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Red Brenn


Par : Conan
Genre : Polar, Action
Statut : C'est compliqué



Chapitre 7 : Deux jours à tuer


Publié le 14/10/2012 à 01:11:54 par Conan

Paysage dévasté. Ville fantôme. Chaos urbain. Guerre ambiante. Je traverse les rues désertes en courant. Le bitume est jonché de gravats, de débris métalliques, de bouts de tissus. J'me poste au coin d'un mur. J'ai pas trop la sensation de ma kalach à travers mes gants en cuir. Pourtant j'la tiens fermement. Comme si j'avais peur qu'elle ne m'échappe, je la serre contre moi, je la serre le plus que possible. Les porte-chargeurs et les multiples pochettes de mon gilet de de combat me compriment la poitrine. Je jette un coup d'œil à droite, à gauche. Rien. J'me relève et j'cours jusqu'à l'entrée d'un immeuble. Rien dans le hall. J'le traverse. Une porte s'ouvre. Un type armé en déboule. Il porte pas le même uniforme que moi. On se regarde, l'espace d'une fraction de seconde, sans vraiment savoir ce qu'il se passe. On lève tous les deux nos armes en même temps. J'suis le plus rapide. La longue rafale que crache mon AK résonne dans le hall. Mes oreilles sifflent. La fumée et la poudre me font pleurer les yeux. Une poignée de douilles vient rebondir sur le sol, suivi du choc lourd d'un corps, aussi lourd qu'un sac, qui tombe sur le carrelage, éclaboussé de sang, sans un cri. Puis plus aucun bruit. Rien. Le néant et le chaos.

J'me réveille, un peu dans l'coltard. J'regarde ma montre. Neuf heures. Je bosse pas aujourd'hui. Dans deux jours, le braquage du PMU. J'm'massois sur le bord du plumard et j'appelle un vieux pote de la PJ de Marseille.
-Allô, Red ?
-Salut Gilles.
-Comment tu vas ?
-Ça va. J'ai b'soin d'un renseignement.
-Dis-moi.
-Stenbach et Hoffman. Deux Gitans de Marseille qui sont montés en Ile-de-France depuis peu. Ça te parle ?
-Nan, ça m'dit rien. T'as pas plus d'infos ?
-On doit les loger sur un braquo qui va avoir lieu dans pas longtemps.
-Ah, j'vois peut-être de qui tu veux parler. Eddy et Rocky. Deux cousins, spécialistes du hold-up et du recel. On les soupçonne d'avoir déssoudé un rebeu à Marseille. Depuis cette histoire ils sont tricards dans les quartiers nords, et ils sont partis se mettre au vert chez de la famille, à Montreuil, ya environ deux mois de ça.
-Ouais, c'est bien eux.
-Fais-gaffe, ces enfoirés, c'est du lourd. Je sais pas c'que c'est ton affaire, et mieux vaut éviter d'en parler au téléphone, mais sois sûr d'un truc : préparez-vous bien, parce que ces emmanchés, ils sont outillés, et ils savent se servir de leur matos.
-Tu sais comment ils bossent ?
-Du classique, mis à part qu'ils sont souvent particulièrement et inutilement violents. Ils hésitent pas à passer leurs otages à tabac et à envoyer la purée quand les flics arrivent. Ils aiment bien les bons gros flingues, du genre 11.43 et fusil à pompe. Quand ils asmatent en général ça fait du vilain. On les avait arrêtés sur l'affaire du braquage de fourgon blindé pendant l'quel un transporteur de fond avait été flingué, mais on a dû les relâcher, faute de preuves. Tout le clan est derrière eux pour les couvrir. Si vous les choppez, prenez-les la main dans l'sac, sinon vous êtes baisés.
-Ok, merci du tuyau.
-Pas d'quoi. Bon, et toi alors, qu'est-ce que tu d'viens ?

J'repense au rêve que j'viens de faire en balayant ma piaule du regard. Des bouteilles d'alcool vides sur de vieilles boites à pizzas, du linge éparpillé partout. Ma table de chevet, avec mon flingue approvisionné et prêt à tirer négligemment posé dessus.
-Bah on fait aller.
-Se laisser aller, c'est se laisser crever, Red. Tu fais toujours de la muscu ?
-Non... Non j'ai arrêté depuis quelques temps déjà.
-Tu vas t'engraisser.

Il a pas tord.
-C'est des conneries, j'suis encore très bien.
-Prends-moi pour un con ! Bon, faut que j'te laisse, tu me tiens au jus au sujet des deux loustics, ok ?
-Ça roule, et merci encore pour l'info.

J'm'allume une clope en grattant ma barbe naissante. Deux jours à tuer.

Emma vient de m'envoyer un SMS. Elle a pris contact avec l'avocat.
Y'aura peut-être autre chose à tuer que deux jours.


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