Chapitre 18 : Débriefing

16 février 2051 – Avion Militaire Stark 7.

Ben se releva en vitesse et commença à préparer ses affaires. Une fois que son sac fut complet, l’homme de 43 ans observa Washington DC par le hublot de l’appareil. La capitale était toujours aussi déserte et les Azaners infestaient toujours autant les rues de la grande ville. Le paysage était recouvert d’un épais manteau blanc duquel dépassait uniquement le toit des voitures abandonnées sur les axes routiers, devant les maisons aujourd’hui inhabitées des washingtoniens. L’ancien Ranger eut un petit pincement au cœur lorsqu’il aperçut la maison de Ned et Catheline dont les vitres avaient été complètement brisées. L’armée faisait actuellement sa ronde dans un 4x4 blindé. Durant cette besogne, leur but était d’abattre le plus possible d’infectés à la sulfateuse laser afin de réduire leur nombre. Le gouvernement espérait mettre un terme à l’invasion de ces créatures démoniaques qui vagabondaient dans nos rues depuis environ trois longues semaines, en polluant l’atmosphère avec l’ammoniaque qu’ils expiraient. Benjamin pouvait voir les corps d’Azaners qui gisaient à terre, sans vie, consumés par les grands feux allumés par l’armée afin de les bruler pour s’assurer qu’ils ne survivent pas. Le feu allumé en pleine rue faisait fondre la neige qui se trouvait autour des monstres inanimés qui gisaient sur le sol.

16 février 2051 – Maison Blanche, Washington DC.

L’avion se posa sur le sol et les portes s’ouvrirent sur la cour interne de la Maison Blanche où nos amis étaient attendus par le Directeur Ayrtès et le Président Obama. Benjamin et ses collègues sortirent de l’appareil et saluèrent David et Biccock qui se tenaient, droits comme des i, devant eux. Le frère de Ned Anderwoods présenta George Williams à leurs supérieurs. Ces derniers prièrent l’escouade de bien vouloir les suivre. Il faisait un temps glacial en ce 16 février à Washington. Ben et ses camarades suivirent leur patron, la neige craquait sous leur pas sur tout le trajet qui séparait le Stark 7 de l’entrée de la résidence présidentielle. Les anciens Rangers parcoururent certains magnifiques couloirs aux murs blancs de la Maison Blanche sur lesquels étaient affichés les portraits de tous les Présidents des Etats-Unis depuis George Washington jusqu’à Biccock Obama, le petit fils de Barrack. Le POTUS n’emmena pas nos amis dans le bureau ovale cette fois mais dans ses quartiers personnels dans lesquels se trouvait une pièce cachée derrière une bibliothèque. David et Biccock s’installèrent du même côté du bureau sur des magnifiques sièges en cuir noir. Benjamin observa la pièce dont les murs noirs n’étaient pas recouverts. Il posa son postérieur sur une des 7 chaises qui étaient disposées devant le bureau du centre de la pièce de façon à ce que l’escouade se retrouve en face d’Ayrtès et Obama.

C’est Biccock qui prit la parole en premier, afin de demander aux agents ce qu’ils avaient appris lors de leur périple en Antarctique. C’est Benjamin qui répondit à la première question du Président.

« Nous avons donc visité Science Recon Biotechnology. Le centre est divisé en 2 parties distinctes que nous avons fouillées toutes les deux, les bureaux ainsi que les laboratoires. Comme nous l’avons rapidement remarqué en analysant les dossiers de certains projets, ils n’ont pas cessé leurs activités après la guerre. Nous les avons même trouvés, cachés sous une trappe en attendant que nous partions pour recommencer leurs activités malsaines. Je sais que la question qui vous brûle les lèvres est : est-ce qu’ils sont impliqués dans le fléau qui nous touche actuellement. La réponse est claire et nette : oui ! J’ai eu une discussion privée avec la directrice du centre, elle m’a expliqué le fonctionnement du virus. Il s’agit d’un virus qui stagne dans l’organisme jusqu’à la mort et qui se déclenche ensuite. Mais cependant, le virus ne se propage pas par voie aérienne lors qu’il est au stade 1. Une fois que la personne est infectée, le virus continue d’évoluer. Il faut éradiquer la menace avant qu’elle atteigne le stade 3. Dans le cas contraire, nous serons tous infectés et nous nous transformerons à notre mort car à ce stade de l’infection les Azaners expirent des particules virales. Cette jeune femme ne faisait pas tout cela de son plein gré, l’EIS retenait sa famille et a tué un de ses enfants sous ses yeux pour la convaincre de mettre son talent dans le domaine pour le compte du développement de leur arme biologique. Je lui ai promis que nous viendrions la chercher lorsque nous aurions remis tout en ordre et elle m’a partagé une piste pour éradiquer la menace. »

Ben éternua un grand coup et continua son discours.

« La clef résiderait dans George Williams ici présent, ancien Ranger de l’escouade Nova Five. Les scientifiques ont réalisé d’innombrables études à partir de version modifiée du virus qui ne nécessitait pas la mort du sujet pour se déclencher. George n’a jamais été infecté et ils ont travaillés pendant plusieurs années sur une version qui permettrait de transformer Williams en Azaners, sans succès. Isabelle m’a, de ce fait, conseillé de commencer par injecter les anticorps de notre ami dans le corps d’un infecté afin de vérifier s’il y’avait un quelconque espoir de guérison par ce moyen ou pas. Ce qui serait un bon début dans les recherches contre ce fléau. Il nous faudrait donc prélever de son sang pour ensuite le purifier afin d’obtenir la molécule d’intérêt. Ce qui serait bien entendu possible par précipitation au sulfate d’ammonium suivi d’une colonne Sephradex G2525 AB, ce qui est une machine courante dans les labos de recherches. Je suppose que vous devez en avoir une à disposition quelque part au CDC ou au département biologique de la CIA. Je ne sais pas vous, mais moi j’ai terriblement envie de savoir si on peut rayer les Azaners de nos terres ou non. Je l’espère fortement. »

Obama demanda ensuite à Jack McBride s’il avait pu récupérer des informations sur Metal Gaussian Storm. Ce dernier lui répondit qu’il avait trouvé un plan sur une tablette qui portait l’inscription « Branson & Oliver – LA – 2044 ». Ce détail avait donc une importance capitale. Cela signifiait qu’ils avaient la confirmation qu’en plus de s’intéresser au programme, l’EIS en avait volé les premiers croquis. Ces derniers avaient été élaborés 7 ans auparavant par la multinationale Branson & Oliver, visiblement dans leur département développement à Los Angeles.

Le Président se leva sans piper mots et se dirigea lentement de la porte de la pièce secrète dans laquelle ils étaient depuis plusieurs minutes à présent. Biccock invita les membres de la CIA ainsi que Williams à le suivre. Le petit fils de Barrack les ramena vers la piste d’atterrissage qui se trouvait dans la cour toujours recouverte d’un manteau blanc dont la neige était projetée dans toutes les directions au vue du mouvement rapide de l’hélice de l’appareil. Benjamin ressentait un froid intense qui caressait sa peau, il passa sa main dans sa longue chevelure noir afin d’écarter tous les flocons de neige qui s’étaient déposés sur sa tignasse noire. L’ancien Ranger pénétra dans l’avion dans lequel il avait passé du temps cette semaine et attendait d’en savoir plus sur la suite de la mission. Il espérait toujours qu’elle puisse se terminer au plus vite afin de pouvoir concentrer toute ses ressources sur ce qui importait vraiment pour lui, la mort de son frère. Cela passait par une étape très importante : retrouver la fausse analyste, Cathy Marnison, qui avait disparu de la circulation depuis le meurtre de Ned. Où a-t-elle bien pu s’enfuir ? Était-elle devenue un monstre elle aussi ? Cette idée plaisait à Ben, mais l’ancien Ranger avait besoin d’elle en vie afin qu’elle livre tous ses petits secrets sur la mort de Ned et sur l’EIS en général. Ces informations permettraient à Benjamin de remonter jusqu’à l’homme qui avait appuyé sur cette foutue gâchette.

16 février 2051 – QG de la CIA, Langley.

Après un court voyage en avion, le Stark 7 se posa verticalement sur la piste d’atterrissage de la CIA à Langley. Ben ainsi que les autres occupants de l’appareil en descendirent et se dirigèrent vers l’entrée de l’Agence. David passa devant et leur dit « Suivez-moi ». Le directeur les emmena dans un grand laboratoire qui se trouvait dans les sous-sols du bâtiment. La pièce dans laquelle l’escouade venait de pénétrer était de forme circulaire et les murs étaient d’un blanc immaculé. Benjamin regarda autours de lui et pu apercevoir de nombreux appareils que l’on retrouve communément dans un complexe de laboratoire, tel que des hottes et de nombreuses machines d’analyse diverses. Les anciens Rangers et Ayrtès enfilèrent une bouse de labo et couvrirent leurs yeux via une paire de lunettes avant de pénétrer plus loin dans la pièce dans laquelle se trouvait John Rezko, le directeur du CDC avec lequel l’escouade Nova Six était rentrée d’Atlanta. Ce dernier se rapprocha des hommes qui venaient de rentrer dans le laboratoire et leur serra tous la main. Le docteur ajouta même un « enchanté » lorsqu’il empoigna celle de Williams. George n’avait pas l’air à l’aise, ce laboratoire devait sûrement lui rappeler des mauvais souvenirs.

« C’est lui je suppose » lâcha Rezko. David Ayrtès répondit positivement, d’un hochement de tête.

John et David agrippèrent George Williams et l’attachèrent sur une table d’expérience qui se trouvait dans le coin droit de la pièce. « N’aie pas peur, tu vas sauver le monde » lui chuchota Rezko dans l’oreille gauche. Ce dernier serra un garrot autour du bras et lui préleva une quantité importante de sang dans une grande seringue. Il écarta le résultat de la prise de sang et prit grand soin de réinjecter une quantité de sang frais du groupe sanguin de Williams, O+ comme l’indiquait son dossier médical signé par les Rangers, dans les veines de ce dernier. David Ayrtès détacha George et le rassura, « C’est tout pour le moment, George. Rassurez-vous ». Rezko saisit la seringue qu’il avait précédemment écartée et versa son contenu dans un petit berlin en pyrex dans lequel il ajouta une petite quantité de sulfate d’ammonium afin de faire précipiter les protéines du plasma sanguin. Après une centrifugation d’une vingtaine de minutes, il récupéra le surnageant afin de l’engager dans une colonne Sephradex G2525 dans le but d’enlever toute trace des ions sulfate et ammonium. La prochaine étape de la purification fut une colonne de chromatographie sur résine agarose. Une fois le résidu de la purification isolé, John Rezko remit le tout en solution dans un tampon isotonique afin de constituer une solution prête à l’injection.

« David, apportez-le », ordonna le directeur du CDC.

Le directeur de la CIA s’exécuta et ramena un Azaner en direction de la même table d’expérience sur laquelle avait été attaché Williams plusieurs minutes auparavant. L’arrivée du monstre dans la pièce en baissa la température, cette créature dégageait une aura fraicheur. Ayrtès tenait cette pauvre créature dont les mains étaient liées et la tête cagoulée en laisse. La créature avait son buste blanc à l’air libre et laissait échapper des cris ignobles ainsi qu’une infecte odeur d’ammoniaque qui embaumait de plus en plus la pièce. Le monstre se débattait mais ne parvint pas à se libérer de l’emprise de David. Ce dernier plaqua la créature contre la table et l’y enchaina avec une lourde chaine en métal qui empêchait complètement le monstre de bouger. « Laissez-moi seul » demanda Rezko. Les membres de l’Agence et Williams s’exécutèrent et prirent place derrière une baie vitrée qui donnait sur la salle, Benjamin fixait la scène avec beaucoup d’attention. Est-ce que l’injection allait fonctionner ? Est-ce que le monde allait être sauvé ? Autant de question que l’homme de 43 ans se posait à cet instant et qui trouverait bientôt une réponse. L’ancien Ranger pensa à sa sœur un petit instant « Si seulement on pouvait te sauver, toi aussi ».

John Rezko, le directeur du CDC, était le seul homme qui restait dans la grande pièce blanche. Il fixait la créature avec beaucoup d’attention et saisit l’erlenmeyer contenant la solution d’anticorps de Williams purifiée par ses soins quelques minutes auparavant. Le docteur en virologie remplit la seringue avec le liquide translucide qui se trouvait dans le récipient chimique. Le scientifique posa un masque à chloroforme sur la bouche de la créature qui se calma instantanément. John injecta ensuite le liquide dans les veines noires qui se trouvaient sous la peau blanche et glaciale du monstre. Rezko regarda en direction de David et les autres qui observaient la scène avec beaucoup d’attention depuis la baie vitrée de l’étage supérieure. Le directeur du CDC enleva la cagoule du visage du monstre, celui-ci était ridé et ses paupières fermées ne laissait plus apparaitre le bleu intense des yeux des infectés. Les vêtements de l’Azaners avaient été arrachés, son corps était recouvert d’écailles de glace. Benjamin s’attarda sur le visage du monstre qui gisait inconscient sur la table d’expérience, la créature possédait maintenant une paire de cornes qui avaient pris naissance sous sa tignasse qui était maintenant bleue marine. L’apparence des Azaners change, leur évolution n’est pas terminée, comme l’avait dit Isabelle « J’espère que ce n’est pas déjà ça le stade 3 », pensa-t-il. C’est ensuite que le frère de Ned remarqua la présence de 3 impacts au niveau de la tempe de l’Azaners, bien cachés sous les rides. Son sang ne fit qu’un tour.

« C’est Ned ! », s’écria Benjamin, visiblement très surpris.

« Vous comprenez enfin pourquoi on tenait absolument que ce soit vous qui exécutiez cette mission, Benjamin ? », lui souffla David Ayrtès, le sourire aux lèvres.

FIN