Purpose
Par : Pronche
Genre : Science-Fiction
Status : C'est compliqué
Note :
Chapitre 12
Publié le 14/03/13 à 20:59:45 par Pronche
Le bruit de ses chaussures trempées contre le marbre de la cage d’escalier résonna jusqu’au dernier étage du bâtiment. Ses cheveux collaient contre son front, quelques gouttes d’eau en coulaient, descendant le long de ses joues. Ethan était trempé jusqu’à l’os. Tout comme ses cheveux, son t-shirt agissait comme une glue contre son torse, faisant ressortir sa musculature. Les gros biceps et autres n’avaient jamais été sa tasse de thé. Ses années dans l’armée lui avaient donné un corps bien sculpté qu’il avait veillé à entretenir, capable d’intéresser plus d’un membre de la gente féminine. Mais étant ce qu’il est, le jeune Gray n’avait jamais utilisé cet atout à son avantage.
D’une démarche lasse, il grimpa les deux étages qui le séparaient de son appartement et entra. Ne voulant pas salir le sol de son habitation, il décida de prendre une douche. Juste avant, il sortit l’étui qui contenait son Glock et le déposa sur la table du salon. Quelques instants plus tard, il entra dans la salle de bain et se déshabilla. Un frisson parcouru son échine lorsque sa peau entra en contact avec l’air ambiant. Ethan fit rapidement couler l’eau dans la baignoire et grimpa dedans. Le liquide froid qui coulait contre son corps se réchauffa rapidement. Un long et lourd soupir de contentement s’échappa d’entre ses dents.
Certes, l’eau chaude lui procurait d’agréables sensations, permettant de relaxer ses muscles de la tension accumulée mais son cerveau continuait, encore et toujours, à rejouer les récents évènements sous ses propres yeux. Ses larmes s’ajoutèrent à la présence de l’eau, la rendant un peu plus salée. Étrangement, il n’y avait aucune émotion derrière elle, comme il n’y en avait eu aucune lorsqu’on lui avait annoncé la nouvelle fatidique. L’ex-soldat ne savait quoi penser ou ressentir. Tout avait été si soudain, ne laissant pas le temps à son esprit d’enregistrer l’information. Les choses allaient mal, de cela, il ne s’était pas voilé les yeux. Mais que ça le touche à ce point, c’était une autre affaire.
Puis, finalement, une pensée lui traversa le crâne.
‘Qu’est-ce que va en penser Kiara ?’
Une fois de plus, il mettait le bien-être de la jeune femme devant le sien. Pour elle aussi, les choses n’avaient pas été évidentes. Apprendre qu’il avait perdu son boulot aurait des répercutions sur son moral. Honnêtement, le jeune homme ne savait pas s’il allait s’en sortir tout seul cette fois-ci. Même à deux, cela allait être difficile. Il pouvait toujours vendre la voiture à un collectionneur, histoire de gagner quelques semaines ou mois de répit….mais après ? Les solutions qui étaient à sa disposition venaient à manquer. Il pouvait toujours reprendre le boulot de mercenaire ou son poste à l’armée mais….cela ne le tentait pas. Etrange contradiction pour un homme de terrain. Il aimait l’action, le danger, la sensation que procurait l’adrénaline lorsqu’elle parcourait son corps mais d’un autre côté, le fait de devoir porter une arme, d’avoir la possibilité de vie et de mort sur chaque personne qui croise sa route ainsi que de voir des horreurs qui auraient rendues n’importe qui d’autre fou lui pesaient sur les épaules.
Un lourd soupir s’échappa de sa bouche.
De longues minutes s’écoulèrent avant qu’il ne coupe l’arrivée d’eau et sorte de la baignoire. Rapidement, le jeune homme se sécha et mit des vêtements propres. Lorsqu’il quitta la salle de bain, une vague d’air chaud l’accompagna et se dissipa dans le reste de l’appartement. Ethan se dirigea vers la cuisine et sortit une bouteille transparente, au contenu de couleur marron clair, presque ambre. Ensuite, il prit un verre et fit demi-tour, marchant en direction du salon et s’assit sur une chaise, près de la table où se trouvait son arme. Un coup d’œil sur sa montre lui fit comprendre qu’il n’était même pas dix heures. À nouveau, il soupira. Juste après, il ouvrit le conteur et déversa la liqueur dans son verre. Il avala la boisson d'une seule gorgée.
Alors que l’ancien soldat aux cheveux gris allait se resservir, son oreillette se mit à sonner. D’un geste dénué d’hésitation, il porta sa main gauche à sa poche et en ressortit le petit objet pour le mettre à son oreille.
— Gray à l’appareil.
Rien.
Pas un son, pas un grésillement. A croire qu’il n’y avait rien à l’autre bout de l’appareil. Il haussa un sourcil et attendit quelques secondes, croyant que son interlocuteur allait se manifester et au moment où il s’apprêtait à raccrocher, un petit son aux tonalités aigües parvint à son ouïe. Le bruit se répéta à trois reprises, avec deux rythmiques identiques, séparées par une troisième, différente. Croyant à une blague de mauvais goût, Ethan éteignit l’appareil et le posa sur la table, retournant à sa première préoccupation.
Il enchaîna avec un second verre, puis un troisième. Finalement, tout le contenu de la bouteille fut vidé. Sa tête lui pesait sur les épaules, ses joues et son front avaient pris une teinte pivoine clairement visible. Les effets de l’alcool sur son corps étaient présents mais pas suffisamment pour complètement altérer son jugement.
Il resta planté sur sa chaise pendant plusieurs minutes…voire même heures. Il ne savait plus. A un moment, le jeune homme aux yeux bleu acier sortit de sa torpeur et se leva.
— Il faut qu’elle sache, murmura-t-il pour lui-même avant de se lever et de se diriger vers l’un des cartons qui trainaient dans la pièce.
Il l’ouvrit et se mit à fouiller. Dedans se trouvaient tous ses effets personnels en rapport avec l’armée. Sa tenue officielle qu’il portait lors des cérémonies avec ses galons, ses médailles, rangées dans leurs boîtes ainsi que plusieurs dossiers. Et c’est exactement ce qu’il cherchait. Quelques instants plus tard, l’objet qu’il convoitait sortit du carton. Ensuite, il le referma et se réinstalla sur sa chaise, posant le tas de feuilles avec délicatesse.
Alors qu’il allait ouvrir le dossier, la porte menant au monde extérieur s’ouvrit et une louve aux cheveux de feu s’engouffra dans l’appartement. La surprise se peignit sur son visage lorsqu’elle vit son colocataire. Normalement, celui-ci ne devait rentrer que dans deux heures. Voyant son visage déconfit, Kiara comprit immédiatement que quelque chose n’allait pas.
— Ethan ?….Est-ce que ça va ?, osa-t-elle, timidement.
Il ne répondit pas dans l’instant qui suivit, préférant contempler ce qu’il avait sous les yeux. Et quand il ouvrit la bouche pour répondre, une voix légèrement rauque et triste en sortit.
— J’ai été révoqué.
— Pour quelle raison ?
— Sécurité nationale. Révoqué par l’académie sur ordre du gouvernement, certainement. Il semblerait que le coin soit devenu trop dangereux et l’ambassade terrienne n’est pas en mesure de veiller à la protection de tous ses ressortissants. Et puis, ça ne doit pas être très bon pour la popularité du lycée d’avoir un enseignant humain sur une planète remplie de Keidrans. Pareil pour les politiques. Chacun chez soi et tout le monde s’en portera mieux.
— Et qu’est-ce que tu comptes faire ?
— Calmer le jeu. Je ne me suis jamais servi de ma position et mon influence jusqu’à maintenant, il serait temps que je la mette à contribution. Mais en attendant…
L’ex-mercenaire prit le dossier avec sa main gauche et le tendit à la jeune femme.
—…Je n’ai pas été complètement clair avec toi. Il y a certaines fois où mon comportement ou mes connaissances t’étaient étrangers. Comme la fois où je t’ai accompagné au travail et que je t’ai fait écouter une musique venue du début du XXème siècle. La raison se trouve dedans.
Kiara prit l’objet dans ses mains et lit ce qu’il était marqué sur la première page.
Projet Arc
Dossier classé Secret Défense
Seules les personnes ayant l’accréditation nécessaire peuvent avoir accès à ce document
La curiosité s’empara du canidé aux yeux rubis et ambre qui ouvrit le dossier et se mit à le consulter. Quelques minutes plus tard, elle le referma. Il n’y avait aucune émotion sur son visage, seulement un masque d’indifférence.
— Ça explique tout. La musique, la voiture, ainsi que le reste. Mais…comment est-ce possible ?
Il soupira.
— Moi-même, je ne le sais pas. Ce sont vos ancêtres qui avaient accès à une telle technologie, nous n’avons fait que la récupérer et l’utiliser pour nos propres fins. Sans cela, pas de Purity, pas d’Ethan Gray, pas de conflit humano-Keidran. Rien de tout cela.
— Et cette maladie dont tu étais atteint ? Est-elle contagieuse ?
— Non. J’en ai été guéri il ya sept ans, lors de l’assaut final sur Mars. Purity possédait le vaccin dans les laboratoires de leur cachette souterraine.
Lentement, elle hocha la tête en signe de compréhension. Assimiler autant d’informations en moins de dix minutes et ne pas en subir un choc émotionnel n’était pas donné à tout le monde. Son regard se porta sur la table où se trouvaient la bouteille, le verre ainsi que le Glock.
— Tu as une arme ?
— Il faut bien. Je ne possède plus mon armure et par les temps qui courent, il vaut mieux avoir de quoi se protéger.
La louve s’approcha du jeune Gray et se pencha en avant, de façon à se retrouver à quelques centimètres de son visage avant de s’assoir sur ses genoux. Elle plongea son regard dans ses yeux bleus et sourit, dévoilant de magnifiques canines blanches et superbement bien entretenues.
— Merci, susurra-t-elle avant de continuer, merci de partager tout cela avec moi. J’apprécie la confiance que tu places en moi. Je sais que ça ne doit pas être facile pour toi de te révéler ainsi, surtout que tu devais craindre ma réaction pour cette histoire de voyage dans le temps ou le fait que tu sois armé.
— Il fallait bien que tu le saches à un moment ou à un autre.
Avec délicatesse, Kiara referma l’écart qu’il y avait entre eux deux en déposant ses lèvres sur celles du professeur. Ce dernier, quelque peu choqué, se laissa faire et en profita pour savourer l’instant. Fraise, ses lèvres avaient un goût de fraise. Etrange car elle n’avait pas mis de rouge à lèvres. Puis, il sentit quelque chose d’autre contre ses lèvres. Sachant de quoi il s’agissait, il ouvrit légèrement la bouche et autorisa l’entrée du corps étranger. Ce dernier ne se fit pas prier et pénétra avec vigueur avant d’explorer les confins de sa cavité buccale. Ethan décida de retourner le geste. Un profond gémissement de plaisir s’échappa de la gueule de la louve.
Le rythme cardiaque du jeune homme s’accéléra tandis que d’inhabituelles quantités de sang circulaient dans ses joues déjà bien rougies par l’alcool. Ils restèrent ainsi pendant de longues minutes, se familiarisant avec le corps de l’autre via leurs mains et l’intérieur avec leurs langues. Finalement, ils se séparèrent pour pouvoir récupérer leur souffle. Chacun regardant dans les yeux de l’autre, ils y virent la même émotion. Désormais, il fallait juste l’exprimer oralement, chose peu évidente pour lui. L’ancien soldat prit une profonde inspiration avant de se jeter à l’eau et prononcer les mots fatidiques, ceux qui pourraient changer sa vie à tout jamais.
— Je t’aime.
— Je t’aime aussi.
La réponse était venue naturellement, sans une once d’hésitation, preuve qu’elle avait déjà eu une réflexion sur la nature de ses sentiments envers lui. Ensuite, ils reprirent leur session mais avec plus d’entrain et de passion, maintenant qu’un poids s’était soustrait de leurs épaules. Mais comme toute bonne chose, celle-ci avait une fin et, une plutôt inattendue. Alors que les pattes de Kiara parcouraient le torse de son aimé, elles descendirent un peu trop bas au goût d’Ethan qui les éloigna de leur destination finale. Juste après, il brisa le contact entre leurs lèvres.
— Excuse-moi mais…je ne peux pas.
La louve aux yeux de couleurs différentes pencha légèrement la tête sur le côté gauche et haussa un sourcil.
— J-je suis désolée, si tu trouve que c’est trop tôt pour ça, on peut toujours attendre.
Il baissa la tête en signe de défaite et expira bruyamment.
— Ce, ce n’est pas ça. On se connait depuis quelques temps déjà et j’aimerai passer ce cap là avec toi, vraiment. C’est juste que….pas encore, je ne me sens pas prêt.
— Première fois ? Pas de problème, on est tous passés par là.
L’homme aux courts cheveux gris eut un rire dénué de joie et secoua négativement la tête.
— Si seulement c’était aussi simple. Mon appréhension n’est pas due à ceci, malheureusement.
— Alors ? Qu’est-ce que c’est ?
C’est à partir de ce moment que les choses devenaient moins évidentes pour lui. Ses yeux s’embuèrent de larmes, sa respiration se faisait rauque et brève, comme s’il faisait de l’hyperventilation. Malgré tout, il trouva la force de plonger son regard dans celui de la jeune Slinger.
— …Savait-tu que… près de 3/4… des viols sont sur des femmes ? Et bien,… je fais parti du quart restant… ma…dernière relation amoureuse ne s’est pas…bien finie. Tout allait bien, on était jeunes, amoureux, naïfs, mais….je suis le genre de gars qui aime… prendre son temps. Précipiter les choses, c’est pas mon truc. Bref, voyant que j’étais lent à la détente et qu’elle m’aimait vraiment beaucoup… elle est passée à l’action, ne pensant qu’à son plaisir personnel. Depuis…j’essaie de me tenir à l’écart de toute relation au-delà d’amicale avec la gente féminine.
Pour toute réaction, Kiara l’enferma dans une forte embrasse. Il lui rendit le geste et posa sa tête contre son épaule.
— Je suis désolée, je n’aurais pas due te pousser aussi loin.
— Hey, tu n’as pas t’excuser de quelque chose que tu ne savais pas. Je te ferais signe quand je pourrais passer outre le traumatisme, ok ?, dit-il avec un triste sourire et un rire avant de déposer un baiser sur ses babines.
Le couple allait reprendre leur session lorsqu’ils furent interrompus par une sonnerie de téléphone, appartenant à Ethan. Ce dernier lâcha un grognement avant de prendre l’objet et le mette à son orifice gauche.
— Ici Ethan Gray, qui est-ce ?
— M. Gray, cabinet du Premier Ministre à l’appareil. On a besoin de vous.
D’une démarche lasse, il grimpa les deux étages qui le séparaient de son appartement et entra. Ne voulant pas salir le sol de son habitation, il décida de prendre une douche. Juste avant, il sortit l’étui qui contenait son Glock et le déposa sur la table du salon. Quelques instants plus tard, il entra dans la salle de bain et se déshabilla. Un frisson parcouru son échine lorsque sa peau entra en contact avec l’air ambiant. Ethan fit rapidement couler l’eau dans la baignoire et grimpa dedans. Le liquide froid qui coulait contre son corps se réchauffa rapidement. Un long et lourd soupir de contentement s’échappa d’entre ses dents.
Certes, l’eau chaude lui procurait d’agréables sensations, permettant de relaxer ses muscles de la tension accumulée mais son cerveau continuait, encore et toujours, à rejouer les récents évènements sous ses propres yeux. Ses larmes s’ajoutèrent à la présence de l’eau, la rendant un peu plus salée. Étrangement, il n’y avait aucune émotion derrière elle, comme il n’y en avait eu aucune lorsqu’on lui avait annoncé la nouvelle fatidique. L’ex-soldat ne savait quoi penser ou ressentir. Tout avait été si soudain, ne laissant pas le temps à son esprit d’enregistrer l’information. Les choses allaient mal, de cela, il ne s’était pas voilé les yeux. Mais que ça le touche à ce point, c’était une autre affaire.
Puis, finalement, une pensée lui traversa le crâne.
‘Qu’est-ce que va en penser Kiara ?’
Une fois de plus, il mettait le bien-être de la jeune femme devant le sien. Pour elle aussi, les choses n’avaient pas été évidentes. Apprendre qu’il avait perdu son boulot aurait des répercutions sur son moral. Honnêtement, le jeune homme ne savait pas s’il allait s’en sortir tout seul cette fois-ci. Même à deux, cela allait être difficile. Il pouvait toujours vendre la voiture à un collectionneur, histoire de gagner quelques semaines ou mois de répit….mais après ? Les solutions qui étaient à sa disposition venaient à manquer. Il pouvait toujours reprendre le boulot de mercenaire ou son poste à l’armée mais….cela ne le tentait pas. Etrange contradiction pour un homme de terrain. Il aimait l’action, le danger, la sensation que procurait l’adrénaline lorsqu’elle parcourait son corps mais d’un autre côté, le fait de devoir porter une arme, d’avoir la possibilité de vie et de mort sur chaque personne qui croise sa route ainsi que de voir des horreurs qui auraient rendues n’importe qui d’autre fou lui pesaient sur les épaules.
Un lourd soupir s’échappa de sa bouche.
De longues minutes s’écoulèrent avant qu’il ne coupe l’arrivée d’eau et sorte de la baignoire. Rapidement, le jeune homme se sécha et mit des vêtements propres. Lorsqu’il quitta la salle de bain, une vague d’air chaud l’accompagna et se dissipa dans le reste de l’appartement. Ethan se dirigea vers la cuisine et sortit une bouteille transparente, au contenu de couleur marron clair, presque ambre. Ensuite, il prit un verre et fit demi-tour, marchant en direction du salon et s’assit sur une chaise, près de la table où se trouvait son arme. Un coup d’œil sur sa montre lui fit comprendre qu’il n’était même pas dix heures. À nouveau, il soupira. Juste après, il ouvrit le conteur et déversa la liqueur dans son verre. Il avala la boisson d'une seule gorgée.
Alors que l’ancien soldat aux cheveux gris allait se resservir, son oreillette se mit à sonner. D’un geste dénué d’hésitation, il porta sa main gauche à sa poche et en ressortit le petit objet pour le mettre à son oreille.
— Gray à l’appareil.
Rien.
Pas un son, pas un grésillement. A croire qu’il n’y avait rien à l’autre bout de l’appareil. Il haussa un sourcil et attendit quelques secondes, croyant que son interlocuteur allait se manifester et au moment où il s’apprêtait à raccrocher, un petit son aux tonalités aigües parvint à son ouïe. Le bruit se répéta à trois reprises, avec deux rythmiques identiques, séparées par une troisième, différente. Croyant à une blague de mauvais goût, Ethan éteignit l’appareil et le posa sur la table, retournant à sa première préoccupation.
Il enchaîna avec un second verre, puis un troisième. Finalement, tout le contenu de la bouteille fut vidé. Sa tête lui pesait sur les épaules, ses joues et son front avaient pris une teinte pivoine clairement visible. Les effets de l’alcool sur son corps étaient présents mais pas suffisamment pour complètement altérer son jugement.
Il resta planté sur sa chaise pendant plusieurs minutes…voire même heures. Il ne savait plus. A un moment, le jeune homme aux yeux bleu acier sortit de sa torpeur et se leva.
— Il faut qu’elle sache, murmura-t-il pour lui-même avant de se lever et de se diriger vers l’un des cartons qui trainaient dans la pièce.
Il l’ouvrit et se mit à fouiller. Dedans se trouvaient tous ses effets personnels en rapport avec l’armée. Sa tenue officielle qu’il portait lors des cérémonies avec ses galons, ses médailles, rangées dans leurs boîtes ainsi que plusieurs dossiers. Et c’est exactement ce qu’il cherchait. Quelques instants plus tard, l’objet qu’il convoitait sortit du carton. Ensuite, il le referma et se réinstalla sur sa chaise, posant le tas de feuilles avec délicatesse.
Alors qu’il allait ouvrir le dossier, la porte menant au monde extérieur s’ouvrit et une louve aux cheveux de feu s’engouffra dans l’appartement. La surprise se peignit sur son visage lorsqu’elle vit son colocataire. Normalement, celui-ci ne devait rentrer que dans deux heures. Voyant son visage déconfit, Kiara comprit immédiatement que quelque chose n’allait pas.
— Ethan ?….Est-ce que ça va ?, osa-t-elle, timidement.
Il ne répondit pas dans l’instant qui suivit, préférant contempler ce qu’il avait sous les yeux. Et quand il ouvrit la bouche pour répondre, une voix légèrement rauque et triste en sortit.
— J’ai été révoqué.
— Pour quelle raison ?
— Sécurité nationale. Révoqué par l’académie sur ordre du gouvernement, certainement. Il semblerait que le coin soit devenu trop dangereux et l’ambassade terrienne n’est pas en mesure de veiller à la protection de tous ses ressortissants. Et puis, ça ne doit pas être très bon pour la popularité du lycée d’avoir un enseignant humain sur une planète remplie de Keidrans. Pareil pour les politiques. Chacun chez soi et tout le monde s’en portera mieux.
— Et qu’est-ce que tu comptes faire ?
— Calmer le jeu. Je ne me suis jamais servi de ma position et mon influence jusqu’à maintenant, il serait temps que je la mette à contribution. Mais en attendant…
L’ex-mercenaire prit le dossier avec sa main gauche et le tendit à la jeune femme.
—…Je n’ai pas été complètement clair avec toi. Il y a certaines fois où mon comportement ou mes connaissances t’étaient étrangers. Comme la fois où je t’ai accompagné au travail et que je t’ai fait écouter une musique venue du début du XXème siècle. La raison se trouve dedans.
Kiara prit l’objet dans ses mains et lit ce qu’il était marqué sur la première page.
Projet Arc
Dossier classé Secret Défense
Seules les personnes ayant l’accréditation nécessaire peuvent avoir accès à ce document
La curiosité s’empara du canidé aux yeux rubis et ambre qui ouvrit le dossier et se mit à le consulter. Quelques minutes plus tard, elle le referma. Il n’y avait aucune émotion sur son visage, seulement un masque d’indifférence.
— Ça explique tout. La musique, la voiture, ainsi que le reste. Mais…comment est-ce possible ?
Il soupira.
— Moi-même, je ne le sais pas. Ce sont vos ancêtres qui avaient accès à une telle technologie, nous n’avons fait que la récupérer et l’utiliser pour nos propres fins. Sans cela, pas de Purity, pas d’Ethan Gray, pas de conflit humano-Keidran. Rien de tout cela.
— Et cette maladie dont tu étais atteint ? Est-elle contagieuse ?
— Non. J’en ai été guéri il ya sept ans, lors de l’assaut final sur Mars. Purity possédait le vaccin dans les laboratoires de leur cachette souterraine.
Lentement, elle hocha la tête en signe de compréhension. Assimiler autant d’informations en moins de dix minutes et ne pas en subir un choc émotionnel n’était pas donné à tout le monde. Son regard se porta sur la table où se trouvaient la bouteille, le verre ainsi que le Glock.
— Tu as une arme ?
— Il faut bien. Je ne possède plus mon armure et par les temps qui courent, il vaut mieux avoir de quoi se protéger.
La louve s’approcha du jeune Gray et se pencha en avant, de façon à se retrouver à quelques centimètres de son visage avant de s’assoir sur ses genoux. Elle plongea son regard dans ses yeux bleus et sourit, dévoilant de magnifiques canines blanches et superbement bien entretenues.
— Merci, susurra-t-elle avant de continuer, merci de partager tout cela avec moi. J’apprécie la confiance que tu places en moi. Je sais que ça ne doit pas être facile pour toi de te révéler ainsi, surtout que tu devais craindre ma réaction pour cette histoire de voyage dans le temps ou le fait que tu sois armé.
— Il fallait bien que tu le saches à un moment ou à un autre.
Avec délicatesse, Kiara referma l’écart qu’il y avait entre eux deux en déposant ses lèvres sur celles du professeur. Ce dernier, quelque peu choqué, se laissa faire et en profita pour savourer l’instant. Fraise, ses lèvres avaient un goût de fraise. Etrange car elle n’avait pas mis de rouge à lèvres. Puis, il sentit quelque chose d’autre contre ses lèvres. Sachant de quoi il s’agissait, il ouvrit légèrement la bouche et autorisa l’entrée du corps étranger. Ce dernier ne se fit pas prier et pénétra avec vigueur avant d’explorer les confins de sa cavité buccale. Ethan décida de retourner le geste. Un profond gémissement de plaisir s’échappa de la gueule de la louve.
Le rythme cardiaque du jeune homme s’accéléra tandis que d’inhabituelles quantités de sang circulaient dans ses joues déjà bien rougies par l’alcool. Ils restèrent ainsi pendant de longues minutes, se familiarisant avec le corps de l’autre via leurs mains et l’intérieur avec leurs langues. Finalement, ils se séparèrent pour pouvoir récupérer leur souffle. Chacun regardant dans les yeux de l’autre, ils y virent la même émotion. Désormais, il fallait juste l’exprimer oralement, chose peu évidente pour lui. L’ancien soldat prit une profonde inspiration avant de se jeter à l’eau et prononcer les mots fatidiques, ceux qui pourraient changer sa vie à tout jamais.
— Je t’aime.
— Je t’aime aussi.
La réponse était venue naturellement, sans une once d’hésitation, preuve qu’elle avait déjà eu une réflexion sur la nature de ses sentiments envers lui. Ensuite, ils reprirent leur session mais avec plus d’entrain et de passion, maintenant qu’un poids s’était soustrait de leurs épaules. Mais comme toute bonne chose, celle-ci avait une fin et, une plutôt inattendue. Alors que les pattes de Kiara parcouraient le torse de son aimé, elles descendirent un peu trop bas au goût d’Ethan qui les éloigna de leur destination finale. Juste après, il brisa le contact entre leurs lèvres.
— Excuse-moi mais…je ne peux pas.
La louve aux yeux de couleurs différentes pencha légèrement la tête sur le côté gauche et haussa un sourcil.
— J-je suis désolée, si tu trouve que c’est trop tôt pour ça, on peut toujours attendre.
Il baissa la tête en signe de défaite et expira bruyamment.
— Ce, ce n’est pas ça. On se connait depuis quelques temps déjà et j’aimerai passer ce cap là avec toi, vraiment. C’est juste que….pas encore, je ne me sens pas prêt.
— Première fois ? Pas de problème, on est tous passés par là.
L’homme aux courts cheveux gris eut un rire dénué de joie et secoua négativement la tête.
— Si seulement c’était aussi simple. Mon appréhension n’est pas due à ceci, malheureusement.
— Alors ? Qu’est-ce que c’est ?
C’est à partir de ce moment que les choses devenaient moins évidentes pour lui. Ses yeux s’embuèrent de larmes, sa respiration se faisait rauque et brève, comme s’il faisait de l’hyperventilation. Malgré tout, il trouva la force de plonger son regard dans celui de la jeune Slinger.
— …Savait-tu que… près de 3/4… des viols sont sur des femmes ? Et bien,… je fais parti du quart restant… ma…dernière relation amoureuse ne s’est pas…bien finie. Tout allait bien, on était jeunes, amoureux, naïfs, mais….je suis le genre de gars qui aime… prendre son temps. Précipiter les choses, c’est pas mon truc. Bref, voyant que j’étais lent à la détente et qu’elle m’aimait vraiment beaucoup… elle est passée à l’action, ne pensant qu’à son plaisir personnel. Depuis…j’essaie de me tenir à l’écart de toute relation au-delà d’amicale avec la gente féminine.
Pour toute réaction, Kiara l’enferma dans une forte embrasse. Il lui rendit le geste et posa sa tête contre son épaule.
— Je suis désolée, je n’aurais pas due te pousser aussi loin.
— Hey, tu n’as pas t’excuser de quelque chose que tu ne savais pas. Je te ferais signe quand je pourrais passer outre le traumatisme, ok ?, dit-il avec un triste sourire et un rire avant de déposer un baiser sur ses babines.
Le couple allait reprendre leur session lorsqu’ils furent interrompus par une sonnerie de téléphone, appartenant à Ethan. Ce dernier lâcha un grognement avant de prendre l’objet et le mette à son orifice gauche.
— Ici Ethan Gray, qui est-ce ?
— M. Gray, cabinet du Premier Ministre à l’appareil. On a besoin de vous.
Vous devez être connecté pour poster un commentaire