lumière qu'elle produit. Puis elle se sépare en volutes distinctes, qui se solidifient, prennent du relief, se condensant en silhouettes presque humaines qui se mouvent lentement, comme des ombres qui se tordraient de douleur sous un incendie de lumière.
La plaine est maintenant couverte de soldats en cuirasse. Il y en a des milliers, tous en armures sales et au teint pâle, qui se regardent avec l'air hébété qu'on a au sortir d'une nuit trop longue. On distingue des barbus au casque percé, des jeunes imberbes bien trop jeune pour avoir trépassé, ainsi que des lieutenants aux cheveux longs qui commencent déjà à rassembler leur groupe. Certains sont vêtus de tuniques en lambeaux qui rappellent plus de la dentelle funèbre que des vêtements de fantassins, preuve que la mort les a fauchés après un rude combat. À une centaine de pas de moi on distingue de nombreux chevaux, entièrement arnachés et curieusement placides, qui attendent en troupeau près de l'immense fosse où ils ont été enterrés. L'armée s'étend sur toute l'étendue d'herbe rêche et de buissons rares qui borde la forêt, attendant mon ordre entre les sépultures blanches, en une marée macabre prête à déferler, encore une fois, sur les vivants.
Les deux généraux viennent me rejoindre.
- Votre majesté semble parfaitement remise. Quel est notre but cette nuit ?
La princesse Alissa et son armée nous attendaient à quelques lieues de là, en direction de la capitale.
Encore une fois, j'engage le combat contre elle.
Elle est encore plus forte que la nuit dernière. Cette fois elle attaque en combinant la magie et l'épée. Les coups pleuvent sans relâche dans ma direction, tous parés par mon sabre qui fend l'air comme l'éclair. Les sorts se succèdent. Ils ne sont pas très puissants, mais nombreux, et seule ma parfaite concentration me permet de les contrer, les uns après les autres.
Je suis, moi aussi, bien plus fort que la dernière fois.
Notre combat dure toute la nuit. Autour de moi, la bataille fait rage.
Nous nous séparons au matin sans que l'un de nous ne soit parvenu à prendre l'avantage.
Tant mieux.
Je veux la revoir, encore et encore.
Nous combattrons pour l'éternité s'il le faut.
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