Je reprenais à petit feu mes forces, et observai la femme se tenant devant moi. Je cherchais ensuite et désespérément mes amis au loin, partout... En vain.
« Lorsque mon corps ne pourra, mon esprit voudra ». Oui... Je le savais : mon esprit était plus fort que tout, et il espérait tout de mes amis, car eux seuls pourraient me sortir de ce mauvais pas.

«- Allez, prépare-toi à te battre, il n'y a aucun échappatoire !
- Ah... ah..., soufflai-je de harassement. »

J'entendais depuis tout à l'heure des frappes régulières, faibles, puis de plus en plus audibles. Mais maintenant, ce fut un large coup ferreux qui choqua. Des cris parvinrent à mes oreilles, de petits cris... Je reconnus alors la voix de Saria, puis celle de Link, celle de Pryscia... et enfin celle de Nabooru. Je ne sus quoi faire, n'ayant plus les forces d'affronter la fusion me faisant face.

«- Fais-les sortir de là, je te l'ordonne, espèce d'enflure ! hurlai-je, déterminé.
- Tu crois que c'est si facile, si tu veux les retrouver, fais-le tout seul, Misaki.
- Ah... Merde...
- Je te laisse environ dix minutes, tout au plus, fit-elle, faisant preuve de flegme.
- Pas de problème. Et que se passera-t-il une fois ces dix minutes écoulées ?

La femme me laissa au moins le temps de finir ma phrase. Elle me fonça dessus puis planta son ongle dans ma joue, laissant l'électricité, la glace ainsi qu'une flammèche pénétrer dans mon organisme... Mes muscles paralysés ne pouvaient dorénavant faire le moindre mouvement. Des larmes coulèrent de mes yeux... J'espérais tout au plus que mes amis me délivreraient de là. Soudain, un bruit retentit : Une lumineuse, éclatante brèche de vide s'ouvrait dans l'espace ambiant. Mes amis sortirent de ce trou puis il se referma tout aussi rapidement.

- Les... a... mis...
- Misaki !
- Mais ?! Sorcière de malheur !...

Saria accourut, puis referma la plaie tout en appliquant une magie purificatrice. Les sortilèges se dissipaient à l'intérieur de mes muscles. Elle suivit avec une photosynthèse partielle de haut niveau, qui fit totalement disparaître ma fatigue, auparavant pesante.

- Merci, les amis. Je compte sur vous plus que tout au monde... Nous devrions rapidement venir à bout de cette sorcière, si on s'y met à quatre, n'est-ce pas ?
- Oui, bien sûr ! répondit valeureusement Link, enthousiaste.
- Oui, chef, fit Saria, heureuse.
- Pas de problème, répondirent les deux Gerudos. »

Saria commençait à invoquer ses immenses lianes, immobilisant sans problème la sorcière. Link trancha alors la jambe de la femme, lui arrachant un cri de douleur. Les Gerudos foncèrent pour taillader de toute part la sorcière malfaisante... sans grand résultat : elle se libéra de son étreinte, puis sauta au dessus du duo de femme du désert...

« Rha, viens-là ! ». Je ne pouvais la laisser passer, je devais... non, nous devions en finir le plus rapidement. Je tentai de maintenir mon pouvoir de façon à ne pas l'utiliser stupidement et inconsciemment. Je lançai alors une salve de pouvoir sur la masse qui bougeait en hauteur. Elle fut touchée, puis tomba au sol. Je m'approchai, lui assénai un large coup d'épée qui la blessa, puis la levai en l'empoignant solidement.

«- Maintenant, tu vas gentiment nous donner ce fichu bouclier miroir, d'accord ? dis-je.
- Hung... Impossible...
- Comment ça ?
- Elle ment, Misaki, soutire-lui l'endroit dans lequel il se trouve, cria Link.
- Dis-moi où il se trouve, je ne veux pas te tuer.
- Hé bien... Tu ne pourras pas le trouver dans ces conditions. Je t'explique : le bouclier que tu cherches désespérément est issu de moi et mes sœurs. Il se matérialisera quand notre heure sonnera. Autrement dis, tu dois nous tuer... Tu comprends, à présent ?
- Je... »

J'étais sidéré. Je ne pouvais la tuer... Mais elle, voulait mourir. Depuis le début, elle m'incitait à la tuer, quitte à inverser ses propos à ses pensées.
« J'y suis ! ». Mais maintenant se posait une seule et unique interrogation dans mon esprit embrumé. Comment pourrai-je satisfaire ses besoins suicidaires, tout en récupérant le bouclier ?... Je ne pouvais aucunement le faire. Il me fallait la tuer. Je me tournai vers mes amis, comme pour leurs demander de l'aide, comme pour leurs supplier de trouver un choix.

«- Que faire ?
- Je ne sais pas...
- Si le seul moyen de récupérer le bouclier miroir, alors nous le ferons, répondit Link.
- Oui, à moins que..., hésita Saria.
- À moins que ? repris-je.
- On pourrait toujours utiliser ton pouvoir de substitution pour envoyer cette femme dans une autre dimension ou un autre endroit, ou encore l'enfermer comme l'ont jadis fait les sages... mais cela requerrait bien trop de pouvoir...
- Alors on doit l'éradiquer ?
- J'ai une idée, mais il va falloir l'occuper pendant ce temps..., repris Saria.
- Pas de problème, répondit Pryscia, souriante. »

Je m'élançai dès lors en effectuant un large coup vertical, qui fut paré le plus simplement du monde. Link, quant à lui, balança son épée de toute sa puissance en direction du trio regroupé. Elle transperça le bras de la sorcière, puis un craquement se fit entendre : l'os avait sûrement rompu sous l'habile lancé. Un immense et long hurlement de douleur s'échappa de la gorge de la femme, puis une traînée de sang se dessina sur le sol poussiéreux... Elle baissa la tête et un rire affreux prit possession de la salle.

«- Misaki, tiens encore un petit peu, j'ai presque terminé !
- Pas... de souci.
- Moi aussi je l'aide, hein ?
- Oui, désolé. »

Nous l'occupâmes durant la « méditation » de Saria, qui se révélait être plus longue que prévue. J'avançais vers la sorcière s'étant relevée, plus agressive que jamais. Le combat allait être plus palpitant que jamais... Elle se rua sur moi, son sceptre en avant, imprégné d'énergie foudroyante. J'esquivai difficilement, perdis l'équilibre... Je me retrouvai à terre, puis espérai que la magie de Saria porterait ses fruits...

«- Saria, tu as fini ?
- Oui, viens ici !

Viens ici ? Mais ?!... Je tentai le tout pour le tout : je me précipitai en rampant vers Saria, puis me relevai en cours de route. J'opposai ma main sur celle du sage, puis mes amis firent de même.

- Je doute que cela fonctionne, je n'ai pas méditée assez longtemps mais bon..., soupira mon amie.
- Quoi ? Il y a encore un risque à prendre ?
- Exactement, sourit Pryscia.
- Ah... C'est vrai... »

Nous liâmes nos mains, et une vive lumière dorée apparue. Saria cita le « pouvoir de l'Amitié ». Un énorme courent d'air chaud flottait autour de nous, puis une multitude d'éclairs parsemaient le corps de la sorcière... Pourrions-nous récupérer le bouclier sans la tuer ? Je ne savais malheureusement pas...