Sunrise
Par : Sheyne
Genre : Action , Polar
Status : C'est compliqué
Note :
Chapitre 11
Chapitre 5 - 2/2
Publié le 15/01/14 à 17:56:04 par Sheyne
Paniqué, l'intrus s'était relevé d'un bond, courant à en perdre haleine.
Ses pieds manquèrent de glisser lorsqu'il s'engouffra au détour d'un couloir. Plongeant à nouveau dans un corridor juxtaposé, il s'arrêta, plié en deux. Dos au mur, appuyé en se serrant le ventre, il tenta de reprendre son souffle, hors d'atteinte. Mais pour combien de temps ? Dans sa course folle, il n'avait pas fait attention aux traces de sang. Décidément, ces putains de militaires lui faisaient vraiment chier.
Analysant rapidement la situation, il pesta en délassant ses chaussures. Les marques écarlates au sol allaient alerter la sécurité. Ils les suivraient, ne serait-ce que pour vérifier que personne n'est blessé. Et s'il se trouvait encore au bout à ce moment-là... Il donnait peu cher de sa vie. Ils lui avaient tiré dessus alors qu'ils ne savaient même pas qu'il était là... Alors, il n’imaginait pas ce qu'ils feraient s’ils étaient au courant...
Tout en se redressant, Mike tenta de respirer à fond pour se calmer. La douleur qui s'était tue lors de son coup de stress le lança à nouveau. Alors, une pensée fugace lui traversa l'esprit. Combien de sang avait-il perdu à cause de cette balle ? Un demi-litre ? Plus ? Elle n'avait visiblement touché aucune artère, l'os l'avait arrêté en surface, autrement il serait déjà mort.
S'éloignant en chaussettes, il chercha un coin tranquille, le temps de réfléchir à un plan d'évasion. Ses chaussures se perdirent au loin, puis disparurent au tournant. À mesure de sa progression, ses craintes revinrent le hanter, comme autant d'incertitudes scellant sa mort prochaine.
Mike savait très bien qu'un humain de sa taille avait entre 5 et 6 litres de sang, et qu'il pouvait se permettre d'en perdre près d'un tiers en comptant sur la compensation hémodynamique du système sympathique, lui évitant ainsi le choc hémorragique... Et les délires en résultant. Il pouvait donc perdre un peu moins de 2 litres sans craindre pour sa vie.
En effet, dépouillé d'une partie de son fluide vital, le coeur s'accélère, pour maintenir un bon débit sanguin, et les artères se rétractent par vasoconstriction. Le seul problème est l'apport plus faible en oxygène – que ça soit au cerveau, ou aux muscles — du au manque de globules rouges. Dans son cas, il ne pouvait que se forcer à respirer plus rapidement, pour espérer compenser, le temps de trouver un moyen de sortir d'ici.
Soudain, une évidence le frappa. Il avait dû perdre pas mal de sang pour ne pas s'en être rendu compte plus tôt. Avec l'information qu'il tenait, il aurait dû retourner sur ses pas, repartir aussitôt... Et au lieu de ça, il était descendu des conduits pour aller se perdre dans un futile piratage. Bordel qu'est-ce qu'il avait été con... Si en plus il se mettait à tourner au ralenti, il donnait peu cher de lui.
Désespéré, il se laissa chuter, fesses contre terre, le long d'un mur. Face à lui, une large baie vitrée donnait sur un fabuleux chantier. Un genre d'immeuble en construction. Vraiment moche sous l'éclairage matinal. Enfin, matinal... Il était déjà midi moins trente ; ainsi, si tant est qu'il parvienne à s'enfuir sans se faire remarquer, il serait de toutes les façons en retard à son rendez-vous.
Putain ! Il secoua la tête en tous sens. Non, mais bordel ! Pourquoi pensait-il à son foutu rendez-vous ?! Il aurait bien le temps d'y songer quand il serait sorti...
C'est alors que des bruits de pas retentirent, lents, sceptiques. Une seule personne, rejointe bientôt d'une nouvelle. Jurant, Mike se releva, les jambes tremblantes. Il eut à peine le temps de rejoindre un coin d'ombre, juste de quoi se perdre un peu plus loin.
Un sourire lui monta aux lèvres. C'était le technicien de surface. Le nettoyeur, l'homme à tout faire, le balayeur, le récureur de fond d'chiottes. Il le reconnaissait, avec son gros chariot. Il l'avait entraperçu, bloqué dans le fond de l'amphithéâtre. Le con. Il avait dû rien comprendre des explications !
Ouais, enfin, en y repensant lui non plus n'avait pas compris grand-chose...
La seconde personne n'était autre qu'Elvin Bled, le codirecteur. Lui aussi s'était annoncé avant d'entamer un speatch incompréhensible.
Il en était à se demander ce qu'une telle personnalité pouvait bien vouloir d'un balayeur, quand il se rappela qu'en fait, il n'en avait absolument rien à faire... Et qu'il allait continuer à faiblir et divaguer.
Déjà, sa tête lui tournait. À moins que ce fût le sol qui se soulevait en tout sens ? La NASA était prête à tout ! Un mécanisme de défense contre les intrus, peut être, pour les empêcher de partir, pour les saigner à blanc. Non, que disait-il ? C'est n'importe quoi... pour les saigner à rouge, plutôt, oui. On ne pompe pas la lymphe, mais le sang. Bien qu'au vu de sa blessure les deux devaient bien couler en tout sens.
Portant la main à son côté, il la retrouva maculée et suintante. Il allait mourir... C'était sûr... Mourir à cause d'une putain de balle... De ces enculés de militaires qui ne le visaient même pas...
Il se surprit à gémir entre chaque pas, s'appuyant au mur d'une paume sanglante, répandant de larges trainées rougeâtres sur son passage. Une preuve de son existence en ce monde, un chemin enfin arpenté... à travers l'immaculé...
Toute cette lumière artificielle... Ces passages désaffectés, tous identiques... Tous les mêmes... Ils étaient blancs, blancs comme un hôpital... Il allait crever dans un hôpital...
Le temps fuit, ralentit, s'écoule et roule... Y avait-il au moins une sortie ? Il n'était qu'un rat dans un laboratoire... Une bactérie prisonnière d'une gélule... Un voleur dans un asile... Marchant pour oublier ce dont il ne se souvenait déjà plus.
Au détour d'un couloir, le soleil le frappa à nouveau. Éblouissant, rayonnant comme jamais. Il tenta de se couvrir le visage, sans succès. Tombant à genoux, il contempla son destin, les yeux vitreux. Ses jambes avaient lâché.
Crever alors que la porte d'entrée est juste en face, juste là, à quelques mètres. Il n'aurait même plus la force de ramper... Alors seules restaient ses chaussures... Elles, elles avaient encore leur chance de trouver la sortie, elles saignaient aussi, mais n'étaient pas blessées...
Peut-être étaient-elles juste à côté de lui... Peut-être même dehors, derrière la porte. Il les entendait hurler, elles l'appelaient !
« Il est là !»
Rapidement, deux gardes s'approchèrent, hésitant visiblement à le toucher. Son état sans doute. Les yeux morts, affalé au sol, baignant dans une marre de sang. Il n'était plus rien, rien qu'un délire de son esprit.
« Appelez un infirmier. On va le prendre en charge. IMMEDIATEMENT !»
Une vision éphémère... Un visage terrible... Un son surgissant du néant, le prenant à partie. Retentissant dans son cerveau malade, résonnant sous son crâne dépérissant comme autant de plaies mal cicatrisées qu'on arrache.
Râpant son crâne en lambeaux, il hurlait. La voix du divin... La toute-puissance, sa fatalité.
Accroupi en face de lui, Jacque Milhem souriait en lui parlant. Du sadisme, peut-être, de la malveillance sans doute :
« Toi et moi, on va avoir des choses à se dire.»
C'était lui, lui qui avait fait tirer les militaires, lui qui tirait les ficelles. Il allait le tuer, maintenant...
Mais s’il mourait... Au moins... Au moins, il ne verrait plus ces couloirs sans fin... Il n'aurait plus à revenir ici... Plus jamais...
« À trois, on soulève»
Ses pieds manquèrent de glisser lorsqu'il s'engouffra au détour d'un couloir. Plongeant à nouveau dans un corridor juxtaposé, il s'arrêta, plié en deux. Dos au mur, appuyé en se serrant le ventre, il tenta de reprendre son souffle, hors d'atteinte. Mais pour combien de temps ? Dans sa course folle, il n'avait pas fait attention aux traces de sang. Décidément, ces putains de militaires lui faisaient vraiment chier.
Analysant rapidement la situation, il pesta en délassant ses chaussures. Les marques écarlates au sol allaient alerter la sécurité. Ils les suivraient, ne serait-ce que pour vérifier que personne n'est blessé. Et s'il se trouvait encore au bout à ce moment-là... Il donnait peu cher de sa vie. Ils lui avaient tiré dessus alors qu'ils ne savaient même pas qu'il était là... Alors, il n’imaginait pas ce qu'ils feraient s’ils étaient au courant...
Tout en se redressant, Mike tenta de respirer à fond pour se calmer. La douleur qui s'était tue lors de son coup de stress le lança à nouveau. Alors, une pensée fugace lui traversa l'esprit. Combien de sang avait-il perdu à cause de cette balle ? Un demi-litre ? Plus ? Elle n'avait visiblement touché aucune artère, l'os l'avait arrêté en surface, autrement il serait déjà mort.
S'éloignant en chaussettes, il chercha un coin tranquille, le temps de réfléchir à un plan d'évasion. Ses chaussures se perdirent au loin, puis disparurent au tournant. À mesure de sa progression, ses craintes revinrent le hanter, comme autant d'incertitudes scellant sa mort prochaine.
Mike savait très bien qu'un humain de sa taille avait entre 5 et 6 litres de sang, et qu'il pouvait se permettre d'en perdre près d'un tiers en comptant sur la compensation hémodynamique du système sympathique, lui évitant ainsi le choc hémorragique... Et les délires en résultant. Il pouvait donc perdre un peu moins de 2 litres sans craindre pour sa vie.
En effet, dépouillé d'une partie de son fluide vital, le coeur s'accélère, pour maintenir un bon débit sanguin, et les artères se rétractent par vasoconstriction. Le seul problème est l'apport plus faible en oxygène – que ça soit au cerveau, ou aux muscles — du au manque de globules rouges. Dans son cas, il ne pouvait que se forcer à respirer plus rapidement, pour espérer compenser, le temps de trouver un moyen de sortir d'ici.
Soudain, une évidence le frappa. Il avait dû perdre pas mal de sang pour ne pas s'en être rendu compte plus tôt. Avec l'information qu'il tenait, il aurait dû retourner sur ses pas, repartir aussitôt... Et au lieu de ça, il était descendu des conduits pour aller se perdre dans un futile piratage. Bordel qu'est-ce qu'il avait été con... Si en plus il se mettait à tourner au ralenti, il donnait peu cher de lui.
Désespéré, il se laissa chuter, fesses contre terre, le long d'un mur. Face à lui, une large baie vitrée donnait sur un fabuleux chantier. Un genre d'immeuble en construction. Vraiment moche sous l'éclairage matinal. Enfin, matinal... Il était déjà midi moins trente ; ainsi, si tant est qu'il parvienne à s'enfuir sans se faire remarquer, il serait de toutes les façons en retard à son rendez-vous.
Putain ! Il secoua la tête en tous sens. Non, mais bordel ! Pourquoi pensait-il à son foutu rendez-vous ?! Il aurait bien le temps d'y songer quand il serait sorti...
C'est alors que des bruits de pas retentirent, lents, sceptiques. Une seule personne, rejointe bientôt d'une nouvelle. Jurant, Mike se releva, les jambes tremblantes. Il eut à peine le temps de rejoindre un coin d'ombre, juste de quoi se perdre un peu plus loin.
Un sourire lui monta aux lèvres. C'était le technicien de surface. Le nettoyeur, l'homme à tout faire, le balayeur, le récureur de fond d'chiottes. Il le reconnaissait, avec son gros chariot. Il l'avait entraperçu, bloqué dans le fond de l'amphithéâtre. Le con. Il avait dû rien comprendre des explications !
Ouais, enfin, en y repensant lui non plus n'avait pas compris grand-chose...
La seconde personne n'était autre qu'Elvin Bled, le codirecteur. Lui aussi s'était annoncé avant d'entamer un speatch incompréhensible.
Il en était à se demander ce qu'une telle personnalité pouvait bien vouloir d'un balayeur, quand il se rappela qu'en fait, il n'en avait absolument rien à faire... Et qu'il allait continuer à faiblir et divaguer.
Déjà, sa tête lui tournait. À moins que ce fût le sol qui se soulevait en tout sens ? La NASA était prête à tout ! Un mécanisme de défense contre les intrus, peut être, pour les empêcher de partir, pour les saigner à blanc. Non, que disait-il ? C'est n'importe quoi... pour les saigner à rouge, plutôt, oui. On ne pompe pas la lymphe, mais le sang. Bien qu'au vu de sa blessure les deux devaient bien couler en tout sens.
Portant la main à son côté, il la retrouva maculée et suintante. Il allait mourir... C'était sûr... Mourir à cause d'une putain de balle... De ces enculés de militaires qui ne le visaient même pas...
Il se surprit à gémir entre chaque pas, s'appuyant au mur d'une paume sanglante, répandant de larges trainées rougeâtres sur son passage. Une preuve de son existence en ce monde, un chemin enfin arpenté... à travers l'immaculé...
Toute cette lumière artificielle... Ces passages désaffectés, tous identiques... Tous les mêmes... Ils étaient blancs, blancs comme un hôpital... Il allait crever dans un hôpital...
Le temps fuit, ralentit, s'écoule et roule... Y avait-il au moins une sortie ? Il n'était qu'un rat dans un laboratoire... Une bactérie prisonnière d'une gélule... Un voleur dans un asile... Marchant pour oublier ce dont il ne se souvenait déjà plus.
Au détour d'un couloir, le soleil le frappa à nouveau. Éblouissant, rayonnant comme jamais. Il tenta de se couvrir le visage, sans succès. Tombant à genoux, il contempla son destin, les yeux vitreux. Ses jambes avaient lâché.
Crever alors que la porte d'entrée est juste en face, juste là, à quelques mètres. Il n'aurait même plus la force de ramper... Alors seules restaient ses chaussures... Elles, elles avaient encore leur chance de trouver la sortie, elles saignaient aussi, mais n'étaient pas blessées...
Peut-être étaient-elles juste à côté de lui... Peut-être même dehors, derrière la porte. Il les entendait hurler, elles l'appelaient !
« Il est là !»
Rapidement, deux gardes s'approchèrent, hésitant visiblement à le toucher. Son état sans doute. Les yeux morts, affalé au sol, baignant dans une marre de sang. Il n'était plus rien, rien qu'un délire de son esprit.
« Appelez un infirmier. On va le prendre en charge. IMMEDIATEMENT !»
Une vision éphémère... Un visage terrible... Un son surgissant du néant, le prenant à partie. Retentissant dans son cerveau malade, résonnant sous son crâne dépérissant comme autant de plaies mal cicatrisées qu'on arrache.
Râpant son crâne en lambeaux, il hurlait. La voix du divin... La toute-puissance, sa fatalité.
Accroupi en face de lui, Jacque Milhem souriait en lui parlant. Du sadisme, peut-être, de la malveillance sans doute :
« Toi et moi, on va avoir des choses à se dire.»
C'était lui, lui qui avait fait tirer les militaires, lui qui tirait les ficelles. Il allait le tuer, maintenant...
Mais s’il mourait... Au moins... Au moins, il ne verrait plus ces couloirs sans fin... Il n'aurait plus à revenir ici... Plus jamais...
« À trois, on soulève»
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