Purpose
Par : Pronche
Genre : Science-Fiction
Status : C'est compliqué
Note :
Chapitre 19
Publié le 04/01/15 à 17:57:33 par Pronche
Le Major avait un genou et un pied à terre, les bras tendus et prêt à faire feu. Sur sa droite, à même le sol, se trouvait un cercle noir avec une légère fumée qui s’en échappait. Une très petite partie du métal avait été rongé par le rayon à haute température qui avait frappé à cet endroit-là. Face à lui, à quelques mètres de là, se tenait un soldat portant une armure de combat ainsi qu’un fusil d’assaut. Sur sa poitrine gauche se trouvait le symbole de l’U.I ainsi que ses initiales, A.H, et la frégate à laquelle il appartenait.
En l’occurrence, il s’agissait de l’Orion. On pouvait voir que l’homme avait une blessure en-dessous de ses côtes gauches et un flot, faible mais régulier, d'hémoglobine en coulait.
— Anthony ?
— Ethan ?
Chacun prononça le nom de l’autre au même moment. Cependant, la réaction du capitaine ne fut pas celle à laquelle s’attendait le jeune homme. Il fit un tir de somation, envoyant une salve énergétique qui frappa à quelques centimètres des pieds de son ami.
— Qu’est-ce qui me fait croire que t’es pas une de ces saloperies qui a pris sa place ? Donne-moi une seule raison de ne pas viser entre les deux yeux la prochaine fois !
— La 1ère personne que j’ai rencontré était Keith, un chat au pelage gris et aux yeux jaunes qui servait de gardien sur une planète minière car celle-ci possédait des matériaux extrêmement dangereux, volatiles et interdits d’utilisation car estimés trop polluants et mortels. C’est la seule chose qui figure pas dans mon dossier médical ou même administratif donc Purity ne peut pas être au courant de ça. Ils n’étaient pas au courant de mon existence et n’épiaient pas chacun de mes mouvements à cette époque. Tu as face à toi le seul et unique Ethan Gray donc baisse ton arme, vieux.
Les secondes qui suivirent s'étirèrent en longueur, à tel point qu'Ethan pensait que cette situation ne finirait jamais. Peu à peu, la tension redescendit. Higgs détendit sa prise sur son arme avant de se relaxer partiellement, restant tout de même sur ses gardes au cas où. L’ex-mercenaire s’approcha et lui posa une main sur l’épaule.
— Où est le reste de ton escouade ? Ils ne sont pas tous… morts ?
— Malheureusement, si. C’était un traquenard depuis le début. Ces saloperies ont détruit l’antenne de communication vers l’extérieur et ont balancés une IEM qui parasite nos radios. On est tombés comme des mouches, un par un. À la fin, on était plus que deux et…il s’est sacrifié pour que je puisse m’enfuir. Ce n’était qu’une simple bleusaille sans grande expérience mais il s’est défendu jusqu’au bout.
À la façon dont il regardait Ethan avec ses yeux noisette à travers son casque semi-teinté, on pouvait clairement voir qu’il commençait à être dépassé par la situation. Il aurait craqué à un moment où à un autre. Peu de personnes peuvent faire face à ce genre de situation en gardant la tête froide jusqu’au bout. Anthony en faisait partie mais même lui avait ses limites.
— Je me suis douté que quelque chose n’allait pas lorsque l’Orion n’a pas pointé ses armes sur cette maudite frégate et suivi la procédure, répondit-il tout en exhalant bruyamment par les narines. Mais je suis soulagé qu’ils ne l’aient pas fait et que tu sois venu.
Ethan eût un petit sourire sincère.
— Tu pensais vraiment que j’allais les laisser faire sans au moins essayer de te sauver l’arrière-train ? C’est mal me connaître. Dès qu’Ian m’en a parlé, j’ai tout de suite foncé, non sans lui avoir fait cracher les coordonnées du Sheffer avant, bien évidemment.
— Quel est le plan maintenant ?
— Eh bien, mon objectif principal devait être de venir en aide à toi et d’éventuels autres survivants ainsi que découvrir ce qui s’est passé ici. Il semblerait que tous ces objectifs aient été remplis. On a plus qu’à faire demi-tour. Laisse-moi juste contacter Ian.
À peine avait-il fini sa phrase que le nom de l’Amiral apparût sur son écran et une sonnerie retentît. D’une simple pression sur le côté de son casque, il accepta l’appel.
— J’ai reçu les nouvelles directives du QG et elles ne vont pas te plaire.
— Dis toujours.
— Ils veulent que tu récupère Anthony et que vous reveniez sur l’Orion. Ensuite, nous partirons pour laisser place à une équipe de militaires et scientifiques qui viendront à bord pour étudier ces cas particuliers. Il ne faut surtout pas endommager la frégate.
— Pardon ?! Tu me demande de partir aussi discrètement que possible et faire comme si rien ne s’était passé ?
— Je sais parfaitement que ça te paraît insensé mais oui, c’est bien ce que je souhaite que tu fasses.
— Désolé Ian mais je refuse d’obéir. Envoie un message au siège de l’U.I pour leur dire qu’il est hors de question qu’ils posent le pied ici. J’ai réussi à retrouver Anthony mais il est blessé et je compte bien faire sauter cet endroit. Je vais activer le système d’auto-destruction et tu sais aussi bien que moi que tu ne pourras pas m’empêcher de le faire.
— Si tu le fais, les conséquences qui en résulteraient seraient très graves. Tu risques de finir en cour martiale et personne ne pourra rien faire pour plaider en ta faveur. Ni moi, ni le président.
— En effet… mais ça ne me fera pas changer d’avis pour autant. Cet endroit est infesté de ces ‘choses’ et si j’ai survécu de peu à une rencontre face à une dizaine d’entre eux, alors imagine le groupe envoyé par l’Union face à la moitié voir les trois quart de l’équipage infesté. Ils ne font clairement pas le poids. Et c’est pareil dans mon cas, je suis largement dépassé en nombre et puissance de feu, plus en comptant ma mobilité réduite car il faut que j’aide Anthony à se déplacer jusqu’à mon vaisseau. C’est le seul ordre que je ne peux pas suivre, Amiral.
Ethan mit un terme à la discussion avant qu’elle puisse aller plus loin et se reconcentra sur la situation actuelle. Il tourna la tête vers son ami et soupira.
— Les nouvelles ne sont pas vraiment bonnes.
— C’est ce que j’ai cru entendre mais on va s’en sortir, ensemble, comme à chaque fois.
Ethan ne put s’empêcher de lâcher un petit rire. Le capitaine avait toujours cette capacité à calmer les nerfs des autres et rassurer ses coéquipiers dans ce genre de situation. Le jeune homme ne pût s’empêcher de lâcher une larme de soulagement en se disant que ce calvaire serait bientôt fini même si le pire restait à venir.
— Ouais, hors de question que je laisse tes miches ici. Il nous suffit juste de trouver un moyen de rejoindre l’Asmodeus sans trop de problèmes.
— Et tu comptes faire ça comment ?
L’homme aux cheveux gris s’approcha de l’ordinateur principal de la pièce et commença à pianoter sur le clavier.
— C’est simple, dit-il, je vais dériver l’énergie restante pour alimenter l’ascenseur présent à cet étage jusque-là où nous voulons aller et je ferme les accès aux autres niveaux de la frégate. De cette façon, on n’aura pas à se soucier d’une embuscade.
Il ne lui fallut que quelques minutes pour s’occuper de cette tâche, non sans l’aide de l’intelligence artificielle de son vaisseau, bien évidemment. Ethan décida d’activer un retardateur de trente secondes avant que le système d’autodestruction ne s’enclenche automatiquement et leur laisse cinq minutes pour s’échapper. Il plaça sa nuque sous l’aisselle droite d’Anthony pour l’aider à se déplacer et ensemble, ils quittèrent la pièce. Mais le duo n’avait même pas fait la moitié du chemin en direction de l’élévateur que le compte à rebours s’alluma et qu’une voix électronique venant des haut-parleurs indique que le vaisseau ne serait plus qu’un tas de ferrailles dans une poignée de minutes.
Etant parfaitement conscient de la douleur que subissait son ami, le jeune Gray décida tout de même de presser le pas. Une fois à l’intérieur du cube d’acier, Ethan pressa le bouton désignant l’étage où se trouvait son vaisseau. Après de longues secondes qui paraissaient être une éternité, les doubles portes refermèrent.
— Prépare-toi à te jeter contre quoi que ce soit qui pourrait te protéger des lasers car il est possible qu’on tombe sur quelques-unes de ces abominations sur le chemin.
Une fois que l’ascenseur se stoppa et que les portes s’ouvrirent, les deux compagnons sortirent en vitesse. Le major avait le bras droit tendu devant lui, le doigt sur la gâchette et tremblant légèrement à cause du stress. Tournant à gauche au premier croisement, il se retrouva face à un petit groupe d’une demi-douzaine d’infectés. Ethan poussa le capitaine contre le mur et se mit devant lui, de façon à servir de protection pour son ami, avant de faire feu. Cette fois-ci, il dût presser la détente deux à trois fois pour pouvoir se débarrasser d’une cible. Heureusement, avec l’effet de surprise de son côté, l’ancien professeur réussi à tous les tuer avant qu’ils aient eu la possibilité de faire quoi que ce soit.
Contre toute attente, le reste du trajet se déroula sans encombre et les deux compagnons arrivèrent au petit vaisseau de combat alors qu’il leur restait moins de deux minutes. Ethan installa Anthony sur un siège en douceur avant de se jeter vers le sien et prendre les commandes. Dans les dix secondes qui suivirent, l’Asmodeus partit plein gaz, mettant autant de distance que possible entre ses passagers et le Sheffer.
Derrière eux, plein de petites explosions situées à différents endroits de l’appareil apparurent, suivies par une autre, bien plus grande, provenant cette fois-ci des moteurs.
La frégate et son équipage n’étaient désormais plus.
— Eh ben, c’est pas passé loin.
— Je commence doucement à m’y habituer, ce n’est pas la première fois que ça m’arrive et mon instinct me dit que c’est loin d’être la dernière.
— Tu parles de Mars, c’est bien ça ?
Un faible sourire flotta sur les lèvres d’Ethan.
— Oui. Les conditions étaient quelque peu différentes de ce qui vient de se passer mais en gros, le schéma est à peu près le même. Il faut que je te dépose sur l’Orion, ta blessure doit être traitée au plus vite.
Le véhicule aérien repassa en pilotage automatique et entama la procédure d’atterrissage. Face à lui se dressait l’Amiral Blanco ainsi que quelques personnes dont du personnel médical. La porte située sur le côté gauche de l’engin s’ouvrit et les deux hommes en sortirent. Immédiatement, des infirmiers s’approchèrent et prirent Anthony des bras de son ami. Un duo de soldats s’approchèrent du Major, lui passèrent les mains dans le dos et le menottèrent.
— Qu’est-ce que…Hey ! Je peux savoir ce que vous faîtes ?
— Nous vous arrêtons, ordre de l’Amiral.
— Pardon ? Ian, dis-leur de me relâcher immédiatement.
L’homme aux cheveux sombre s’approcha et se stoppa à deux mètres de l’ex-mercenaire. Son visage était impassible, seul ses yeux le trahissaient, affichant de la déception. Le simple fait de voir cette émotion fut suffisant pour avoir l’effet de planter un poignard dans le cœur du trentenaire aux yeux bleu azur.
— Tu es allé à l’encontre de l’ordre de ton employeur, l'armée qui plus est, je ne peux passer outre.
L'Amiral claqua des doigts et les deux hommes qui retenaient Ethan commencèrent le faire sortir du hangar.
Anthony regardait la scène d'un air abattu, sachant parfaitement qu'il ne pouvait absolument rien faire pour aider son meilleur ami.
— Amiral, vous ne pouvez pas...
— Il suffit capitaine. Vous devriez plutôt vous rendre à l'infirmerie pour vous reposer un peu. Claire vous fera faire quelques examens pour être certain que vous n'ayez gardé aucune séquelle ou n’êtes pas infecté par ce qui a tué l’équipage du Sheffer.
Il soupira.
— Oui, Amiral.
La voix d'Ethan, emplie de détresse et de colère les interrompît.
— Bordel, écoutes-moi ! Je n’ai pas reçu cet appel de détresse pour rien, il y a forcément une raison !
— Stop.
Le ton était sec, froid et autoritaire. Ian plongea son regard dans celui de son protégé. Comme à son habitude, les yeux de son mentor ne reflétaient aucune émotion, juste un vide abyssal. Soudainement, il fit un très léger et anodin signe de la tête. Ce fut tellement rapide que le Major croyait l'avoir imaginé.
Pourtant, l'un des deux gardes à ses côtés fit de même et il sentit la pression des menottes contre ses poignets se relâcher jusqu'au point où il était libre de tout mouvement. C'est à ce moment-là qu'il comprit le stratagème de son mentor et ne put s'empêcher de sourire.
— Ethan Gray, pour désobéissance, tu passeras les prochains jours en cellule avant d'être présenté devant la cour martiale, sur Terre. Des objections, jeune homme ?
— Aucune objection, naturellement.
— Très bien. Sache que nous avons trouvés l’origine du S.O.S. Celui-ci vient de la Terre, de trois endroits plus précisément : un temple au Mexique, un autre en Egypte et le dernier en Inde. Si on les relie ensemble sur un planisphère, cela recrée en partie la constellation du Bélier. Nos scientifiques savent qu’il existe quelques planètes vivables là-bas mais nous n’avons jamais pris le temps d’y aller.
Subitement, Ethan poussa les deux hommes loin de lui et piqua un sprint jusqu'à son vaisseau. Il passa à côté de l'Amiral qui resta immobile devant la scène, le regard droit et fier. Le capitaine tenta de convaincre l'homme aux cheveux gris de rester sur l'Orion mais en vain. D'un geste souple, il sauta dans l'Asmodeus et la porte se referma juste derrière lui. Light prit les commandes du vaisseau et les fit sortir du hangar avant qu'Ethan puisse s'installer dans son siège. Le duo eut le temps d'utiliser un trou de ver vers les coordonnées de leur objectif avant que la frégate puisse faire quoi que ce soit pour les empêcher de quitter le système.
En l’occurrence, il s’agissait de l’Orion. On pouvait voir que l’homme avait une blessure en-dessous de ses côtes gauches et un flot, faible mais régulier, d'hémoglobine en coulait.
— Anthony ?
— Ethan ?
Chacun prononça le nom de l’autre au même moment. Cependant, la réaction du capitaine ne fut pas celle à laquelle s’attendait le jeune homme. Il fit un tir de somation, envoyant une salve énergétique qui frappa à quelques centimètres des pieds de son ami.
— Qu’est-ce qui me fait croire que t’es pas une de ces saloperies qui a pris sa place ? Donne-moi une seule raison de ne pas viser entre les deux yeux la prochaine fois !
— La 1ère personne que j’ai rencontré était Keith, un chat au pelage gris et aux yeux jaunes qui servait de gardien sur une planète minière car celle-ci possédait des matériaux extrêmement dangereux, volatiles et interdits d’utilisation car estimés trop polluants et mortels. C’est la seule chose qui figure pas dans mon dossier médical ou même administratif donc Purity ne peut pas être au courant de ça. Ils n’étaient pas au courant de mon existence et n’épiaient pas chacun de mes mouvements à cette époque. Tu as face à toi le seul et unique Ethan Gray donc baisse ton arme, vieux.
Les secondes qui suivirent s'étirèrent en longueur, à tel point qu'Ethan pensait que cette situation ne finirait jamais. Peu à peu, la tension redescendit. Higgs détendit sa prise sur son arme avant de se relaxer partiellement, restant tout de même sur ses gardes au cas où. L’ex-mercenaire s’approcha et lui posa une main sur l’épaule.
— Où est le reste de ton escouade ? Ils ne sont pas tous… morts ?
— Malheureusement, si. C’était un traquenard depuis le début. Ces saloperies ont détruit l’antenne de communication vers l’extérieur et ont balancés une IEM qui parasite nos radios. On est tombés comme des mouches, un par un. À la fin, on était plus que deux et…il s’est sacrifié pour que je puisse m’enfuir. Ce n’était qu’une simple bleusaille sans grande expérience mais il s’est défendu jusqu’au bout.
À la façon dont il regardait Ethan avec ses yeux noisette à travers son casque semi-teinté, on pouvait clairement voir qu’il commençait à être dépassé par la situation. Il aurait craqué à un moment où à un autre. Peu de personnes peuvent faire face à ce genre de situation en gardant la tête froide jusqu’au bout. Anthony en faisait partie mais même lui avait ses limites.
— Je me suis douté que quelque chose n’allait pas lorsque l’Orion n’a pas pointé ses armes sur cette maudite frégate et suivi la procédure, répondit-il tout en exhalant bruyamment par les narines. Mais je suis soulagé qu’ils ne l’aient pas fait et que tu sois venu.
Ethan eût un petit sourire sincère.
— Tu pensais vraiment que j’allais les laisser faire sans au moins essayer de te sauver l’arrière-train ? C’est mal me connaître. Dès qu’Ian m’en a parlé, j’ai tout de suite foncé, non sans lui avoir fait cracher les coordonnées du Sheffer avant, bien évidemment.
— Quel est le plan maintenant ?
— Eh bien, mon objectif principal devait être de venir en aide à toi et d’éventuels autres survivants ainsi que découvrir ce qui s’est passé ici. Il semblerait que tous ces objectifs aient été remplis. On a plus qu’à faire demi-tour. Laisse-moi juste contacter Ian.
À peine avait-il fini sa phrase que le nom de l’Amiral apparût sur son écran et une sonnerie retentît. D’une simple pression sur le côté de son casque, il accepta l’appel.
— J’ai reçu les nouvelles directives du QG et elles ne vont pas te plaire.
— Dis toujours.
— Ils veulent que tu récupère Anthony et que vous reveniez sur l’Orion. Ensuite, nous partirons pour laisser place à une équipe de militaires et scientifiques qui viendront à bord pour étudier ces cas particuliers. Il ne faut surtout pas endommager la frégate.
— Pardon ?! Tu me demande de partir aussi discrètement que possible et faire comme si rien ne s’était passé ?
— Je sais parfaitement que ça te paraît insensé mais oui, c’est bien ce que je souhaite que tu fasses.
— Désolé Ian mais je refuse d’obéir. Envoie un message au siège de l’U.I pour leur dire qu’il est hors de question qu’ils posent le pied ici. J’ai réussi à retrouver Anthony mais il est blessé et je compte bien faire sauter cet endroit. Je vais activer le système d’auto-destruction et tu sais aussi bien que moi que tu ne pourras pas m’empêcher de le faire.
— Si tu le fais, les conséquences qui en résulteraient seraient très graves. Tu risques de finir en cour martiale et personne ne pourra rien faire pour plaider en ta faveur. Ni moi, ni le président.
— En effet… mais ça ne me fera pas changer d’avis pour autant. Cet endroit est infesté de ces ‘choses’ et si j’ai survécu de peu à une rencontre face à une dizaine d’entre eux, alors imagine le groupe envoyé par l’Union face à la moitié voir les trois quart de l’équipage infesté. Ils ne font clairement pas le poids. Et c’est pareil dans mon cas, je suis largement dépassé en nombre et puissance de feu, plus en comptant ma mobilité réduite car il faut que j’aide Anthony à se déplacer jusqu’à mon vaisseau. C’est le seul ordre que je ne peux pas suivre, Amiral.
Ethan mit un terme à la discussion avant qu’elle puisse aller plus loin et se reconcentra sur la situation actuelle. Il tourna la tête vers son ami et soupira.
— Les nouvelles ne sont pas vraiment bonnes.
— C’est ce que j’ai cru entendre mais on va s’en sortir, ensemble, comme à chaque fois.
Ethan ne put s’empêcher de lâcher un petit rire. Le capitaine avait toujours cette capacité à calmer les nerfs des autres et rassurer ses coéquipiers dans ce genre de situation. Le jeune homme ne pût s’empêcher de lâcher une larme de soulagement en se disant que ce calvaire serait bientôt fini même si le pire restait à venir.
— Ouais, hors de question que je laisse tes miches ici. Il nous suffit juste de trouver un moyen de rejoindre l’Asmodeus sans trop de problèmes.
— Et tu comptes faire ça comment ?
L’homme aux cheveux gris s’approcha de l’ordinateur principal de la pièce et commença à pianoter sur le clavier.
— C’est simple, dit-il, je vais dériver l’énergie restante pour alimenter l’ascenseur présent à cet étage jusque-là où nous voulons aller et je ferme les accès aux autres niveaux de la frégate. De cette façon, on n’aura pas à se soucier d’une embuscade.
Il ne lui fallut que quelques minutes pour s’occuper de cette tâche, non sans l’aide de l’intelligence artificielle de son vaisseau, bien évidemment. Ethan décida d’activer un retardateur de trente secondes avant que le système d’autodestruction ne s’enclenche automatiquement et leur laisse cinq minutes pour s’échapper. Il plaça sa nuque sous l’aisselle droite d’Anthony pour l’aider à se déplacer et ensemble, ils quittèrent la pièce. Mais le duo n’avait même pas fait la moitié du chemin en direction de l’élévateur que le compte à rebours s’alluma et qu’une voix électronique venant des haut-parleurs indique que le vaisseau ne serait plus qu’un tas de ferrailles dans une poignée de minutes.
Etant parfaitement conscient de la douleur que subissait son ami, le jeune Gray décida tout de même de presser le pas. Une fois à l’intérieur du cube d’acier, Ethan pressa le bouton désignant l’étage où se trouvait son vaisseau. Après de longues secondes qui paraissaient être une éternité, les doubles portes refermèrent.
— Prépare-toi à te jeter contre quoi que ce soit qui pourrait te protéger des lasers car il est possible qu’on tombe sur quelques-unes de ces abominations sur le chemin.
Une fois que l’ascenseur se stoppa et que les portes s’ouvrirent, les deux compagnons sortirent en vitesse. Le major avait le bras droit tendu devant lui, le doigt sur la gâchette et tremblant légèrement à cause du stress. Tournant à gauche au premier croisement, il se retrouva face à un petit groupe d’une demi-douzaine d’infectés. Ethan poussa le capitaine contre le mur et se mit devant lui, de façon à servir de protection pour son ami, avant de faire feu. Cette fois-ci, il dût presser la détente deux à trois fois pour pouvoir se débarrasser d’une cible. Heureusement, avec l’effet de surprise de son côté, l’ancien professeur réussi à tous les tuer avant qu’ils aient eu la possibilité de faire quoi que ce soit.
Contre toute attente, le reste du trajet se déroula sans encombre et les deux compagnons arrivèrent au petit vaisseau de combat alors qu’il leur restait moins de deux minutes. Ethan installa Anthony sur un siège en douceur avant de se jeter vers le sien et prendre les commandes. Dans les dix secondes qui suivirent, l’Asmodeus partit plein gaz, mettant autant de distance que possible entre ses passagers et le Sheffer.
Derrière eux, plein de petites explosions situées à différents endroits de l’appareil apparurent, suivies par une autre, bien plus grande, provenant cette fois-ci des moteurs.
La frégate et son équipage n’étaient désormais plus.
— Eh ben, c’est pas passé loin.
— Je commence doucement à m’y habituer, ce n’est pas la première fois que ça m’arrive et mon instinct me dit que c’est loin d’être la dernière.
— Tu parles de Mars, c’est bien ça ?
Un faible sourire flotta sur les lèvres d’Ethan.
— Oui. Les conditions étaient quelque peu différentes de ce qui vient de se passer mais en gros, le schéma est à peu près le même. Il faut que je te dépose sur l’Orion, ta blessure doit être traitée au plus vite.
Le véhicule aérien repassa en pilotage automatique et entama la procédure d’atterrissage. Face à lui se dressait l’Amiral Blanco ainsi que quelques personnes dont du personnel médical. La porte située sur le côté gauche de l’engin s’ouvrit et les deux hommes en sortirent. Immédiatement, des infirmiers s’approchèrent et prirent Anthony des bras de son ami. Un duo de soldats s’approchèrent du Major, lui passèrent les mains dans le dos et le menottèrent.
— Qu’est-ce que…Hey ! Je peux savoir ce que vous faîtes ?
— Nous vous arrêtons, ordre de l’Amiral.
— Pardon ? Ian, dis-leur de me relâcher immédiatement.
L’homme aux cheveux sombre s’approcha et se stoppa à deux mètres de l’ex-mercenaire. Son visage était impassible, seul ses yeux le trahissaient, affichant de la déception. Le simple fait de voir cette émotion fut suffisant pour avoir l’effet de planter un poignard dans le cœur du trentenaire aux yeux bleu azur.
— Tu es allé à l’encontre de l’ordre de ton employeur, l'armée qui plus est, je ne peux passer outre.
L'Amiral claqua des doigts et les deux hommes qui retenaient Ethan commencèrent le faire sortir du hangar.
Anthony regardait la scène d'un air abattu, sachant parfaitement qu'il ne pouvait absolument rien faire pour aider son meilleur ami.
— Amiral, vous ne pouvez pas...
— Il suffit capitaine. Vous devriez plutôt vous rendre à l'infirmerie pour vous reposer un peu. Claire vous fera faire quelques examens pour être certain que vous n'ayez gardé aucune séquelle ou n’êtes pas infecté par ce qui a tué l’équipage du Sheffer.
Il soupira.
— Oui, Amiral.
La voix d'Ethan, emplie de détresse et de colère les interrompît.
— Bordel, écoutes-moi ! Je n’ai pas reçu cet appel de détresse pour rien, il y a forcément une raison !
— Stop.
Le ton était sec, froid et autoritaire. Ian plongea son regard dans celui de son protégé. Comme à son habitude, les yeux de son mentor ne reflétaient aucune émotion, juste un vide abyssal. Soudainement, il fit un très léger et anodin signe de la tête. Ce fut tellement rapide que le Major croyait l'avoir imaginé.
Pourtant, l'un des deux gardes à ses côtés fit de même et il sentit la pression des menottes contre ses poignets se relâcher jusqu'au point où il était libre de tout mouvement. C'est à ce moment-là qu'il comprit le stratagème de son mentor et ne put s'empêcher de sourire.
— Ethan Gray, pour désobéissance, tu passeras les prochains jours en cellule avant d'être présenté devant la cour martiale, sur Terre. Des objections, jeune homme ?
— Aucune objection, naturellement.
— Très bien. Sache que nous avons trouvés l’origine du S.O.S. Celui-ci vient de la Terre, de trois endroits plus précisément : un temple au Mexique, un autre en Egypte et le dernier en Inde. Si on les relie ensemble sur un planisphère, cela recrée en partie la constellation du Bélier. Nos scientifiques savent qu’il existe quelques planètes vivables là-bas mais nous n’avons jamais pris le temps d’y aller.
Subitement, Ethan poussa les deux hommes loin de lui et piqua un sprint jusqu'à son vaisseau. Il passa à côté de l'Amiral qui resta immobile devant la scène, le regard droit et fier. Le capitaine tenta de convaincre l'homme aux cheveux gris de rester sur l'Orion mais en vain. D'un geste souple, il sauta dans l'Asmodeus et la porte se referma juste derrière lui. Light prit les commandes du vaisseau et les fit sortir du hangar avant qu'Ethan puisse s'installer dans son siège. Le duo eut le temps d'utiliser un trou de ver vers les coordonnées de leur objectif avant que la frégate puisse faire quoi que ce soit pour les empêcher de quitter le système.
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