Histoire au clair de lune
Par : Cérate
Genre : Fantastique
Status : Terminée
Note :
Chapitre 13
Quinzième Nuit
Publié le 29/05/10 à 07:07:04 par Cérate
Pas de bataille cette nuit. Je hurle de douleur, adossé contre mon arbre. Je mords ma langue si fort que ma bouche est remplie de sang.
Le monde tourne autour de moi. Les détails se mélangent. La lune se confond avec les feuilles, les feuilles avec les branches, les branches avec le tronc. Il n'y a plus qu'une masse sombre qui m'engloutit.
Tout s'efface, il ne reste que son visage, qui me sourit tristement...
C'est le jour du marché, et la grande place grouille d'activité. Partout des étals colorés attirent l'œil. La foule est dense, composée de gens de toutes origines, des bourgeois venus en famille, des paysans, des serviteurs à la recherche de produits pour leurs maîtres. Les senteurs d'épices et de beignets chauds flattent les narines. Les marchands vantent leurs produits en criant, les volailles piaillent, il en résulte un joyeux vacarme qui donne envie de s'arrêter un peu pour flâner.
Mais pas aujourd'hui.
J'ai revêtu la livrée jaune des serviteurs royaux pour m'introduire dans le château. Personne ne fait attention à moi alors que je m'engouffre dans les ruelles étroites, suivant les pavés tortueux jusqu'à la herse de l'entrée principale.
Là de nombreuses personnes attendent d'êtres contrôlées avant de pouvoir passer. Je n'ai pas de temps à perdre, ni d'accréditation pour entrer.
Mais j'ai la magie pour moi.
Un mot suffirait à me rendre presque invisible, mais les reflets de la lumière sur mon corps risqueraient de me trahir en cas de mouvement. C'est pourquoi je me décide pour un truc plus simple. Je libère d'un geste un tonneau de vin du chariot sur lequel on le transportait. Il ne se brise pas sous le choc comme je l'espérais, mais le bruit suffit à retenir l'attention de tous les gens présents.
Je passe sans que personne ne me remarque, plus vite qu'aucun être humain ne pourrait le faire.
La cour grouille d'activité. Il y a des serviteurs partout. Je la traverse sans m'arrêter, avec l'air décidé de quelqu'un qui sait parfaitement où il va. En réalité on m'a seulement dit que la princesse est séquestrée dans l'aile Est du château. C'est là qu'étaient ses appartements, il semble logique qu'elle y soit toujours.
Ma livrée jaune de laquais est décidément bien efficace. Nul ne m'arrête sur le chemin.
Il n'y a personne pour monter la garde devant sa chambre. La porte est simplement verrouillée, ce qui me met en alerte. Je pose la main sur la garde de ma lame alors que mon esprit va à la rencontre de la serrure. Elle cède aisément.
L'intérieur est plein de garde. Assis au tour d'une table, en train de jouer aux cartes, curieusement déplacés parmi les draperies somptueuses qui couvrent les murs. C'était un piège, mal préparé cependant. Le temps qu'ils se saisissent de leur épée et je suis déjà parmi eux, semant la mort à tour de bras. Mais j'ai beau être rapide, je ne le suis pas encore assez. Le dernier garde a eu le temps de sonner l'alerte avant de mourir. Déjà j'entends des clameurs montant de l'escalier.
Tant pis pour la discrétion.
Je hurle le nom de mon aimée, de toute la puissance de ma magie. J'entends son esprit qui me répond, à l'autre bout du château. Elle a l'air inquiète, et pas seulement pour moi. Je peux la comprendre, ce sont ses sujets que je tue. Mais rien ne pourra jamais me séparer d'elle, pas même la mort. Je suis sûr qu'elle comprendra.
Je suis couvert de sang. Mes vêtements tâchent les murs lorsque je les frôle, laissant une longue traînée écarlate.
Ce n'est pas mon sang. J'ai abandonné le compte du nombre de mes victimes. Elles n'avaient aucune chance contre moi, dans ces couloirs étroits, avec leurs hallebardes plus décoratives que mortelles.
Plus personne ne vient me barrer le passage. Ils doivent se rassembler ailleurs, attendant de me tomber dessus par surprise.
Alissa ne veut pas me suivre. Je lui fais peur, avec mon visage écarlate. Elle dit qu'elle ne me reconnaît plus. Je l'aime. Je dois la convaincre. Nous n'avons plus beaucoup de temps. J'ai fait tout cela pour elle.
Elle comprend.
Mon cheval nous attend à l'extérieur de la ville. Il y a des soldats plein la cour. Comment passer ?
Je fais appel à tous les esprits du feu dont je connais le nom, égrenant les syllabes en prenant garde à ne pas les écorcher, malgré l'urgence de la situation. Il y en a treize exactement, qui se rassemblent autour de moi, me frôlant de leurs queues pointues, impatients de me venir en aide. De loin on dirait de simples traits de feu, comme ceux que laissent des flèches incandescentes en fendant la nuit. Mais leurs trajectoires désordonnées de papillons fous trahissent vite leur origine surnaturelle, tout comme la petite tête pointue couverte de flammes que je peux distinguer alors que l'un d'eux me frôle. À mon signal, ils se ruent sur la partie de l'aile Est qui domine la cour. Le bâtiment résiste quelques instants à leurs assauts, puis il s'effondre sous les coups de butoir, dans un grand fracas de poussière, écrasant impitoyablement tous ceux qui se trouvaient sous sa masse. Alissa s'arrête quelques instants devant le désastre, et pousse un long soupir.
L'étalon file comme le vent, malgré le poids de ses deux passagers. Bragance ne peut pas laisser l'enlèvement de sa fille impuni. Ses soldats stationnent à la capitale,il ne lui faudra pas longtemps pour les mobiliser. Il faut faire vite.
Le guetteur me reconnaît à l'approche du camp. Je n'ai pas le temps de m'arrêter. Je lui crie de sonner l'alarme. L'ennemi est sur nos talons.
Il est trop tard pour fuir. Il va falloir combattre.
Je m'approche d'Alissa pour l'embrasser une dernière fois. Elle me sourit tristement
Quoi qu'il arrive cette nuit elle sera perdante.
Le monde tourne autour de moi. Les détails se mélangent. La lune se confond avec les feuilles, les feuilles avec les branches, les branches avec le tronc. Il n'y a plus qu'une masse sombre qui m'engloutit.
Tout s'efface, il ne reste que son visage, qui me sourit tristement...
C'est le jour du marché, et la grande place grouille d'activité. Partout des étals colorés attirent l'œil. La foule est dense, composée de gens de toutes origines, des bourgeois venus en famille, des paysans, des serviteurs à la recherche de produits pour leurs maîtres. Les senteurs d'épices et de beignets chauds flattent les narines. Les marchands vantent leurs produits en criant, les volailles piaillent, il en résulte un joyeux vacarme qui donne envie de s'arrêter un peu pour flâner.
Mais pas aujourd'hui.
J'ai revêtu la livrée jaune des serviteurs royaux pour m'introduire dans le château. Personne ne fait attention à moi alors que je m'engouffre dans les ruelles étroites, suivant les pavés tortueux jusqu'à la herse de l'entrée principale.
Là de nombreuses personnes attendent d'êtres contrôlées avant de pouvoir passer. Je n'ai pas de temps à perdre, ni d'accréditation pour entrer.
Mais j'ai la magie pour moi.
Un mot suffirait à me rendre presque invisible, mais les reflets de la lumière sur mon corps risqueraient de me trahir en cas de mouvement. C'est pourquoi je me décide pour un truc plus simple. Je libère d'un geste un tonneau de vin du chariot sur lequel on le transportait. Il ne se brise pas sous le choc comme je l'espérais, mais le bruit suffit à retenir l'attention de tous les gens présents.
Je passe sans que personne ne me remarque, plus vite qu'aucun être humain ne pourrait le faire.
La cour grouille d'activité. Il y a des serviteurs partout. Je la traverse sans m'arrêter, avec l'air décidé de quelqu'un qui sait parfaitement où il va. En réalité on m'a seulement dit que la princesse est séquestrée dans l'aile Est du château. C'est là qu'étaient ses appartements, il semble logique qu'elle y soit toujours.
Ma livrée jaune de laquais est décidément bien efficace. Nul ne m'arrête sur le chemin.
Il n'y a personne pour monter la garde devant sa chambre. La porte est simplement verrouillée, ce qui me met en alerte. Je pose la main sur la garde de ma lame alors que mon esprit va à la rencontre de la serrure. Elle cède aisément.
L'intérieur est plein de garde. Assis au tour d'une table, en train de jouer aux cartes, curieusement déplacés parmi les draperies somptueuses qui couvrent les murs. C'était un piège, mal préparé cependant. Le temps qu'ils se saisissent de leur épée et je suis déjà parmi eux, semant la mort à tour de bras. Mais j'ai beau être rapide, je ne le suis pas encore assez. Le dernier garde a eu le temps de sonner l'alerte avant de mourir. Déjà j'entends des clameurs montant de l'escalier.
Tant pis pour la discrétion.
Je hurle le nom de mon aimée, de toute la puissance de ma magie. J'entends son esprit qui me répond, à l'autre bout du château. Elle a l'air inquiète, et pas seulement pour moi. Je peux la comprendre, ce sont ses sujets que je tue. Mais rien ne pourra jamais me séparer d'elle, pas même la mort. Je suis sûr qu'elle comprendra.
Je suis couvert de sang. Mes vêtements tâchent les murs lorsque je les frôle, laissant une longue traînée écarlate.
Ce n'est pas mon sang. J'ai abandonné le compte du nombre de mes victimes. Elles n'avaient aucune chance contre moi, dans ces couloirs étroits, avec leurs hallebardes plus décoratives que mortelles.
Plus personne ne vient me barrer le passage. Ils doivent se rassembler ailleurs, attendant de me tomber dessus par surprise.
Alissa ne veut pas me suivre. Je lui fais peur, avec mon visage écarlate. Elle dit qu'elle ne me reconnaît plus. Je l'aime. Je dois la convaincre. Nous n'avons plus beaucoup de temps. J'ai fait tout cela pour elle.
Elle comprend.
Mon cheval nous attend à l'extérieur de la ville. Il y a des soldats plein la cour. Comment passer ?
Je fais appel à tous les esprits du feu dont je connais le nom, égrenant les syllabes en prenant garde à ne pas les écorcher, malgré l'urgence de la situation. Il y en a treize exactement, qui se rassemblent autour de moi, me frôlant de leurs queues pointues, impatients de me venir en aide. De loin on dirait de simples traits de feu, comme ceux que laissent des flèches incandescentes en fendant la nuit. Mais leurs trajectoires désordonnées de papillons fous trahissent vite leur origine surnaturelle, tout comme la petite tête pointue couverte de flammes que je peux distinguer alors que l'un d'eux me frôle. À mon signal, ils se ruent sur la partie de l'aile Est qui domine la cour. Le bâtiment résiste quelques instants à leurs assauts, puis il s'effondre sous les coups de butoir, dans un grand fracas de poussière, écrasant impitoyablement tous ceux qui se trouvaient sous sa masse. Alissa s'arrête quelques instants devant le désastre, et pousse un long soupir.
L'étalon file comme le vent, malgré le poids de ses deux passagers. Bragance ne peut pas laisser l'enlèvement de sa fille impuni. Ses soldats stationnent à la capitale,il ne lui faudra pas longtemps pour les mobiliser. Il faut faire vite.
Le guetteur me reconnaît à l'approche du camp. Je n'ai pas le temps de m'arrêter. Je lui crie de sonner l'alarme. L'ennemi est sur nos talons.
Il est trop tard pour fuir. Il va falloir combattre.
Je m'approche d'Alissa pour l'embrasser une dernière fois. Elle me sourit tristement
Quoi qu'il arrive cette nuit elle sera perdante.
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