<h1>Noelfic</h1>

Sunrise


Par : Sheyne

Genre : Action , Polar

Status : C'est compliqué

Note :


Chapitre 14

Chapitre 7 - 2/3

Publié le 15/01/14 à 18:08:02 par Sheyne

Les murs immaculés précipitaient la blancheur, l'éclairage artificiel mettait mal à l'aise. Le silence se troublait à peine des décharges électriques. Les néons vibraient, conférant son aspect clinique à l'endroit.
Prudemment, Walter s'avança au sein du large couloir. Lorsqu'il eut atteint le premier carrefour, un frisson d'horreur lui hérissa l'échine. Ses sourcils froncèrent. Il recula d'un pas, livide.

Les parois jusqu'ici si uniformes semblaient presque vivantes, lacérées par une lame macabre. Suintantes de sang, de larges traces rougeâtres s'étalaient sur toutes leur longueur ; comme si quelqu'un s'était fait découper ici.
Ça et là, des marques de mains transparaissaient, la personne torturée s'était accrochée à la vie. Et si... et si c'était sa femme ? Son estomac se retourna. L'odeur aigre caractéristique lui monta au nez, manquant de le faire vomir.

L'esprit embué, il s'éloigna dans une autre direction. Quelques pas suffirent à lui faire entendre une engueulade à travers la paroi :

« Mais laissez-moi au moins l'appeler ! Merde ! Donnez-moi un téléphone, là, tout de suite. Je fais vite, en face de vous, je ne dirais rien...
— Il n'en est pas question ! Vous vous êtes assez fait remarquer durant la conférence ! Maintenant, retournez bosser !
— Je vous l'ai dit cent fois ! Mon mari attend les résultats d'un scanner très important ! Je vous en conjure, au moins un message, un email, je sais pas, n'importe quoi...
— Qu'est-ce que vous ne comprenez pas dans “On les appellera pour les tenir informés de ce qu'il se passe.” Il comprendra que vous soyez bloquée ici ! Il faudra vous y faire !»

Walter, l'oreille tendue, ne perdait pas un seul mot de la conversation. Cette voix, c'était sa voix, celle de sa femme. La pauvre avait des problèmes, mais au moins elle était en vie... Que s'était-il passé ici ?

« Non, mais c'est pas vrais ! Tonna-t-elle. Puisque je vous dis que c'est urgent ! Regardez, laissez-moi dix secondes, et je fermerais ma gueule jusqu'à la fin du projet. Sinon je vous assure que vous aurez de ces problèmes que vous ne pourriez même pas imaginer !»

Des éclats de rire gras fusèrent dans la pièce d'à côté :

« Et des menaces maintenant ! De mieux en mieux !
— C'est vrai, regardez, si vous nous laissez appeler nos proches, ils ne chercheront pas à vous nuire. Qui sait ce qui pourrait arriver si la presse était au courant de l'état dans lequel vous nous maintenez ?! Vous imaginez le scandale ?
— Sur le coup là, elle n’a pas tort...
— Vous voyez ? Je vous en supplie...
— Très bien... Vingt secondes...»

Et plus un son... le silence retomba brusquement. Sa femme était retenue prisonnière ? Pour quelle raison ? Ce n'était pas des terroristes visiblement, mais des soldats... Donc, l'État les avait envoyés... Qu'est-ce qu'il se tramait ?
Perdu dans les nuages, Walter frôla la crise cardiaque. Une sonnerie retentit brusquement dans le fond de sa poche. Perçant l'ambiance comme un coup de tonnerre, fusant elle rebondit sur les murs, se réverbérant et gagnant en puissance.

Complètement paniqué, il se faufila dans un coin d'ombre en retirant l'objet de sa poche pour l'éteindre le plus vite possible. Une boule au ventre, il était désespéré. Sa femme venait de l'appeler, et il l'avait manquée...

« Vous avez entendu ? Il y a eu comme un bruit...
— Il ne répond pas... Je pourrais rappeler plus tard ?
— Ouais, c'est ça, on en parle demain !
— Hey, lâchez-moi !»

En partie dissimulé, son coeur ne fit qu'un bond. Il put voir sa femme — encadrée de deux miliciens — se faire trainer dans le couloir. Méfiants, ils regardèrent tout autour, avant de laisser tomber. Il ne leur fallut qu'un instant pour se perdre dans un corridor juxtaposé.

Walter renonça. L'autre avait dit vrai. Alors, il se résolut à lui faire confiance en retournant sur ses pas. Il ne mit pas dix secondes à le retrouver dans le jardin, allongé dans l'herbe en face de l'eau.

« Vous avez fait vite... commença-t-il en le remarquant arriver.
— Excusez-moi pour tout à l'heure...»

Une faveur au bout de la langue, il se fit plus doux, supplicateur presque, ses yeux trahirent son émotion :

« Vous saviez et j'aurais dû vous écouter... Je suis un imbécile... Vous qui travaillez ici, pourriez-vous parler à ma femme pour moi ? S'il vous plait...»

Se redressant, l'homme à terre se mit en tailleur. Pour unique réponse, il plongea son regard dans le sien. Un brin de « j'te l'avais dit», et finalement une main tendue :

« Je m'appelle Emilio. Je pense qu'on va bien s'entendre.»

Irradiant d'un sourire, il tenait enfin l'occasion de s'enfuir d'ici sans risque. Si tout le monde était au courant, alors il n'y aurait plus de raison qu'un simple balayeur ne puisse pas rentrer chez lui.

« Je vais vous rendre ce service, avec plaisir, à condition que vous fassiez vous-même passer un message à l'une de mes connaissances... Vous me suivez ?
— Tout à fait.
— J'aurais besoin de votre adresse et de votre portable, on nous a pris les nôtres.»

Walter sembla hésiter. Plus aussi sûr de ce qu'il désirait vraiment... Emilio ne mit qu'une seconde à le convaincre :

« Je vous rappelle que je ne risque pas de partir avec, on est bloqués ici...
— Très bien... 1610 8th Street, Washington DC.»

L'homme pianota une minute sur le clavier, avant de daigner lever la tête pour s'expliquer :

« Je ne sais pas s'ils peuvent capter les communications, alors j'ai simplement envoyé votre adresse à une ancienne amie à moi. Je lui ai dit de vous contacter au plus vite.»

Vraiment, elle allait tenir le scoop du siècle... Son visage se porta sur le soleil, bercé par le bruissement des feuilles. Une brise légère leur apportait un peu de fraicheur. Son dos vint se caler dans le creux d'un rocher, puis, sentant à quel point Walter était tendu, il entama :

« Ernest, votre femme, c'est ça ? Je m'en rappellerais. Mais avant que vous déballiez ce que je dois lui dire, laissez-moi commencer. Vous vous demandez sans doute ce qui lui arrive, ce qui nous arrive à tous ? Et à vous aussi, sans que vous en sachiez rien...»

Sa phrase resta en suspend. Emilio savait parler, raconter une histoire et tenir un public. Après tout, lorsque l'on s'adresse à un balai tous les jours, il faut bien de quoi s'occuper...
Laissant sa tête reposer sur le lourd caillou, il poursuivit, un sourire narquois au bord des lèvres :

« Je serais vous je m'assiérais, l'explication est renversante...»

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